BLACK SABBATH - VOL 4 (1972)

Heavy ...
Dans tous les sens du terme … Tout est dit dans les notes de pochette : « We wish to thank the great COKE-Cola Company of Los Angeles ». No comment … D’ailleurs le disque devait à l’origine s’appeler « Snowblind », tout un programme …
Faut dire que l’évolution a été rapide, trop pour les quatre prolos de Birmingham. Un succès, improbable mais bien réel, a fait de Black Sabbath une institution d’abord chez eux, puis en Europe, et cerise sur le gâteau et montagnes de dollars qui vont avec, aux States. Pas très finauds, les gros cigares de Vertigo et de la Warner, offrent au groupe des séances d’enregistrement à Los Angeles. Les Black Sabbath vont se faire péter les cloisons nasales, sniffant des montagnes de coke. Et la coke, si elle speede son homme, lui fait perdre en lucidité.
Black Sabbath 1972
« Vol 4 » s’en va donc à toute blinde, en tout cas beaucoup plus vite que les trois précédents. Finis les ambiances lentes et malsaines, place aux cavalcades hard sur fond de guitares avec pédale fuzz enfoncée en permanence. Ce qui en ravit certains. « Vol 4 » est pour eux l’avant-dernier des « très grands disques » du Sab, tous les fans vous le diront …
Ouais, bof … On trouve de tout dans la quincaillerie « Vol 4 ». En premier lieu, de la technique. Black Sabbath assure, fini les approximations, les morceaux expédiés à la va-comme-je-te-pousse. Ici, tout est « écrit ». Pensé, pesé, pour que le jeune kid féru de vacarme hardos s’y retrouve. Avec quelques dérives bien de leur temps (le début des seventies). Le sinistre prog et ses tentations démonstratives pointent le nez de son vilain museau. Notamment sur l’inaugural « Wheels of confusion » qui ravira les nigauds fans de Yes en version heavy. Aussi sur l’instrumental « Laguna sunrise » sur lequel Iommi se livre à un numéro de virtuosité pénible à la guitare acoustique, ce qui renvoie aux numéros dans le même exercice du très vain Steve Howe (Yes again). Et tant qu’on est dans l’instrumental, il est fortement conseillé de zapper « FX », assemblage brinquebalant de bruitages crétins (à base de guitare électrique ?).
Rayon dispensable, on passera assez vite sur « Changes » (rien à voir avec Bowie), qui pue la ballade imposée par la maison de disques, pour un résultat empilant des lieux communs à la tonne. Le rock mid-tempo de « Snowblind », le pénible « Cornucopia » sont assez insignifiants, en tout cas en nette régression par rapport au Sabbath « d’avant ».
Rayon entre chèvre et chou, on trouve le single (le second de la production du Sab, peu enclin à cet exercice pour hit-parades, le premier de leur carrière étant le gigantesque « Paranoid ») « Tomorrow’s dream », mignonne mélodie (si, si), intro au piano, arpèges tarabiscotées, gros riffs qui dépotent, mais bon, enfin, vous me comprenez.

Il y a quand même du bon, voire plus, dans ce « Vol 4 ». Trois titres irradiés par la guitare en fusion de Iommi qui y délivre quelques riffs qui feront date. « Supernaut », qui dépote, avec un cours solo très voodoo style du batteur Bill Ward. « St Vitus dance » est une folle sarabande, un rock’n’roll très heavy, mais un rock’n’roll quand même, que tous les trashers adorent (faut avouer que ça a un peu plus de gueule que les crétineries speedées de Slayer). Last but not least, le dernier titre, « Under the sun » est pour moi le meilleur de tous. Sur une rythmique boogie, Iommi finit par balancer un riff de la mort qui tue, sur fond de roulement de toms herculéens de Ward. Un titre qui n’a rien à envier à la concurrence, pourtant nombreuse et valeureuse à cette époque-là.
Ah, je m’aperçois que j’ai même pas écrit le nom de l’Ozzy. Ouais, rien à dire (de bon) sur lui, toujours ses borborygmes de crécelles et son petit filet de voix doublée pour lui donner un minimum de consistance. J’ai toujours pensé que ce type était plus un showman totalement niais et déglingo qu’un chanteur, et n’en déplaise au fan-club, je persiste et signe…
Avec « Vol 4 », le Sab atteint les sommets en terme de popularité. Il ne reste à la formation originale (Iommi, Osbourne, Butler, Ward) qu’un disque à sortir (l’également bancal « Sabbath bloody Sabbath), avant l’éparpillement façon puzzle des protagonistes sous l’effet conjugué des tonnes de coke et des séances de tribunal.

Avec « Vol 4 ») la messe (noire) était quasiment dite …

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