POND - MAN IT FEELS LIKE SPACE AGAIN (2015)

Very cheap thrills ...
C’est le principe de la mode, quand y’a un truc dans l’air du temps, tout le monde se prend pour une girouette. A moins de vivre dans le califat de Daech, il n’aura échappé à personne que les bricoles sonores qui ont le zéphyr en poupe s’articulent autour du psychédélisme 60’s et de toutes ses variations. Donc sur la table de dissection aujourd’hui arrivent les susnommés Pond, Australiens de leur état, et potes du gourou sonore Kevin Parker (Tame Impala et autres bricoles).

Ceux-là commencent bien mal. Avant même d’avoir ouï la moindre note de leur skeud, t’as envie de le foutre par la fenêtre. A moins qu’il s’agisse d’humour seulement compréhensible par un QI de 160, leur pochette façon « Cheap thrills » (pour ceux qui étaient dans le califat depuis cinquante ans, rappelons qu’il s’agit du disque de Big Brother & the Holding Machin featuring la Reine des Hippies Janis Joplin) ne risque pas de faire de l’ombre à celle de Crumb. Comme quoi, le bon goût et le talent, ça se télécharge pas.
Tout le reste, on peut le trouver sur Pirate Bay. En trois clics, t’as sur ton ordi les derniers logiciels et plug-ins musicaux crackés, tu te retrouve dans ton deux-pièces-cuisine avec les moyens de Pink Floyd ou Guetta. Et tu peux passer tes jours et tes nuits à mettre du bruit sur ton disque dur. C’est là que ça se complique, et on en revient au bon goût et au talent. N’est pas Phil Spector ou Dr Dre qui veut. Les Pond en sont l’exemple parfait. Ils donnent dans le psychédélisme lourdement orchestré, ce qui après tout est leur droit. Multipliant les empilages sonores (et surtout les vieux synthés 80’s, « marque » de fabrique du Parker déjà cité et qui produit le skeud) et les pistes vocales (genre chorales sous hélium very pénibles), plutôt qu’inspirés par le San Francisco sound des late sixties, ils sonnent finalement très années 2000, genre MGMT, Of Montreal, Flaming Lips ou Arcade Fire des mauvais jours.
C’est con, parce qu’ils savent écrire des chansons, cette tribu où tout le monde contribue peu ou prou au résultat final a un sens de l’architecture mélodique que bien peu vite célébrés aujourd’hui possèdent. Témoins ces « Holding out for you », ballade intemporelle, « Medicine hat » folky à l’ancienne, « Sitting up on our crane » qui rappelle les Zombies, « Outside is the right side », funk-rock à la Red Hot Machin – Funkadelic … tous bien pourris par des arrangements que perso je trouve ineptes. Adeptes de la surenchère sonore forcenée, et ne reculant devant aucun challenge insensé, les Pond livrent ont mis à la fin de ce « Man it feels … » l’éponyme tournerie pop qui veut jouer dans la même cour que le « Good vibrations » des Beach Boys tout au long de ces huit minutes et quelque. Las, cet enchevêtrement d’idées dans un seul titre, sympathique un moment, rappelle sur la durée que n’est pas Brian Wilson qui veut.

Faudrait voir d’épurer un peu beaucoup les gars, parce que là, vous êtes pas très impressionnants, mais plutôt chiants …