DEATH - FATE / THE BEST OF DEATH (1992)


Killed by Death

Aujourd’hui, jour des Morts, plutôt que le sempiternel vase de chrysanthèmes sur la tombe des aïeux, déposez sur le marbre cette compile de Death, c’est de circonstance … sait-on jamais, ça pourra peut-être les réveiller (les morts).
Amateurs d’ambient en général et de Brian Eno en particulier, passez votre chemin, cette rondelle n’est pas faite pour vos oreilles habituées à la musique d’aéroports. Ou alors la musique d’aéroports au décollage d’une escadrille d’Airbus. Parce que Death, comment dire … c’est bête comme chou (plus con que ce genre de musique, malgré les efforts louables de quelques-uns, y’a pas), mais ça déménage.
Les gentils à l’air tout méchant qui écoutent ce genre de choses avancent même que cette bande de chevelus floridiens seraient les pionniers du death metal (vu leur blaze, ça semble logique) et du grindcore (ah bon, moi à l’école on m’avait dit que le grindcore c’était Napalm Death). Foin de ces considérations paléontologiques …
L’âme (morte ? comme dirait Gogol, non pas celui de La Horde, le Russe, l’écrivain) du band, c’est un certain Chuck Schuldiner, guitariste, chanteur, auteur ou co-auteur de tous les titres, et même responsable (c’est le mot) du logo du groupe. Le genre de gars qui a du écouter les 33T de Black Sabbath en 78T et qui a essayé de faire pareil. Ça joue vite, très vite (trop vite, d’ailleurs, ils sont obligés de faire des breaks, pour que le batteur ait le temps de se reposer les avant-bras), ça chante ( ? ) avec la voix d’un type en train de se faire étrangler, et les textes sanguinolents sont pas inspirés par la Comtesse de Ségur (« Zombie ritual », « Suicide machine », « Baptized in blood », « Left to die »).
Bizarrement, on trouve plein de guitares surf au milieu du baston sonique, et puis, horreur malheur, quand ils ont commencé à devenir « techniques », des ponts venus en droite ligne des funestes Yes (flagrant sur « Suicide machine »), ou des repiquages de riffs de hard FM (celui de « Eye of the tyger » à la fin de « Baptized in blood »).
Apparus sur la mauvaise côte américaine (ce sont les trashers de la Bay Area californienne qui allaient toucher le jackpot), la notoriété toute relative de Death a eu du mal à s’exporter, le groupe s’engluant dans des changements incessants de personnel, et la mort de Schuldiner il y a une dizaine d’années mettant un terme à l’aventure.