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ROXY MUSIC - SIREN (1975)


Glamour centriste
J’en connais pour qui les rapports avec Roxy Music se limitent à la seule contemplation des pochettes … Aaah, Amanda Lear et sa panthère en laisse sur « For your pleasure », les deux campeuses allemandes sur « Country Life » … Donc, si on envisage ce « Siren » par l’image, on y voit une Jerry Hall (petite amie de Ferry à l’époque, il va se la faire piquer par Jagger qui va même l’épouser), allongée et alanguie sur un littoral dans une lumière très bleutée.
Certains, dont je fais partie, ont même écouté les disques à l’intérieur des pochettes. Et même si Roxy ne fait pas partie de mes groupes préférés, il y avait quelques trucs pas dégueus à se glisser dans les oreilles. « For your pleasure », notamment. Qui en plus d’Amanda Lear, présentait un Roxy dans sa formation de légende (Ferry, Manzanera, McKay, et un Brian Eno, certes sur le départ mais qui avait participé à l’enregistrement). Et même si Eno m’a plus souvent gonflé que passionné, il faut reconnaître que Roxy, c’était quand même mieux quand il y était, le grand échalas dégarni et ses bricolages sonores étant pour beaucoup dans la qualité des morceaux.
On a qualifié Roxy Music, d’après cette manie de tout classer et tout étiqueter de groupe glam (euh, vous avez déjà vu des photos des paysans à platform shoes de Slade ?), de groupe prog (sérieux ? vous vous êtes enquillé du Yes de la « grande époque » ?), de groupe aristocratique (Ferry, figure de proue de Roxy, vient du lumpenprolétariat anglais), de groupe arty (tout ça parce que les journalistes ne comprenaient rien à ce que racontait Eno en interview). En fait, même si Roxy n’a pas été totalement hermétique à l’environnement sonore de l’époque, il reste avant tout un groupe à peu près unique et original.
Qu’on n’est pas obligé d’aimer, sa quête perpétuelle du joli ou du beau en musique, cette sophistication parfois assez froide (comme dans un autre genre Steely Dan), ont fini par hérisser le simple amateur de binaire. Et lentement mais sûrement, Roxy s’est perdu, préférant la forme au fond, l’enrobage à la matière première, les heures passées en studio à lisser et à peaufiner un son très radiophonique, favorisant (on peut comprendre, mais pas excuser) une rente de situation à la recherche de l’originalité. Il faut dire que les rapports à l’intérieur du groupe ont changé, Roxy est passée d’une entité collective, à un backing-band au service de Bryan Ferry, qui parallèlement a entamé une carrière solo. La dissolution du groupe s’approche en filigrane, à l'époque de ce « Siren ».
Lequel Bryan Ferry est sur ce disque au sommet de son art, il n’a jamais aussi bien chanté, c’est sa voix de velours de crooner élégant qui est au centre des titres, même s’il a parfois tendance à exagérer dans les aigus. Quand les compositions et les arrangements sont bons, on a encore de grands morceaux de Roxy (l’inaugural « Love is the drug », un des classiques du groupe, le très pop et léger « Could it happen to me ? », le mid-tempo rock de « Both ends burning »). A l’opposé, des choses plus convenues (la ballade « End of the line », « Whirlwind », resucée de « Do the strand », la conclusion épique avec ses arrangements tarabiscotés limite pompiers « Just another high ») marquent moins les esprits. « Siren » est pour moi un disque moyen, en parfait équilibre entre grands titres et morceaux assez insignifiants.
Un disque pour tester les chaînes hi-fi de l’époque, avec tout le côté sophistiqué que sous-entendait la formulation, mais aussi un certain aspect péjoratif …


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For Your Pleasure

ELVIS COSTELLO & THE ATTRACTIONS - IMPERIAL BEDROOM (1982)


Impérial

« Imperial bedroom » est le meilleur disque de Costello. C’est mon avis et je le partage, quitte à choquer les spécialistes maniaques du bonhomme (il y en a).
Une pub Afflelou ? Non, Costello & The Attractions
Artistiquement, ce disque vient clore la période la plus créative de l’ancien petit employé en informatique. Un Costello qui lâche à des cadences infernales des disques qui montrent son envie d’aborder plusieurs genres musicaux. Costello est un boulimique, tant pour la consommation de musique que pour l’écriture de chansons, et quand il a un peu de temps libre (mais où le trouve t-il ?), il produit les disques des autres (le premier Specials).
Et là, avec « Imperial bedroom », jamais auparavant le revêche binoclard n’avait aligné dans une même œuvre autant de bonnes chansons. Car il s’agit ici de chansons comme seuls les Beach Boys ou les Beatles savaient en écrire dans les sixties. Et n’ayons pas peur des comparaisons, c’est à « Pet Sounds » ou « Abbey Road », que ce Cd peut être comparé.
D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le producteur d’ « Imperial bedroom » est Geoff Emerick, ingénieur du son des studios Abbey Road et second de George Martin lors de l’enregistrement … d’ « Abbey Road » (entre autres disques des Beatles).
Les arrangements (sous influence de gens comme Burt Bacharach et d’une façon générale tous ces auteurs du Brill Building des sixties), dans lequel l’organiste Steve Nieve tient un grand rôle, traduisent une frénésie créatrice, que Costello avait parfois approchée précédemment, mais qu’il ne retrouvera plus jamais par la suite. Toutes les chansons (il n’est ici jamais question de punk, de reggae, de rock’n’roll,…) sont somptueuses, tour à tour jazzy, pop, crooner, soul, easy-listening, …, les textes toujours aussi caustiques.
Un seul (minuscule) reproche : Costello n’est pas Frank Sinatra et sa voix a parfois du mal à être à la hauteur des orchestrations grandioses présentes ici.
Et comme si l’état de grâce de cet autre Elvis avait vraiment pris fin avec cet « Imperial bedroom », les deux disques suivants (« Punch the clock » et surtout « Goodbye cruel world ») seront mauvais. La suite, cette sorte de fuite en avant dans l’écriture et les collaborations (les Pogues, McCartney, T-Bone Burnett, mais aussi Sofie Von Otter, sa centriste de femme de chanteuse jazz Diana Krall, …), verra toujours encore des disques sortir à une cadence effrénée …  Le problème, c’est que l’on n’en trouvera plus que très épisodiquement quelques uns de corrects …

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My Aim Is True
This Year's Model
Punch The Clock






PREFAB SPROUT - STEVE McQUEEN (1985)


Grande Evasion pop ...
Prefab Sprout 1985
D’entrée le superbe « Faron Young » (un hommage au très mélodique countryman des années 50-60) donne le ton : une magnifique chanson pop aux arrangements fins et subtils vous saisit dès l’intro et ne vous lâche plus. Et pendant les trois quarts d’heure que dure ce Cd tout est du même niveau. Paddy McAloon et son groupe ont produit là un des plus beaux, des plus élégants disques de pop des années 80.
Autour du (petit) hit « When love breaks down », s’entassent les joyaux dont ressortent le « Faron Young » déjà cité et le merveilleux « Goodbye Lucille # 1 » aux époustouflantes harmonies vocales. C’est toute une certaine école anglaise de la construction des chansons qui est mise à l’honneur (copyright le McCartney des Beatles, le Ray Davies de la seconde moitié des sixties, …), avec un sens qu’on pourrait qualifier d’artisanal du travail bien fait, du titre bien écrit, sans le bling-bling sonore dont s’entouraient ceux qui dominaient les charts, éphémères faiseurs de ritournelles d’un jour. Hors du temps et des modes, Paddy McAloon est un grand auteur, disparu depuis de longues années de la circulation (maladie, il me semble) …
Ce « Steve McQueen » (avec sa pochette hommage à la fameuse scène de moto de « La grande évasion »)  commence avec des morceaux relativement sobres et dépouillés, et on assiste au fil des plages à une montée progressive vers des atmosphères plus élaborées, plus baroques, qui seront l’essentiel de l’un des autres chefs-d’œuvre du groupe « Jordan : The Comeback ».


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PET SHOP BOYS - VERY (1993)


Too much ?

En fait, c’est surtout ça qui me plaît chez ces Boys-là … ce côté absolument ringard et kitsch, cette apparente nullité assumée … cette (fausse, bien entendu) impression que ces deux types n’ont pas bougé d’un iota depuis leurs débuts, qu’ils refont le même disque depuis la nuit des temps… le genre de choses qu’on ne pourrait pas reprocher (éclats de rire) … aux Cramps ou à Canned Heat …

Les deux types, absolument indéfendables selon l’Evangile de Saint Johnny Thunders, savent cependant trouver des mélodies simples, simplettes et simplistes, qui devraient retenir l’attention de tout fan des Beatles et de Paul McCartney normalement constitué, enjolivées de textes au énième degré qui sont loin d’être aussi niais que ce que l’on pourrait croire de prime abord.

Pet Shop Boys live : les cubistes du disco ?
Les Pet Shop Boys ont trouvé une formule et s’y tiennent. Leurs disques, de loin, sonnent rigoureusement tous de la même façon, électro-pop synthétique et dansante copyright début des années 80. Même si avec leurs dizaines de millions de disques vendus, ils pourraient se payer les meilleurs sessionmen et les orchestres symphoniques, Tennant et Lowe continuent de donner dans le tout synthétique cheap. Cheap seulement en apparence, les dernières bécanes numériques qu’ils s’efforcent de faire sonner comme de vieux synthés analogiques sont là et bien là, les couches sonores sont innombrables, et les emprunts ou clins d’œil aux dernières « tendances » électroniques sont présentes (« Theatre », « Yesterday when I was mad »).

Leur truc de base, aux Pet Shop Boys, c’est donc la danse-disco des années 80 qui les a vu naître artistiquement, et enchaîner, mais pas à des fréquences de bagnards, des disques invariablement parsemés de singles qui se vendent par camions. Ces deux zigotos ont, mine de rien, toujours plusieurs mélodies imparables en réserve, et en inondent leurs galettes. Qu’est-ce que vous pouvez trouver à redire à des choses comme « Can you forgive her ? », « Liberation » ou « Yesterday, when I was mad » ? Rien, y’a rien à dire. Ce sont des choses qui se retiennent à la première écoute, même si les arrangements et les mélodies à tiroir de « Yesterday … » ont du laisser songeurs tous ceux qui s’escriment à l’écriture, leur montrant la différence entre une  chansonnette sympa et un morceau bien écrit…

Et puis, parce que les Pet Shop Boys savent flirter avec toutes les limites, même celles du ridicule, mais sans y sombrer toutefois, ils font un sort au « Go West », hymne disco-pedzouille des funestes Village People, rendant ce titre écoutable et encore plus dansant que l’original. Et comme rien n’est neutre chez les Pet Shop Boys, c’est évidemment un moyen pour eux de mettre, comme souvent dans leurs disques, la cause homosexuelle en avant, comme ils l’avaient fait quelques années auparavant, lorsqu’ils avaient fait chanter une Dusty Springfield en plein coming-out sur leur « What have I done to deserve this ? ».

De plus, contrairement à leurs collègues only synthés (tous ceux qui ont eu à endurer live les sinistres Portishead, Massive Attack et consorts comprendront), les Pet Shop Boys donnent des concerts absolument déments par le kitsch déployé, à faire passer Elvis à Las Vegas (tiens, et « Always on my mind », c’est pas géant comme reprise ?) pour un concile de franciscains, et inscrivant le duo anglais dans la droite lignée de gens comme les Sparks ou Queen…


MORRISSEY - VAUXHALL & I (1994)


La mort lui va si bien ...

Les Smiths, c’était pas trop ma tasse de thé … Morrissey en solo non plus… Ses disques avec Ronson, où il se la joue play-boy glam sur le retour, sympas mais bof …
Morrissey presque le dos au mur ...
En Angleterre, les Smiths et le Mozz étaient une institution, adulés par la presse musicale et le public. Et pour Morrissey, brutalement, tout cela prend fin. Une chanson « bizarre » (« National Front Disco » en 1992), quelques déclarations équivoques, quelques apparitions publiques douteuses, et Morrissey se voit taxé d’extrêmedroitiste, de nationaliste et de raciste. La chochotte glam en prend un coup au moral, d’autant plus que la Faucheuse fait le vide autour de lui : son ami producteur Ronson, des proches …
Alors du passé Morrissey fait table rase et se pointe en 94 avec ce « Vauxhall & I », souvent considéré comme son meilleur. Forcément, vu le contexte, c’est pas un disque joyeux. Inutile de chercher les mélodies entraînantes pour fin de banquet, les refrains à reprendre en chœur. Ce Cd est triste. Très beau aussi. Musicalement parfait. Avec une surprise de taille à la production, assurée par Steve Lillywhite. Le producteur-roi des années 80, celui des grosses batteries et des guitares carillonnant (U2, Simple Minds, Peter Gabriel, Stones …) fait ici preuve d’une délicatesse, d’une retenue, d’un sens du détail dans les arrangements qu’on ne lui soupçonnait pas.
Reste les textes, souvent bouillon cubes cryptiques, abscons et précieux chez Morrissey, plein de références personnelles, nécessitant un parfait bilinguisme et une connaissance approfondie de sa biographie. Ne rentrant dans aucune des deux catégories, j’ai quelque peu zappé ces aspect-là, mais les bribes perçues confirment que tristesse et une certaine forme de désenchantement sont au cœur de son propos. Comme un travail de deuil extériorisé…
Morrissey, son personnage, son style vocal particulier tout en douceur, en ont souvent hérissé plus d’un, moi le premier. Mais pour ce « Vauxhall & I », rien à dire, tout est parfait …

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Viva Hate

SUPERGRASS - IN IT FOR THE MONEY (1997)


For your pleasure ...

Les Supergrass sont Anglais. Et comme tous les Anglais, un brin chauvins. Biberonnés au rock anglais, quand il s’est agi de faire de la musique, ils  ne sont pas allés chercher bien loin leurs sources d’inspiration … et juste de l’inspiration, pas une vulgaire copie de ce que d’autres avaient fait avant. Et tout ça avec une simplicité et une absence de prétention dont certains de leurs contemporains (qui a dit les frères Gallagher ?) auraient du avoir la bonne idée de s’inspirer. Supergrass, ce sont des types « normaux », des types honnêtes.

En rouge et noir ... Jeanne Mas ? Non, Supergrass 1997
Leur honnêteté, elle transparaît partout. Il n’y a pas de calculs chez Supergrass, pas de plan de carrière, la musique qu’ils font leur ressemble. Ils sont fans des grands groupes des années 60 (Beatles, Kinks, Who, Stones, Small Faces, les oubliés Zombies, …), du glam seventies et des guitares zeppeliniennes, des punks à références 60’s (Buzzcocks, Jam). Au détour d’une intro, d’une mélodie, d’un arrangement, de vocalises en harmonie, on retrouve chez Supergrass tous ces gens-là …

Avec un sens de la fête et de la bonne humeur qui n’appartient qu’à eux (le boogie mutant avec piano et cuivres de « Tonight », le très speed « Richard III » qui montre qu’il n’ont rien perdu de leur fougue initiale, …). Des grosses guitares à la Oasis, ils peuvent faire cela occasionnellement (« G Song »), mais passent vite à autre chose …Ce « In it for the money » qui n’est que leur second disque est déjà très mature, s’en va fureter vers la power pop (l’excellent « Sun hits the sky »), l’insouciance très Magical Mistery Tour (« Hollow little rain »), mais aussi vers des choses plus acoustiques souvent avec  bonheur (« Late in the day »), mais pas toujours (« It’s not me ») …

Cet entrain, les Supergrass sauront le communiquer dans des concerts où ils excellaient, géreront admirablement leur carrière à la manière des Jam (la dissolution du groupe interviendra donc avant qu’ils aient fait de mauvais disques) … « In it for the money » est un bon disque fait par des types bien, avec qui on aimerait traîner et boire des bières, très loin des stars lunatiques, hautaines et méprisantes que l’on voit trop souvent … Assez rare pour être souligné.




THE WHO - SINGS MY GENERATION (1965)


Le premier

C'est Qui ?
Avec «The Who sings my generation » on a affaire au 1er disque studio du plus grand groupe de tous les temps … sur scène. Car les Who ont toujours peiné à retranscrire sur disque la folie furieuse de leurs prestations live. Qui plus est, leurs meilleurs morceaux sortaient souvent en 45 Tours et n’étaient généralement pas repris sur les albums. Malgré tout, ce « The Who sings my generation » est un de leurs tout meilleurs disques. Pour leur hymne définitif de la jeunesse frustrée « My generation » et la plus géniale phrase de toute l’Histoire du rock, ce « Hope I die before I get old » écrite par Townsend et suivie à la lettre par Keith Moon. Figurent aussi deux autres classiques du groupe, « The kids are alright » et « The Ox », le morceau de bravoure d’Entwistle. D’autres compos du groupe, quelques reprises qui manquent de « consistance » par rapport aux brûlots à venir, complètent le tracklisting.
Un Cd à acquérir de préférence dans sa version DeLuxe, remastérisée et avec moult bonus, plutôt que dans sa version Cd "classique" (les douze titres originaux), présentée avec son rachitique et livret athmastique ...

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A Quick One 
Tommy

ABC - THE LEXICON OF LOVE (1982)


Les seuls à sauver ?
L’Angleterre du début des années 80 voit s’installer sur le devant de la scène une nuée de groupes rassemblés sous l’étiquette « Nouveaux Romantiques ». Si tous étaient nouveaux, on cherche encore le côté romantique de la plupart, et des horreurs comme Visage, Spandau Ballet, Human League, … squattaient le haut des charts.
ABC : brillants ?

Les seuls vraiment classe du lot, c’était ABC. Et pas seulement parce qu’ils s’habillaient chic (costards lamés, ce genre de fringues …), au lieu de vider les penderies de leurs grands-parents comme la concurrence.
Martin Fry, le maniaque leader maximo du groupe, était un croisement assez réussi entre Bryan Ferry et David Bowie (également vocalement) et savait écrire des chansons. Avec un soupçon de soul funky (modèle évident : « Young americans » l’album de Bowie) et un talent mélodique certain (« Avalon » de Roxy Music, les albums solo de Ferry)
« Poison arrow » et « The look of Love » ne laissent pas indifférents et ont eu en leur temps un succès mérité. Boostés par des arrangements et une production clinquants (section de cuivres, quelques cordes), œuvre de Trevor Horn qui commençait à échafauder avec ABC les cathédrales sonores qui en feront un des maîtres du son des années 80 (le succès énorme de Frankie Goes to Hollywood).
« The Lexicon of Love » est un Cd élégant et distingué.
Pour les fans et les complétistes, existe en version DeLuxe.

PAUL WELLER - WAKE UP THE NATION (2010)


 That's great entertainment

Paul Weller, pour l’éternité, restera le leader des Jam, colossal groupe de la vague 1977. Après une demi-douzaine de disques cruciaux, il va saborder son band au succès énorme chez lui en Angleterre, et poursuivre sa carrière entre groupes douteux  (le piètre Style Council) et disques solo hétérogènes, tout en restant à chacune de ses livraisons discographiques un habitué du Top Ten anglais. Toujours prêt au geste militant et politique (il a été dans les 80’s l’un des fondateurs du Red Wedge regroupant les artistes anti-Thatcher), c’est pas vraiment une surprise de voir son dernier-né s’intituler « Wake up the Nation ». Plus surprenant est la présence au générique de ce Cd de Bruce Foxton, bassiste des Jam (dont des cohortes de fans attendent la reformation qui n’aura certainement jamais lieu, Weller est « untouchable » sur ce sujet), et plus surprenant encore, celle de Kevin Shields guitariste expérimental des fanstabuleux My Bloody Valentine de « Loveless ».
Ce « Wake up the Nation » sonne mod …erne, Weller ne ressasse pas les plans qui ont fait sa fortune. Il prend des risques, innove, surprend, et à partir des toujours mêmes bases (des chansons, c’est quand même bien là l’essentiel, la soul des 60’s, les Who et les Kinks, …) livre une collection de très courts titres (16 en 40 minutes) résolument ancrés dans les années 2010. Weller a toujours su composer, et avec le temps est devenu un grand chanteur, à la technique éprouvée et rodée par des milliers de concerts …
Alors il y a du rock (le morceau-titre qui fait penser aux Who des débuts, « Find the torch … » toujours l’axe Who-Kinks, « Fast car / Slow traffic » très Elvis Costello 70’s avec des cascades de piano à la Mike Garson période « Alladin Sane », « 7 & 3 … » comme une version punk de « Back in the saddle » d’Aerosmith, « Up the damage » qui semble reprendre les choses là où les Jam les avaient laissées avec « The gift », …). Il y a aussi des titres influencés par la musique noire américaine des 60’s (« No tears to cry » northern-soul Tamla, le rhythm’n’blues de « Grasp & still connect », « Aim high » soul aux relents funky, …). Aussi quelques bizarreries (des courts titres instrumentaux, « Peace of a dream » comme du Peter Gabriel 80’s, ou le dernier titre « Two fat ladies » avec ses gros riffs de guitare qui raviront les amateurs de Green Day ou Offspring, si admirateurs de ceux-là il reste et surtout s’ils ont l’idée d’écouter ce disque, ce dont je doute …). Et puis, tant qu’à faire, Weller a glissé au milieu de ce Cd un morceau renversant, « Trees », qui est son « Good vibrations » avec ses changements de rythmes et de mélodies incessants et qui contient matière à faire dix excellentes chansons avec toutes les trouvailles qu’il contient.
Logiquement, ce disque, d’après les connaisseurs un de ses meilleurs en solo, va se ramasser en France et cartonner en Angleterre. La routine, quoi …







THE RASCALS - RASCALIZE (2008)


 Jeunes Rascals

Rien à voir avec les Rascals New-Yorkais de la fin des années 60. Ceux de 2008 sont Anglais de Liverpool et récoltent avec ce 1er Cd un gros paquet de louanges.

Méritées. Et pourtant, ça sentait le coup foireux à plein nez. L’adoubement d’Alex Turner, Arctic Monkey Suprême, la collaboration du même Turner avec Miles Kane, Rascal en chef et auteur de tous les titres pour l’éphémère ( ? ) Last Shadow Puppets, avait tout du plan marketing foireux d’une industrie musicale aux abois.

Les Rascals n’ont besoin d’aucun parrain pour montrer qu’ils ont du talent, qu’ils savent écrire et jouer de bons morceaux dans la tradition d’un rock anglais énervé des années 60. Une mise en son et une production impeccable permettent à tous les titres d’accrocher l’oreille de l’auditeur, sans aucun racolage sonore, sans effets de manche tendance pour faire jeune. Juste la qualité de 12 morceaux de pop vitaminée et des types qui les jouent.

Evidemment, aujourd’hui la suite de l’aventure est connue, ce brillant Cd n’aura pas de suite, les Rascals en tant que groupe resteront sur le carreau, et Miles Kane volera de ses propres ailes pour publier en ce début 2011 un des meilleurs disques anglais de la décennie, le fantastique « Colour of the trap ».







THE WHO - A QUICK ONE (1965)


Vite fait ...

Les Who (enfin surtout Townsend) ont écrit, au moins autant que d’autres de la même époque, beaucoup de titres d’anthologie. Et comme beaucoup d’autres, leurs meilleurs titres sortaient en 45T, et ne se retrouvaient pas forcément sur les LPs. Donc sur ce « A quick one », pas de « Substitute » ou de « The kids are alright », et c’est bien dommage. Même pas « Happy Jack », réservé au pressage américain, et juste représenté dans des versions bonus de rééditions Cd sous forme de maquette acoustique, intéressante mais pas cruciale …
L’affaire est encore plus compliquée par une condition léonine de leur contrat qui obligeait tous les membres du groupe à composer des morceaux pour ce disque … Passe encore pour Entwistle, mais Daltrey et Moon, la composition n’est pas leur point fort…
« A quick one » est un disque daté, à la seule vision de sa pochette qui évoque au premier coup d’œil humour quelque peu potache, Angleterre des mid-sixties, et un zeste de psychédélisme naissant par son lettrage. Dans le tracklisting, peu de fulgurances. Surnagent sans peine « Boris the Spider », demi-classique du groupe porté par une colossale ligne de basse d’Entwistle, et surtout, la merveille du disque, le très pop « So sad about us », pour moi dans le Top 10 des compositions du Pete au grand nez…
Le reste est à bien des égards problématique, la faiblesse intrinsèque de nombre de titres étant à peine masquée par une grosse performance de Moon sur ses fûts (« I need you ») en particulier, ou bien par Entwistle et Daltrey faisant du Townsend (respectivement « Whiskey man » et « See my way », à se demander si ce sont vraiment eux qui les ont écrits). Lequel Townsend s’en sort quand même mieux sur l’inaugural « Run run run », ou la très mélodique, quasi beatlesienne « Don’t look away ».
Il faut rajouter une bêtise à la « Yellow submarine » de Moon (« Cobwebs and strange »), un massacre de « Heatwave » le classique de Martha & the Vandellas. Et aussi évoquer le « curieux » morceau-titre, longue pièce de neuf minutes, où plusieurs séquences (une grosse demi-douzaine) s’enchaînent, jetant les bases des futurs et funestes opéras-rock du groupe (« Tommy », « Quadrophenia »).
Conclusion que tout le monde connaît : les Who sont un fantastique (le plus grand ?) groupe de scène, un immense groupe à singles, et qui hormis le colossal « Who’s next » s’est à peu près vautré sur chacun de ses 33T.
Sur la réédition Cd de « A quick one » qui semble faire référence, celle de 2006, une dizaine de bonus, la plupart bien connus depuis notamment le coffret « Thirty years of Maximum Rythm’n’blues ». Peu de choses cruciales (« Doctor, Doctor » à la limite), une grosse majorité des titres présentés dans le « ventre mou » du répertoire des Who, quelques foirades (les reprises du thème de Batman, ou de « Barbara Ann » des Beach Boys) …
Disque quelque peu anecdotique for fans only …

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THE JAM - GREATEST HITS (1991)



Pour une première approche
Pendant quelques années, fin 70’s début 80’s, les Jam ont connu chez eux en Angleterre une popularité immense. Comme en d’autres temps Beatles, Queen ou Oasis. Les Jam furent des stars chez eux, et pratiquement inconnus ailleurs.
Partie intégrante de la vague punk, ils se différencieront de leurs collègues par leurs goûts musicaux. Alors que les autres, Clash en tête, étaient branchés reggae et rock’n’roll des origines, Paul Weller et ses deux comparses vénèrent la période mod sixties (Who, Kinks, …) et la musique soul noire américaine (celle des labels Stax, Atlantic, Motown, …). Ces influences transparaissent dans les reprises (« David Watts » des Kinks) ou les compos originales (« Town called Malice » est basé sur une rythmique Tamla-Motown avec un break de batterie similaire à celui de « You can’t hurry love » des Supremes).
Ce « Greatest Hits » donne en une heure un aperçu de la carrière du groupe. Et même si on peut regretter que cette compilation soit un peu trop axée sur les dernières années du groupe au détriment des débuts plus intéressants, elle regroupe tous les essentiels et incontournables des Jam.
Ceux qui voudraient aller plus loin iront voir du côté de « Snap ! » autre compilation plus étoffée en deux Cds, les plus fortunés s’offriront le coffret « Direction Reaction Creation » ou les albums du groupe (une demi-douzaine).


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In The City



ARCTIC MONKEYS - SUCK IT AND SEE (2011)



Monkeys gone to heaven ?
Chassez le naturel, il revient au galop … Où comment les Arctic Monkeys, provinciaux anglais exilés aux Etats-Unis pour l’écriture et l’enregistrement de ce « Suck and see it » (un titre de disque paraît-il en référence à « Orange mécanique » de Kubrick, mais faudrait qu’on m’explique, j’ai pas tout compris là …), ont réussi à faire leur Cd le plus so british …
Une collection de chansons à ranger aux côtés de celles des Smiths. La prédisposition pour le mid-tempo, les mélodies précieuses, la voix brumeuse et distante, les guitares « ligne claire » qui ont tendance à carillonner, les textes parfois, tout cela renvoie à ce rock mis en place par feu le groupe de Morrissey, Marr & Co. Sans que ça sonne comme une redite, il n’est pas ici question de plagiat ou d’imitation. Le bonhomme Alex Turner est suffisamment doué (et prolifique, quatre disques et quelques maxis pour les Monkeys, le Last Shadow Puppets, une B.O. de film, tout ceci en cinq ans) pour écrire des choses foncièrement originales.
Evidemment, les fans des débuts qui attendent depuis un lustre la suite de « Whatever people … » vont encore une fois être déçus. Mais pour moi, en terme d’écriture, ce disque est leur meilleur, leur plus homogène. Avec retour aux manettes de leur producteur attitré James Ford, après l’escapade « Humbug » avec Josh Homme. Le leader des QOTSA est encore présent aux chœurs sur un titre « All my own stunts », lequel, comme par hasard avec son tempo lourd et enfumé, sonne relativement stoner. Tout comme « Don’t sit down … » et son riff rampant.
Pour le reste, c’est aussi anglais qu’une relève de la Garde à Buckingham Palace. Avec mention particulière à « Piledriver waltz », pour moi le meilleur du disque avec ses improbables changements de temps, la très british ballade « Love is a laserquest », le très mélodique titre inaugural « She’s thunderstorms », et la très grande chanson pop « That’s when you’re wrong ». Au rayon curiosité, le batteur chante avec une voix grave de crooner sur un titre, « Brick by brick », qui sonne comme du Iggy Pop période  … « Brick by brick ». De l’humour anglais sans doute.
Sinon, pas de grosses ficelles, rien dans ce disque qui sente le titre racoleur que l’on destine aux radios et aux chaînes à clips, juste un disque adulte et mature, par des gars qui ont tout juste vingt cinq ans.
Par contre, on ne pourra pas éviter la comparaison, le duel fratricide avec le disque quasi simultané du pote Miles Kane. Même si ce « Suck it and see » est très correct, il n’y a selon moi pas photo. Le Miles Kane est infiniment meilleur …






MILES KANE - COLOUR OF THE TRAP (2011)

 

 Payin' The Dues


Miles Kane est dans l’air du temps et semble avoir le vent en poupe. Il est présenté comme une sorte de sauveur. Sauveur de quoi, on ne sait plus trop, tant l’industrie musicale (les gros labels) et ses sous-traitants (la presse musicale) prennent l’eau de toutes parts. Alors pensez, un gars qui sort un disque nettement moins mauvais que, au hasard, le dernier Radiohead, et il se trouve du monde pour crier au génie, au sauveur du rock.
On avait déjà remarqué Miles Kane sur deux disques intéressants, mais pas forcément cruciaux, celui des Last Shadow Puppets, avec son pote Alex Turner de la grosse affaire Arctic Monkeys, et celui des Rascals, son propre groupe qui a semble t-il déjà passé l’arme à gauche …
Beaucoup est dit sur le visuel du Cd, comme à l’époque, il y a longtemps dans le siècle dernier, où il suffisait de regarder une pochette de disque pour savoir ce qu’il y avait à l’intérieur. Le look, les fringues, la coupe de cheveux, Miles Kane est anglais et aurait pu figurer tel quel sur une photo de 1965 des Who ou des Small Faces, ou sur un polaroid de 1978 des Jam.
Miles Kane est fan d’une culture, d’une époque, cela s’entend dans chaque mesure de ce disque. Et alors que ce genre d’exercice nostalgique souffre à chaque fois de la comparaison avec les glorieux anciens, ce coup-ci ça fonctionne, c’est aussi bien « qu’avant ». Miles Kane a vingt cinq ans et a fait le disque de vieux parfait, et qui espérons-le pour lui, plaira aussi aux plus jeunes qui n’ont jamais écouté « Aftermath » ou « Electric warrior ». Miles Kane est un copiste doué, mais qui recycle intelligemment et finement, c’est là toute la différence avec la concurrence (qui a dit Arcade Fire ?). Les chœurs genre stade de foot sont de nouveau à la mode ? Et bien, comme les Kills qui en ont mis un peu partout dans leur dernier « Blood Pressures », il va s’en servir comme gimmick sur un titre, l’inaugural « Come closer ». Vous préférez de la pop vraiment estampillée 60’s ?  Pas de problème, prenez « Quicksand » et son ambiance légère et yé-yé, ou la millimétrée « Rearrange ». Du 60’s aussi, mais version garage ? « Inhaler » et sa grosse guitare fuzz sont pour vous … Toujours les années 60, version acide et Swingin’ London avec « Better left invisible », et c’est le Floyd de Syd Barrett qui apparaît. Et « Kingcrawler » pourrait devenir le « White rabbit » des années 2010 (oui, je sais, les Jefferson Airplane n’étaient pas anglais, mais juste totalement obnubilés à leurs débuts par les Beatles).
Dans la machine à remonter le temps de Kane, on a aussi « Telepathy », titre auquel il ne manque que les jappements de Shirley Basset pour croire qu’il s’agit du thème d’un James Bond période Sean Connery. On a aussi une fixette de Kane pour le glam-rock du début des 70’s (« My fantasy », c’est du pur T-Rex, et « Take the night from me » pique pas mal de choses au « Soul love » de Bowie-Ziggy Stardust). Bowie ? Oui, Bowie est encore là avec « Counting down the days » et ses faux airs de « Ashes to ashes ». On croise même avec le titre « Colour of the trap » le garçon jaloux qui imagine Lennon au détour de la mélodie.
Ce Cd est assez étonnant, sans rien à jeter, faisant preuve d’une maturité et d’un sens de la composition que l’on croyait à jamais perdus dans cette époque de prêt à mâcher et de copistes falots. Ce Miles Kane peut poursuivre sur la lancée, j’espère en tout cas qu’il le fera, que ce ne sera pas là un brillant exercice de style sans lendemain. La réponse et l’avenir se trouvent déjà dans un titre comme « Happenstance », qui réussit à sonner moderne et rétro à la fois. Disque anglais de l’année ? Pour le moment, disque de l’année tout court…