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CEE-LO GREEN - ... IS THE SOUL MACHINE (2004)


Ben voyons ...

Et le titre n’est certainement pas à prendre au second degré… Le gars doit être persuadé d’avoir sorti un grand disque soul, de ceux qui marquent leur époque et l’esprit des gens qui l’écoutent…

Stevie Wonder sans perruque ? Non, Cee Lo Green ...
Sauf que … pour faire de la soul, il faut d’abord avoir une voix. Le Cee-Lo, rappeur nasillard à fort accent sudiste, n’en a pas, ou plutôt une toute moche. Il faut aussi des chansons. Ce n’est pas en faisant appel à Pharell (Williams) ou aux Neptunes, ces fossoyeurs de quatre décennies de musique noire américaine, qu’on risque d’en avoir. Ces mauvais-là sont tout juste bons à concocter une bouillasse sonore qui ravit les sourds accros à MTV et NRJ, injectant sur des grooves prétendus roboratifs des samples des second couteaux de la soul mielleuse des seventies … Cee-Lo Green est en gros à Marvin Gaye ce que Danny Boon est à Martin Scorsese …

Ce disque, avec un titre en référence à un gigantesque morceau (et album) de James Brown (mais combien de ceux qui écoutent Cee-Lo Green s’en sont aperçus ?), a propulsé son auteur au firmament des rappeurs US « qui comptent », chronologiquement entre Jay-Z et Kanye West, piteuses superstars des années 2000.

Cee-Lo Green est le genre de gars dont on n’aurait même pas voulu dans les studios Stax ou Atlantic pour servir du café quand Aretha Franklin ou Otis Redding enregistraient. Là, maintenant, il n’est pas plus vilain que d’autres têtes d’affiche de ce que de jeunes malentendants appellent rythm’n’blues. Il n’est guère meilleur non plus.

Quelques années après la purge « … is the Soul Machine », il est devenu la moitié du duo Gnarls Barkley (l’autre moitié étant l’intéressant producteur Danger Mouse), dont promis, juré, je dirais aussi du mal un jour …


SPANK ROCK - YoYoYoYoYo (2006)


 Innovant mais "difficile" ...

Spank Rock 2006
Alors que le rap a fêté ses trois décennies, cette musique née de l’urgence et dans l’urgence n’a finalement évolué que lentement.
Spank Rock (Fesser le Rock ? la bonne blague …), duo américain, fait clairement avancer et évoluer le rap. Des rythmiques ultra-saccadées, infra-basses en avant, des relents de trip-hop, des morceaux courts et sobres, des recherches mélodiques … Rarement autant d’innovations ont été présentes sur un même disque.
Le problème c’est que tout cela aboutit à des titres crispants, robotiques et d’un accès ardu. Pas le genre de truc qui va squatter la bande FM.
L’idée de départ est excellente (dépoussiérer un genre musical ronronnant) et se rapproche de ce que faisaient à la même époque les Liars avec le rock ou TV On The Radio avec la pop.
Spank Rock possèdait les atouts pour être the “next Big Thing”, ou au minimum le truc branché du moment. Resté silencieux pendant cinq ans, le duo semble condamné à la confidentialité …





Ping pong | Myspace Music Videos

CYPRESS HILL - CYPRESS HILL (1991)



Le Peuple de l'Herbe

Grands amateurs de cigarettes qui font rire, les Cypress Hill ne sont pas que cela. Ils ont proposé avec ce 1er Cd de 1991 une des visions sonores les plus originales du rap. Avec notamment un final de disque qui renoue avec leurs racines cubaines et portoricaines.
DJ Muggs (que l'on retrouvera avec Tricky pour le superbe« Juxtapose ») met en scène un habillage musical innovant, rythmes sautillants et grosses basses. Et si les Cypress Hill ont l’air de types cool  (« Light another », « Something for the blunted », …), faut pas les chercher non plus (« How I could just kill a man »).
Même si aux USA le grand succès viendra avec le suivant (« Black Sunday »), c’est bel et bien ce premier Cd qui me semble leur plus convaincant.



A TRIBE CALLED QUEST - THE LOW END THEORY (1991)


Birth of the cool ?

A Tribe Called Quest avaient frappé fort avec leur premier disque, récoltant un gros hit avec « Can I kick it ? », dans lequel était samplée la célébrissime ligne de basse du « Walk on the wild side » de Lou Reed. Leur positionnement dans le rap était novateur. Avec d’autres (Jungle Brothers, De La Soul, …), ils se retrouvaient dans le collectif Native Tongues, s’écartant du bling-bling des années 80, du radicalisme politique de Public Enemy, ou du gangsta-rap naissant. Préférant, plutôt qu’une rupture sonore et culturelle, revenir aux sources de la musique noire américaine, soutenir l’afro centrisme, rejoignant ainsi nombre des préoccupations d’un de leurs modèles, Afrika Bambaataa.
Alors ce « Low end theory », intéressera certainement plus les fans de Miles Davis que ceux d’Eminem. Parce qu’ici, c’est le jazz qui sert de base à l’essentiel des titres, certaines séquences étant même carrément jouées par rien de moins que Ron Carter, légende de la contrebasse. « Low end theory » est un disque qui cherche à convaincre plus par la séduction que par la démesure. Tout est ici cool, tranquille, pas de haine ou de violence jetée à la face de l’auditeur.
« The low end theory » n’est pas un disque de jazz déguisé, c’est juste un des premiers (le premier ?) d’un genre qui fera la fortune de quelques malins suiveurs (Gangstarr et son leader Guru ensuite, pour la série des « Jazzmatazz »). Les deux MC d’ATCQ, Q-Tip et Phife Dawg, s’éloignent de la scansion syncopée propre au genre pour se rapprocher du chant traditionnel. Leur discours est lucide et sans démagogie, leur analyse du Barnum financier et médiatique qui est en train de jeter son dévolu sur le rap sans concession (les titres « Butter », « Show business » et « Rap promoter »). Encore plus décalée par rapport à l’immense majorité du milieu rap est leur dénonciation du machisme et du sexisme habituellement de mise (« The infamous date rape »).
« The low end theory » est un disque efficace, très homogène, on sent le travail pour mettre en place un « son », une ambiance, originaux et novateurs. Mention particulière à « Verses from the abstract », avec « vraie » contrebasse de Ron Carter et magnifique voix féminine de Vinia Mojica. Curiosité, le dernier titre « Scenario » dans lequel les ATCQ semblent se lâcher, un morceau tout en rythmes martiaux, plus crié et hurlé que rappé, abusant de scratches et de chœurs virils …
Un disque qui devrait séduire les réfractaires au jazz (j’en suis), et les dubitatifs devant l’essentiel des productions rap (j’en suis aussi) …