Affichage des articles dont le libellé est Punk. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Punk. Afficher tous les articles

TURBONEGRO - APOCALYPSE DUDES (1998)


Pied au plancher ...
« Age of Pamparius », 1er titre du Cd, débute par une intro pianotée, une guitare zigzagante, des synthés à la « Baba O’Riley » des Who ; puis arrive un riff colossal et c’est parti pour un shot ininterrompu d’une quinzaine de morceaux de punk-glam-metal … Les Turbonegro sont Norvégiens, et comme une multitude de groupes farouchement électriques scandinaves, ne font pas vraiment dans la dentelle. Ils découlent d’une longue litanie de furieux venant abreuver leur rock très heavy aux sources du rock’n’roll originel, comme en leur temps Hanoi Rocks ou leurs quasi-contemporains Hellacopters et Hives, parmi tant d’autres.
Les Turbonegro sont aussi gays que Freddie Mercury et Elton John réunis et le clament haut et fort, surtout fort d’ailleurs. Il suffit de jeter un œil sur le tracklisting, qui avec des intitulés aussi délicats et poétiques que « Rendezvous with anus », « Don’t say motherfucker, motherfucker », « Rock against ass », « Monkey on your back », … pour voir que l’on se situe tout de même assez loin des Village People. Et manière de pousser le bouchon de la provocation assez loin, la pochette du disque représente paraît-il le logo d’un groupuscule armé d’extrême gauche américain. Sans doute les Turbonegro cherchaient-ils l’interdiction sur les terres de Lady Gaga, Justin Timberlake, Springsteen et Paris Hilton …
Ce qui est sûr et finalement le plus important, c’est que ça dépote grave … Des choses comme « Selfdestructo bust » feront peur par leur radicalité à tous les fans de Green Day et c’est tant mieux. D’autres raviront les fans de Motorhead (le single « Prince of the rodeo » avec son intro de batterie calquée sur celle du « Overkill » de la bande à Lemmy) et c’est encore mieux. « Humiliation Street » (ces titres !) est à peu près le seul mid-tempo du disque et fonctionne comme un hymne, « Get it on » (rien à voir avec T-Rex, quoique …) est colossal et laisse à supposer que Jack White a dû écouter ce disque avant de mettre en place son White Stripes sound …
Les Turbonegro se distinguent du commun des groupes de hard bourrin (tout à fond et la tête dans le guidon) qui encombrent le genre par leurs titres assez courts (pas de démonstration virtuose, night in the ruts comme diraient Aerosmith), le chant assez distancié, posé et quelque peu méprisant, et un guitariste lead (l’outrageusement maquillé et peroxydé Euroboy) qui semble incapable de jouer rythmique et est donc perpétuellement en train d’exécuter des solos … Ajouter à cela une recherche constante de la mélodie, du couplet qui accroche et du refrain qui tue, une finesse dans les arrangements (des pianos, des congas, de discrets synthés, … ) et on se retrouve avec super disque de vrai rock tout-terrain, ce qui était quand même assez peu courant à l’époque (1998).
On achève ce Cd avec une bonne pipe (« Good head »), rien de tel pour tailler la route et il est proposé dans certaines éditions deux bonus, une version live de « Prince of the rodeo », quelque peu monolithique, bruyante, braillarde et bâclée, et une reprise de « Suffragette City » quelconque (démo ? maquette ?), mais qui éclaire définitivement sur le « Apocalypse dudes » du titre du Cd, référence à une chanson de Mott the Hoople écrite par un certain David Bowie, et démontre de façon indiscutable que les Turbonegro sont un groupe talentueux et de bon goût …

THE DAMNED - THE BEST OF (1981)


Les survivants ...

Le propre d’un groupe punk, c’est de venir faire quelques tours de piste dans le grand rollercoaster du monde musical, et puis de disparaître. Et pour que la légende soit parfaite, plus les gars sont mauvais, crétins, défoncés, et moins ils durent, plus leur nom s’écrira en lettres d’or au frontispice du binaire, avec l’indiscutable « crédibilité ». Les exemples ne manquent pas.
Les Damned doivent être l’exception qui confirme la règle. Premiers punks anglais à avoir publié un 33T, ils sont encore actifs aujourd’hui, tournant et publiant des disques régulièrement. Mauvais, mais pas tant que çà ou pas plus que d’autres à leurs débuts, ils l’étaient et en étaient logiquement fiers. Crétins, ils ont tout fait pour, multipliant les blagues ( ? ) à base de crachats, urine et autres matières fécales. Défoncés, cela va de soi. Et bizarrement, leurs premiers disques, sont parmi ceux de l’époque, ceux qui ont le mieux supporté l’épreuve du temps.
Certes, sur la durée, les bifurcations, voire les revirements artistiques ont été nombreux, et il n’est pas rare de trouver sur leurs disques récents des morceaux d’un quart d’heure, ayant plus à voir avec le prog qu’avec le fracas sexpistolien. Cette compilation, la première parue après quatre albums, est concentrée sur la période punk stricto senso du groupe, laissant juste apparaître les prémisses de leur épisode gothique du début des années 80.
La formation originale: Sensible, Vanian, James, Scabies
Cet assemblage humain bizarre et hétéroclite, un guitariste (Brian James, parti après deux disques) fan de Johnny Thunders et donc quelque part un peu de Keith Richards, un batteur efficace (Rat Scabies) qui finira chercheur de trésors cathares, un bassiste (Captain Sensible) adepte du port du tutu et ne reculant devant rien pour amplifier son aspect potache alors qu’il s’est révélé être le ciment et le point d’articulation du groupe, un très bon chanteur (Dave Vanian), au visage tartiné de fond de teint livide et tout de noir vêtu, réussira cependant à publier des premiers disques d’une rare homogénéité, et fait assez rare pour l’époque et le genre, assez aboutis musicalement.
Cette compile débute fort logiquement par les deux titres les plus emblématiques des débuts du groupe, leurs deux premiers 45T, « New Rose » et « Neat neat neat », piliers de toutes les compilations thématiques consacrées au punk anglais made in 77. Anecdote plus que connue mais qu’il est bon de rappeler, le titre « New Rose » servira de nom de baptême à un label français du même nom, très en vue dans les années 80, et sorte de Radeau de la Méduse des punks ou assimilés à la recherche d’un second souffle …
Après les deux titres « historiques », cette compilation enchaîne les autres titres marquants du groupe, permettant de découvrir ou redécouvrir un répertoire qui surprend par sa qualité, avec un son pas si daté que çà, et des compositions qui ont plutôt bien vieilli et qui témoignent d’un talent mélodique indiscutable. Car oui, très vite, les Damned ont appris à jouer et à composer, capables d’oser les longues intro avant l’explosion power-pop (« Smash it up »), rajoutant toujours une mélodie dans le tempo supersonique envoyé dans ta face (« Love song », « Disco man »), effectuant une embardée vers le rock qu’on appellera « héroïque » (« I just can’t be happy today », « Dozen girls ») qui vaut bien ce qu’on trouvait sur les premiers U2 ou Killing Joke, titillant les ambiances gothiques vers lesquelles les Damned s’aventureront résolument dans les 80’s (le rigide « Lively acts », « The history of the world », très mauvais avec ses relents ska). D’autres fois, les Damned poussent la potacherie un peu trop loin, en livrant par exemple une mauvaise version de « White rabbit » (des punks qui reprennent l’hymne hippy du Jefferson Airplane, et même pas de façon drolatique, au contraire, y’a quelque chose qui m’échappe là…).
Au final, même si le groupe connaîtra également dans les années suivantes les honneurs des hit-parades, cette compilation de leurs premières et selon moi meilleures années, est une bonne porte d’entée et un bon résumé du groupe punk le plus vieux du monde …




X - WILD GIFT (1981)


X File

X, dès le départ, est un drôle d’assemblage. Un couple de babas à la ville comme à la scène, John Doe (bassiste et chanteur) et Exene Cervenka (auto-proclamée poétesse – just like Patti Smith – et chanteuse), un guitariste fada de rockabilly (Billy Zoom, qui a fait partie des derniers tours de piste du band de Gene Vincent), et un batteur (Don Bonebrake) sur lequel il n’y a pas lieu de s’extasier outre mesure. Le groupe vit à Los Angeles, le paradis du glamour et des surfeurs bronzés, et en cette fin des 70’s, le lieu le plus improbable pour l’éclosion d’un orchestre punk. 

De gauche à droite, Zoom, Cervenka, Bonebrake, Doe : bien classés, X ...
Une petite scène se formera pourtant, dont X sera partie prenante, en compagnie des formations embryonnaires des Go-Go’s, Blasters, Germs, Lobos… Le déclic surviendra pour X quand le has-been Manzarek, des feu Doors, s’entichera du groupe, les accompagnera quelquefois sur scène, les aidera à trouver un label et produira leurs disques. Dont ce « Wild Gift », leur second …

Le son général, l’ambiance du disque, sont de prime abord assez déconcertants, pour l’époque s’entend. Assez loin de toutes les références du punk anglais, adossé sur un binaire simplissime voire simpliste dérivant du rock’n’roll revisité glam. Chez X, grâce à Billy Zoom, la touche rockabilly est en avant, particulièrement sur des titres comme « In this house … », « Beyond and black », « Year 1 », … Le chant, notamment celui d’Exene Cervenka, peut en rebuter plus d’un. Souvent déclamatoire, forcé dans les aigus, il se marie cependant très bien à la voix de John Doe, les deux se partageant le micro.

« Wild gift » est un disque varié, concis (13 titres en un peu plus de demi-heure), très mélodique même sur les morceaux effectués pied au plancher, piochant très occasionnellement des choses chez les punks Anglais (« When our home… »), d’autres dans la new wave de Devo (« Adult books »). Malgré tout, X a son image sonore propre, ce contraste entre le feu et la glace des deux voix, et ces racines rock’n’roll et rockabilly qui pointent partout. Manzarek, s’il doit être pour quelque chose, et peut-être même pour beaucoup dans la fluidité des compositions, reste étonnamment dans l’ombre, sobre et discret (à peine discerne t-on quelques nappes de claviers), ce qui n’est pas d’habitude sa principale qualité …

X durera ce que durera le couple Doe – Cervenka (des titres font déjà allusion à une rupture larvée ou consommée comme « In this house … » ou « White girl »), les dissensions et le split ne sont plus très loin. En tout cas, avec ce « Wild gift » et son prédécesseur, les X ont remis Los Angeles, où jusque là régnaient sans partage Eagles, Fleetwood Mac et autres Doobie Brothers, sur la carte du rock qui rocke et qui rolle …


GERMS - (GI) (1979)


Apocalypse punk

Historiquement les Germs sont le premier groupe punk de Los Angeles. Et pas un des moins radicaux, dans une ville qui cultive la démesure en tous genres.

Darby Crash : Rock'n'roll suicide
Emmenés par le chanteur (?) Darby Crash et les riffs killers de Pat Smear, leurs prestations scéniques sont chaotiques, bien dans la tradition punk. Ce « (GI) » est leur premier disque (15 titres en 29 minutes plus un morceau live), produit par Joan Jett, l’ex guitariste des Runaways et responsable quelques mois plus tard de l’intergalactique succès « I love rock’n’roll ». Question production, Joan Jett n’est pas vraiment Phil Spector ou George Martin et ça s’entend. C’est violent, primaire, brut de décoffrage et approximatif. Mais c’est très bien ainsi, on ne risque pas de confondre les Germs avec Phil Collins ou Yes.

« (GI) » sera le seul disque « officiel » des Germs. Car les histoires punk finissent (vite et) mal en général. La fin de l’histoire, ce sera celle de Darby Crash. Qui pour attirer les médias, programme une overdose qui se révèlera fatale… Quelques heures plus tard, un certain John Lennon se fera assassiner en rentrant chez lui… Devinez qui a eu la une des journaux le lendemain…

Quant à Pat Smear, il sera des derniers mois de l’aventure Nirvana, avant que Cobain ne se fasse sauter le caisson.

« (GI) », malgré quelques bons titres, est pour moi un Cd à prendre plutôt comme un témoignage de l’existence d’un groupe jusqu’auboutiste que comme un classique du mouvement punk.


TRANSPLANTS - TRANSPLANTS (2002)


Transplantation réussie

Je connaissais (très) mal Rancid. Quelques articles lus sans conviction, quelques titres écoutés d’une oreille distraite, et le groupe et son leader Tim Armstrong hâtivement catalogués dans la rubrique punks américains à Doc Martens, tatouages et Budweiser.

Kessta ? T'as un problème ? Transplants 2002
Autant dire que ce Cd des Transplants m’a agréablement surpris. Projet parallèle de Tim Armstrong avec le batteur des minables Blink 182 qu’on n’attendait pas à pareille fête, plus un inconnu dont j’ai la flemme de chercher le nom dans le livret du digipack, et de nombreux invités occasionnels.

Ce « Transplants » est donc excellent. Après un premier titre abrasif et pénible, suivent le génial « Tall cans in the air », puis les quasi-pop « Dj Dj » et « Diamonds and guns » et le reste s’enchaîne d’une façon parfaite, montrant l’ouverture d’esprit de Tim Armstrong et sa culture musicale sachant s’abreuver à toutes sortes de bonnes influences.

Le genre de Cd, fusionnel et (très) énergique que les Rod Hot Chili Peppers ont essayé de faire sans jamais vraiment y arriver. Rock high energy, pop, punk, rap, boucles techno dans ce qu’ils ont de meilleur se retrouvent dans ce « Transplants ».

Promis, juré (et craché), un de ces jours j’écouterais sérieusement Rancid.



NEW YORK DOLLS - NEW YORK DOLLS (1973)


Punks à paillettes

Le meilleur disque (de toute façon ils n’en ont fait que deux, et oubliez la reformation actuelle des deux survivants just for the money) d’un des groupes les plus essentiels des années 70.
Lady Gaga et ses amies ? Non, les Dolls en 73 ...
Souvent assimilés et réduits à leurs excès (le look ahurissant pour l’époque, les défonces à tous les étages), l’importance des Dolls se situe au niveau strictement musical.
La doublette introductive de ce Cd (« Personality crisis », « Looking for a kiss ») est stupéfiante de perfection  plus de trente ans après. Johansen (plus encore que l’autre lippu américain Steven Tyler d’Aerosmith) est par son magnétisme le clone parfait de Mick Jagger, les guitares rageuses de Thunders et du trop souvent sous-estimé Syl Sylvain incrustent le danger dans tous les morceaux, et la rythmique enclume sévère. Le tout superbement produit par Todd Rundgren qui a du se souvenir de ses années garage avec Nazz pour leur concocter ce son de déglingue rock’n’roll.
Une hystérique tournée anglaise (avec mort du batteur par OD) allait donner plein d’idées de groupes à tous les morveux british. Le punk était en route.
Que vous ayez 20 Cds ou 20 000, celui-là doit être dans le lot.




BIG BLACK - THE RICH MAN’S EIGHT TRACK TAPE (1987)


Les débuts de Steve Albini
Avant d’être crédité à la production de quelques disques au son abrasif (Pixies, Nirvana, PJ Harvey, plus tard les Stooges reformés de « The Weirdness », …) qui ont traumatisé leur époque, Steve Albini était le leader et guitariste des extrémistes sonores de Big Black. Groupe radical tant par le propos que par la musique. Boîte à rythmes tachycardiques programmés par Albini, guitares tronçonneuses déchiquetant de gros riffs saturés, voix et sons trafiqués.
Ils ont pas l'air méchants ... ne pas se fier aux apparences.
Les electro-punks de Metal Urbain (Cocorico) étaient souvent cités comme influence, on pense aussi à la techno martiale du début des 80’s des Belges de Front 242, et le son de Big Black influencera notablement des gens comme Ministry ou Trent Reznor.
On ne peut pas dire que la discographie de Big Black soit pléthorique, deux 33T plus un live posthume. Ce « Rich man’s … » est une compilation, reprenant neuf des dix titres de leur premier, meilleur et à peu près introuvable « Atomizer » à la pochette nihiliste qui avait marqué quelques esprits, et lui rajoutant quelques morceaux sortis sur des singles ou des Eps.
Musiques radicales, textes coup-de-poing hurlés, deux « hits » underground, « Jordan, Minnesota » sur les viols pédophiles, « Kerosene » sur l’ennui mortifère des cités américaines, Big Black, comme son nom l’indique est un groupe sombre et torturé, martelant implacablement ses propos rageurs. Les tempos hardcore ne sont jamais loin, témoin le fabuleux « Ready men ».
Big Black existera officiellement six ans, Albini formera par la suite l’également radical Rapeman, avant Shellac qu’il mènera conjointement à sa carrière de producteur demandé et successful …




THE HIVES - YOUR NEW FAVOURITE BAND (2002)


 Allumés Suédois

Ce Cd est une compilation des deux premiers albums des Hives peu remarqués par le « grand public », et augmentée d’une poignée de titres assez rares venant de quelques Eps.

Descendants d’une longue tradition scandinave vouée à la célébration d’un rock sauvage et « garage », les Hives se feront remarquer par l’énergie démesurée qu’ils mettront dans l’interprétation de leurs titres, titillant même assez souvent le rock hardcore. Alors, évidemment, les titres défilent à toute vitesse (douze en moins de demi-heure). Sans pour autant négliger la recherche de la mélodie et d’arrangements subtils voire radiophoniques. Un gant de fer recouvert de lambeaux de dentelle …

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ... The Hives 2001
Les Hives sont emmenés par le chanteur Pelle Almqvist, compromis tant physique que scénique d’une longue lignée de lippus chantants (Mick Jagger, Steven Tyler, David Johansen), et le groupe entourera d’une aura mystérieuse tout ce qui touche à Randy Fitzsimmons, auteur de tous les titres, personnage énigmatique et invisible sur lesquelles les rumeurs les plus diverses circuleront (manipulateur de l’ombre, gourou, pseudo du guitariste, pseudo collectif du groupe, …).

« Your new favourite band » débute pied au plancher avec le titre qui deviendra emblématique du groupe « Hate to say I told you so », son gros riff qui désosse, ses arrangements de claviers et son refrain épileptique. Une épilepsie qui ne fera que s’aggraver à mesure que défilent les plages, le punk’n’roll efficace de « Main offender », le rockabilly supersonique « Die, all right ! », les glaviots tachycardiques « Untutored youth » et « Outsmarted », le très Pixies (époque « Surfer Rosa – Come on pilgrim ») « Mad man », les quasi-hardcore « A.K.A. I-D-I-O-T » et « Automatic Schmuck » … Le Cd se clôt par un instrumental très apaisé (par rapport à ce qui a précédé), « The Hives are the law … » assez ressemblant à « Space Invader » du 1er Pretenders.

Cette compilation élargira notablement l’audience du groupe, qui se retrouvera rattaché à la vague des groupes en « The » (Strokes, Libertines, White Stripes, …) et du énième « renouveau » du rock du début des années 2000. Par la suite, notamment avec leur plus connu « Tyrannausorus Hives », le groupe soignera encore plus son versant pop et mélodique, et mettra en place un côté « cartoon » au niveau de son look, de ses clips et de son jeu de scène. Bien discret discographiquement depuis pas mal de temps...

Des mêmes sur ce blog :
Lex Hives

TELEVISION - MARQUEE MOON (1977)


Manifeste visionnaire
Par essence, Television, est un groupe arty. Un leader affublé d’un pseudonyme qui fleure bon la poésie lycéenne, une localisation new-yorkaise, la connexion Patti Smith (c’est une amie de Verlaine, et c’est un de ses ex, Richard Mapllethorpe qui photographie le groupe pour la pochette du disque), une filiation spirituelle évidente avec le Velvet Underground (symbole d’un mariage réussi entre avant-garde artistique et musique).
Pour que la légende autour de ce Cd soit parfaite, la présence aux débuts du groupe de Richard Hell (l’auteur du mythique et définitif hymne punk « Blank Generation ») avant qu’une brouille avec Verlaine l’envoie fonder les Voivods.
« Marquee moon » est un disque de guitares. Mais pas des guitares genre virtuose (les fans d’Alvin Lee et de ses douze millions de notes à la seconde peuvent passer leur chemin), juste la guitare qui devient le centre de la musique. Avec une approche voisine de celle de Lou Reed (le son et l’ambiance comptent beaucoup plus que la technique), le résultat va stupéfier tout le monde, et chacun pourra s’apercevoir qu’un titre peut durer dix minutes (« Marquee  Moon ») sans ressembler à Yes ou Genesis.
Une proximité accidentelle avec une scène émergente new-yorkaise (Blondie, Ramones, …) et une admiration des nouveaux groupes anglais feront de Television un précurseur punk. Par hasard. Car Verlaine et ses hommes sont loin de l’axiome « no future ». Ils voulaient au contraire marquer leur temps et « Marquee Moon » restera comme un sommet jamais égalé, que ce soit par les autres rares albums du groupe ou les disques solo de Verlaine.
Beaucoup s’inspireront de ce disque et de son approche (les disciple les plus évidents seront le Sonic Youth des débuts, ou les My Bloody Valentine de « Loveless ») mais personne ne réussira à l’égaler.









THE DAMNED - MACHINE GUN ETIQUETTE (1979)


Nouveau Départ

Avec « Machine Gun Etiquette », les Damned démarraient en 1979 un nouveau chapitre de leur interminable histoire. Aujourd’hui, après avoir été plus ou moins les premiers, ils doivent être le plus vieux groupe punk du monde, ce qui est assez paradoxal pour des tenants du slogan « no future ».
Pourtant pas grand monde aurait misé un glaviot sur eux, quand après deux disques, leur guitariste Brian James est parti former les très intéressants Lords of the New Church. Brian James, c’était le Keith Richards punk, le Riffmaster de la nouvelle vague. Le meilleur look guitare au poing, autrement plus flashy que Strummer ou les Jones (Steve et Mick). Pas pour autant qu’il savait en jouer comme la réincarnation d’Hendrix, mais de toutes façons c’est pas ça qu’on lui demandait.
Remplacé au sein des Damned par un bassiste venu de Saints en pleine débandade, et par un subtil ( ? ) jeu de chaises musicales, c’est le Captain Sensible qui se retrouve à la guitare. Et (à moins que ce ne soit pas lui qui joue en studio, ce qui est dans le domaine du possible) assez curieusement, le simplet Captain ne s’en sort pas trop mal …
Il y a des choses qui envoient le bois grave sur ce « Machine … ». Des trucs bien punks, c’est à dire simples, bêtes, méchants, mais efficaces (le hooliganesque morceau-titre, « Noise, noise, noise », « Liar »). Quelques fois, pour rire, une longue intro (parfois même au piano) fait croire à une ballade, avant qu’arrive la foudre (« Melody Lee », « Smash it up », cette dernière paraît-il hommage à T Rex, ils ont bien fait de le faire savoir, j’avais pas remarqué).
Et puis des choses qui s’écartent, souvent avec bonheur, du simplissime binaire martelé (la power-pop de « Love song », très grand titre, l’étrange « Anti-Pope », plein de breaks et de guitares martiales). Et aussi des incursions vers des territoires musicaux inattendus chez des punks de chez punk. De la new wave à tendance pompiero-lyrique (« I just can’t be happy today »), qui fera les délices des fans de Simple Minds et autres Psychedelic Furs, voire un morceau baroque et gothique (« These hands »), annonciateur lui, de la prochaine orientation musicale des Damned … Et pour l’anecdote, une reprise du « Looking at you » du MC5, qui n’arrive pas à la cheville de l’original.
C’est cette diversité qui empêche ce disque d’être un lourd pavé monolithique, aussi la juxtaposition de trois farfelus, le Captain et ses potacheries, Rat Scabies qui avant d’être chercheur de trésors cathares était un très bon batteur, et Dave Vanian un superbe chanteur sous ses oripeaux gothiques et son fond de teint…
Un Cd maintes fois réédité, sous plusieurs pochettes différentes, avec parfois quantité de bonus plus ou moins dispensables, dont une reprise du « Ballroom Blitz », le classique glam rustaud des Sweet …
Tiens, et pour finir, une histoire que pas grand monde doit connaître. C’est en déchiffrant et en épelant difficilement et phonétiquement le titre de ce disque qu’on lui passait, qu’un bassiste japonais provoquera l’hilarité de ses potes, et ses borborygmes hésitants seront le nom de baptême d’un des plus furieux groupes garage que la Terre ait jamais porté : Thee Michelle Gun Elephant…


THE JAM - GREATEST HITS (1991)



Pour une première approche
Pendant quelques années, fin 70’s début 80’s, les Jam ont connu chez eux en Angleterre une popularité immense. Comme en d’autres temps Beatles, Queen ou Oasis. Les Jam furent des stars chez eux, et pratiquement inconnus ailleurs.
Partie intégrante de la vague punk, ils se différencieront de leurs collègues par leurs goûts musicaux. Alors que les autres, Clash en tête, étaient branchés reggae et rock’n’roll des origines, Paul Weller et ses deux comparses vénèrent la période mod sixties (Who, Kinks, …) et la musique soul noire américaine (celle des labels Stax, Atlantic, Motown, …). Ces influences transparaissent dans les reprises (« David Watts » des Kinks) ou les compos originales (« Town called Malice » est basé sur une rythmique Tamla-Motown avec un break de batterie similaire à celui de « You can’t hurry love » des Supremes).
Ce « Greatest Hits » donne en une heure un aperçu de la carrière du groupe. Et même si on peut regretter que cette compilation soit un peu trop axée sur les dernières années du groupe au détriment des débuts plus intéressants, elle regroupe tous les essentiels et incontournables des Jam.
Ceux qui voudraient aller plus loin iront voir du côté de « Snap ! » autre compilation plus étoffée en deux Cds, les plus fortunés s’offriront le coffret « Direction Reaction Creation » ou les albums du groupe (une demi-douzaine).


Des mêmes sur ce blog :
In The City



LES PLUS GRANDS SUCCES DU PUNK - VOLUMES I & II



France, terre punk ?

C’était en tout cas la première fois dans les annales de la musique qui rocke et qui rolle qu’on n’avait pas quelques wagons de retard. Comme en Angleterre (les Etats-Unis, c’était trop loin, on savait moins ce qui s’y tramait), une multitude (enfin, quelques personnes) de jeunes mal coiffés, fans de disques «  bizarres » et bruyants (de Captain Beefheart à Dr Feelgood, ça ratissait tout de même large, fallait surtout pas que ça ressemble à Genesis ou Deep Purple) allaient vouloir faire de la musique, alors que dans le meilleur des cas ils n’étaient même pas foutus d’accorder une guitare, et ne parlons même pas d’en jouer…
Une poignée de lieux, d’individus, serviront de catalyseurs. Et tant qu’à n’en retenir qu’un, autant que ce soit Marc Zermati, dont le magasin de disques à Paris (l’Open Market) servira de lieu de rassemblement et de ralliement. Instigateur de ce qui doit être le premier festival punk européen (les improbables arènes de Mont de Marsan en août 1976), fondateur d’un label « militant » (Skydog), c’est évidemment lui que l’on retrouve à l’origine de cette compilation.
Déclinée en deux épisodes (il y aura une suite « Volume II : Le Retour », comprenant peu ou prou les mêmes groupes, avec d’autres titres). Evidemment, il n’y a aucun « succès » au sens NRJ du terme. Et d’ailleurs pas que des « punks » (c’est quoi un punk ?). Juste une collection de titres par des gens apparus à la même époque, à Paris ou en province, adeptes du « do it yourself », dans des genres musicaux assez hétéroclites. Il y a un monde qui sépare, tant par les racines ou les cultures musicales, le doo-wop 50’s  assez académique des Rockin’ Rebels et la bouillie sonore de, au hasard, Dentiste ou Abject … Mais chez tous, la même envie, la même urgence, de faire de la musique, ou au moins d’essayer de faire quelque chose qui y ressemble.
Bien peu de groupes présents continueront l’aventure, affineront leur propos, feront une « carrière », Little Bob Story et les Dogs faisant figure d’exception. Encore que leur carrière se mesure davantage en terme d’estime qu’en terme de fortune amassée pendant des années, voire des décennies de galères …  Il y a les « légendes » du mouvement, ceux devenus « culte » à titres divers, ou qui comptaient en leur sein des gens dont on a reparlé. Les Olivensteins des frères Tandy et leur géniale profession de foi « Fier de ne rien faire », les Asphalt Jungle (très mal joué, très mal chanté, donc excellent) du journaliste Patrick Eudeline, le fracas des gros riffs et de la boîte à rythmes de Metal Urbain annonciateur des Bérus, le Taxi Girl de Mirwais et Daniel Darc, punks et new wave en même temps, l’« ancêtre » Jean-Pierre Kalfon et son Kalfon Rock Chaud totalement obnubilé par les New York Dolls, les Scooters (futurs Starshooter) pour une reprise parodique du « Sweet Jane » de Lou Reed que Kent transforme en « Hygiène » (en fait, ce titre est un fake, les Scooters ne l’ont jamais enregistré, et il a été « refait » entre les deux premiers disques de Starshooter).
Les autres, ceux que l’histoire, qu’elle soit grande ou petite, a plus ou moins oubliés (Electric Callas, Marie & les Garçons, Lou’s, Pura Vida, Guilty Razors, Calcinator, 84, …), sont là aussi, pour démontrer qu’à Paris comme en province, ça bougeait, ça s’agitait au son de rythmes plutôt frénétiques.
Sont exclus des groupes apparus à la même époque (Ganafoul, Trust, Téléphone, …), oeuvrant dans des registres et des genres moins novateurs, plus conventionnels.
Par contre manquent sur cette compilation (et la suivante) les Stinky Toys, de Elli Medeiros et Jacno, pourtant rattachés à la scène punk française, et parmi les plus connus (ils ont tourné en Angleterre) de toutes ces formations bouillonnantes et électriques.
Quelques mois après cette « vague » française, le succès en Angleterre des Damned, Pistols et autres Clash, tirerait vers l’oubli ces quelques froggies novateurs …