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SUPERTRAMP - BREAKFAST IN AMERICA (1979)

 

Petit-déjeuner chez les pompiers …

Je vous donnerai mon avis ferme, définitif, etc., sur cette rondelle, promis …

Mais avant qu’Alzheimer ou une quelconque autre saloperie dégénérative m’ait bouffé la mémoire, deux machins perso sur ce disque … ben oui, je suis vieux, j’ai vécu en direct live sa sortie et tout le bazar qui s’en est suivi …

Supertramp

Flashback Number One ... Vers la fin 1980. Devait y avoir que trois chaînes à la télé … et va savoir pourquoi, je me retrouve un dimanche soir à mater d’un œil morne Stade 2. La grande émission sportive du service public. Présentée par Robert Chapatte, dont on comprenait pas un traître mot, tellement il carburait au Ricard, qui comme chacun sait, à tendance à alourdir la langue … Donc le Bob Chapatte file la parole à un des larbins assis autour de la table, et le gars (Lionel Chamoulaud ?) présente le reportage qui va suivre. Un reportage immersif dans la vie de Thierry Tulasne. Chapatte, Chamoulaud, Tulasne, putain de qui tu causes, qui sont ces gens-là et le rapport avec Superclochard ? J’y viens, patience … Le Tulasne, post-ado boutonneux, était le meilleur junior mondial de tennis et entrait sur le circuit des grands. Modèle : Guillermo Vilas, Argentin au look Ted Nugent, bourrin terminal, joueur de fond de court et de terre battue. Arme suprême : le grand coup droit lifté. Mortellement chiant à regarder, le Vilas se faisait dégommer à chaque fois qu’il jouait contre Borg, et ridiculiser sur surface rapide par McEnroe. Donc Tulasne était un clone de Vilas qui n’obtiendra aucun résultat significatif chez les pros. Mais là, fin 80, c’était le grand espoir bleu-blanc-rouge. Et le reportage de Stade 2 nous le montrait à l’entraînement, en compétition, à l’hôtel, et dans ses centres d’intérêt. Le jeunot nous apprenait ainsi qu’il était fan de rock et la caméra le suivait dans un magasin de disques. Il fouinait dans les bacs pour nous exhiber « ce qu’il se fait de mieux maintenant », à savoir « Beakfast in America » et le « Live in Paris » de Supertramp. Vraiment pas un choix avant-gardiste : il s’en vendait des camions de ces rondelles. Conclusion : le Tulasne était aussi triste dans ses choix musicaux qu’à voir sur un court de tennis …

Rick Davies

Flashback Number Two ... 4 ou 5 ans plus tard. J’étais à donf dans ma période éthylique, liqueurs fortes au litre dans les boîtes de nuit le week-end. Je sortais avec une fille qui connaissait pas grand-chose, voire moins au rock, et qui forcément m’accompagnait (de loin, voire de très loin) à mon abreuvoir habituel. Bizarrerie sonore : alors qu’elle détestait religions et religieux autant que moi, elle avait des dizaines de K7 pirates de Mahalia Jackson, dont je connaissais tout juste le nom et qu’elle se hasardait jamais à enfourner dans l’autoradio, parce que le gospel et les chants religieux, désolé chérie, mais je supporte pas (réciproquement, j’avais bien du mal à la convaincre que Beatles, Rolling Stones, Clash et AC/DC c’était vachement bien) … Et en boîte, sur les coups de quatre-cinq heures du matin, quand le personnel et le patron nous faisaient comprendre que bon, c’était une belle soirée, mais qu’il allait falloir songer à quitter les lieux, elle allait toper le DJ et lui demandait de mettre « Child of vision » de Supertramp. Pourquoi ce putain de titre de sept ou huit minutes, j’y ai jamais demandé ou compris ses explications, ce qui revient au même … Le DJ, comme c’était la copine d’un bon client et que de toutes façons la piste de danse était vide, que les employés commençaient à faire le ménage, envoyait dans la sono le foutu morceau de Supertramp. Et donc pas mal de mes départs titubants (parce que l’inconvénient des tabourets de bar, quand tu y as passé plusieurs heures, c’est d’en descendre) de boîte de nuit se sont faits au son de Supertramp, ce qui il faut bien en convenir, ne présente aucun caractère glorieux … au bout de quelques mois, avec cette fille, on a fini par se quitter, et même pas à cause de Supertramp …

Tout ça pour dire que Supertramp, y’a eu une période, charnière entre seventies et eighties, où putain qu’est-ce qu’on en a bouffé. Honte à moi, je l’avais même acheté ce « Breakfast … ». Et pourtant à cette époque, y’avait pas le streaming et le peer to peer, je m’appelais pas Tulasne ou Rothschild, je les soupesais et les ruminais longtemps mes achats de disque. Comme plein d’autres, je m’étais fait couillonner, intoxiqué par « Logical song » et les autres singles, qu’on entendait tellement souvent matraqués à la radio, qu’on avait fini par croire que c’était bien …

Roger Hodgson

Ben non, on s’était fait rouler. « Breakfast … » c’est pas bien, et Supertramp c’est pas bien et ça ne l’a jamais été … Supertramp, c’est les finauds à donf dans le prog (anglais donc), mais barrés question notoriété mondiale par les funestes Yes et Genesis. Qui fin seventies, grâce à leurs daubes précédentes à coups de doubles voire de triples vinyles, remplissaient les grandes salles. Supertramp, c’était la Pro D2. Et là, alors que la concurrence se vautrait dans les titres (inter)minables, ils allaient donner dans le format « chanson » et surtout radiophonique. Un positionnement stratégique comme on dit. Eux (ou leur management) vont se tourner vers la cash machine, le marché américain. Et pas de façon subliminale. « Breakfast in America » (rien que le titre) et sa pochette (plutôt réussie, cette serveuse de dinner reconvertie en Statue de la Liberté devant un Manhattan stylisé avec des couverts) montrent clairement le cœur de cible. De ce côté-là, mission accomplie, Supertramp deviendra la grosse machine musicale de ce tournant de décennie. Remarque amusante, les « concurrents » Genesis (avec « Abacab ») et Yes (« 90125 ») se réorienteront eux aussi vers la chansonnette (comme quoi tous ces types-là ne sont pas là pour faire de la musique, juste du fric, mais c’est un autre débat).

Supertramp, c’est un groupe composé d’un duo (Rick Davies et Roger Hodgson) et de comparses. Un duo inégal. Même si tous les deux composent, sont multi-instrumentistes et chantent, celui qui prendra la lumière, c’est Hodgson. Grâce, non à cause, de son insupportable voix dans les aigus. C’est lui qu’on entend le plus dans le hit intergalactique que fut « The logical song ». Qui a mal vieilli (ce son, cet insupportable solo de sax …) même si assez bizarrement, la voix de Hodgson convient pour une fois bien au rythme et à la mélodie. Et tant qu’à parler de mélodies, il faut reconnaître que certaines sont assez imparables. Davies et Hodgson sont fans des Beatles, et ça s’entend à plusieurs reprises. Notamment sur « Goodbye stranger », autre rengaine à succès dont le final me semble découler de celui de « A day in the life » (alors que « Oh darling » un peu plus loin dans le disque n’a rien à voir avec Lennon et le Plastic Ono Band).


Quatre singles seront extraits du disque, chronologiquement « The logical song », « Breakfast in America », « Goodbye stranger » et « Take the long way home ». Le plus successful sera « Logical song », le plus supportable est pour moi « Breakfast … » (assez bonne pop tendance lyrique, et surtout le plus court …). Par contre, dans la petite boutique des horreurs, y’a du lourd … de façon endémique (le chevrotement aigu de Hogdson et les interventions du sax), mais aussi ponctuelle, l’introductif « Gone Hollywood » résumant à lui seul tout ce qui est mauvais dans le groupe et le disque (la voix, le sax, les gros riffs putassiers, le côté pompier).

On peut jeter une oreille distraite sur « Take the long way home », prog en cinémascope avec son harmonica western, ricaner devant « Just another nervous wreck », le titre (de faux) rock de la galette, zapper « Child of vision » (prog en forme de pièce montée où on aurait remplacé la chantilly par de la mayonnaise) … Y’a un titre que je sauve, « Casual conversation », avec son ambiance jazzy pour cocktail cosy, très différent de la tonalité d’ensemble du reste, même si bon, je mettrais pas ça sur la platine tous les jours, ni même tous les ans …

Le genre de disques qu’il faut écouter, pour se convaincre, que non, c’était pas toujours mieux avant …



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KING CRIMSON - IN THE COURT OF THE CRIMSON KING (1969)

 

D'algébrique et de broc ...

Ce disque-là, c’est un des incontournables du rock au sens large. Nul n’a fait et ne saurait faire quelque chose qui ressemble à une liste des meilleurs disques sans que « In the court … » n’y figure. Avec « Velvet Underground & Nico », « Dark side of the moon », le « White Album », ce disque peut se prévaloir d’une des pochettes les plus connues. La musique ? Juste pour beaucoup l’alpha et l’oméga du prog rock …

Il convient donc de dire le plus grand bien de « In the court » … et à titre tout à fait perso, un peu de mal aussi, hein, on se refait pas …

King Crimson at Hyde Park

King Crimson, qui existe peut-être encore, c’est la chose de Robert Fripp, guitariste virtuose et cérébral. Le groupe a vu défiler un nombre incalculable de musiciens dont la condition préalable à l’embauche était d’avoir un niveau technique très au-dessus de la moyenne. Pourtant, si l’on remonte aux origines du groupe, Robert Fripp n’était que le troisième sommet d’un triangle construit par les deux frères Giles, sous le patronyme hautement imaginatif de Giles, Giles & Fripp. Après quelques changements de personnel, lorsque Giles, Giles & Fripp deviendra King Crimson début 1969, seul un des deux frangins, Michael, sera encore là, à la batterie. Ont rejoint le groupe Ian McDonald, multi-instrumentiste (dont notamment la flûte dont il usera et abusera, on y reviendra), et Greg Lake (bassiste et futur membre de Emerson, Lui-Même & Palmer). Plus un poète, parolier et éclairagiste du groupe, Pete Sinfield.

En cette fin des années 60, rien ne paraît impossible. Qu’on en juge. Le 9 avril 1969, King Crimson donne son premier concert officiel (à Londres, au Speakeasy). Moins de trois mois plus tard, le 5 juillet, King Crimson est en première partie des Rolling Stones à Hyde Park (le concert-hommage à Brian Jones, mort deux jours plus tôt) devant un public estimé entre 250 000 et 500 000 personnes. La prestation de la bande à Fripp reçoit de nombreuses critiques élogieuses. Pas mal pour un groupe qui n’a pas fait paraître un seul single, et encore moins d’album …

Version gatefold ...

Le premier 33T va être enregistré durant l’été, et finalisé (en toute décontraction selon les dires des membres du groupe que l’on n’est pas obligés de croire sur parole) en huit jours. Du strict point de vue de la technique sonore, c’est assez catastrophique. Des problèmes de bandes stéréo à l’origine de craquements et de grésillements sur le master, une batterie mal enregistrée et donc sous-mixée, autant de détails qui auraient pu stopper net la carrière du groupe. Rajouter à cela une pochette où ne figurent ni le nom du groupe ni le titre du disque, encore un élément commercial suicidaire des débuts de King Crimson. C’est cette pochette sans aucune indication qui paradoxalement, va provoquer l’enthousiasme populaire. L’auteur de la pochette est un jeune informaticien, Barry Godber (mort à 24 ans l’année suivante) d’après quelques indications données par Sinfield sur le contenu et la thématique du disque. La pochette est de type gatefold et présente l’homme schizoïde du 21ème siècle. Pas la peine de la décrire, tout le monde la connaît. A l’intérieur, le visage lunaire et apparemment souriant du Roi Cramoisi. Cette pochette, choc visuel et esthétique, fera immédiatement décoller les ventes de disques (on parle là quasiment d’un autre monde, où des gens achetaient des disques et pas des abonnements à des sites de streaming farcis d’ignobles mp3 compressés), avant même de savoir quelle sorte de musique on pouvait trouver à l’intérieur …

Au centre de tout, Robert Fripp

Le premier titre du disque c’est « 21st Century Schizoid Man », un de ces morceaux épiques qui se comptent sur les doigts d’une main dans l’histoire du rock (« Good vibrations », « Born to run », liste close ?), compositions à tiroirs d’une sophistication peu commune. « 21st … » commence par 30 secondes de silences parasitées, avant qu’arrive un riff de guitare monumental doublé au sax et une voix trafiquée (pas au vocoder, qui n’existait pas) déclamant un texte cryptique duquel surnage la référence à la guerre du Vietnam (« innocents raped with napalm fire »). Mais c’est la partie centrale du morceau qui le rend unique. Un empilement de solos (surtout de guitare) construits de façon mathématique (crescendos puis decrescendos symétriques) tout à l’opposé des improvisations bluesy de rigueur à l’époque. « 21st … » sortira en single réparti sur les deux faces du vinyle (jamais écouté, mais ça doit sonner très étrange …).

Le petit frère de « 21st… » c’est le titre éponyme, en conclusion du disque. Une sorte de (très) quiet – (très) loud épique et symphonique, mais avec quelques parties assez pénibles (un malheureux solo de flûte surtout vers la fin) avant un emballement électrique et rageur… Le disque ne comporte que cinq titres enchaînés (certains en plusieurs parties, découpage typique des morceaux du prog à venir).

Il y a un autre titre intéressant, « Epitaph » qui clôture la première face vinyle. Peut-être la seule vraie concession de King Crimson à l’air du temps. Trame issue de la musique classique tendance un peu pompier (dans la lignée de Procol Harum ou des Moody Blues), et qui ressemble par moments à ce que fera le Floyd dans les années 70.


Les deux titres restants sont pour moi les deux plus problématiques. « I talk to the wind » et « Moonchild » abordent les thématiques qui feront florès chez les progueux et les babas-cool de tout poil : la balade campagnarde, la communion avec la nature (on parle au vent, à la lune, on fait l’amour aux arbres, …, toutes ces sornettes bucoliques). On notera l’omniprésence de la flûte (les fans du pénible Ian Anderson de Jethro Tull seront ravis), des interminables passages où il ne se passe strictement rien (gazouillis ineptes de mellotron exceptés).

On sait cependant que tout ce qui semble n’être que jams farineuses informes était en fait très écrit. Rien n’est improvisé dans « In the court … », tout est chirurgicalement mis en place. Fripp qui est dès cet essai inaugural le leader du groupe a un discours plombant sur la musique, intellectualisant la moindre bribe sonore. Rien d’étonnant à ce qu’il devienne très pote avec Brian Eno, autre conceptualisateur forcené.

Le caractère de cochon du Robert génèrera un turn-over assez frénétique au sein de King Crimson. Qui passera le début des années 70 dans le marigot du prog-rock, d’où surnageront à peine quelques riffs monstrueux (celui de « Lark’s tongue in aspic » étant le plus mémorable), avant un nouveau disque hors norme, le très noir et très étouffant « Red » (le meilleur du groupe selon moi).

Même si « In the Court of the Crimson King » est loin d’être parfait d’un bout à l’autre, on peut difficilement se passer de l’avoir sur ses étagères …


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GENESIS - THE LAMB LIES DOWN ON BROADWAY (1974)

 

Attestation sur l'honneur

Je soussigné, Lester Gangbangs, né le 15 Frimaire An CLXX dans le Pays d’Oc, sain de corps et d’esprit, en possession de toutes mes facultés, déclare être propriétaire de l’enregistrement musical ci-dessus nommé, déclare l’avoir écouté, et déclare donc être en mesure d’en donner une appréciation éclairée et pertinente.

Description du bien.

« The lamb lies down on Broadway » est un enregistrement phonographique du groupe anglais Genesis. Il se présente sous la forme d’un boîtier en plastique translucide légèrement rectangulaire d’une largeur de 142 (cent quarante-deux) millimètres, d’une hauteur de 125 (cent vingt-cinq) millimètres, et d’une épaisseur de 9 (neuf) millimètres. L’objet s’ouvre en faisant basculer le boîtier autour de deux petits ergots en plastique, laissant apparaître sur la droite un livret de 16 (seize) pages contenant le concept de l’œuvre, les paroles des chansons, les informations sur les artistes ayant participé à la création du phonogramme, diverses photographies, ainsi qu’une double page présentant les autres œuvres du groupe disponibles dans le commerce. Sur un plateau pivotant à l’opposé de l’ouverture du boîtier se trouvent calés par de petits picots centraux 2 (deux) compacts discs, un sur la face supérieure du support, l’autre sur sa face inférieure. Dans un souci remarquable d’ergonomie, le premier à apparaître à l’ouverture du boîtier est celui sous-titré « Disc One ». L’ensemble (boîtier, livret, supports musicaux) accusant sur la balance le poids de 108 (cent huit) grammes.

Usual suspects

Origine du bien.

Ainsi que stipulé plus haut, l’œuvre est dûe au groupe anglais Genesis et s’intitule « The lamb lies down on Broadway ». La parution initiale date du 18 Novembre 1974 sous la forme d’un double trente-trois tours sous pochette de type « gatefold » (pochette fonctionnant comme un livre, un disque vinyle de chaque côté). L’œuvre est parue sur le label phonographique Charisma, sous la référence CGS 101. La copie en ma possession est une réédition de 1994, référence CGSCDX 1, bar-code 7243 8 39774 2 0, fabriquée en Hollande et mise sur le commerce par la maison Virgin Records. La date d’acquisition de cet objet est pour le moment inconnue. Il ne fait l’objet d’aucun gage, nantissement ou hypothèque quelconque. Il en dans un état très correct (near mint selon le barème descriptif des sites spécialisés dans la vente d’œuvres musicales d’occasion) car peu joué.

Contenu du bien.

Le premier Cd (« Disc One ») comprend 11 (onze) pistes musicales pour une durée de 45’37’’ (quarante-cinq minutes et trente-sept secondes), le second Cd (« Disc Two ») comprenant pour sa part 12 (douze) pistes musicales pour une durée de 48’52’’ (quarante-huit minutes et cinquante-deux secondes). L’ensemble contient donc 23 (vingt-trois) titres pour une durée totale de 94’28’’ (quatre-vingt quatorze minutes et vingt-huit secondes, équivalent d’une heure trente-quatre minutes et vingt-huit secondes). Le titre le plus long est le septième du « Disc Two », ayant une durée de 8’16’’ (huit minutes et seize secondes), le plus court est le troisième du « Disc One », sa durée est de 33’’ (trente-trois secondes).

Analyse du bien.

Les mêmes en couleurs

Comme précisé au paragraphe ci-dessus, l’écoute du bien prend donc 94’28’’ (quatre-vingt-quatorze minutes et vingt-huit secondes), non compris évidemment les temps nécessaires à la mise sous tension des appareils, à l’ouverture et au chargement du lecteur audio, et au changement de disques. Ce qui est bien long.

On y entend tout du long des 23 (vingt-trois) pistes les ci-après nommés  Michael Rutherford, Phil Collins, Steve Hackett, Tony Banks et Peter Gabriel (uniquement désignés par leur prénom dans le livret dont il a été question dans le paragraphe « Description du bien », comme s’il s’agissait de vieux amis ou de gens appelés à le devenir) produire une musique de type « rock », sous-genre « progressif », catégorie  « brise-burnes ». Cette description ne visant pas à porter atteinte à des tiers, qui pris de démence ou de surdité soudaines, trouveraient un intérêt quelconque à cette œuvre, nous n’en dirons pas plus.

Tout juste nous bornerons-nous à préciser à l’attention des déprimés à cause d’un cinquante douzième confinement dans la cage à lapins qui leur sert de logement, et qui envisageraient un suicide par voie auriculaire que cette œuvre devrait facilement les amener à passer à l’acte. Mention particulière aux synthés criminels de Tony Banks et à l’insupportable voix de Peter Gabriel qui se force à piailler dans des aigus à l’hélium. Quant à l’inénarrable Phil Collins, il se contente ici de brasser de l’air autour de ses fûts, toms et cymbales divers, avant de devenir chanteur du groupe et en solo de sa voix de canard asthmatique et de faire entendre les pires sévices sonores des années 80. Les deux autres ne méritent pas qu’on s’étende sur leur cas.

A noter que « The lamb lies down on Broadway » est un concept-album ou un opéra rock ou un machin de ce genre, censé narrer les péripéties d’un certain Rael dans le New York des mid seventies … ça vous donne pas envie ?

Fait pour valoir ce que de droit.


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We Can't Dance 



BLACK MIDI - SCHLAGENHEIM (2019)

Midi à quatorze heures ?

Y’a du monde dans les Black quelque chose sur les étagères chez moi … Les Angels, les Crowes, le Flag, les Keys, les Kids, la Mountain, l’Oark Arkansas, le Rebel Motorcycle Club, le Sabbath, l'Uhuru plus Big Black et Frank Black pas très loin. Bon, y’a pas Black M ou les Black Eyed Peas … Mais il y a donc Black Midi, ce qui n’est guère mieux que les deux derniers cités …
Putain, l’autre là, comment il y va … il a pas l’air de savoir que les mags musicaux anglais (enfin ceux qui existent et survivent encore) s’ébaubissent de ces Black Midi qui avant cette rondelle n’avaient sorti qu’une poignée de titres … pensez, des jeunes de vingt ans, avec une technique instrumentale folle, et qui sortent des morceaux tarabiscotés, y’a de quoi sauter au plafond. Et c’est vrai qu’il y a des années qu’on avait pas entendu des machins comme ça … depuis les débuts de Muse …
Les recrues d'été du Qatar Saint-Germain ? Non, les Black Midi ...
Voilà, c’est lâché, on va pas tourner trois heures autour du vieux pot. Le putain de retour de la vengeance du vilain prog … maquillé comme une bagnole de sport volée, mais comptez pas m’avoir avec ce genre de couillonnades, passer entre les mailles du filet du mauvais goût …
On pourrait dire qu’ils auraient pu faire pire. Nous pondre un revival Genesis ou Marillion (qui a dit que c’était la même putain de bouillasse … bien joué, tu marques un point) … ou pourquoi pas, manière de pousser la farce jusqu’au bout, se revendiquer de Yes, se faire produire par Steve Howe, inviter Rick Wakeman sur un titre, et faire designer la pochette par Roger Dean … ça fout les jetons, hein, les frissons sous la canicule …
Non, ça se voit gros comme une réforme du régime des retraites qui va t’obliger à bosser jusqu’à cent vingt ans, que les Noirs Douze Heures ils se revendiquent du diamant noir de Fripp, le « Red » de King Crimson. Et ce dès le premier titre « 953 », de bien loin le meilleur du disque. Sauf que malgré toute leur démonstration technique, ces breaks tarabiscotés, ces changements de tempo, et ces accélérations de dragster, ben … il en manque. Notamment parce les gratteux c’est pas Fripp (jamais on ne trouve sur ce « Schlagenheim » la folie mathématique du Robert), et que le chanteur c’est tellement Daffy Duck qu’à côté Phil Collins passerait pour Placido Domingo. Par contre, les Midi Noir il ont un putain de batteur que, sans remonter aux temps où leurs parents étaient pas nés des Bonzo, Moon, Paice, Vander ou Appice, on a pas entendu ce genre de tabasseur de rondins de bois et qui pèse autant sur les titres depuis Stewart Copeland ou Dave Grohl.

Bon, faut être honnête et comme je m’appelle pas de Rugy (goodbye Rugy Tuesday, mais gaffe, il a dit que maintenant que son honneur a été rétabli (???), il envisageait de revenir en politique … comme c’est pas un mec de convictions bien arrêtées, peu importe l’étiquette, du moment qu’il y a du crustacé dans les assiettes pour les copains et des pétales de roses sur la nappe pour la Saint-Valentin, il est (re)partant …), y’a pas que du prog crimsonien chez les Black Machin, y’a aussi du Talking Heads (dont ils ont baptisé un de leurs premiers singles). Parfois au ralenti (le mal nommé « Speedway »), ou sinon « Of Schlagenheim » (le phrasé épileptique) ou « Years ago » (les Heads violés par un groupe métal). Même si tout ça se tient, le Fripp ayant joué pour la bande au Byrne à la fin des seventies. Tiens et sur la lancée, genre titre mal venu, on a « Reggae », qui ressemble plutôt à un mauvais morceau de Vander Graaf Generator ou du P.I.L. des débuts, qu’à un déhanchement chaloupé de Bob Marley. Puisqu’on cause P.I.L. et Lydon, on a envie de rire devant cette sorte de dub pour autistes qui clôt la rondelle, « Ducter » que ça s’appelle. On a aussi « Near DT MI. » (pour « Near Detroit Michigan » je présume) qui ne ressemble ni aux Stooges ni à MC5, mais beaucoup plus au hard prog ésotérique des Mars Volta, les types qu’auraient bien voulu être Muse à la place de Muse mais qu’ont pas réussi …
Tout ce disque semble vouloir démontrer que les Black Midi préfèrent se vautrer en essayant de faire compliqué, alors qu’ils ont manifestement les moyens de faire du haut de gamme dans des choses beaucoup plus simples (savent composer et jouer, c’est certain).
« Schlagenheim » semble en équilibre très instable entre plein de choses. Chez moi, il est en équilibre très instable sur le rebord de la poubelle …

PS Exceptionnellement, une vidéo live d'un titre ("953"), très proche de la version studio (putain cette voix ...)


 

KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD - POLYGONDWANALAND (2017)

Du prog écoutable ?

King Gizzard Etc … est un groupe totalement à part, donnant une couleur musicale différente à chacun de ses disques. Et des disques, ô bonne mère, ils arrêtent pas d’en sortir. Le groupe (ils sont sept quand même, ça fait des bouches à nourrir, ceci explique peut-être cela, quoi que …) depuis ses débuts discographiques en 2011 a sorti quatorze, oui quatorze Cds. Avec comme objectif annoncé d’en faire paraître la bagatelle de cinq en 2017. Et vous savez quoi, ils y sont arrivés (limite, le dernier est sorti le 31 décembre).
Famille nombreuse, famille heureuse ?
Evidemment, pareil stakhanovisme ne doit pas faire rire la maison de disques. C’est pourquoi ils ont décidé de faire sans. Encore plus forts que Radiohead qui avait initié le truc avec « In rainbows », les King Machin ont foutu les morceaux de ce « Polygondwanaland » direct gratuitement sur Internet. Mais là où les tristes sires de Radiohead demandaient une facultative participation financière et avaient quelques semaines plus tard sorti le Cd physique, les King Gésier mettent leurs titres en version flac (le meilleur format audio sans aucune déperdition par rapport à la source originale), y joignent les visuels en images haute définition, et donnent en plus à tous les téléchargeurs la licence de distribution. Résultat des courses, des dizaines de petits labels, certains créés pour l’occasion, sortent des éditions à petit tirage dans les formats les plus improbables (vinyles colorés, transparents, Cds gatefold, cassettes audio) de ce « Polygondwanaland ». Leur maison de disques, si tant est qu’ils en aient encore une, a dû vachement apprécier. Mais les King Truc s’en foutent …
Bon, ils ont beau être doués ces zozos (presque tous sont multi instrumentistes, et des instruments que vous risquez pas de trouver dans le Leclerc du coin, genre glass marimba, mais késako ?), on sort pas une soixantaine de titres dans une année sans qu’il y ait quelques déchets …
Surtout que là, avec « Polygondwanaland », ils versent dans le côté obscur de la farce, ils donnent dans le prog. Et le prog de chez prog, celui des seventies. Mais comme cette horde australienne est composée de gens de goût, ils ne s’abaissent tout de même pas à recréer les daubes à la Yes ou Genesis. Ils regardent plutôt du côté du kraut, ou alors des groupes évoluant plutôt à la marge du genre, genre le Floyd, Crimson, Magma … Bon, forcément, y’a pas de quoi s’agenouiller et crier au génie devant tous les titres, quelques-uns peuvent être laissés de côté, comme « The castle in the air » (se sont pas trop foulés sur celui-là, on dirait bien qu’ils ont samplé le son du vieux jeu d’arcade « Space Invaders »), ou le bordélique et ultime « The fourth colour » qui semble un collage de tous les trucs qu’ils avaient pas réussi à caser sur les morceaux précédents.
King Gizzard & The Lizard Wizard live
Le reste se laisse écouter, à condition d’aimer les ambiances sonores chaloupées orientales, et la flûte (tel un Ian Anderson des Antipodes, Stu McKenzie, le leader du groupe, en fout un peu trop partout). Si l’on n’est pas allergique au schémas rythmiques des premiers Peter Gabriel en solo, on appréciera « Searching … », si l’on n’est pas réfractaire au King Crimson des 80’s on trouvera « Tetrachromacy » plutôt intéressant. Même si ces titres font un peu remplissage, sont moins travaillés et élaborés que les autres.
Je sais pas comment ils font (et je m’en tape) mais les King Bidule sortent des disques finis, même si c’est à une cadence infernale, ça sonne pas du tout maquette approximative, y’a du boulot sérieux sur le son et les arrangements. Et ils réussissent à accoucher de choses intéressantes, voire plus. Rayon réussites, « Deserted dunes … », avec son pilonnage martial et répétitif, évoquera au choix Magma (pour les fans de prog) ou les Thee Oh Sees (auxquels les King Chose semblent vouer un véritable culte). « Inner cell » planerie mélodique orientalisante, pourrait être un morceau de chevet pour Robert Plant. Et puis il y a dans ce « Polygondwanaland » une merveille absolue. Elle dure plus de dix minutes, est placée au début du disque et s’appelle « Crumbling Castle ». Derrière un fracas de batteries rythmant une tournerie garage psyché, ce titre revisite (clin d’œil au énième degré ?) tous les tics du prog seventies, enchaînant sous des synthés sifflants ponts et breaks tarabiscotés en tous genres, des accélérations  dévastatrices avant un final tout en saturation barbouillée. De telles cavalcades ne s’écrivent pas par hasard, faut du talent pour pondre des trucs comme ça sans donner l’impression de se prendre le melon et de laisser transparaître une vanité prétentieuse satisfaite.
Mais bon, faudrait qu’ils se calment un peu les King Gizzard, parce qu’on va finir par avoir du mal à suivre leur folle cadence …


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Paper Mache Dream Balloon




STRAWBS - GHOSTS (1974)

Aux fraises ...
Les Strawbs, c’est le genre de groupe dont les encyclopédistes du binaire vous vont refiler le nom sous le manteau, en garantissant que là, attention, immenses génies malheureusement restés confidentiels. Il doit même y avoir, dans les recoins du Net, des forums où des fans transis n’arrêtent pas de s’extasier sur les mérites du groupe et de leurs skeuds. Suivant la furieuse tendance qui consiste à admettre que puisque les 70’s étaient géniales musicalement, tous ceux qui ont sorti des rondelles à cette époque-là étaient forcément géniaux …

Bon, ben, pas les Strawbs en tout cas, ou pas avec ce disque-là. Les Strawbs sont Anglais, formés à la fin des années 60. Vous sentez pas le coup tordu ? Non ? Autre info, ils ont compté dans leurs rangs à leurs débuts Rick Wakeman. Oui, oui, Rick Wakeman, celui qui jouait du piano sur « Life on Mars » de Bowie … Mais surtout plus tard le claviériste de hum … Yes, les fuckin’ Yes … Oh putain, vous les voyez venir là, les Strawbs ?
Je confirme, les Strawbs, c’est la énième division inférieure du prog. Version Spinal Tap, ce qui les rend sinon intéressants, du moins pas aussi tragiques que leurs congénères tête de gondole. Dresser la liste des types qui ont joué dans les Strawbs est à peu près aussi facile que dresser l’arbre généalogique d’une famille de polygames consanguins. Suffit juste de savoir que celui autour duquel s’articulent toutes les différentes formations du groupe est David Cousins, chanteur, guitariste et principal compositeur, sorti des tréfonds du circuit folk des late 60’s. Un type assez satisfait de lui et de son œuvre, n’hésitant pas dans le livret de la réédition Cd de « Ghosts » à se poser par certains aspects en précurseur du punk ( faudrait qu’il m’explique, là …). Et oubliant de signaler que de tous les groupes de grabataires à s’être reformés depuis trente ans, les Strawbs sont ceux qui l’ont fait dans l’indifférence la plus totale. Tant pis pour eux et tant mieux pour nos oreilles…
Le problème des Strawbs par rapport aux « grands » (rires) groupes de prog, c’est qu’ils ne comptent pas de virtuoses dans leurs rangs. Donc pas d’interminables « mouvements »,  ponts et transitions tarabiscotées, pas non plus de solos de trois heures de basse à quinze cordes et de batteries à quatorze douzaines de toms. L’incapacité des Strawbs aux exercices égomaniaques fait que pas un titre ne dépasse les dix minutes et que tous sont à peu près construits sur le modèle chanson, avec des mélodies, des couplets et des refrains. Autre relative bonne nouvelle, Cousins est un chanteur plutôt intéressant, dans un registre assez proche du Peter Gabriel période Genesis, ce qui nous éloigne quand même de Little Richard, mais j’sais pas, il aurait pu essayer d’imiter Jon Anderson, vous imaginez le supplice (et je vous envie si vous avez jamais entendu Anderson bêler ses niaiseries).

Alors, forcément, y’a du déchet. « Ghosts » le morceau (issu d’un cauchemar de Cousins, alors que McCartney rêvait des accords de « Yesterday », vous voyez la nuance …), c’est du prog milieu de gamme, dont même Yes n’aurait pas voulu, « Lemon pie » renvoie furieusement au Cat Stevens (dont Cousins avoue être fan) encore fréquentable de l’époque, mais est massacré par des arrangements ineptes, « Starshine / Angel wine », c’est du Tatie Elton John des mauvais jours avec son piano en avant.

Le premier titre écoutable, c’est pour moi « Where do you go… », bluette pop sur une base rythmique venue du reggae (mais le reggae tendance « Ob La Di Ob La Da », c’est-à-dire abordé sous son aspect musique cool et entraînante pour Club Med). Les deux parties de « The life auction » rivalisent d’insignifiance satisfaite, mais ne le répétez surtout pas, les fans des Strawbs en parlent avec des trémolos dans la voix. « Don’t try to change me » est une sorte de folk pour hippies traversé de riffs hardos, et ma foi, même s’il n’y a pas de quoi s’extasier, ça relève le niveau (et l’attention). Par charité, et par peur de devenir vulgaire, je passerai silencieusement sur « You & I » (Yes avaient sorti un titre quasi homonyme, tout est dit …).
Ce qui nous amène au dernier titre du disque original « Grace Darling ». Le titre sur lequel les Strawbs ont plus ou moins joué leur carrière. Faut dire qu’ils étaient la première signature anglaise du jeune label A&M et que ce dernier en avait fait un objectif majeur pour les USA. « Grace Darling », pas horrible, mais le recours à une chorale d’église le catalogue irrémédiablement en un « You can’t always get what you want » du pauvre (ou du prog, ce qui revient au même). Logiquement, le single a foiré, le 33T a fait une courte apparition dans le Top 100 américain, et A&M s’est cherché d’autres objectifs. Fin de l’histoire …
Sur le Cd figure un seul bonus (on va pas s’en plaindre), la B-side de « Grace Darling », sans aucun intérêt.

On a déjà entendu pire, mais bon, les Strawbs, même si c’est pas toujours ignoble, ça gagne pas forcément à être connu …


DREAM MACHINE - THE ILLUSION (2017)

Juste une illusion ?
Sur la pochette dans un exercice de lévitation, un moustachu et sa greluche. Lee Hazlewood et Nancy Sinatra ? Euh, non … John & Michelle Phillips ? Non plus, mais à la réflexion, il pourrait y avoir un peu de ça … Et la couleur de pochette est d’un profond … pourpre (on y reviendra). Les Dream Machine (y’en a deux autres, chevelus genre roadies de Hawkwind dans les 70’s, tellement moches qu’ils sont pas sur le recto de la pochette, d’ailleurs c’est pas sûr qu’ils fassent de vieux os dans cette histoire), comme des milliards d’autres, regardent en arrière, seconde moitié des années 60. Bâillements … Sauf qu’ils ont deux trucs pour se faire remarquer.
Mr & Mrs Melton
Premièrement, ils suscitent la controverse et la polémique. En s’affichant ouvertement réacs, tenant des propos aussi cons que ceux de Ted Nugent et Donald Ier réunis. A tel point qu’ils se sont fait lourder par leur label, ce qui est peu commun. Un brin pervers aussi parce que Castle Face, label en question, continue de vendre le disque. Qui se vent pas trop mal aux States. Business is still business. D’où un déchaînement assez peu  commun sur les pages pourtant consensuelles d’Amazon US, entre défenseurs et contempteurs de Dream Machine, appels au boycott de Castle Face et au soutien via Bandcamp du groupe. (Mini) évènement dans le Landernau du rock indé, une polémique verrait-elle le jour ?
Faut dire que maintenant tout est bien huilé. L’immense majorité des gugusses qui ont des chances de vendre plus de quatre rondelles se voient illico briefés par des conseillers en communication, leurs propos et leurs moindres faits et gestes sont surveillés par des multitudes d’attachés de presse qui n’hésitent pas à faire connaître aux journalistes les listes de questions qu’il ne faut surtout pas poser à leurs poulains. Alors quand arrivent deux crétins qui livrent leurs réflexions simplistes cash, une agitation s’empare du « milieu ». A l’attention de tous les anciens étudiants d’école de commerce qui « gèrent » le rock aujourd’hui, il convient de signaler que depuis les déhanchements censurés d’Elvis à la télé, le rock n’a prospéré que sur des polémiques et des querelles d’Hernani sur fond de trois accords. Et niveau déclarations plus ou moins imbéciles, les rockers ou prétendus tels ont depuis six décennies placé la barre très haut (à quand une anthologie des citations des frères Gallagher, Ozzy Osbourne ou du chanteur des Eagles of Death Metal ?)
Dream Machine
Et donc, quel crédit ou quel intérêt accorder au (on y revient) couple leader de Dream Machine, Matthew et Doris Melton, quand ils se lancent dans des tirades anti-immigration ? Surtout quand on sait que Doris Melton est d’origine bosniaque, émigrée durant la guerre en ex-Yougoslavie, passée par les pays scandinaves avant d’immigrer aux USA. Les Dream Machine se revendiquent anti Facebook, ce qui au jour des réseaux sociaux rois est un crime sans conteste abominable. Quel crédit (ou quel sérieux) leur accorder quand ils se prétendent (sur la page d’accueil de leur site internet officiel !!) opposés aux médias sociaux qui font ressortir le pire de la nature humaine ? Et à la limite, même si les Melton pensent vraiment ce qu’ils disent, combien de stars qu’on s’efforce de nous présenter bien sous tous rapports sont capables (parfois sans l’aide d’alcool ou de poudres blanches) de déclarations bien pires ? Maintenant, et dans l’autre sens, faut pas aller crier à la conspiration, à la censure, où à je ne sais quel complot destiné à empêcher l’humanité de profiter de leur musique … Parce qu’on pourrait en causer des heures et regarder ce qu’on nous sert par ici au nom d’une « droite décomplexée » ou d’une « extrême-droite dédiabolisée ». A côté de ça, les raisonnements à la con d’un couple de rednecks pas très fufutes dans un groupe de rock indé, hein …
Et la musique de ces guignols, tu vas en causer un jour ? Voilà, voilà, ça vient…
Leur musique, figurez-vous, elle me plaît bien. Mais avis, y’a au moins un pré-requis. Figurez-vous que j’ai mis leur Cd dans le lecteur, et que je l’ai arrêté au second titre pour aller écouter les morceaux sur le Net, tant ce que j’entendais au niveau son me paraissait provenir d’un Cd foireux, d’une erreur de pressage. Non, pas du tout, ce qui était sur mon Cd était bien ce qu’ils avaient voulu faire. Le son des Dream Machin(e) est plutôt déstabilisant. Une rythmique de bourrin (les deux chevelus), des claviers et de l’orgue qui dégueulent de partout, des voix tellement chargées d’échos et saturées qu’elles deviennent incompréhensibles et qu’on a parfois du mal à distinguer si c’est le mec ou la nana qui chante (ils se partagent à peu près les titres). Un son qui ferait passer les Sonics pour Pink Floyd (ou Rihanna). Est-ce que ça vient du fait que la fréquence d’enregistrement (c’est écrit en gros sur la pochette du skeud) est de 432 hz au lieu des 440 habituels ? J’y entrave que dalle à cette histoire, mais pour les curieux que ça intéresse, le couple s’en explique dans une (longue) vidéo. En tout cas, à l’heure du sonore agréable à l’oreille triomphant, les Dream Machine dépotent. Et on finit par s’y faire à leur son caverneux …
Surtout parce que ces couillons ont écrit de grands morceaux. Notez bien que j’ai dit grands et pas longs (y’en a la moitié des douze qui dure moins de deux minutes et aucun qui arrive à quatre), ce qui est assez paradoxal parce qu’on les sent très inspirés par le prog et les longs titres psyché des sixties seventies. A la fin du disque, y’a deux noms qui clignotent très fort : les Doors et Deep Purple. A cause de la Doris, de son Vox et de son B3, qui sont utilisés de la même façon que lorsque Manzarek et Lord les martyrisaient. Ajoutez-y quelques riffs sinueux à la King Crimson, une rythmique échevelée et vous obtenez une sorte de garage – power pop – prog relativement inédite, curieuse et le plus souvent très intéressante et réussie.
La Belle et les Bêtes ...
L’aspect garage, c’est ce son brut de décoffrage, ces méchants riffs fuzzy sixties (« Eye for an eye » et « Back to you » se distinguent dans cette catégorie). Le côté power pop, c’est cette urgence mélodique derrière la carapace hardos (on pense à un esprit Cheap Trick, comme sur « Torn from the hands … »). Mais ce qui domine, ce sont ces emprunts au prog (les mini breaks tarabiscotés un peu partout, les riffs crimsoniens du morceau-titre) et surtout ces claviers Doors-Purple (y’en a qui citent aussi Electric Prunes, dont j’ai un skeud qui traîne sur une étagère mais que j’ai pas écouté depuis des siècles, donc je m’avancerais pas sur ce terrain-là). C’est joué par la nénette Melton (mignonne bien que facho, comme quoi moi aussi je suis capable d’écrire des trucs réacs) qui s’avère assez douée et bluffante pour ces exercices « à la manière de … » (flagrant sur « Lose my place on time », « Nothing left » ou l’instrumental « Diamond on the rough »). Les deux tourtereaux qui se partagent aussi l’écriture étant capables de grands titres qui ne doivent leur réussite qu’à leur talent (« Buried alive »), même s’ils sonnent comme une chanson yé-yé « All for a chance », ou citent des bribes du « Sud » de Nino Ferrer (le refrain de « Caught in a trap »).

Conclusion : on peut dire plein de conneries et faire un bon disque …



PETER JACKSON - LE SEIGNEUR DES ANNEAUX LE RETOUR DU ROI (2003)

Epique ...
Et pic et colegram … Parce que « Le retour du Roi » est autant une prouesse (technique, technologique, une prouesse de tout ce qu’on voudra) qu’un machin infantile. Qui à part Robert Plant et quelques demeurés chanteurs dans des groupes de prog s’intéresse aux balivernes de Tolkien ? Je vais vous faire un aveu, j’ai du temps de mon adolescence délurée, lu dix pages du bouquin. Pas plus. Plus con que çà, y’a que la lecture d’un discours de Dupont-Aignan ou celle de la notice d’un presse-agrumes traduite du coréen. Y’a quelque part dans les bonus un éminent ( ? ) universitaire qui nous explique que si Tolkien a eu du succès en Angleterre en particulier et chez les Anglo-Saxons en général, ben c’est à cause des Normands. Parce que ces cons ont envahi et colonisé les British, faisant passer aux oubliettes les contes autochtones. Et donc quand Tolkien s’est mis à écrire ses balivernes, ça a remplacé toutes les épopées et légendes moyenâgeuses que les Anglais avaient pas. Soit …
Un caméo de Peter Jackson
Tolkien, comme quelques autres auteurs de sci-fi ou d’heroic fantasy était réputé inadaptable à l’écran. Qu’à cela ne tienne, il s’est levé aux Antipodes un petit gros barbu frisé répondant au patronyme passe-partout de Peter Jackson qui a dit : « Moi je peux ». Avec le succès que l’on sait, merci pour lui. La trilogie du Seigneur des Anneaux a battu tous les records imaginables par l’industrie du cinéma, et Dieu sait que l’industrie du cinéma a de l’imagination, surtout quand il s’agit de vendre comme un chef-d’œuvre une grosse daube. Il faut voir le jour de la première mondiale du « Retour du Roi » (à Wellington, Nouvelle-Zélande), l’hystérie (et je pèse mes mots) qui s’est emparée de la ville et du pays (les centaines de milliers de All Blacks entassés sur le trajet hôtel-cinéma pour voir passer sur un tapis rouge de plusieurs kilomètres l’équipe du film en limousine). Plus fou encore, lors de la dernière date de la tournée de promotion au Danemark (pays du bellâtre transparent Aragorn-Mortensen), des centaines d’acteurs du dimanche ont « joué » dans le cinéma et recréé avant la projection des scènes des deux épisodes précédents (avec quelques vrais blessés lors de la reconstitution des batailles). A tel point que quelqu’un du film avoue avoir mis le doigt sur ce que doit être un quotidien de rock-star.
Dès le départ, « Le Retour du Roi » dure plus de trois heures. J’ai l’édition « ultime » (avant la prochaine, certaines répliques dans les bonus laissent entendre qu’il y a des bobines 3D du film) qui dure une heure de plus. Deux BluRay en 4K rien que pour le film. Plus trois Dvd de bonus, plus les commentaires de Jackson et des scénaristes sur les BluRay. A la louche, seize heures de « Retour du Roi » (et pareil pour les deux autres de la trilogie). Un package démesuré, qui a commencé à être mis en vente alors que le matériel dédié (lecteurs et télés supportant la UHD 4K) coûtait une vraie fortune. Aujourd’hui que le matos a vu ses prix divisé par dix en dix ans, on peut regarder le bestiau dans son salon. Visuellement (et même si une téloche haut de gamme ne vaudra jamais une séance au cinoche), c’est forcément impressionnant, d’une netteté absolue. Et avec une heure de plus, c’est quasiment un autre film. Même si l’ossature scénaristique et la conclusion restent les mêmes. De toutes façons, c’était couru d’avance. Sans parler de ceux qui avaient lu le bouquin, qui aurait pu imaginer que Frodon se loupe et n’arrive pas à détruire l’anneau après dix heures de film ? Qui aurait pu penser que les zozos de la communauté de l’Anneau allaient se retrouver décimés (même si Frodon part à la toute fin en bateau vers une mort prochaine programmée), que les méchants allaient gagner ? En d’autres termes, c’est pas le final qui compte, c’est la façon dont on y arrive et comment Jackson nous le montre… Parce qu’il y a au moins quatre temps forts à mettre en images, les deux batailles géantes (le siège de Minas Tirith, celle devant la Porte Noire), l’attaque de l’araignée géante, la destruction de l’anneau et du monde de Sauron. Ben là, on en a pour ses euros… des scènes de fou, possibles grâce à un déchainement hors normes d’effets numériques.
Une armée numérique
Parce que les acteurs, on peut pas dire qu’ils crèvent l’écran. Ils font le job, c’est tout, la plupart du temps devant un rideau bleu, et certains bardés de capteurs (notamment Andy Sirkis, celui qui joue Sméagol/Gollum). Le seul à ressortir du lot est à mon sens John Noble (Dénethor, régent du Gondor, le seul humain méchant du film) qui donne vraiment une « épaisseur » certaine à son personnage. Tout le reste est né de l’imagination plutôt féconde de Jackson et de ses scénaristes (sa femme Fran Walsh et Philippa Boyens) qui doivent respecter autant que faire se peut le bouquin. A leur service, la WETA (société créée par Peter Jackson scindée en deux départements, Whorkshop et Digital) est chargée de rajouter maquettes, costumes, prothèses, maquillages divers et une quantité astronomique d’effets spéciaux en tous genres  (près de 1500, soit le double de l’épisode précédent « Les Deux Tours », qui battait déjà des records). A noter que Jackson, Walsh, Boyens et tous ceux qui bossent chez WETA sont néo-zélandais, joli pied de nez à la toute puissance des studios et entreprises américaines. On a droit ainsi à la visite guidée par son directeur de WETA Digital, avec le gars très fier de ses batteries de microprocesseurs nous expliquant qu’il a dans ses murs deux fois plus de puissance de calcul que la NASA (un peu d’intox, peut-être ?) et bien plus que ses rivaux américains de LMI.
Ils sont grands les éléphants
Et il leur en fallait du matos… et une certaine forme d’abnégation aussi. Faut voir tous ces responsables, chefs de projets, … promettre à Jackson que ce qu’il imaginait, ils pouvaient le faire sans problème, alors que ces gars et ces nanas passaient des nuits blanches à se demander comment ils pourraient y arriver. Un exemple : lors de la plupart des plans de la bataille des Champs du Pelennor (une heure,  un quart du film), seul le sol est réel. Les montagnes environnantes sont « vraies », mais situées ailleurs et rajoutées numériquement. Minas Tirith est une maquette (de dix sept mètres tout de même). Il y a 350 000 soldats et 6000 chevaux numériques animés quasiment individuellement. Sans compter les éléphants géants, les Trolls de dix mètres, le Roi Sorcier et son T.Rex volant, les catapultes et béliers gigantesques, et une armée de morts vivants arrivant en renfort… Les 250 vrais cavaliers et leurs montures (et c’était déjà un exploit de réunir autant de chevaux au pays des moutons rois) en action (record en la matière) font vraiment détail minime. Au rayon des détails (mais suffisant pour que des types chez WETA s’arrachent les cheveux), le sommet des montagnes néo-zélandaises est sacré pour les peuplades maories. Il fallait donc toutes les « raboter » et leur rajouter un sommet numérique. Un perfectionnisme démesuré souvent invisible. Ainsi, tous les costumes (certains sont tissés avec de vrais fils d’or), armures et armes diverses ont été conçus uniquement pour le film, contiennent gravés dans la masse des symboles et écritures runiques respectant les langues créées par Tolkien pour ses bouquins, et qu’on ne distingue absolument pas à l’écran.
Résultat : une perpétuelle course contre la montre pour achever de filmer, rajouter les effets numériques, faire la post-synchro, rajouter la bande-son et la musique (Howard Shore, avec grand orchestre à Londres, qui fait jouer et rejouer ses musicos au gré des changements et nouveautés du pré-montage, merci internet …). Plus la date fatidique de la première à Wellington approche, plus les gens sensés de l’équipe pensent que les délais ne seront pas tenus. Les dernières semaines, huit ( ! ) équipes tournent des scènes additionnelles ou de raccord (certains acteurs donnent la réplique à d’autres qui ont tourné la scène sans eux quatre ans auparavant…). Le puzzle à reconstituer est gigantesque, et à voir Jackson tout cool, sempiternellement en sweet-shirt informe et pantacourt (même sous la neige), on imagine mal la pression qu’il doit supporter, alors qu’autour de lui, tout le monde craque. Pour la petite histoire, il terminera le montage (qui ne respecte pas la chronologie du film, il monte les scènes à mesure que les effets numériques sont finalisés), juste à temps pour qu’on puisse fabriquer les bobines de la première projection. Et c’est seulement lors de cette représentation qu’il verra, lui le réalisateur, son film terminé pour la première fois … D’ailleurs cette version, celles présentées lors de la tournée de promotion dans quelques capitales, ou celle montrée à l’Académie des Oscars (onze statuettes, record absolu égalé), seront légèrement différentes de celle que pourra voir le public lors de la sortie en salles.
Bien mal acquis ne profite jamais ...
Une dernière anecdote pour la route (y’en a des centaines dans les bonus, parfois redondants, il faut aussi le signaler). Dans la version longue, on a droit à la mort du sorcier Saroumane, interprété par Christopher Lee, qui finit poignardé dans le dos avant de tomber dans le vide et de s’empaler sur une énorme roue pointue (il a souvent fini comme ça, quand il jouait Dracula, plaisante t-il). On voit dans la préparation de la scène Jackson lui expliquer comment il doit « jouer » quand il a reçu son coup de canif. Réponse ferme de Lee, qui lui dit qu’il sait parfaitement comment on meurt quand on a reçu un coup de couteau dans le dos. Petite précision, que certains sur le plateau connaissaient : Christopher Lee avait servi durant la Seconde Guerre Mondiale dans les Forces Spéciales anglaises. Silence gêné et glacial sur le plateau, où les protagonistes se rendent compte que cette scène va avoir vraiment quelque chose de vécu …

« Le Retour du Roi » est une machine tellement démesurée, un truc tellement fou, que les points de repère du cinéphile volent en éclats. D’ailleurs, tiens, je crois que c’est çà : « Le Retour du Roi », c’est pas un film, c’est un spectacle … Un spectacle assez exceptionnel, faut bien admettre …



KING CRIMSON - LARKS' TONGUES IN ASPIC (1973)

Robert Free ?
King Crimson est un groupe souvent porté au pinacle par les progueux. Soit. Grand bien leur fasse. Moi, le prog, j’aime pas (du tout). Mais King Crimson, je suis preneur. Oh, pas de tout. Du premier, de « Red », dans une moindre mesure de la « renaissance  disciplinaire » des 80’s (que les progueux, bien évidemment détestent). Et tout le reste ? Ben je m’en tape un peu (beaucoup).
A commencer par ce « Larks’ tongues in aspic », souvent considéré comme l’œuvre majuscule (entendez progressive majeure) par ceux qui n’écoutent que de mauvais disques. Perso, je comprends de tout ce qu’il va retourner rien qu’en lisant le casting. Autour de l’inamovible Robert Fripp, mathématicien de la guitare, on trouve dans ce « Langues d’alouettes en gelée » (rien que ce titre, t’as envie de détaler, même si j’en ai à peu près saisi la signification ésotérico-mystique) des noms qui filent les jetons. Un ancien de Supertramp (Palmer-Jones), un transfuge de gloups … Yes (Bruford), un type venu de Family, le truc du rouquemoute braillard Chapman (Wetton), Cross, un fuckin’ violoniste (ouais, je sais, des crin-crins, y’en avait dans la country ou le Velvet, mais bon, pas utilisés de la même façon), et un percussionniste dont j’ai oublié le nom, comme si ça ne suffisait pas avec le Bruford, un batteur virtuose de chez virtuose.

Tous ces joyeux (rires) lurons lâchés dans un studio en vue de rédiger un truc qui t’en foute tellement dans les esgourdes que comme t’y comprendras rien, c’est que forcément ce doit être génial. Evidemment, moi j’ai rien compris. Mais c’est pas pour autant poubelle direct. On trouve de ci de là, de bons passages. Faut les chercher, quand même, au milieu de titres plutôt longs et bien évidemment alambiqués. « Lark’s tongues … », c’est d’abord ce riff et ce (trop court) passage hallucinant dans le morceau titre, Pt 1. Là, carrément, Fripp nous sort un truc de metal machin (désolé, les sous-genres du boucan, c’est pas trop mon truc non plus) qui te fissure les tympans et les reste, et ce d’autant plus que ce passage arrive après des interminables tintements de clochettes et bruissements de cymbales. Ce riff d’anthologie est repris à la fin du disque (« Larks’ Tongue … Pt 2 » donc), en version édulcorée et ambiance progressive à fond les ballons, pour ce que les fans de cette rondelle considèrent comme de bien entendu ( ? ) comme le sommet du disque, alors que c’en est juste le morceau le plus pénible (repris comme il se doit par des gugusses qui squattent les affiches de festivals genre Hellfest).
Ailleurs, King Crimson nous refait le coup de la ballade baba toute en douceur (remember « I talk to the wind » sur « In the court … »), ici ça s’appelle « Book of Saturday », c’est sans prétention, assez mal chanté par Wetton, et ça se laisse écouter … La gentille planerie également douceureuse de « Exiles », c’était un peu le passage obligé pour faire plaisir au hippies, on en trouvait dans tous les skeuds « intelligents » de l’époque, pas de quoi se relever la nuit … « Easy money », c’est un peu le titre funky du disque, même si a priori Fripp et funky, ça rime pas du tout, mais bon, ces cocottes de guitare algébriques déroulées avec une rythmique qui pour une fois swingue un peu, moi je trouve ça pas trop mal … Ah, et puis y’a aussi une bizarrerie, sorte de world music arabisante avec dialogue de percussions, ça s’appelle logiquement « The talking drum » et ne présente guère d’intérêt. On saura toutefois gré à Fripp et ses nouveaux employés d’éviter les rodomontades prévisibles, les titres ne « progressent » pas, on passe à l’intérieur des morceaux à des choses différentes assez vite. Avec plus ou moins de bonheur, chacun ne pouvant s’empêcher d’y aller de son petit numéro démonstratif … Tout ça, écrit pourtant minutieusement, finit par ressembler à une sorte de free-rock (enfin, rock, faut pas charrier non plus) …

A la même époque, des groupes allemands assez barrés faisaient sous l’étique méprisante de krautrock des choses bien plus intéressantes …


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