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VINCE TAYLOR - VINCE..! (1965)

Il portait un blouson de cuir noir ...

Et je sais pas s’il y avait un aigle sur le dos… Vince Taylor, c’est le rocker tout de cuir noir vêtu, un look pompé sur Gene Vincent… Qui a dit Dick Rivers ? Tu sors, mais sache que tu n’as pas tout faux, le Niçois a souvent fait les premières parties du Vince et s’est fringué comme lui. Même si sur la pochette de ce « Vince .. ! », Taylor est plutôt en chemise à jabot de Prisunic, genre farfadet psychédélique fauché (on est en 1965, les cheveux et les fleurs commencent à pousser).
Vince Taylor
Vince Taylor est Anglais. Il fait partie de ces pionniers du wockanwoll, mais joue médiatiquement en seconde division. Son seul titre de gloire est un demi-classique « Brand new Cadillac » publié en 1959 comme face B d’un 45T dont on a oublié la face A. Vince Taylor (Brian Maurice Holden pour l’état-civil) est au moins bizarre, voire un peu cinglé. Allez savoir pourquoi, il est un des premiers à bénéficier d’un culte en France, alors qu’il est quasi inconnu dans le reste du monde (avant Johnny Thunders, Alan Vega, Pete Doherty, et autres bizarros du même acabit). Faut dire qu’il s’est fait remarquer au début des 60’s dans des « galas » (on appelait les concerts comme ça à l’époque) qui finissaient souvent en vrille (le saccage du Palais des Sports en 1961). A la rue chez lui, il sera signé en France par Eddie Barclay qui essaiera de l’imposer dans des styles assez disparates, n’ayant souvent que peu de choses à voir avec le rock’n’roll des origines.
Après avoir eu comme backing band les Play Boys, Taylor engage (merci Barclay) le Bobby Clark Noise, groupe du batteur Bobby Clark (qu’on retrouvera un peu plus tard chez Johnny). Bobby Clark s’étant fait remarquer de ses contemporains en étant soi-disant le premier dans le rock à utiliser un kit de batterie à double grosse caisse. Les types donnent de bons concerts, et Barclay voit tout l’intérêt de sortir un disque en public. Mais manière d’assurer le coup, le disque en public sera enregistré … en studio … comme tant d’autres. Bon, même en ces temps antédiluviens, les ingés son faisaient bien le boulot, et on a droit sur ce « Vince ..! » à une vraie fausse présentation d’un certain Mike « Rosco » Prescot, à des applaudissements du public qui vont croissant, et des demandes de rappel hystériques. Bref on s’y croirait …
Son nom est écrit sur la batterie ...
On s’y croirait d’autant plus que les types même en studio ont joué et chanté tous ensemble en même temps, et puis qu’ils se sont lâchés. Ce « Vince.. ! » a une grosse réputation. Et aussi une certaine valeur chez les collectionneurs, parce que peu souvent réédité (la dernière fois en 2008 en quantités limitées) et jamais en Cd. Question : faut-il lâcher une trentaine d’euros pour la demi-heure de « concert » en vinyle état mint ? Faut voir …
Déjà, il est quand même conseillé de connaître un peu Vince Taylor, qui a grosso modo alterné des bas et des moins bas (si un grabataire fan du bonhomme passe par là, qu’il économise le post d’insultes, je m’en tape et j’y répondrai pas). Vince Taylor n’est pas un grand chanteur, compose peu (ici sur neuf titres, il en cosigne un seul « The men from El Paso » avec son guitariste Ralph Danks) et passe du coq à l’âne au niveau des reprises (entre « Jezebel » d’Aznavour, « Summertime » de Gershwin, « Trouble » d’Elvis, enfin de Leiber & Stoller, on dira pour être gentil que ça ratisse large …).
En gros, la première face est dispensable, et les deux cuivres du groupe n’ont pas trop à se fouler niveau imagination, les titres sont abordés soit façon rhythm’n’blues, soit jazzy, soit (tocade toute personnelle du Vince) façon mariachi. Témoin du quasi naufrage, la reprise de « Long Tall Sally » de Little Richard. Putain, ça fait combien de fois que je l’écris que faut faire très gaffe avec Petit Richard, faut avoir le coffre et l’hystérie pour le reprendre, et c’est pas donné à grand monde …
Vince Taylor & Bobby Clark Noise
La face B de la rondelle est heureusement bien meilleure. Une version énervée (c’est bien le moins, le Vince sait de quoi il parle en terme de baston) de « Trouble » avant la masterpiece du disque. Ça s’appelle « Clank Pt 1 & 2 », et pas de bol pour Vince, c’est un solo de plus de cinq minutes de Bobby Clark, un solo et physique et technique qui met en valeur sa double grosse caisse. Ce titre a fait son petit effet chez les batteurs et les musiciens de l’époque, bien que les grincheux argueront qu’un solo de batterie, c’est généralement aussi intéressant que la lecture d’un annuaire téléphonique … Mais après ça, le Vince se lâche sur « High Heel Sneakers » et « My Baby left me » qui concluent le disque. Il rentre dans le lard des deux classiques, préfère la rage à la justesse, et entraîne le reste de sa troupe qui doit y aller à fond pour suivre la cadence infernale du leader, toute en accélération permanente. Et là, on est plus dans les fuckin’ fanfares mexicaines, on est dans le rock’n’roll brut, sauvage, et qui se pose pas de questions …
Bon, l’impact de ce « Vince .. ! » restera confidentiel. De toute façon, vu l’état assez erratique de Taylor, même un gros succès n’aurait pas changé grand-chose pour lui. Toujours proche de son armoire à pharmacie, il va aller vers des drogues de plus en plus dures qui le tiendront pendant des lustres dans un état de clochardisation quasi permanent, ses rares apparitions publiques ou discographiques à partir des années 70 ne faisant rien pour arranger sa réputation …
La légende était déjà imprimée, Vince Taylor serait l’ange noir du rock’n’roll … en France …



JOHNNY CASH - AT FOLSOM PRISON (1968)

Folsom Prison Blues ...
Il était l’un des protagonistes du Million Dollar Quartet, session plus ou moins avinée et inconsistante des stars de l’écurie Sun fin 1956. Autrement dit, Johnny Cash était quelqu’un qui « comptait ». D’ailleurs quand le label de Sam Phillips deviendra trop « petit » pour lui, il signera chez Columbia, Rolls Royce des majors du disque à la fin des 50’s.
La multinationale gérera tant bien que mal la décadence humaine (picole et remontants divers) et artistique de Cash, dinosaure d’un autre temps à même pas trente ans. Cash finit par symboliser le redneck, beauf lourdingue et réac, enquillant les disques de country pur jus pour fans only (et de country et de lui). Mais Johnny Cash est plus complexe que l’image qu’il donne (et que tout le monde entretient, tant que ça fait vendre du vinyle). Réac, oui, mais un avec un gros fonds de rédemption et d’humanisme (qui sera mis en valeur des décennies plus tard, mais c’est une autre histoire). Ainsi, une de ses tocades, c’est d’aller chanter dans les prisons où il prétend avoir séjourné (ce qui semble pure invention). Régulièrement, depuis la fin des années cinquante, il y donne des concerts.
Johnny Cash & June Carter arrivent à Folsom
Il envisage un concert début 68 dans la prison californienne de Folsom. Sentant une occasion de le remettre sur le devant de la scène, la Columbia décide d’enregistrer la performance (deux concerts, un le matin, l’autre l’après-midi) pour en sortir un disque live et dépêche son producteur number one Bob Johnston. Trois jours avant, Cash, sa June de femme, sa belle-famille et son band (parmi lequel figure Carl Perkins, oui, celui de « Blue Suede shoes », alcoolique au dernier degré qui a bousillé sa propre carrière) commencent à répéter les deux sets. Ils seront quasi identiques, le disque proviendra presque exclusivement de celui du matin, bien meilleur. Ils recevront même une visite d’encouragement du Gouverneur de Californie, un certain Ronald Reagan.
Quelques opening acts pour commencer (dont Carl Perkins pour une paire de titres), et l’Homme en Noir entre en scène sur un lapidaire « Hello, I’m Johnny Cash ». On sent dans la voix une certaine crispation, le public est nombreux (plusieurs centaines de détenus au vu des photos de la réédition Cd de 1999), Cash sait que les magnétos tournent et qu’il joue gros. « Folsom Prison blues » pour commencer, son vieux hit de 1955. Avec son fameux vers « I shot a man in Reno, just to watch him die ». Brouhaha de satisfaction dans la salle. En fait, certaines sources proches du dossier comme on dit, affirment que le « public » a en grande partie été rajouté au mixage, les prisonniers entourés par une troupe fournie de gardiens ayant été « invités » à se montrer calmes. Très vite, Cash enchaîne par la courte ballade country (« Busted »), avant la superbe rengaine crépusculaire « Dark as the dungeon ». Signe de la tension qui règne, il se mélange les pinceaux dans les paroles. Les quatre premiers morceaux sont enchaînés sans un mot, avant que Cash se mette à (un peu) parler entre les titres. Pourtant c’est pas un timide, faut être assez couillu pour commencer par « Folsom … » et balancer assez vite un « Cocaine blues », country très rock salué par des grognements de joie des taulards. « Orange blossom special », une sorte de « Johnny Be Good » du country, que Cash a reprise sur un de ses disques à succès précédents, n’est pas l’interprétation du siècle de ce standard, et met fin à la première partie électrique du show.
Le Johhny Cash Band à Folsom
Dès lors, Cash va faire face seul avec sa voix de baryton et sa guitare sèche au public pour une poignée de titres acoustiques, dont surnage la belle ballade « Send a picture of Mother ». Retour du band et présentation de June Carter, qui duote avec son mari sur le standard « Jackson ». L’occasion de se rendre compte que la June, souvent citée mais peu écoutée est une de la « vieille école » country. Voix puissante quasi hurlée, issue d’une époque où dans le pays des rednecks, fallait se faire remarquer au chant, et encore plus quand on était une femme. On est assez loin de la voix de cristal d’Emmylou Harris, si vous voyez ce que je veux dire …
« Give my love to Rose » est pour moi la plus belle de cet album, la ballade définitive pour chialer dans sa bière. Mine de rien, on approche de l’heure allouée à Cash. Qui n’oublie pas de mettre en avant des titres évoquant le milieu carcéral (« I got stripes », ou la jolie country song nostalgique des temps de liberté quand on est au trou « Green green grass of home »).
Johnny Cash & Glen Sherley
Il vaut mieux zapper la longue et quelconque « The legend of John Henry’s hammer » (d’ailleurs elle figurait pas sur le 33T original, comme quoi ils étaient pas sourds à l’époque), avant d’arriver à l’apothéose finale. Qui s’appelle « Greystone Chapel » et présente la particularité d’avoir été écrite par un détenu, Glen Sherley, que Cash présente et à qui il va serrer la main. Pas par démagogie (ou pas seulement), ce titre est superbe. Fin du morceau, et fin du concert sur un court instrumental à toute blinde du groupe, avec un Cash qui sort sous évidemment les vivats.
Comme escompté, ce live va relancer sa carrière et donnera lieu à une « suite » l’année suivante à San Quentin, qui elle sera plus axée « Greatest hits live ». Bon, sinon, il faut en penser quoi de ce « At Folsom Prison » ? Pierre angulaire, Alpha et Oméga pour certains Cash addicts. Ouais, même si perso la courte période Sun ou certains disques crépusculaires avec Rick Rubin me semblent supérieurs, les live carcéraux sont un des sommets du bonhomme. Exercice courant aux States pendant des décennies où les chanteurs « populaires » allaient se produire chez les taulards. Les longues notes du livret de Cash lui-même montrent que même avec les « précautions d’usage » de ce genre de prose formatée, l’Homme en Noir était très sensible à ces moments. Qu’il trouvait là matière à cultiver son image de dur, de bad boy, de tough guy, mais aussi à apporter un peu de bonheur de joie, de bonheur et de divertissement à des types pas forcément gâtés par la vie.
Deux choses à noter.
Dans le livret, quelques phrases enthousiastes de Steve Earle, qui n’est pas vraiment connu pour tourner autour du pot quand il a quelque chose à dire. Earle, qui fut un temps avec tout ce que cela signifie aux States membre du Parti Communiste, ne tarit pas d’éloges et sur ce disque et sur son auteur.

Un détail assez troublant tout de même. Dans les nombreuses photos du livret immortalisant l’événement, très peu de Blacks. Pourtant, autant à l’époque que maintenant, ils se retrouvaient au gnouf pour un oui ou un non. Les responsables de l’administration pénitentiaire devaient choisir le public. Même en taule, valait mieux être Blanc…


Du même sur ce blog : 

DUKE ELLINGTON - AT NEWPORT (1956)

Bis repetita ...
Le genre de skeud qui me passe par-dessus la tête. Et le type qui l’a fait tout autant …
Pourtant, les Stones (putain les Stones quoi !) rentraient sur scène lors du « Still Life Tour » en 81-82 au son de « Take the A Train » de Duke Ellington (ce devait être Charlie Watts qui avait fait du chantage). Et il y avait cette tuerie sur « Songs in the key of life » de Stevie Wonder qui s’appelait « Sir Duke », en hommage à … comment ça, vous aviez deviné ?
Le jazz, c’est un peu comme la techno (non, vous avez pas deviné que j’allais dire aussi chiant, d’ailleurs je l’ai pas dit), y’a cinquante genres et sous-genres qui me parlent à peu près autant qu’une notice de montage de chez Ikea, les ébénistes du pauvre.
Ellington, pour moi, c’est le jazz à papa, les big bands menés par les faux aristos (lui, Basie, …). Les centristes, quoi, comme Dick Rivers et Bruce Springsteen dans un autre genre … D’un autre côté, ça permettait à Ellington d’avoir dans son band les meilleurs zicos du pays, comme Springsteen et Dick … euh, non, ça marche pas avec ceux-là …
Duke Ellington 1956
Bon, faut être honnête (si, si, ça m’arrive quelques fois, même quand je cause musique) et dire que « Ellington at Newport » c’est bien foutu, ça joue, ça swingue. Assez vite gonflant quand même, mais quoi, faut pas espérer que je me pâme devant ce genre de rondelles, ces groupes à l’organisation militaire où toutes les improvisations sont minutieusement répétées. D’ailleurs, y’a tout un tas d’infos (ou de rumeurs, je m’en cogne un peu) sur cette prestation (public « surmixé », bandes a priori inutilisables, titres refaits en studio, puis bandes originales finalement utilisées, …) ce qui nous vaut sur l’édition 2 Cds l’intégralité du concert (en deux parties, à cause de la pluie qui a contraint le groupe à arrêter après deux titres, avant de revenir, puis en bonus les fausses présentations et quelques titres refaits en studio) ;
Les types assurent, c’est sûr, c’est même pas lourdingue, Ellington c’est une pointure, il a écrit plein de titres devenus des standards, pas un hasard si tout un tas de maltraiteurs de gamme le citent comme un des musiciens les plus importants du siècle, et c’est festif, plein de bonne humeur enjouée, comme on dit dans la presse provinciale pour causer de Marcel et son Orchestre, de Manau, des Têtes Raides, ou des sept ou huit zigotos qui faisaient du ska à l’occasion d’un festival dans un trou perdu de l’Auvergne …
Ellington & Band - Newport 1956
Tandis que Ellington, c’est à Newport, La Mecque de la musique live pour bourges friqués de la East Coast qui ont l’impression de s’encanailler en écoutant les fanfare de niggaz entre deux drinks dans les vertes pelouses du site … Eh ben tous ces dégénérés fin de race d’un capitalisme déjà triomphant, le Duke et sa troupe les ont fait bouger, crier, hurler (oui, je sais les réactions du public sont exagérément amplifiées au mixage, mais quand même …), alors que d’habitude chez ces gens-là, on dodeline mollement du chef pour marquer son contentement … Paraît même que sur le solo « historique » (pourquoi historique, hein, moi ça aurait plutôt tendance à me bassiner ce genre de démonstration, mais bon, chacun son truc …) du sax Gonsalves unissant les deux parties du « Diminuendo in blue and crescendo in blue », y’avait une nana qui était montée danser suggestivement sur scène, et cette vision inhabituelle jointe aux encouragements du Duke et du restant du Band avaient poussé le basané à cracher toutes ses tripes dans son sax … D’ailleurs, pour ceux qui aiment le sax, c’est ce truc-là qu’il doit falloir, tellement il y en a des saxeux (cinq s’ils ont tous recensés dans le livret), plus des trompetteux et des tromboneux. Et comme grand seigneur, le Duke (qui au passage se fait pas mousser, c’est pas son piano qui est en avant, il se contente d’être le chef d’orchestre) laisse chacun y aller de son petit numéro, ça solote surtout cuivré sur ce « Ellington at Newport », mais même le batteur a droit à son « espace ».
En fait, y’a qu’un truc qui m’interpelle vraiment. C’est que ça commence par une version pli sur la couture du pantalon de « Star spangled banner ». Pas le genre de titre neutre, et encore moins son interprétation (voir Hendrix à Woodstock). Ellington et son Band n’auraient-ils pas voulu montrer que malgré leur couleur de peau, ils sont bel et bien Américains (rappelons qu’à cette époque-là la ségrégation était officielle, notamment dans les lieux publics et les transports en commun), et en plus fiers de l’être ? Une autre façon de dire « I’m black and I’m proud » …

Sinon, n’étant point spécialiste de ce genre d’objet sonore, je ne sais point trop où il se situe dans le mouvement et l’évolution du fuckin’ jazz, même s’il me semble qu’à cette époque c’était déjà un peu suranné (comme aller voir Metallica aujourd’hui, quoi), et qu’à la même époque et dans d’autres genres des types comme Presley ou Petit Richard avaient entamé une révolution qui me parle beaucoup plus …

AC/DC - LIVE AT RIVER PLATE (2012)


Un bon groupe et un mauvais chanteur ...

Quel intérêt peut-il y avoir à écouter un disque d’AC/DC ? Enfin, depuis que Bon Scott est mort, s’entend … A mon humble avis, pas beaucoup … et surtout un live récent … les types ont tous cent ans, font le même disque depuis au moins quatre vingt quinze … et nous sortent là un live exotique, enregistré dans un stade argentin, et version audio d’un DVD déjà paru …
Il semblerait d’ailleurs que les Sud-américains prennent un malin plaisir à s’entasser dans les stades. Il y a quelques temps, c’était pour prendre au minimum des coups de matraque (voire beaucoup plus si affinités et refus de coopérer), maintenant c’est pour prendre des milliers de watts dans les yeux et les oreilles … Tropisme quand tu nous tiens …
Bon, je vais vous dire, ils ont pas eu forcément tort d’hypothéquer leur baraque (à côté de l’Argentine, la Grèce est un pays très riche) pour aller voir les Australopithèques à casquettes et culottes courtes. Autant AC/DC en studio, y’a pas de quoi se relever la nuit (quoique, il y en a un qui m’avait assez plu y’a bien dix ans, « Stiff upper lip » il s’appelait) depuis que … enfin, vous m’avez compris, autant là, devant tous ces types qui sautent partout pour oublier toute la misère qu’ils s’enquillent, et que la nôtre à côté c’est caviar au tracto-pelle au petit déjeuner, et bien AC/DC, ça putain de déménage.

Ces gars, Rudd, Evans, les frangins Young, sont ensemble depuis toujours, jouent depuis toujours un heavy boogie-blues reconnaissable au bout de trois notes, et en live, ils tressent un mur de décibels en béton armé. C’est absolument implacable, ils ont remplacé les cordes de guitare par des rails de chemin de fer, et ne lâchent rien. Mais les AC/DC, faut bien y revenir, ont un problème. Qui piaille dans les suraigus depuis 30 ans. L’ineffable Brian Johnson, c’est le type qui a gagné la super cagnotte au Loto du hard. Alors que tout le destinait avec son look de camionneur à finir dans un groupe de quinzième zone, à passer sa vie à se bourrer la gueule dans un pub, et à peloter des catins à forte poitrine, voilà que maintenant il passe sa vie à se bourrer la gueule dans des pubs, à peloter des catins à forte poitrine, et qu’en plus il chante (enfin, ça c’est lui qui le croit) dans AC/DC. Vocalement parlant, ce type est une catastrophe, il hurle comme s’il venait de se prendre un Boeing dans les roubignolles, sans jamais chercher à moduler, à faire autre chose … et comme en plus il avance dans l’âge et commence à avoir un durillon de comptoir respectable, il s’essouffle vite. Là, sur ce live, pendant « Whole lotta Rosie », soit à demi-heure de la fin du concert, il avale la trompette comme disait l’autre. Fini, terminé, aphone le Johnson. Il a du bol, Angus prend un solo d’un quart d’heure ( ! ) sur « Let there be rock », le temps certainement que le Brian aille consulter un ORL en coulisses, prenne quelques pastilles Valda et voilà que notre Ecossais revient tant bien que mal assurer le final du concert … et non, je vous assure que tout ce j’écris est véridique, z’avez qu’à acheter le skeud ou mater la vidéo, vous verrez … A noter aussi les spectaculaires efforts du Brian pour communiquer avec le public, il connaît trois mots (pas un de plus) en espagnol (« muchas », « gracias », « amigos »), et lance même au début un « scusi ». Faudra que quelqu’un essaye de lui expliquer, s’il est à jeun un jour, que l’Espagne et l’Italie, ça à beau être au Sud de Glasgow, c’est pas exactement la même chose …
Cin cent millions de Sud-américains et moi et moi et moi ...
Parce que les quatre autres, ils assurent grave, sur les vieux titres, parce qu’ils les jouent sans débander depuis plus de trente ans (la moitié de la setlist, elle date du temps de Bon Scott) et même sur les autres, parce qu’en fait, AC/DC, c’est toujours la même chose, mais là, avec le temps, de plus en plus puissant, genre bulldozer inexorable et inarrêtable.
Mais aux débuts, c’était même pas Bon Scott qui focalisait les regards, c’était ce gosse en tenue d’écolier qui massacrait sa Gibson comme si le sort de l’humanité en dépendait. Et donc, qu’est-ce qu’il devient, l’Angus, maintenant qu’il atteint un âge où le commun des mortels commence à compter les trimestres d’activité en vue de faire valoir ses droits à la retraite ? Il s’est calmé, enfin juste un peu, fini le temps où il passait le concert à se rouler par terre en effectuant des descentes de manche à vitesse supersonique. L’âge, l’arthrose, tout çà, d’ailleurs il montre plus on cul sur « The Jack », juste un slibard taille XXL floqué AC/DC … mais de guitariste épileptique, il est devenu bon guitariste, instantanément reconnaissable la plupart du temps, le côté chien fou en moins. Et puis, il a ajouté un truc très hendrixien dans son jeu, pas les zigouigouis à grande vitesse de mise chez tous les nullards présentés comme les héritiers-successeurs-descendants du gaucher de Seattle, non, juste ces coulis de notes traînantes que balançait Jimi sur ses blues mutants. Ici, c’est particulièrement flagrant sur « The Jack », le blues des maladies vénériennes, avec même une intro qui cite quelques notes de « Manic depression » on dirait bien … Conclusion : même si c’est pas l’Angus des 70’s, ça reste quand même un type qui utilise plus que bien (et même mieux qu’avant selon moi) une guitare …
Résultat des courses, ce live est quand même un peu saboté (si, si et je suis gentil) par le Johnson à casquette. Et je n’échangerais certes pas les presque deux heures de ce « River Plate » contre les quarante minutes de « If you want blood » …

Des mêmes sur ce blog :
Back In Black

BRUCE SPRINGSTEEN - LIVE / 1975-85 (1986)


Un bon chanteur et un mauvais groupe ...

De quelque côté qu’on l’envisage, ce live est un pavé. Et un pavé, que tu le prennes sur les pieds ou en pleine poire, ça fait mal …
Par où commencer ? Des chiffres ? 40 titres, 3 heures et demie … aujourd’hui trois Cds bien pleins. Lors de sa parution fin 86, cinq vinyles. Personne n’avait été aussi loin dans la démesure, les funestes live de Santana, Yes et Wings s’étaient arrêtés à trois rondelles de plastique noir, ce qui faisait déjà beaucoup (trop). Idem  en studio pour les Clash, George Harrison ou le Nitty Gritty Dirt Band (le Nitty qui ? ... pfff, c'est bon, laissez tomber ...). Argument entendu à l’époque : c’est pour être conforme à la durée des concerts du Boss. Soit …
Derrière tout ça, un plan marketing mégalo de Columbia-Sony, relayé par le management (l’ambitieux et omnipotent Landau), et in fine cautionné par un Springsteen pas très bien dans ses baskets à cette époque-là : un mariage qui part en vrille, et la sortie de sa période dents refaites – bodybuilding et look Rambo-Stallone-Rocky.
Objectif de ce « Live » : être vendu à au moins dix millions d’exemplaires sur la lancée du multiplatiné « Born in the USA ». Pour l’anecdote, il y eut un petit problème de timing. Un autre label distribué par Sony, Epic, voulait sortir à la même époque le nouveau disque de Michael Jackson (« Bad »), et comptait, en ces temps de show-biz triomphant en écouler cent millions de copies. Sollicitées, les usines de pressage américaines déclarèrent impossible de faire face à une telle demande, et l’enregistrement de Jackson fut décalé de plus de six mois. Pour la morale, aucun des deux disques n’atteint ces objectifs …
Par quoi continuer ? Springsteen ? Dont je ne suis pas fan. Que j’apprécie mais sans plus. Et dont l’essentiel de la discographie me passe par-dessus la tête. Bon, touchez pas (ou dites pas de mal) à « Nebraska » et aux deux « Born … », ces trois-là je les défendrai. Mais comment, entends-je, et …, sans parler de …, ou encore …, ils sont pas géniaux peut-être ? Si vous voulez, mais moi ils me gavent… Et l’homme Springsteen me gave aussi, ce centriste perclus de bonnes manières, de bons sentiments, de bons engagements, défenseur de toutes les causes validées par l’ONU, l’Unesco et Bono… Je veux bien le soupçonner d’être tout à fait sincère, mais il y a quand même un monde entre ce pur produit du music entertainment et le Chevalier Blanc du combat social que certains le voient incarner. Finalement aussi crédible qu’un diététicien qui mangerait matin et soir chez MacDo (reproche valable également pour l’immense majorité de ses semblables).
Son succès ? Ben, on peut ni le nier ni le lui retirer. Phénomène typiquement américain par de nombreux aspects (le fan de folk, de country, de old rock’n’roll, des films des années 40 en général et de John Ford en particulier, de Woody Guthrie, Dylan et Steinbeck, le troubadour des classes populaires, plus américain que tout ça, tu peux pas …) qui a réussi à s’exporter all around the world, tandis que des contemporains pas plus mauvais et guère différents par leurs références sont restés beaucoup plus confidentiels hors de chez eux (Seger, Petty, Southside Johnny, Graham Parker et tant d’autres …) A l’écoute de ce « Live », il m’est venu un questionnement : le public du Boss (tout a été enregistré aux States) comprend-il de quoi il retourne dans ses chansons ? Sans parler du « malentendu républicain » du morceau « Born in the USA », il y a dans ce « Live » un titre qui par l’écho qu’il reçoit fait froid dans le dos. C’est la reprise du classique de Woodie Guthrie « This land is your land ». Springsteen présente le morceau, sans citer ni le titre ni Guthrie. Silence glacial (alors qu’absolument tous les autres titres du shows sont couverts par les hurlements du public au début et à la fin). Version acoustique du titre. Personne ne réagit aux premiers vers. Timides chuchotements au début  du refrain. Fin du titre et applaudissements très très clairsemés. Chacun en tirera les conclusions qu’il veut, mais il me semble qu’en France, où les trois-quarts de ses spectateurs ne comprennent pas les paroles, ils savent qui est Woody Guthrie et la filiation idéologique que représente Springsteen.
Et ce tas de skeuds ? T’en causeras un jour ? Enervez-vous pas, ça vient … Qui dit musique, dit musiciens. Et là, surprise … autant on sait que Springsteen bâcle pas le boulot en studio, que ses prestations live ravissent forcément les fans, autant un concert ou des bribes de shows différents accolées les unes aux autres comme c’est ici le cas, on est vite amené à se gratter l’occiput. Le son d’abord. Très correct, voire excellent, rien à dire, et l’on sait Springsteen particulièrement méticuleux de ce côté-là. Sauf que je subodore que tout a été remixé avec le fameux « Born in the USA  sound », à savoir claviers très présents et batterie très très en avant de Weinberg. Et là, comment dire, misère … Weinberg est un batteur d’une médiocrité étonnante, inattendue à ce niveau … et on n’entend que lui. Un autre qu’on est obligé d’entendre, c’est le « Big Man », le pote de base du Boss dans le groupe, Clarence Clemons. Qui ne joue pas du saxophone, mais souffle dedans, ce qui n’est pas exactement la même chose … Reste le cas Miami Steve Van Zandt. Auquel, plutôt que son look assez souvent consternant, on peut reprocher d’être un guitariste effacé, bon accompagnateur rythmique, mais manquant de « présence, d’attaque ». Pas un hasard si sur certaines tournées, Nils Lofgren, pourtant pas un guitar-hero au sens seventies du terme, vient renforcer le E-Street Band. Qui reste un gang soudé (les types jouent ensemble depuis des siècles), mais techniquement assez limité …
La grosse bonne surprise, elle vient de Springsteen … qui en tant que chanteur me laisse assez froid et sceptique en studio, où je trouve qu’il a souvent tendance à en faire trop, à « surchanter ». Là, dans le cadre de concerts de plus de trois heures, il peut pas se permettre de gueuler tout le temps, il faut tenir la distance, et donc y aller plus au feeling qu’au physique, suivre la mélodie et pas brailler. Les titres essentiellement acoustiques sont pour moi les meilleurs. « Thunder Road », juste piano guitare et voix en entrée est fabuleux, de même que le « Jersey girl » repris à Tom Waits qui conclue symétriquement le tracklisting. Et entre, tous les titres sur lesquels le E Street Band reste discret, (tous ceux issus de « Nebraska », plus « Racing in the streets », « Independence day », « I’m on fire », et mentions particulières à un excellent « My hometown » et un fantastique « No surrender »), surnagent nettement du reste.
Le reste, justement … il y a des classiques springsteeniens (je suis beau joueur, il en a quand même écrit queqlues uns) qui s’en sortent mieux que d’autres, comme «Hungry hearts » (grande chanson pop, une des rares du Boss dans ce domaine) ou « Born to run » pour moi à jamais son meilleur titre. A l’inverse, ça fait mal aux oreilles de voir successivement sabotés « Badlands » par une intro calamiteuse et des arrangements catastrophiques, « Because the night » par un solo de guitare affligeant, et sur la lancée « Candy’s room » malmenée par un E Street Band à la ramasse … Curieusement, alors qu’avec quarante titre son répertoire est largement balayé, on n’a pas droit à « Glory days », un de ses plus gros succès en simple et ... et ces sagouins ils ont aussi oublié « Jungleland », faut pas déconner, « Jungleland » quand même ...
On a par contre droit à tous ces twists étriqués et ces rocks centristes plus ou moins entraînants, tous ces « Paradise by the C », « Cadillac ranch », « You can look … », « Darlington County », « Working on the highway », mais qui manquent tellement de substance, de tripes, d’adrénaline … et j’aurais préféré que sur un « Rosalita » de dix minutes, au lieu de la présentation interminable du Band, on ait droit à un medley de classiques rock’n’roll ou de Mitch Ryder, comme en contenaient parfois certaines versions live de ce titre …
Ce « Live 1975 / 85 », c’est un peu une version DeLuxe d’un « Greatest hits live ». Et du côté des fans, on a pu lire plus souvent que prévu des réserves ou de la déception par rapport à ce pavé. Et quand on cause grands disques en public, peu de téméraires se hasardent à le citer. L’occasion était bonne, Springsteen était au sommet de sa popularité, encore plus au sommet au niveau artistique (il n’a pas sorti depuis cette date un disque qu’on puisse qualifier de majeur). Mais bon, là, pour le coup, c’est un peu trop … un truc beaucoup plus concis aurait certainement eu une autre allure ...

Du même sur ce blog :
Born To Run
Darkness On The Edge Of Town
Nebraska

 

PARABELLUM - IN VIVO VERITAS (1991)


Vous avez dit punk ?

Touchez à rien, vous êtes à la bonne adresse … Parce que plus « dans l’esprit » que ceux-là, y’a pas grand-monde par ici … en tous les cas jusqu’à ce disque, censé être leur dernier. Après, on peut ergoter sans fin sur le fait qu’il se soient réunis au tournant des années 2000, qu’ils tournent encore, que Géant Vert ne soit plus là pour les textes, …
La première décennie du groupe ressemble à un fantasme de purisme alternatif. Les Parabellum ne transigent sur rien, du label bordélique indépendant, en passant par un propos musical sans aucune concession (en gros, punk un jour, punk toujours), un engagement pour des causes qui risquaient pas de faire l’actu des JT, des textes rentre-dedans,... Durant les premières années du groupe, beaucoup de titres sortis sur des compilations plus ou moins underground, quelques 45T permettront de diffuser leurs premiers morceaux mythiques, « Saturnin », « Anarchie en Chiraquie ». Ce « In vivo veritas » n’est que leur troisième Cd, après une décennie de galères diverses.
Un groupe punk qui dure est un groupe qui finit par savoir jouer, et les Parabellum sont au fil des ans devenus une machine de guerre redoutable sur scène, capable de murs de boucan, mais aussi d’éclaircies sonores toutes en tension. Celui qui focalise l’attention, c’est Schultz, massif guitariste-chanteur du genre que s’il dit quelque chose, t’as envie d’être d’accord, mais à côté Sven sculpte des riffs infernaux dans le mur du son que dresse une rythmique aguerrie. Pas d’esbroufe, puissant et velu, musique d’homme quoi …
Avec une influence rockab-rock’n’roll (« Zig zag rock », le « You can catch me » de Chuck Berry) qui vient s’ajouter à la puissance punky brute et sans fioritures de base. Les Parabellum sont aussi à l’aise sur le mid-tempo viril (« La belle », « La blonde et moa ») que sur l’accélération limite hardcore (« Hommes torpilles »), donnent dans la chanson à boire hooliganesque (« Le dernier trocson »), revisitent la vieille chanson engagée (« Cayenne », chant traditionnel de bagnards avec son refrain « Mort aux vaches, mort aux condés »), et font un sort à un classique de Jacques Brel (« Amsterdam ») grâce à une adaptation iconoclaste de leur parolier Géant Vert.
Et on peut regretter que les textes soient le plus souvent incompréhensibles à cause d’un chant guttural et speedé de  Schultz, mais aussi d’un son qui n’a pas grand-chose à voir avec du Dire Straits live, ce qui n’est pas plus mal … Le concert est enregistré dans une petite salle parisienne (l’Espace Ornano), la moitié des titres retenus concernent les rappels, et les deux « classiques» historiques » (« Saturnin » et « Anarchie … ») sont absents. Malgré tout, ce live brut et sauvage tient plutôt bien la route, les Parabellum ne s’économisent pas.
Un témoignage pas forcément crucial, mais que l’on déconseillera toutefois aux auto-proclamés mélomanes … Bienvenue aux autres … Un, deux, un-deux-trois-quatre …

JEAN-MICHEL JARRE - LES CONCERTS EN CHINE (1982)


Nuits de Chine, nuits câlines ?

Jarre, c’est un peu le Guetta du siècle dernier… le type qui fait de la musique électronique et que tout le monde connaît. Même s’il y a une nuance, et pas petite. L’un des deux est un musicien.
Même si perso, ce que je préfère de l’œuvre de Jarre, c’est les textes qu’il écrivait pour Christophe à l’époque des « Paradis perdus » et des « Mots bleus ». Et qu’il ait eu du succès avec sa musique électronique de supermarché n’est pas honteux, il était impliqué depuis des années tant dans l’avant-garde musicale que dans celle des technologies électroniques. Il sera en plus assez malin pour se différencier des autres sur le circuit pop-rock , s’orientant dès ses premiers succès vers des concerts événementiels devant des foules considérables plutôt que de banales tournées de promotion dans les salles de spectacle traditionnelles.
Et puis, fin 1981, il franchira encore un pas dans la célébrité en donnant cinq concerts dans la très rigide et fermée République Populaire de Chine. Générant une campagne de com assez irréelle, genre « le premier artiste à donner un concert de rock en Chine ». Bon, Jarre a autant à voir avec le rock qu’un Burger King avec la gastronomie, et les Chinois, déjà à l’époque pas plus cons que d’autres lorsqu’il s’agit de donner dans la dialectique de propagande faisaient preuve « d’ouverture » à bon marché.
En embauchant Jarre, ils risquaient pas une « yellow riot » à la Clash, ni le risque pour la population d’être subvertie par des paroles engagées, puisque Jarre, c’est uniquement instrumental. Ces concerts avaient été une grosse affaire, tractations diplomatiques interminables commencées sous Giscard et conclues sous Mitterand, et avaient tout de l’aventure totale. Les très rares journalistes français autorisés à couvrir l’événement faisant état de conditions techniques locales très précaires, d’encadrement militaire de l’équipe de la tournée et de la presse, d’un public trié sur le volet autour des incontournables dignitaires locaux du PC, lequel public n’était pas autorisé à se lever pendant le spectacle, et devant par des applaudissements polis et dosés au décibel près (des rumeurs faisaient état avant les concerts du public répétant ses applaudissements), destinés à marquer sa déférence pour l’artiste étranger invité, mais aussi sa distance pour cette forme de divertissement toute capitaliste et donc quelque part diabolique.
L’intérêt musical de ces deux Cds, compilation des cinq concerts donnés à Pékin et Shangaï est assez anecdotique, pour plusieurs raisons. Les concerts de Ian Missé Iarre (comme l’annonce la speakrine locale) sont des spectacles son et lumière dont la musique n’est qu’un des aspects, et donc le format DVD est à privilégier au support Cd (ce concert n’existe pas en DVD, ne pas le confondre avec ceux donnés en 2004). Les conditions techniques locales, avec leurs coupures de courant, leurs orages (non, les Chinois n’ont pas entonné « No rain, no rain » comme à Woodstock alors que des trombes d’eau tombaient sur Shangaï) ont fait que les pistes son ont été très largement remaniées en studio, certains titres étant paraît-il même entièrement refaits.
Reste le témoignage d’un événement pseudo-historique, très loin des choses pharaoniques que Jarre donnera par la suite (ils ne sont que quatre sur scène en Chine), passant en revue les titres les plus faciles et accessibles de son répertoire tirés essentiellement de « Equinoxe » et des « Chants magnétiques », intégrant des sonorités locales (« Jonques de pêcheurs au crépuscule »), taquinant des décollages floydiens (« Ouverture », « Souvenir de Chine »), la jouant un peu facilement « rétro » (« La dernière rumba »), singeant le rock à grand renfort de guitare-synthé et batteries Simmons (« Orient Express », finalement pas plus mauvais que ce que faisait Genesis à la même époque).
Les Chinois ont particulièrement apprécié, à tel point que Jarre s’est vu offrir par les autorités de Pékin ... un side-car.

LE ROCK D'ICI A L'OLYMPIA - LA NUIT PUNK DE L'OLYMPIA (1978)


216 fauteuils cassés pendant les 3 nuits ...

C’est ce qu’il y a écrit sur la pochette, preuve photographique à l’appui … et ça en dit long, bien long, sur l’état du rock français à l’époque… être « obligé » de saccager l’Olympia pour faire parler de soi.
Parce que sinon, les punks français … hum, on peut pas dire que le monde entier nous les ait enviés et qu’ils sont souvent cités de nos jours (sauf quelques fois Metal Urbain, par des groupes noisy ou hardcore américains). D’ailleurs même si la légende savamment entretenue par quelques-uns fait état d’un vaste mouvement punk hexagonal, elle englobe des gens qui n’ont rien ou pas grand-chose à voir entre eux, contrairement à la scène punk londonienne ou new-yorkaise.
Stinky Toys
Il y a d’ailleurs dans le livret une déclaration assez édifiante, honnête et réaliste de Jacno, sur ces soirées à l’Olympia, qui met l’accent sur le fait que les différents groupes « ne s’aiment pas », et que jalousies mesquines et attitudes méprisantes entre Parisiens et provinciaux, entre groupes signés sur un label ou non, sont monnaie courante. En fait sous le terme « punk » sont répertoriés des gens qui n’ont comme seul point commun que de se lancer dans la musique circa 77, avec leurs propres moyens et à l’arrache. L’esprit « do it yourself » doit être le seul dénominateur commun  aux groupes présents ici, au moins à leurs débuts, aucun n’étant né avec une cuillère d’argent gentiment tendue par les majors ou le show-biz.
A leur décharge, les groupes « made in 77 » arrivent dans un pays où le rock n’existe pas, ou sinon représenté par le prog champêtre de Ange, ce qui revient au même … 
Asphalt Jungle
Les hostilités sont ouvertes, en tout cas sur le Cd, par les Lyonnais de Marie et les Garçons (Marie est la batteuse du groupe), sous forte influence américaine Televison – Talking Heads, et qui recueillent les sifflets du public (le public punk parisien de l’époque manquerait-il d’humour ?) lorsqu’à la fin de leur titre, ils embrayent sur une reprise de « Macho man » des Village People. Les Stinky Toys sont eux totalement dans « l’esprit », autour de Jacno et d’une Elli (pas encore Medeiros) qui chante faux comme ça devrait pas être permis. Mais c’est très bien … Un autre qui chante aussi très faux c’est Patrick Eudeline, et son « classique » « Asphalt Jungle » avec le groupe du même nom qui n’oublie pas de se prendre pour Johnny Thunders et ses Heartbreakers. Punk attitude irréprochable, intérêt musical très anecdotique … C’est pas les seuls à avoir un intérêt musical anecdotique … Diesel auraient été rouges de honte si on leur avait dit que leur truc, c’est juste du classic rock tendance heavy blues ; les Lou’s, rien que des filles, difficile d’en dire du mal sans se faire traiter de sexisme ou de machisme, donc motus et bouche cousue ; Starshooter, qui ne vaut que pour quelques 45T rigolos, confirme avec un de ses classiques dispensables (« 35 Tonnes ») que s’ils savent à peu près jouer correctement, ce n’est que du rock très mainstream.
En fait, en plus des Stinky Toys, les trois autres vrais bons de cette compilation sont pour moi Bijou (pas exactement des punks), précis, carrés et très énergiques qui boostent « OK Carole », et réussissent même à se faire ovationner avec un instrumental pourtant technique bien que très énergique. Les banlieusards parisiens sont très nettement au-dessus du lot, et pas par hasard, ils feront aussi un triomphe aux deux festivals punks de Mont-de-Marsan en 77 et 78. Les Lyonnais d’Electric Callas s’en sortent plutôt bien avec une version ralentie et originale du classique des Stooges « I wanna be your dog ». Egalement sur le podium les Parisiens de Guilty Razors, avec son chanteur au phrasé arrogant et méprisant, pour un titre titubant mais au moins parfaitement dans l’esprit …
Cette compilation est parue en 1978, et rééditée en Cd en 1999 sur le label Jurassic Punk (bonne vanne !). Totalement fidèle au 33T initial, c’est-à-dire sans bonus et en conservant le son pourri (on dirait que c’est enregistré avec un dictaphone dans la rue devant l’Olympia). En fait c’est pas un disque pour les amateurs de musique, c’est un disque pour les amateurs de rock, ce qui n’est pas exactement la même chose …

BIG BROTHER & THE HOLDING COMPANY feat. JANIS JOPLIN - LIVE AT THE CAROUSEL BALLROOM 1968 (2012)


D'autres Cheap Thrills
A priori, il n’y a strictement aucun intérêt à écouter un disque de Big Brother & The Holding Company. Bande d’hallucinés moulinant heavy et fuzzy tout ce qui leur passait entre les pattes, Big Brother était un groupe de quatrième zone des 60’s psychédéliques de San Francisco. Mais voilà, après avoir été nuls avant et aussi nuls après, ces lourdauds ont compté dans leur rang une certaine Janis Joplin, d’abord choriste puis, forcément de plus en plus chanteuse lead.
Et Big Brother a vu son nom en grosses lettres sur un des trois seuls disques parus du vivant de la hurleuse d’Austin, son premier, le live « Cheap Thrills ». Un de ces disques culte intouchables qui vaut surtout par une prestation grandiose de la Janis, le band étant, fidèle à son habitude, soit quelconque, soit mauvais …
Alors quand plus de quarante ans après les faits paraît un autre disque de Big Brother & The Holding Company featuring Janis Joplin, on se dit que voilà encore un coup foireux d’une industrie du disque agonisante qui tente de sauver ce qui peut encore l’être en refourguant à quelques grabataires aisés de la « valeur sûre ». Car bon, « Cheap Thrills », il est dans tous les palmarès, et souvent en haut, des disques qui ont compté, et encore plus haut dans ces mêmes palmarès dès lors qu’on parle de disques live. Et quand on connaît un peu l’histoire de « Cheap Thrills », disque payé par une major et compilant plusieurs extraits de concerts, à quoi bon écouter un live issu d’un seul concert de ces baltringues, les gars souvent chargés au LSD et la Janis au LSD et en plus au Southern Comfort ?
D’autant plus quand on voit que les bandes de ce disque ont été enregistrées en Octobre 1968 (après la parution de « Cheap Thrills ») et mixées des décennies plus tard par Owsley « Bear » Stanley (récemment clamsé, ce sont ses héritiers qui sortent les bandes, distribuées par Sony). Rappelons pour les fans de Justin Bieber et quelques autres que Owsley était le chimiste (entendre également son principal dealer) du LSD californien, et accessoirement le sonorisateur du Carousel Ballroom (futur Fillmore West quand le malin promoteur Bill Graham en prendra la direction), salle de concert hippie où se produisaient régulièrement les stars du San Francisco d’alors, le Grateful Dead (dont Owsley faisait à temps perdu office de gourou) et l’Airplane, et dont Big Brother assurait quelques fois les premières parties. D’autant que d’entrée, y’a un truc qui cloche au niveau sonore … Ce « Live at the Carousel » est inécoutable au casque sous peine de mal de tête carabiné. Mixé comme au temps préhistoriques de la stéréo, voix et batterie à droite, guitares à gauche. On se retrouve donc avec d’un côté les aigus de la Janis qui pulvérisent le tympan et de l’autre la basse et le fuzz des guitares qui bourdonnent salement dans la trompe d’Eustache. Faut bien régler les potards du matos, déplacer les enceintes (les rapprocher en fait) et alors là … putain, les enfants, the big claque, un son de mammouths en rut …
Il se passe un truc. Big Brother est l’espace de cette soirée une machine de guerre. Même si c’est pas l’imagination au pouvoir. Tous les potards sur onze, un parpaing sur la pédale fuzz, et en voiture Simone pour un peu plus d’une heure de heavy soul-rock. Le groupe est nettement plus convaincant que sur « Cheap Thrills » (il n’est vraiment à la ramasse qu’au début de « Piece of my heart »), et le reste du temps fait simple mais fuckin’ efficace. Et puis il y a la Joplin. En transe comme d’hab, passant du murmure au feulement puis au rugissement, à la hauteur de sa légende. Grosse différence avec « Cheap Thrills », on entend beaucoup plus la voix de Sam Andrew, guitariste-chanteur attitré de Big Brother avant  et après la période Joplin. Et il y va à fond, étant obligé de littéralement gueuler pour se faire entendre, la plupart des titres sont de vrais duos entre ces deux gosiers en feu.
Alors ce « Live at the Carousel Ballroom » est vraiment le petit frère de « Cheap Thrills ». Le grand frère, même, parce que pour moi il est mieux. Le répertoire de base est peu ou prou le même (ne manquent que « Turtle blues » et « Oh sweet Mary »), mais avec une poignée de titres supplémentaires sur cette dernière livraison. Si « Piece of my heart » et l’indépassable version de « Summertime » sur « Cheap Thrills » ne sont pas égalées, « Combination of the two », « I need a man to love », et surtout une version dantesque de « Ball and chain » (comme « Dazed & confused » ou « Since I’ve been loving you » du Zeppelin à la puissance mille), sont meilleures sur ce « Carousel Ballroom ». En ce qui concerne les titres « nouveaux », y’a à boire et à manger. Le concert est repris dans son intégralité, et on a donc droit à une paire de jams bluesy (« I’m mad (mad man blues) » et « Coo Coo »), le genre de machins entendus des milliards de fois sur les galettes de blues-rock de l’époque, et comme James Gurley n'est pas aussi technique que Clapton, Hendrix ou Bloomfield, bof … Mais aussi à un bon rhythm’n’blues sauvage de la seule Janis (« Flower in the sun »), la tartine de psyché-soul un peu longuette de « Light is faster than sound », un étonnant « It’s a deal » qui sort en un peu plus de deux minutes tous les plans live de la bande à Jerry Garcia, (joke or not joke, Big Brother et le Grateful Dead partageaient l’affiche au Carousel) … « Call on me » est plutôt raté, mais pour se faire pardonner une version excellente du titre provenant du concert du lendemain a été rajoutée en bonus. Grosse très bonne surprise, un rockabilly plein de breaks (« Catch me daddy »), qui rappellera bien quelque chose à ceux qui connaissent la version de « Jailhouse rock » par les barbus de ZZ Top sur leur live « Fandango ! ».
Même si ce « Live at the Carousel » ne détrônera pas « Cheap Thrills » dans les livres d’Histoire (combien il va s’en vendre, combien de vieux croûtons s’intéressent encore en 2012 à Janis Joplin), il n’en reste pas moins qu’il n’a pas à rougir de la comparaison avec son prédécesseur. Le meilleur live de Janis Joplin à ce jour vient de sortir dans les bacs … Elle est pas belle la vie ?

De la même sur ce blog :

JOAN BAEZ - IN CONCERT PART 1 (1962)


The Voice

Joan Baez, on l’a tellement confondue avec son engagement militant, elle a été de tellement de combats plus ou moins perdus d’avance (et elle continue encore à plus de 70 ans à s’investir dans tout un tas de causes généralement bonnes), qu’on a oublié que c’était une chanteuse. Une chanteuse folk.
Pas la première, pas la plus célèbre (pour ces deux aspects, voir plutôt du côté d’Odetta), mais certainement la plus emblématique, en tout cas de la période cruciale lors de laquelle tout s’est mis en place, les années soixante. Une décennie pour elle commencée par des enregistrements secs, austères et brûlants, et conclue, enceinte jusqu’aux yeux, par une prestation qui file le frisson au festival de Woodstock.
Parce que Joan Baez, c’est une sacrée chanteuse. Une voix de cristal comme on en entend peu en général, et dans le « rock » en particulier. Que ce soit dans le murmure ou le chant à pleine voix, Joan Baez impressionne, et plus encore par le feeling irréel qu’elle dégage que par sa technique irréprochable.
Un exemple ? Pas besoin de chercher loin. Il suffit de prendre le premier titre de ce Cd, enregistré comme son nom l’indique en public dans une austérité absolue (Joan Baez, sa guitare acoustique, et le public droit dans les yeux, c’est tout). Ce titre, « Baby, I’m gonna leave you » tout le monde ( ? ) le connaît par Led Zeppelin sur son premier disque. Bon, faut oublier l’interprétation de Plant (pourtant pas n’importe qui derrière un micro), et surtout pas la comparer à celle de ce disque, le verdict serait sans appel. Victoire par KO au bout de trois mesures pour l’Américaine.
Qui n’a qu’un seul point faible, elle n’est pas une grande compositrice, ne signant que quelques titres (et pas toujours) sur ses albums, et là, en 1962, n’ayant encore rien mis dans son répertoire de Bob Dylan, dont elle reste sur la durée la meilleure interprète (qui avait dit Hugues Aufray ? bon, tu sors …), sans parler d’autres aspects de leur relation qui tiennent du domaine privé … Alors il n’y a sur ce disque que des reprises, des chants traditionnels pour la plupart (qui a dit que c’était un disque de scout ? tu dégages aussi …), venant du patrimoine musical américain en majorité, certes, mais piochant aussi chez les Anglais (le final « Matty Groves »), chez la mère nourricière Afrique via le gospel (« Kumbaya », repris étonnamment en chœur par le public pour un résultat grandiose), voire chez les Brésiliens (« Ate Amanha », chanté en portugais). Mieux, alors que Joan Baez a pourtant déjà sorti deux disques, aucun des titres de ce « In Concert » n’y figurait. Choisis évidemment pour leurs textes, ou alors pour rendre hommage aux figures tutélaires du folk américain (« Pretty Boy Floyd » écrit par Woody Guthrie, et repris par Pete Seeger, à qui la version de Joan Baez est dédiée).
Chanteuse d’exception, d’une justesse totale tant sur le fond que sur la forme (juste quelques bribes « castafioresques » sur « Black is the color … »), Joan Baez est lentement mais sûrement en route pour devenir l’icône engagée des années 60. Le succès un peu inattendu de ce disque donnera lieu à une suite l’année suivante, aussi magnifique, l’effet de surprise en moins, mais une paire de titres de Dylan en plus …





MOON MARTIN - BAD NEWS LIVE (1993)


Bright side of the Moon
Tiens, en voilà un dont on se demande pourquoi il a laissé le grand public indifférent, qui a été condamné aux succès d’estime, aux longues périodes d’inactivité discographique, et quelquefois même s’est retrouvé sans label…
Même s’il ne doit pas être réduit à la soupe populaire. Quand on a écrit des choses comme « Bad case of loving you » ou « Cadillac walk », reprises par respectivement Robert Palmer et Mink DeVille,  ça doit générer bon an mal an quelques royalties qui permettent de ne pas crever de faim …
Parce que derrière son lunatique surnom et ses grosses binocles, se cache un des songwriters les plus doués de sa génération, qui s’est révélé en 1978 avec un 33T, « Shots from a cold nightmare », le genre de skeud que bien des gonzos qui se retrouvent célébrés en haut des charts aimeraient être capables de sortir un jour … Hélas pour lui, Moon Martin n’a pas confirmé, les synthétiques années 80 n’étaient pas faites pour lui, qui venait du rockabilly roots …
A tel point qu’il s’est retrouvé au début des années 90 sans maison de disques, avant d’être signé, lui le Texan pur jus, en France, chez FNAC Music (on va finir par penser que j’ai des intérêts chez eux, ça fait deux fois en quelques jours que je les cite, mais non, d’abord le label existe plus, et de plus j’en ai rien à secouer des actionnaires de la fuckin’ FNAC …) pour un disque studio « Dreams of files » dont je ne sais rien et qui apparemment n’a guère marqué les esprits. Mais son label fait les choses correctement, et permet à Moon Martin d’effectuer une tournée en France et en Europe. Bon, c’est pas la tournée des Grands Ducs, c’est pas sold-out une semaine au Stade de France. Mais plutôt dans des petites salles, devant un public peut-être clairsemé, mais de vrais fans. Logiquement, un disque live témoignera de cette tournée, enregistré au Plan de Ris-Orangis. Et comme il n’y a pas les mêmes moyens que chez U2, c’est Moon Martin lui-même qui le produira.
Ce qui frappe d’entrée, c’est une pureté et une clarté sonores rarement de mise dans un disque live. Tout est limpide, on n’en perd pas une miette, que ce soit la moindre note jouée par le groupe (deux guitares, basse, batterie, claviers), ou les réactions d’un public ravi et enthousiaste qui reprend les refrains en chœur. Parce que Moon Martin, lucidement, sait qu’il est condamné à la confidentialité, n’essaie pas de se réinventer ou de s’adapter à l’air du temps. Il délivre un greatest hits live, son rock’n’roll classique dopé par des mélodies first class. Aucune tentative de démonstration virtuose, pas de solo à n’en plus finir, on n’est pas chez Yes ou Clapton. Juste des types qui savent appuyer là où ça fait du bien…
Bon, il y a une paire de trucs un peu foirés, « She’s in love with my car » avec ses faux cuivres façon rhythm’n’blues et un peu hors sujet, et une reprise guère convaincante de Dylan, « Stuck inside of mobile » couplée-enchaînée avec « Victims of romance », une merveille de Moon Martin, qui se retrouve tronquée … Mais le reste, laissez-moi vous dire, c’est du lourd, de l’interprétation magistrale d’un répertoire à redécouvrir d’urgence. Avec mention particulière pour des versions parfaites et dynamiques de « Rock’n’roll radio », « Bad news », et bien sûr, « Cadillac walk » et « Bad case of loving you » pour finir …
Moon Martin n’a semble t-il pas sorti de disques depuis plus de dix ans. Vous avez de la chance, on trouve encore ce « Bad news live » à des tarifs non prohibitifs …