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MC5 - HIGH TIME (1971)


Hard times

« High Time » du Five …
Difficile d’en parler sans évoquer les deux précédents. Qui pour le malheur de ce « High Time » avaient placé la barre très (trop ?) haut. Et tant qu’à évoquer « Kick out the Jams » et « Back in the USA », autant ne pas faire dans la demi-mesure.

« Kick out the Jams » est le plus grand disque live de tous les temps, « Back in the USA » le plus grand disque de pur rock’n’roll. C’est mon avis et je le partage.

Proxima Estacion Esperanza ?
Alors forcément quand à la fin de « Sister Ann » 1er titre de « High Time », déboule une section de cuivres , après des nappes de claviers et des chœurs féminins, on se pose des questions. Dont les réponses sont faciles à trouver dans le « way of life » du groupe. Perpétuellement défoncés, leur maître à penser ( ? ) John Sinclair en prison, ce sont cinq épaves qui entrent en studio, pour enregistrer dans le chaos, l’improvisation et « expérimenter ».

Mais autant être clair : le MC5 même en chute libre, ça déménage sévère. Parce qu’il y a une assise rythmique qui sans être géniale sait mettre la pression, parce que Rob Tyner est un grand chanteur, et aussi parce que sévit dans le Five la plus terrifiante paire de guitaristes à avoir relié des six-cordes à un ampli, les faux siamois (ils ne jouent jamais la même chose ensemble) Wayne Kramer et Fred « Sonic » Smith.

Alors sur « High Time », pas de terrorisme sonore à la « Kick out the Jams », pas de rock’n’roll roots à la « Back in the USA », mais plutôt des compositions très inspirées par la soul et le rythm’n’blues. Et malgré l’état de délabrement total du groupe, le résultat sonne sec, précis, tranchant. Sans jamais donner l’impression de bouillement sonique incandescent et incontrôlé, comme le faisaient leurs voisins de Detroit les Stooges à la même époque avec « Funhouse »

« Miss X » est la ballade plombée définitive qu’aucun groupe de hard ne sera capable d’égaler, « Over & Over » avec l’utilisation qui est faite des claviers pourrait sans problème figurer dans « Who’s next ». Et le reste est d’un bon niveau, même si au sein de quelques titres des digressions saugrenues vers du psychédélisme lourd (avec Iron Butterfly ou Blue Cheer comme points de repère) ne sont pas toujours très efficaces. Le tout emmené par des parties de guitare qui déchiquettent tout sur leur passage.

Avec ce dernier disque du Five et quelques mois plus tard le « Raw Power » des Stooges prendra vraiment fin une forme ultime de rock dangereux et violent.

 Ce sera le clap de fin de l’expression musicale la plus radicale, entamée par deux bandes de fous furieux, il y a une quarantaine d’années à Detroit, Michigan.

Depuis, ceux qui ont suivi ont toujours essayé de les copier. Sans y arriver.

Des mêmes sur ce blog :
Back In The USA

THE SONICS - HERE ARE THE SONICS !!! (1965)


Les Sonics, ta mère elle va adorer ...
Les Sonics, c’est LE groupe ultime. Garage préciseront les pointilleux. Au diable les pointilleux !
Les Sonics ont poussé les curseurs tellement loin dès le paléolithique supérieur (1965 pour être précis) que depuis personne n’a fait aussi fort, aussi bien. Et surtout pas mieux.
Les Sonics sont Américains (Tacoma, à trois larsens de Seattle), traînent leurs guêtres d’ados dans un paysage musical tchernobylisé. Oh certes on trouve à cette époque-là plein de choses aux States, du folk, de la pop, de la soul, du blues, … presque tout ce qu’on veut en fait. Sauf du rock’n’roll. Et le rock’n’roll, c’est juste ce que les gars des Sonics aiment par-dessus tout. Pour ça, il faut écouter ce qui vient d’Angleterre, les Stones, Kinks, Who, Animals, Pretty Things, … et s’en inspirer.
Les Sonics dans la brume électrique
Les Sonics vont se trouver d’entrée confrontés à un petit problème : aucun des cinq ne sait vraiment jouer d’un instrument ou chanter. Qu’à cela ne tienne, ils vont faire de ces tares a priori rédhibitoires leur principale qualité. Utilisant les plus grosses ficelles pour masquer leurs énormes lacunes. Tout est enregistré à un volume déraisonnable, tous les potards à onze, tous dans le rouge. Le résultat est une bouillie sonore de laquelle surnagent de gros accords saturés plein de fuzz, quelques riffs d’un sax corne de brume, quelques notes de claviers martelés. Quant au chanteur, un fou furieux nommé Gerry Roslie, il préfère vociférer à la place de chanter. Comme son modèle c’est Little Richard, en dépit de tout bon sens, il va parsemer absolument tous ses titres (souvent dès l’intro, allez savoir pourquoi) de hurlements à faire passer ceux de Alan Vega sur « Frankie teardrop » pour des vagissements de prématuré.
Oubliez le punk, le hardcore, les bruitistes divers, les Stooges, le MC5, les Cramps, les garagistes japonais ou scandinaves, les guignols du death metal, tout ce que vous voulez d’extrémiste et d’agressif au niveau sonore, la référence, la mètre-étalon auquel tous ces gens-là (les plus honnêtes d’entre eux l’ont d’ailleurs reconnu) ont voulu se mesurer, c’est le premier (et seul intéressant) disque des Sonics, ce « Here are the Sonics !!! ».
Qui commence par un monstrueux « The Witch », tout petit succès local, honteusement ignoré par Lenny Kaye sur sa compile Nuggets, et à l’origine face B de leur premier 45T, une reprise du « Keep a knockin’ » de Little Richard. Un titre qu’on ne sait trop comment, ils ont réussi à écrire. Pas très compliqué, plutôt du genre très efficace, classique toutes catégories instantané. Comme leurs trois autres compos personnelles (sur les seize de la réédition Cd, soit les douze du vinyle original plus quatre bonus), « Boss Hoss », « Strychnine » et « Psycho », d’une simplicité et d’une évidence absolues.
Le reste, des reprises nucléaires. Des pionniers du rock’n’roll (« Roll over Beethoven » de Chuck Berry, « Good Golly Miss Molly » de Little Richard), des standards Motown (« Do you love me » des Contours, « Money » de Barrett Strong), de classiques soul (« Night time is the right time » de Ray Charles) ou rhythm’n’blues (« Walking the dog » de Rufus Thomas), … Le tout descendu à toute blinde, à grand coups de riffs bêtas et de hurlements sauvages, dans un chaos sonore total…
Ce genre de musique qui foisonnera dans tous les garages américains de la seconde moitié des 60’s, accordera à quelques-uns (Remains, Seeds, Standells, Mitch Ryder, 13th Floor Elevators, …) une certaine reconnaissance populaire et de petits succès. Rien de tout cela pour les Sonics, au management particulièrement indigent. De toutes façons, le groupe avait a peu près tout donné avec ce premier disque, une paire sans intérêt suivront, avant la débandade et une reformation à un âge canonique au début des années 2000 passée à peu près inaperçue.
Preuve ultime que les Sonics étaient quand même de furieux cinglés, les trois derniers titres du Cd correspondent à un single de Noël. Et quel single ! « Don’t believe in Christmas », (rien que le titre ! ), est une variation sur le « Too much monkey business » de Chuck Berry, ces choses-là ne peuvent pas sortir d’un esprit sain. « Santa Claus » n’est autre qu’une reprise de « Louie Louie » avec paroles aberrantes. Et mort-aux-rats sur le cake à la strychnine, la seule chanson de Noël du lot, une reprise de « Jingle bells », ils l’ont appelée … « The village idiot ».
Rock’n’roll suicide …
Et dans ce genre-là, inutile de chercher mieux, vous trouverez pas …



THE PRETTY THINGS - THE PRETTY THINGS (1965)


Wild Things

Hormis dans le cercle tout de même restreint des maniaques du rock anglais du milieu des années 60, les Pretty Things ne suscitent plus guère d’intérêts, tant ce groupe séminal et essentiel est aujourd’hui honteusement oublié, bien qu’il donne toujours des concerts.

Les Jolies Choses
Sous forte influence Bo Diddley (leur nom vient de sa chanson « Pretty Thing » d’ailleurs reprise sur ce disque), ils marqueront les esprits par l’interprétation sauvage de leur répertoire, un des plus furieux de la scène anglaise de l’époque. Ce Cd correspond à leur premier 33 T de 1965, augmenté de bonus dont leurs deux premiers singles « Rosalyn » et « Don’t bring me now » tous deux repris par Bowie sur « Pin Ups » en 1973.

Malheureusement, le public de l’époque n’était pas vraisemblablement prêt pour une musique aussi excessive et violente, et ni ce Cd, ni leur opéra-rock (« SF Sorrow » écrit avant « Tommy » des Who), ni les reprises d’un Bowie alors en pleine gloire, ni leur association au début des 70’s avec le management de Led Zeppelin, ne leur amèneront une reconnaissance significative auprès du grand public.

Reste une superbe collection de pépites de rythm’n’blues survitaminées à consommer sans modération, dont ce 1er Cd constitue pour moi de loin le meilleur exemple.


EIGHTIES MATCHBOX B-LINE DISASTER - BLOOD & FIRE (2010)


Prédestinés ?

Tout était dans leur nom … jusqu’au désastre final. On a beau arriver bardé de références musicales plus qu’attirantes (les Clash, les Cramps, le Gun Club, excusez du peu … mais aussi, aïe, le gothique bas de gamme des atroces Sisters of Mercy, ce genre, plutôt que Siouxsie ou Bauhaus …), donner tout ce qu’on peut sur scène et sur disque, ça ne suffit plus. Les Eighties Matchbox raccrochent les guitares, le rock’n’roll ne nourrit plus son homme, et comme il faut aussi songer à remplir le frigo …

Un parcours symptomatique des années 2000, pendant lesquelles on n’a jamais vu autant de gens sortir de disques  … qui ne se vendent plus. Eighties Matchbox ont tenu autant que possible, sans faire la moindre concession. Même si on sent dans ce dernier disque que le ressort est cassé.

A qui le tour ?
Il y a quand même de bonnes choses (« Love turns to hate », très rock rentre-dedans, « Monsieur Cutts », excellent foutoir metal-grungy, un « Man for all seasons » descendu pied au plancher), des bonnes idées quelques fois mal exploitées (« I hate the blues » et son ambiance « Paint it black », « Homemade », couplets très clashiens que vient gâcher un refrain gothique crispé).

Mais aussi des trucs qui ne m’accrochent pas du tout, tous ces titres empêtrés dans des climats gothiques, des poses théâtrales, toutes ces choses qui ont fait le quart d’heure de gloire des horribles Horrors. Et surtout rien qui rappelle ces pépites de rock furieux et énergiques comme le fut en son temps « Chicken » sur « Horse of the Dog ». Rien non plus qui soit au niveau des réussites dans ces 80’s qu’ils adorent, de groupes revendiquant les mêmes influences comme les clashiens London Cowboys, le psychobilly des Meteors ou le rock’n roll gothique des Lords of the New Church …

Signe des temps qui vont vraiment mal, ce Cd a mis plus de six mois pour traverser la Manche, et seulement une fois la dissolution du groupe officialisée. Les fans, pas beaucoup (Clash, Cramps et Gun Club, s’ils ont marqué les esprits, c’est sûrement pas en terme de ventes), devront se contenter de ce testament en demi-teinte.

Il surgira bien de quelque garage quelques teigneux prêts à reprendre le flambeau, car comme le dit le vieux Young « rock’n’roll will never die », mais les choses apparaissent singulièrement compliquées pour ce genre d’exercice. Eighties Matchbox B-Line Disaster ont tenu dix ans. Combien de temps tiendront leurs successeurs ?


NEW YORK DOLLS - NEW YORK DOLLS (1973)


Punks à paillettes

Le meilleur disque (de toute façon ils n’en ont fait que deux, et oubliez la reformation actuelle des deux survivants just for the money) d’un des groupes les plus essentiels des années 70.
Lady Gaga et ses amies ? Non, les Dolls en 73 ...
Souvent assimilés et réduits à leurs excès (le look ahurissant pour l’époque, les défonces à tous les étages), l’importance des Dolls se situe au niveau strictement musical.
La doublette introductive de ce Cd (« Personality crisis », « Looking for a kiss ») est stupéfiante de perfection  plus de trente ans après. Johansen (plus encore que l’autre lippu américain Steven Tyler d’Aerosmith) est par son magnétisme le clone parfait de Mick Jagger, les guitares rageuses de Thunders et du trop souvent sous-estimé Syl Sylvain incrustent le danger dans tous les morceaux, et la rythmique enclume sévère. Le tout superbement produit par Todd Rundgren qui a du se souvenir de ses années garage avec Nazz pour leur concocter ce son de déglingue rock’n’roll.
Une hystérique tournée anglaise (avec mort du batteur par OD) allait donner plein d’idées de groupes à tous les morveux british. Le punk était en route.
Que vous ayez 20 Cds ou 20 000, celui-là doit être dans le lot.




THE HIVES - YOUR NEW FAVOURITE BAND (2002)


 Allumés Suédois

Ce Cd est une compilation des deux premiers albums des Hives peu remarqués par le « grand public », et augmentée d’une poignée de titres assez rares venant de quelques Eps.

Descendants d’une longue tradition scandinave vouée à la célébration d’un rock sauvage et « garage », les Hives se feront remarquer par l’énergie démesurée qu’ils mettront dans l’interprétation de leurs titres, titillant même assez souvent le rock hardcore. Alors, évidemment, les titres défilent à toute vitesse (douze en moins de demi-heure). Sans pour autant négliger la recherche de la mélodie et d’arrangements subtils voire radiophoniques. Un gant de fer recouvert de lambeaux de dentelle …

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ... The Hives 2001
Les Hives sont emmenés par le chanteur Pelle Almqvist, compromis tant physique que scénique d’une longue lignée de lippus chantants (Mick Jagger, Steven Tyler, David Johansen), et le groupe entourera d’une aura mystérieuse tout ce qui touche à Randy Fitzsimmons, auteur de tous les titres, personnage énigmatique et invisible sur lesquelles les rumeurs les plus diverses circuleront (manipulateur de l’ombre, gourou, pseudo du guitariste, pseudo collectif du groupe, …).

« Your new favourite band » débute pied au plancher avec le titre qui deviendra emblématique du groupe « Hate to say I told you so », son gros riff qui désosse, ses arrangements de claviers et son refrain épileptique. Une épilepsie qui ne fera que s’aggraver à mesure que défilent les plages, le punk’n’roll efficace de « Main offender », le rockabilly supersonique « Die, all right ! », les glaviots tachycardiques « Untutored youth » et « Outsmarted », le très Pixies (époque « Surfer Rosa – Come on pilgrim ») « Mad man », les quasi-hardcore « A.K.A. I-D-I-O-T » et « Automatic Schmuck » … Le Cd se clôt par un instrumental très apaisé (par rapport à ce qui a précédé), « The Hives are the law … » assez ressemblant à « Space Invader » du 1er Pretenders.

Cette compilation élargira notablement l’audience du groupe, qui se retrouvera rattaché à la vague des groupes en « The » (Strokes, Libertines, White Stripes, …) et du énième « renouveau » du rock du début des années 2000. Par la suite, notamment avec leur plus connu « Tyrannausorus Hives », le groupe soignera encore plus son versant pop et mélodique, et mettra en place un côté « cartoon » au niveau de son look, de ses clips et de son jeu de scène. Bien discret discographiquement depuis pas mal de temps...

Des mêmes sur ce blog :
Lex Hives

SIXTIES ARCHIVES - LOUISIANA PUNK (1983)


Garagistes du bayou
Dans la série de disques du label Eva consacrés à la scène garage U.S. des mid-sixties, escale en Louisiane, où comme partout ailleurs, les jeunes américains prennent en pleine poire la British Invasion, achètent des instruments, montent des groupes et essayent la plupart du temps d’imiter les Anglais. Avec des résultats variables … Faut dire que les compilations sur ce thème et cette période, il y en a déjà beaucoup, et d’excellentes (Nuggets, Peebles). Et quel qu’ait été le foisonnement créatif underground, les quelques-uns qui auraient mérité une reconnaissance de plus grande ampleur sont connus depuis longtemps. Inutile de chercher dans ce Cd le colossal groupe culte oublié par tous dont l’écoute va vous changer la vie … aucune légende en devenir, juste des bandes de potes qui jouent du rock …

Tenaces ...les Bad Roads en 2008
Les mieux représentés du lot avec trois titres, les Bad Roads, n’ont pas l’air très imaginatifs. « Too bad », certes intéressant, ne fait que recycler une mélodie des Yardbirds (celle de « Mr, you’re a batter man than I » en l’occurrence), « Blue girl » fait beaucoup penser au « Who do you love » de Willie Dixon et Bo Diddley, et leur reprise du « Til the end of the day » des Kinks est pas terrible, mais au moins, ils auront chanté un bon titre dans leur vie …

Les Bad Roads représentent une tendance du mouvement, celle des copieurs des Anglais … Ron Gray & The Countdowns, un titre excellent, les One Way Street (un bon « Tears in my eyes »), les cinéphiles ( ? ) Gaunga Dyns, les peu imaginatifs Satans procèdent de la même démarche …

L’autre tendance majeure, c’est celle des possesseurs de Farfisa, les Persian Market, Playgue, Surrealistic Pillar (bonne joke en référence à un fameux disque de l’Airplane), Moon-Dawgs …

Quelques uns, enfin, et ce sont les plus intéressants, tentent de fuir les stéréotypes, en affichant des références peu souvent de mise. Les Bad Boys livrent un bon rythm’n’blues très Stax, les douze cordes acoustiques d’Al Michael & The Medallions font penser aux Byrds…

Et puis il y a vers la fin un titre fabuleux, la reprise du « Smokestack lightning » de Lightnin’ Hopkins. On dirait exactement (le son, la rythmique, la voix, tout en fait) du Creedence repris par le Gun Club (« Run through the jungle »). L’auteur de ce miracle sonore prémonitoire s’appelle Joe DeGrinda, il est retourné aux oubliettes, mais là, l’espace de trois minutes, il a tutoyé les étoiles …

Ce « Louisiana punk », à l’origine un 33T sorti au début des années 80, est réédité depuis peu en « vinyl replica », soit un Cd dans une pochette cartonnée identique à l’originale, ce qui permet de profiter du visuel le plus repoussant (scanné sur un planche de Rahan ?) ayant jamais servi à enrober un disque. Niveau sonore incroyablement bas, notes de pochette illisibles sans microscope, même pas les dates d’enregistrement (tout entre 1965 et 1968 je dirais, mais c’est quand même le genre de détails qui compte pour les rares personnes que cet objet peut intéresser). Il est peut-être plus judicieux de rechercher d’occase les rééditions Cd du début des 90’s qui comprenaient des titres bonus …

THE TROGGS - HIT SINGLE ANTHOLOGY (1991)



Garagistes anglais

Pour l’éternité , les Troggs resteront comme le groupe de « Wild Thing », le « Louie Louie » européen. Les gens qui l’ont repris sont légion, mais parmi tous, ce doit être Jimi Hendrix qui en a livré les plus incandescentes versions.

Les Troggs, donc. Menés par un grand modeste, qui pour passer inaperçu, prit le pseudonyme de Presley (du nom d’un obscur chanteur  de Nashville, excusez du peu …) le groupe a fait son apparition dans les mid-sixties dans la mouvance garage (Creation, Action, Birds, Move,… ).

« Wild Thing » en a d’emblée fait des vedettes et les bons morceaux se sont rapidement succédés (« With a girl like you », « I can’t control myself »), mais avec à chaque fois un peu moins de succès. Ils sont tous présents sur ce Cd, reprenant chronologiquement les faces A et B des 45 tours de l’époque. Ainsi les hits du groupe sont donc les plages 1,3,5,7, etc.., ce qui a tendance à entraîner une écoute en pointillé, les faces B n’étant pas toujours captivantes. De plus, les derniers simples du groupe n’étant pas terribles et s’orientant plutôt vers une pop mièvre ou pire, des mélopées néo-babas (« When will the rain come »), l’attention se relâche facilement plus les plages du Cd défilent.

Mais bon « Wild thing » à lui tout seul sauve (presque) l’affaire.










BLACK LIPS - ARABIA MOUNTAIN (2011)


Sortie de garage ?

Dans le monde merveilleux ( ? ) du rock garage, les Black Lips passaient déjà pour des gars pas très sérieux. Parce que dans cette chapelle aux codes sonores immuables, aux compteurs spatio-temporels bloqués sur la seconde moitié des années 60, certains gardiens du Temple fronçaient les sourcils, quand ils entendaient le groupe d’Atlanta se décrire comme « flower-punk », le voyaient se laisser aller à des extravagances vestimentaires  saugrenues (pensez donc, ils ne s’habillent pas comme des motards en 1967), et au lieu des mines graves et sérieuses de mise à la ville comme à la scène, livrer des disques et des concerts plus drôles que ceux des Standells ou du Chocolate Watch Band en leur temps. L’excommunication méprisante semblait proche …
Alors, là pour le coup, les mêmes jésuites intégristes du binaire, ont failli en avaler leurs buvards d’acide et leurs Ray-Ban Aviator, et le net bruisse de leur indignation. Pensez, le nouveau Black Lips est produit par Mark Ronson, metteur en sons de la junkie chouchroutée Amy Winehouse qui vient de rejoindre Janis Joplin et les autres du club des auto-crucifiés à 27 ans, mais aussi de gens comme Lily Allen, Robbie Williams, Cristina Aguilera, Maroon 5 … on imagine la tête du fan de base du Brian Jonestown Massacre … L’objet incriminé s’appelle « Arabia Mountain », et parce qu’il faut choisir son camp, on va dire qu’il est très bien …
Certes, pas grand-monde va l’acheter et tout le monde l’aura sûrement oublié dans six mois, mais chaque fois qu’on le glissera dans le lecteur Cd, on a la certitude de passer un peu de bon temps. Qu’on ne voit pas filer, 16 titres pour les 40 syndicales minutes, ça va à toute berzingue, comme aurait dit Dutronc dont ils ont d’ailleurs repris le « Hippie Hippie Hourrah » sur disque et sur scène …
Le principe de base est simple, y’en a pas … On sent que ces gars-là ont mis des morceaux sur le disque parce qu’ils leurs plaisaient, qu’ils en étaient contents, et au diable les codes et le qu’en dira t-on … Des fois, c’est raté, le plus souvent c’est réussi. On navigue entre garage « classique » (« Mad dog », la tournerie très stoogienne « You keep on running »), power pop de haut niveau (« New direction », « Time », « Bicentenerial man »), influences 60’s évidentes (« Don’t mess my baby », « Go out and get it », cette dernière très Kinks, on jurerait une reprise, avec ses faux-airs de « David Watts »)… Il y a des moments qui ressemblent aux Ramones de « Pleasant dreams » (« Raw meat »), à d’autres ce sont les guitares qui carillonnent comme chez les Byrds ou Tom Petty (« Spidey’s curse »), il y a même un pastiche très réussi des Stones d’« Exile … », ça s’appelle « Dumpster dive » et ça ressemble à « Sweet Virginia », il y a de la pétillance radiophonique des Hives (« Family tree »), « Noc-a-Homa » pourrait être un petit hit sympa …
Et Ronson, là-dedans ? Il est paraît-il fan du groupe, et n’a pas trop forcé sur son côté producteur branché – tendance… A part une paire de titres un peu trop « voyants », son boulot est très intéressant, et propulse un genre que l’on croyait immuable vers des contrées plus « légères », respectant l’idiome de base, mettant bien en évidence des allusions aux Sonics par quelques beuglements de sax, rendant un hommage ( ? ) au quinzième degré à Roky Erickson en intégrant dans un titre non pas une cruche, mais un crâne ( ! ) électrique, prenant visiblement plaisir à décorer et enjoliver des titres qui à la base se devaient d’être coincés dans des carcans très stricts …
Ce « Arabia Mountain » est une bonne récré pour Les Blacks Lips, Ronson, et pour ceux qui l’écouteront. Que demande le peuple ?

Des mêmes sur ce blog :
Underneath The Rainbow