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MELODY'S ECHO CHAMBER - MELODY'S ECHO CHAMBER (2012)


Plein d'échos favorables ...

Et même un Top 20 dans les meilleurs disques 2012 du NME. Et quand on sait à quel point les mags musicaux anglais goûtent ce qui ne vient pas de chez eux (Melody’s Echo Chamber s’appelle Melody Prochet, elle est frenchie, cocorico !), on se dit que ce disque est vraiment excellent, ou que les Anglais sont vraiment putain de mal barrés …
Donc Melody est de l’ancien pays de Gérard Depardieu, pays qui également ne tarit pas d’éloge sur ce premier disque (en fait son second, son vrai premier sous un autre pseudo étant passé inaperçu). Elle donne, pour faire simple, dans la chanson sixties française, yéyé pour faire encore plus court. Et surtout elle a dans sa manche, ou plutôt en studio, l’atout maître du moment, Kevin Parker, alias le leader maximo de Tame Impala.
Melody Prochet. Dans l'attente de l'ami Ricoré ?
« Melody’s … » est un joli disque, c’est sûr. Qui a quand même tendance à tourner un peu en rond. Il y a un parti pris systématique de noyer la voix dans des tonnes d’effets (d’où le titre ?), la rendant quasi-incompréhensible. Egalement un parti pris de construire tous les morceaux sur à peu près les mêmes mid-tempo. Egalement un parti pris de les noyer sous des arrangements de synthés rétro tournoyants…
La voix de Melody Prochet évoque fortement celle de la disparue chanteuse de Broadcast, on lit ça partout. Soit, j’ai jamais écouté le moindre disque de ce foutu groupe. Moi, ce que cette galette m’évoque, c’est le shoegazing, cette impression d’écouter de la musique la tête sous l’eau, ces vagues de synthés analogiques « liquides » tournoyantes, comme les guitares « liquides » de la bande à Kevin Shields. Ça m’évoque aussi les tableaux impressionnistes, on voit de quoi il retourne, mais les contours restent flous, toutes les touches de couleur se mélangent …
« Melody’s … » n’est pas un disque d’électro, c’est à la base constitué de chansons « classiques » couplets-refrains. D’ailleurs les guitares peuvent rugir comme sur l’intro de « Some time alone », les parties de batterie sont au départ certainement bien réelles, mais sont recrachées et émulées par des machines. Ce qui amène à dire un mot sur le travail de production de Kevin Parker. Qui n’a pas le talent de David Fridman, le metteur en sons de Tame Impala. Même si les leçons ont bien été retenues, Parker a manifestement pris quelques notes durant les sessions de « Lonerism ».
Des choses se distinguent quand même, l’évident single « I follow you », le bon cescendo de « Quand tu vas rentrer » (un des deux seuls titres en français), la comptine-berceuse « Be proud of your kids » (tiens, par association d’idées, je pense à « Kids » ou « Kill your sons » de Lou Reed, le « rock » ou ce qu’il en reste est bien rentré dans la norme …).
Alors peut-être que Melody Prochet qui déjà se situe au cœur de la « tendance » et de l’actualité aura les moyens (elle a étudié des années la musique classique, joue il me semble du violon alto comme John Cale) d’écrire de grands titres (ici, c’est quand même un peu léger, dans tous les sens du terme). Et le résultat, finalement, n’est guère éloigné de ce que faisait un Daho dans les années 80-90, comme quoi rien ne se perd jamais vraiment.
Et ça reste à mon sens très en deçà de Vanessa & the O’s pour le côté sixties yéyé, ou des productions de Burgalat, vrai esthète de la chose pop française rétro avec son label Tricatel, et ses masterpieces comme le « Chrominance decoder » d’April March.
Là, maintenant, Melody Prochet, m’évoque furieusement, même si la musique n’a rien à voir, les débuts d’Emilie Simon. J’espère pour elle qu’elle s’en sortira mieux par la suite et ne finira pas à l’IRCAM …

De la même sur ce blog : 


JEAN-MICHEL JARRE - LES CONCERTS EN CHINE (1982)


Nuits de Chine, nuits câlines ?

Jarre, c’est un peu le Guetta du siècle dernier… le type qui fait de la musique électronique et que tout le monde connaît. Même s’il y a une nuance, et pas petite. L’un des deux est un musicien.
Même si perso, ce que je préfère de l’œuvre de Jarre, c’est les textes qu’il écrivait pour Christophe à l’époque des « Paradis perdus » et des « Mots bleus ». Et qu’il ait eu du succès avec sa musique électronique de supermarché n’est pas honteux, il était impliqué depuis des années tant dans l’avant-garde musicale que dans celle des technologies électroniques. Il sera en plus assez malin pour se différencier des autres sur le circuit pop-rock , s’orientant dès ses premiers succès vers des concerts événementiels devant des foules considérables plutôt que de banales tournées de promotion dans les salles de spectacle traditionnelles.
Et puis, fin 1981, il franchira encore un pas dans la célébrité en donnant cinq concerts dans la très rigide et fermée République Populaire de Chine. Générant une campagne de com assez irréelle, genre « le premier artiste à donner un concert de rock en Chine ». Bon, Jarre a autant à voir avec le rock qu’un Burger King avec la gastronomie, et les Chinois, déjà à l’époque pas plus cons que d’autres lorsqu’il s’agit de donner dans la dialectique de propagande faisaient preuve « d’ouverture » à bon marché.
En embauchant Jarre, ils risquaient pas une « yellow riot » à la Clash, ni le risque pour la population d’être subvertie par des paroles engagées, puisque Jarre, c’est uniquement instrumental. Ces concerts avaient été une grosse affaire, tractations diplomatiques interminables commencées sous Giscard et conclues sous Mitterand, et avaient tout de l’aventure totale. Les très rares journalistes français autorisés à couvrir l’événement faisant état de conditions techniques locales très précaires, d’encadrement militaire de l’équipe de la tournée et de la presse, d’un public trié sur le volet autour des incontournables dignitaires locaux du PC, lequel public n’était pas autorisé à se lever pendant le spectacle, et devant par des applaudissements polis et dosés au décibel près (des rumeurs faisaient état avant les concerts du public répétant ses applaudissements), destinés à marquer sa déférence pour l’artiste étranger invité, mais aussi sa distance pour cette forme de divertissement toute capitaliste et donc quelque part diabolique.
L’intérêt musical de ces deux Cds, compilation des cinq concerts donnés à Pékin et Shangaï est assez anecdotique, pour plusieurs raisons. Les concerts de Ian Missé Iarre (comme l’annonce la speakrine locale) sont des spectacles son et lumière dont la musique n’est qu’un des aspects, et donc le format DVD est à privilégier au support Cd (ce concert n’existe pas en DVD, ne pas le confondre avec ceux donnés en 2004). Les conditions techniques locales, avec leurs coupures de courant, leurs orages (non, les Chinois n’ont pas entonné « No rain, no rain » comme à Woodstock alors que des trombes d’eau tombaient sur Shangaï) ont fait que les pistes son ont été très largement remaniées en studio, certains titres étant paraît-il même entièrement refaits.
Reste le témoignage d’un événement pseudo-historique, très loin des choses pharaoniques que Jarre donnera par la suite (ils ne sont que quatre sur scène en Chine), passant en revue les titres les plus faciles et accessibles de son répertoire tirés essentiellement de « Equinoxe » et des « Chants magnétiques », intégrant des sonorités locales (« Jonques de pêcheurs au crépuscule »), taquinant des décollages floydiens (« Ouverture », « Souvenir de Chine »), la jouant un peu facilement « rétro » (« La dernière rumba »), singeant le rock à grand renfort de guitare-synthé et batteries Simmons (« Orient Express », finalement pas plus mauvais que ce que faisait Genesis à la même époque).
Les Chinois ont particulièrement apprécié, à tel point que Jarre s’est vu offrir par les autorités de Pékin ... un side-car.

JULOS BEAUCARNE - JULOS CHANTE POUR VOUS (1970)


Mignonne, allons voir si la rose ...

M’en souviens … c’était vers le milieu des seventies, on finissait quelques fois les soirées chez des babas cools, assis-écroulés par terre, plafond tapissé de fumées aromatiques, et vinyles qui tournaient sur des stéréo pourries … et avant les trucs qui déchiraient leur race (chez ces gens-là, c’était Gong ou Yes, ceci expliquant de vieilles haines tenaces pour ces guignols), on avait droit à tous ces fuckin’ poètes « engagés » sur la platine, les Ferré, Ferrat, Béranger et consorts … et dans le lot, ce zigoto au blaze improbable, Julos Beaucarne.
Un nom pareil, ça s’invente pas. Faut dire qu’il est Belge, ça n’explique pas tout, mais ça donne des circonstances atténuantes. Il paraît qu’au fil du temps, ce gonzo est devenu une institution dans son plat pays, une sorte de gourou écolo-rustique. Et même si nous on est putain de mal barrés, faut être sport et reconnaître que les Belges ont vraiment pas de chance avec leurs chanteurs …
Cet illuminé a enregistré une palanquée de disques, dont ce « Julos chante pour vous », très prisé chez les babs suscités. Même avec les précautions d’usage (gaffe aux incidents diplomatiques, y’a des Flamands et des Wallons qui me lisent parfois), il faut dire les choses, ce type est un ringard perpétuel total. Un gus obnubilé par les poètes de la Pléiade  (Ronsard, Du Balai, tous ces types morts y’a presque 500 ans), et la littérature courtoise (fin du paléolithique supérieur, XIIIème siècle).
C’est tellement cliché dans le genre guitare en bois et vocabulaire désuet que ça ferait passer ses semblables Guy Béart et Yves Duteil pour de dangereux punks. Il y a dans ces odes à sa douce mie (prononcez comme Julos « mi-euh », tous les « e » sont accentués chez les poètes ringardos) plein de mots que même le fan-club de Julien Lepers (ou de Sexxion d’Assaut) ne doit pas connaître.
D’ailleurs, à titre didactique, et pour épater ceux qui dans le temps sont allés voir sur le Larousse ce que signifiait « désinvolte » de Noir Désir ou « obsolète » de MC Solaar, voici, piochée dans la poésie rance de ce skeud, un florilège de mots à éviter sur vos prochains SMS : ingénu, déplaise, embruns, chanteur mécanique (pour juke-box !), cahote, gavotte, barde, troubadour, mandoline, écu, mijaurée, minauderie, ambroisie, enchanteresse, sollicitude, majordome, patriarcale, électrolyse, ostensoir, sire, tromblon, gélatineux, picote, frimas, zéphyr, mirer, … quant aux douces et tendres qu’il courtise, elles se prénomment Aldegonde, Rose, Gertrude, Elyse …
Logiquement, à côté de pareilles choses, le premier Le Forestier a fait figure de disque de folk révolutionnaire …

THE BEWITCHED HANDS - VAMPIRIC WAY (2012)


Ensorcelant ...

Une fois terminée l’écoute de ce « Vampiric way », on se dit que, tiens, Arcade Fire a finalement simplifié son propos et sorti un très bon disque. Parce qu’ils vont pas y couper, les Bewitched Hands, avec cette comparaison. Mêmes genres musicaux abordés (en gros de la pop à tendance lyrique), et même enchevêtrement de voix masculine-féminine.
Sauf que là où les Canadiens et leurs plus ou moins semblables (Of Montreal, MGMT, Sufjan Stevens, …) se complaisent dans un m’as-tu-vu sonore, essayant de faire de chaque titre un autre « Good vibrations » (jusqu’à présent, il n’y en a qu’un, et il est signé Brian Wilson, un type d’un calibre quand même nettement supérieur à tous les chérubins suscités), les Bewitched Hands se contentent à chaque fois d’un morceau simple, mais qu’ils poussent dans ses derniers retranchements. Avec eux, pas de mélodies à tiroirs et en cascade, pas de changement de rythme tous les trois accords. Juste une intro, des couplets, un pont, un refrain, travaillés avec une précision d’orfèvre. Et des harmonies vocales (à peu près tous chantent ou font les chœurs) sans équivalent en Hexagonie (qui a dit Les Compagnons de la Chanson ou les Frères Jacques ? tu sors, et vite …)
Les Bewitched Hands dans un champ (de fraises pour toujours ?)
Pour leur malheur, les Bewitched Hands sont Français, et pire, même pas Parisiens. Circonstance aggravante, ils chantent en anglais (demandez aux Dogs ou à Little Bob s’ils ont fait fortune en s’exprimant dans la langue de Lily Allen). Et ils sont une demi-douzaine les Bewitched Hands … j’ai comme l’impression que pour distribuer les royalties, il va pas y avoir beaucoup pour chacun … et j’allais oublier la pochette, tellement moche qu’on dirait une version fluo d’une des Têtes Raides …
Plus suicidaire comme démarche, ça va être dur de faire mieux. Et pourtant, tous ceux qui n’achèteront pas, n’écouteront pas, ne téléchargeront pas (rayer la mention inutile, un indice, c’est la première), auront, une fois de plus, tort.
Le public potentiel est pourtant énorme. En dehors des pompiers évoqués plus haut, tous les amateurs des Beatles, Beach Boys, Zombies, Left Banke, Mamas & Papas, voire Madness, Sparks, Carpenters, ABBA, Flaming Lips, Undertones, …, en gros tous ceux qui ont produit de la pop de qualité depuis cinquante ans, se retrouveront quelque part sur ce disque. « Vampiric way » n’est pas un vulgaire plagiat (enfin, si les Madness envoient pas leurs avocats pour « Boss » qui ressemble étrangement à « Our house », ils auront de la chance), leur disque fonctionne davantage comme la proverbiale madeleine proustienne (le dernier titre, « The laws of wall », pour moi ça sonne exactement comme du ABBA, mais je connais pas un titre des Suédois qui ressemble à çà, et … oh putain, que je me suis mis dans de sales draps, là …) que comme un vulgaire copier-coller.
Il n’y a pas grand-chose à jeter dans ce « Vampiric way », douze morceaux hyper travaillés (bon allez, « Let me », « Hard love » et « Vampiric way » le morceau, je les trouve un peu inférieurs au restant, mais ils sont pas honteux pour autant).
Mention particulière à l’inaugural « Westminster », cathédrale pop baroque, « Ah ! Ah ! Ah ! Ah !» (que j’ai lu quelque part comme ressemblant à du Flaming Lips, et ça m’a l’air d’être vrai), « Words can let you down », ballade romantique très seventies à la Carpenters – Il Etait Une Fois (putain, j’ai comme l’impression de m’enfoncer, mais j’y peux rien, les seconds copiaient éhontément les premiers).
Bon voilà, le meilleur disque français de l’année est sorti il y a quelques semaines. Il s’appelle « Vampiric way » et c’est les Bewitched Hands de Reims qui l’ont fait …

MIOSSEC - L'ETREINTE (2006)


Miossec se mouille ...

J’ai pas tous ses disques, j’en ai juste une petite poignée. Et celui-ci me semble son plus intimiste, celui où Christophe Miossec dévoile son âme, ce qui coûte plus que de montrer son cul (dixit Gainsbourg).
Derrière une pochette que je trouve très moche (due à un de ses potes peintres, également responsable de l’artwork du livret), se cache un de ces essais musicaux introspectifs que je redoute, sur lequel un quidam vient raconter sa vie et chialer sur l’épaule d’un auditeur qui n’a rien demandé.
Ce coup-ci, ça passe, peut-être parce que quelque part Miossec ne « joue » pas, et qu’il se livre. Il y a des textes qui en disent tellement qu’ils sont vrais, et ne sont pas là par hasard. Il y a des plaies béantes, de vraies blessures de l’âme qui apparaissent, mais derrière tout ça une humilité, une humanité. Miossec ne se plaint pas, ne cherche pas le réconfort, il se raconte …
Musicalement, ça donne dans « l’ambiance ». C’est pas vraiment du rock, du folk, ou un mélange des deux, ça tient plus du nappage instrumental que de la récitation d’un genre identifié, ça se contente de pulser, de swinguer gentiment. C’est tout entier au service des mélodies, et il y en a quelques-unes de bien foutues (« L’amour et l’air », la plus belle et marquante, « Mon crime : le châtiment », « La facture d’électricité », …).
C’est au niveau des textes qu’il a fait fort, Miossec. Fini le poivrot existentiel, le Tom Waits mâtiné de Gainsbourg des débuts, et place à un adulte qui a morflé, et qui nous montre ses bleus à l’âme. Dans des thèmes difficiles, dont beaucoup tournent autour de l’amour (de sa vie, de celle qui est partie, de celle qu’on voudrait reconquérir, …), et de toutes ces choses anodines et intimistes qui ne marquent l’existence que de celui qui les vit. Il faut oser, et surtout trouver les mots qui sonnent juste et vrai pour chanter des choses comme « Maman », « Quand je fais la chose », « La grande marée », « L’imbécile », « L’amour et l’air ». Tous ces titres introspectifs occupent le cœur du disque, et il n’y a finalement qu’au début et à la fin qu’on retrouve un Miossec connu. L’observateur acerbe de la société, de ses aléas et de ses travers avec la géniale « La facture d’électricité », une des choses qui parlent autrement mieux du chômage que des heures de discours politiques ou syndicaux. Et les deux derniers titres (au demeurant peut-être les plus faibles du disque), la conventionnelle ballade « Julia » et la berceuse « Bonhomme », dans lequel les coïncidences avec un double disque blanc de quatre types de Liverpool sont tellement troublantes qu’il ne peut s’agir que d’un hommage, décalé, certes, mais hommage quand même.
Les fans des débuts semblent assez partagés sur ce disque, qui évite, vus les thèmes abordés, de tomber dans les soupes braillées à la Ferré (l’excellent « La mélancolie »), les pleurnicheries à la Charlélie Couture (« Le loup dans la bergerie », bonne joke, mais à quel degré faut-il prendre ce titre ?). Qui évite aussi les chansons d’amour avec violons terminalement nulles. Non, Miossec avec ce disque ne fait pas non plus un revival Mike Brant.
Il est juste là, en face de nous, avec son cœur qui saigne. Et il nous montre qu’un cœur qui saigne, ça peut être beau …

Du même sur ce blog :
Boire

JOHNNY HALLYDAY - JOHNNY, REVIENS ! LES ROCKS LES PLUS TERRIBLES (1964)


Ah que oui !

Il serait trop facile de dézinguer la vieille idole. Sauf que plein de gens talentueux avec des arguments solides comme ça l’ont déjà fait, depuis plus de cinquante ans. Tout le monde les a oubliés et Jean-Philippe Smet est toujours là, Statue du Commandeur inébranlable du rock français. Du rock français ? J’en vois qui rient aux éclats, que le rock français ça existe même pas, et que l’autre là, le Johnny, déjà il est pas Français il est Belge ou Suisse, allez savoir, et il est encore plus con en vrai que sa marionnette des Guignols … Ben z’avez tort … enfin pas sur tout, mais z’avez tort quand même.
D'où viens-tu Johnny ?
Je m’explique. La concurrence, Johnny les a tous enterrés. Au propre, souvent, et encore plus au figuré, suffisait pour ça qu’il monte sur les planches, aujourd’hui comme il y a cinquante ans, que ce soit devant cent personnes ou cent mille, et là, tous, même Didier Wampas, ils sont tout petits. Tous ceux qui dans la musique ou la chansonnette ou les deux en France ont eu leur quart d’heure ou leur décennie de gloriole sont venus en rampant lui apporter une chanson (généralement très mauvaise, mais c’est pas, ou c’est plus le problème) qu’il leur avait demandée. Et ceux qui n’ont pas encore eu ce privilège seraient prêts à bouffer les varices de leur grand-mère et feraient sous eux de joie si une voix au téléphone leur disait : « C’est le management de Johnny, il aimerait bien bosser sur un truc avec vous … ».
Parce que Hallyday est une légende. Surévaluée comme toutes les légendes. Au moins les trois-quarts de ses disques sont des daubes infectes. Mais il y a très longtemps, au siècle dernier, dans les années 60, et malgré quelques bêtises sonores retentissantes, il a sorti des disques qui ont forcé le respect de tous et généré des hordes d’admirateurs béats. Des disques en public, certes le plus souvent (les séries à l’Olympia, au Palais des Sports), mais aussi quelques sacrées rondelles en studio avec Mick Jones et Tommy Brown. Jones et Brown … deux Anglais. Parce que très vite Johnny (ou ceux qui géraient sa carrière) a voulu avoir les meilleurs musiciens pour l’accompagner. Et il valait mieux laisser de côté la plupart des Français, soit baltringues incompétents, soit requins de studio ultra-techniques ne rêvant que de jazz-fusion. Totalement incompatibles avec le rock’n’roll que voulait faire Hallyday.
Les zicos qui l’accompagnent sur ce disque, baptisés Joey & the Showmen constituent un assemblage cosmopolite (frenchies, ricains, british), mais envoient le bois grave, et c’est ce qui importe. Le concept du disque est simple, voire simplet : adapter en français des standards du rock’n’roll américain. Comme d’hab et comme toujours, Johnny ne fait que suivre ce qui a déjà été fait. Notamment l’année précédente par son rival mais néanmoins ami Eddy Mitchell (« Eddy in London »). Bon, on peut comparer les deux, trouver Schmoll plus subtil, plus cultivé, plus drôle, plus tout ce qu’on veut, mais dès qu’il s’agit de chanter le rock’n’roll, y’a plus photo, victoire par KO de Jojo …
Joey (Greco) & the Showmen
Ce « Johnny, reviens ! » compte quatorze titres, quatorze standards des pionniers du rock, aujourd’hui connus et célébrés de tous mais à l’époque (1964), seuls quelques rares maniaques en France causaient Elvis, Chuck Berry, Little Richard, ou Gene Vincent. Les adaptations (la plupart dues à Manou Roblin), mêmes si elles ne visent pas le Nobel de littérature, ne sont pas plus neuneues que les versions originales. Musicalement, c’est exécuté pied au plancher en 2’30, produit en stricte mono (il existe évidemment et malheureusement des rééditions stéréo à fuir) pour que tu  prennes ça droit dans ta face, et ça s’embarrasse évidemment pas de solos de xylophone ou de violoncelle. Guitares, basse, batterie, un peu de piano, quelques cuivres au fond du mix, et roulez petits bolides … Hallyday, quiconque doté d’une paire d’oreilles en état de marche s’en est aperçu, est un grand chanteur, et là, dans un registre hyper-basique, il est impressionnant.
Joey Greco, Claude Djaoui, et un joueur de air guitar ...
Il suffit d’écouter ses versions de « O Carol ! » ou « Suzie Q » qui valent bien celles des Stones sorties à peu près simultanément, et Jagger qui n’est ni sourd ni sot, a souvent clamé haut et fort son respect pour Hallyday le chanteur. Les versions de Johnny n’ont rien à envier aux interprétations de Chuck Berry (plus doué à la guitare et à la composition qu’au chant), ni même à celles de Presley, qui lui est quand même un sacré client derrière le micro, c’est le moins que l’on puisse dire. D’autant plus qu’en jouant quelquefois malignement sur le tempo, Hallyday parvient à ne pas faire des copies conformes, il apporte sa propre patte à des titres entendus des milliards de fois. La seule réserve concerne les quatre morceaux correspondant aux titres popularisés par Little Richard. On ne touche pas impunément au répertoire de Petit Richard sans prendre le risque de se couvrir de ridicule. Ici, seule « Belle », adaptation de « Ready Teddy » soutient le choc de la comparaison, les trois autres (« Lucille », « Long tall Sally » et « Good Golly Miss Molly ») sont nettement inférieures aux versions originales. C’est pas honteux pour autant, McCartney et John Fogerty sont les deux seuls au monde à pouvoir reprendre le curé gay, tous les autres faisant rire ou pitié dans cet exercice (j'entends les cris d'orfraie de mon fan club féminin, oui, les filles, d'accord, y'avait aussi Wanda Jackson qui s'en sortait plus que bien) …
Le résultat, il est simple. « Johnny, reviens ! » est un Himalaya du rock français (allez, je me mouille, je vois guère que « Tostaky » de Noir Dèz ou « No comprendo » des Rita de ce calibre-là). Et dans le même genre de disques axé sur des reprises de standards de old rock, ce skeud de Jojo voisine sans problème des choses comme le « Back in the USA » du MC5 ou le « Teenage head » des Flamin’ Groovies … Du lourd, du très lourd, je vous dis …

GOGOL - LE RETOUR DE LA HORDE (1986)


Un peu de poésie ...

S’il y a bien un retour que pas grand-monde attendait, ou au choix, dont tout le monde se foutait, c’est bien celui du Sire Gogol Ier et de sa Horde. Gogol (Jacques Dezandre pour l’état-civil) n’a jamais vraiment mobilisé les foules derrière son auguste personne et sa musique. La musique, c’est du primaire, peu ou prou un gros bordel punky. Le personnage suscitait au début des années 80 des réactions diverses, entretenues par des shows destroy, porno-scato et provocateurs. Gogol Ier ne laissait pas indifférent, mais était loin de faire l’unanimité, surtout si l’on ne dépassait pas l’approche au premier degré… Auto-proclamé gourou-pape de son propre culte, Gogol se présentait sur scène en soutane, portée comme les Ecossais portent le kilt, offrant donc à ses fidèles ouailles la contemplation de sa virilité…
Gogol et la Horde, c’est pas vraiment l’imagination élégante au pouvoir, c’est violent, vulgaire, bête et méchant. Dans le style Hara-Kiri – Charlie Hebdo, version binaire. Farouchement indépendant, forcément loin de tout « pacte » avec une major, à tel point que les disques de Gogol ne sont aujourd’hui trouvables (tout de même au prix fort) que sur le site du groupe, et témoignent d’une « carrière » en pointillés mais qui semble t-il perdure encore.
Ce « Retour de la Horde » comme son nom l’indique succédait à une période plutôt silencieuse au début des années 80. Le titre éponyme est une introduction martiale à grosses guitares tendance Hendrix (à la place du « Star spangled banner », il y a quelques notes saturées de « La Marseillaise »). On « pénètre » dans le vif du sujet (hum …) avec « Voilà des paroles faciles à comprendre », porte d'entrée sur fond de punk-rock primaire à chœurs hooliganesques, à l’univers tout en rimes riches de Gogol.
Ensuite, ça part un peu dans tous les sens, on quitte souvent le domaine musical pour de courts spoken words tout en délicatesse, « Je pisse » et son bruit de bidet final, « Dernière prière du soir » imprécation de prêtre pédophile, le confus règlement de compte « Vengeance anonyme ». Musicalement, ça casse pas toujours des briques (« Je bois et je suis le Roi » rock lent et lourd plutôt commun, « Moi » pénible electro-punk comme en faisait le B.A.D. de Mick Jones ), il y a vers le final un parti pris de punk crétin, « On se calme », ou « Mais qui va nous faire marrer » en hommage à Coluche fraîchement encamionné. En gros, Gogol délire bien, et se fout totalement de ce qu’on peut bien en penser.
Parfois ce délire égomaniaque frappe juste et fort, comme le rageur « J’encule » sur fond de piano-bar Rive Gauche ou encore le disco-punk pétainiste « Travail Famille Patrie » qui aurait été encore plus amusant s’il avait réussi à faire un hit.
Evidemment, tous les moralisateurs (ou les mélomanes) qui prennent tout çà au premier degré vont être offusqués par tant de vulgarité. Les autres souriront souvent devant cette rabelaisienne crétinerie, qui s’avèrera sans limite quand Gogol, à l’instar de Coluche annoncera sa candidature à une élection présidentielle (en 1988 il me semble). Il n’ira pas plus loin que la déclaration d’intention …
Bonne vanne pour la pochette qui pastiche la première page du Libé de l’époque avec édito de « Philippe Grandes Manœuvres » que Gogol n’a pas vraiment l’air d’apprécier …

MICKEY 3D - TU VAS PAS MOURIR DE RIRE ... (2003)


Quoique ...

J’ai du rater un épisode, une mode, quelque chose … parce que là, je comprends pas trop …
Comment des choses aussi quelconques que ce disque, peuvent être perçues comme des révélations, des jalons qui comptent dans cette décennie ? Certes, il m’arrive parfois aux oreilles, voire plus souvent que ça encore, des choses infiniment plus mauvaises que Mickey 3D.
Mais comment se fait-il que ce machin, plein de « bons sentiments » à deux euros, d’une qualité musicale famélique, avec un type qui chante à faire passer Gainsbourg pour Placido Domingo ses textes écolos-centristes pour collégiens concernés, comment se fait-il donc qu’il s’en soit vendu des camions ?
Comme tout le monde, j’avais entendu cette scie « Respire », appris que le gars qui avait écrit ça, c’était celui de la semblable scie « J’ai demandé à la Lune » des vieux ados gothiques Indochine (les Cure bleu-blanc-rouge, les bonnes chansons et les bons disques en moins). J’avais trouvé « Respire » aussi vite fatigant que les machins  de Louise Attaque, le putain de violon en moins, et les synthés façon electro en plus, ce qui n’est pas forcément mieux.
Et bien, après écoute plus ou moins attentive du skeud, je suis en mesure d’affirmer que « Respire » est de loin le meilleur titre de cet album, c’est dire si avec tout le reste on s’emmerde ferme. Le gars derrière tout çà (Mickael Furnon, c’est en fait quasiment Mickey 3D à lui tout seul), ne sait effectivement pas chanter (bonjour la monotonie), et en gros écrit toujours la même chanson accompagnée des mêmes textes de flippé désabusé. Il n’y a rien ici d’original, on a même quelques fois l’impression, au gré des arrangements (c’est le seul truc qui différencie les morceaux, selon que ça donne dans l’ethnique-world, l’acoustique, l’électrique, l’électronique) que l’on a entendu tout ça en beaucoup mieux chez d’autres.
Chez Louise Attaque, et donc chez leurs pères électriques Noir Désir, particulièrement flagrant sur le titre caché (« Avance » ?), chez Miossec aussi (qui même à jeun pulvériserait le pauvre Mickey niveau textes), voire au détour de quelque sonorité arabisante chez les Négresses Vertes.
Niveau écoutable si on a vraiment rien de mieux à foutre, j’ai noté « Ca ne m’étonne pas », chanson yéyé avec chanteuse à voix acidulée, « La mort n’existe pas » malgré des paroles putain de simplettes, et « Beauseigne » avec ses arpèges à la Byrds-REM …
Il semblerait que le groupe n’existe plus … C’est con, j’avais oublié d’en écraser une larme …



CORONADOS - UN LUSTRE (1989)


Epitaphe

Ils auraient pu être … le groupe français d’une génération, ou quelque chose comme ça. Ils ont été les Coronados, pour deux tours de piste, « N’importe quoi » en 1984 et ce « Un lustre », forcément cinq ans plus tard.
Les Coronados avaient tout pour eux. Une crédibilité sans faille, eux les provinciaux de Limoges montés à Paris pour matraquer d’abord, puis peaufiner ensuite leur rock garage. Ils pouvaient compter sur le soutien indéfectible des fanzines, de la presse rock, avaient des fans chez les chroniqueurs de la presse dite sérieuse, tout un buzz patiemment fomenté.
Parce que si leurs prestations étaient violentes et chaotiques, c’étaient des bosseurs. Acharnés, même, d’après ceux qui les ont côtoyé, remettant inlassablement sur l’ouvrage leurs morceaux, fignolant avec un soin maniaque leurs compositions.
Les Coronados, début des années 80
« Un lustre », dans sa version originale, comporte dix titres dont deux reprises et dure demi-heure. Mais chaque seconde compte, on n’est pas dans une configuration d’enregistrement où l’on passe deux heures à régler le matos, et puis on balance les morceaux sans rien toucher et on garde la première prise. Il y a un qualificatif à manier avec précaution que j’ose lâcher, c’est spectorien. Non pas dans le résultat, c’est pas le Wall of Sound ici, mais il y a mille trouvailles, mille gris-gris sonores dans ce disque. Responsables, le groupe et l’ingé-son Didier Le  Marchand, au pedigree impressionnant, qui a traîné en studio avec foultitude de gens, de la scène rock et alterno française (Little Bob, Road Runners, Stinky Toys, Pigalle, …), jusqu’au gotha du rock mondial (Prince, Dylan, Michael Jackson, Miles Davis, Patti Smith, Peter Tosh, Kraftwerk, …). Chaque titre est conçu indépendamment des autres, il n’y a pas d’unité sonore dans le mix, les arrangements très nombreux sont chaque fois différents, les textes alternent français (le plus souvent) et anglais, la voix n’est jamais utilisée de la même façon. Et miracle, ce disque ne sonne pas comme un patchwork, un collage contre nature de bric et de broc, il y a derrière tout cela une impression d’homogénéité qui se dégage.
Il y a un choix délibéré de mettre les mélodies en avant, au détriment du mur de guitares crasseuses qu’on serait en droit d’attendre, certains titres n’évoquent en rien le rock garage, c’est de la pop first class (« Un lustre », « Encore », « Inutile de dire », « Pas de raison de se plaindre », …). Il y a aussi cette envie d’afficher des racines, de montrer d’où l’on vient musicalement (le tex-mex de « Collectionneur maniaque », le rock hardcore de « Chienne de retour », le garage psyché de « Comment croire … »). Les reprises, on sent aussi qu’elles ne sont pas là par hasard, soigneusement choisies, un titre de Muddy Waters – Willie Dixon (« I live the life I love ») traité façon Cramps, un shot de rock’n’roll brut et sauvage signé Gerry Roslie, le furieux chanteur des Sonics (« I’m gonna dance ») …
Dès la sortie du disque, tout le « réseau » se mit en branle, les articles dithyrambiques fleurirent et … le disque se ramassa. La « faute » à une parution sur un tout petit label indépendant, qui n’avait pas les moyens d’affronter la concurrence des majors derrière des Rita Mitsouko ou des Mano Negra alors au sommet de leur popularité, en attendant le raz-de-marée imminent des « Sombres héros de la mer » de Noir Désir. Les jours des Coronados étaient dès lors comptés, le groupe se sépara l’année suivante.
« Un lustre » a été réédité avec un bonus (« Un lustre … et plus »), tout comme leur premier (« N’importe quoi », plus rock, plus garage, plus basique), et les deux Cds présentent à peu près l’intégrale des enregistrements des Coronados. En bonus sur « Un lustre », on trouve notamment une superbe ballade (« La disparition des possibles ») et deux versions live ultra sauvages et destroy de classiques de la Tamla (« Money ») et Screamin’ Jay Hawkins (« I put un spell on you »), avec le renfort au chant (enfin, façon de parler, c’est chanté atrocement faux comme d’hab) de Patrick Eudeline.

JACQUES DUTRONC - JACQUES DUTRONC (1967)


On nous cache tout, on nous dit rien ...

Tout le monde aime Jacques Dutronc. Généralement pour de mauvaises raisons. Dutronc est pour certains au Panthéon de la chanson française de qualité. Faut pas déconner, il a pas écrit les paroles d’un seul de ses bons titres. Et des bons titres, justement, hormis peut-être le scato-punk-rockab « Merde in France », il en a pas sorti un depuis presque 45 ans.
Alors, faute de bonnes chansons depuis des siècles, on se gargarise du personnage Dutronc. Le gentil poivrot à l’humour tongue-in-cheek, le dandy feignasse, le timide qui cache ses complexes derrière ses Ray-Ban, l’amoureux des chats et de la Corse, que sais-je encore … Et le mari de Françoise Hardy. Françoise Hardy ? Qui a dit ça ? Ah, ben là, fallait pas, ça va tomber comme à Gravelotte. Cette vieille mémère bobo diseuse de bonne aventure me gonfle grave, surtout quand elle parle. Ce qu’elle raconte est du même tonneau que ce que raconte sa quasi contemporaine Brigitte Bardot, une piquette verbale plus qu’idéologiquement douteuse. Mais voilà, celle qui buvait des drinks dans les boîtes londoniennes avec Mick Jagger, Keith Richard et Brian Jones, qui avait Bob Dylan à ses pieds dans un hôtel parisien, a fini par croire que ces gens-là la trouvaient intéressante et cultivée. Ben non, ils voulaient juste te sauter, parce que tu représentais un fantasme, l’image de la fille idéale des sixties avec ton look longiligne, tes grands yeux tristes et tes mini-jupes Paco Rabanne. Ils en avaient rien à cirer de ce que tu pouvais raconter, faudrait comprendre ça un jour, et la fermer maintenant … Voilà, voilà … Les inconvénients du direct …
Revenons donc à Dutronc. Très surestimé selon moi depuis ce disque, aucun de ceux qui ont suivi n’atteindra le niveau de ce premier effort. C’est bien simple, au  moins la moitié de ses meilleurs titres est sur ce « Jacques Dutronc » de 1967. Même pas un « vrai » disque, puisque la réunion de 3 Eps parus un peu plus tôt dans l’année, mais qu’importe. Un Dutronc qu’il faut replacer dans le contexte de l’époque, la France de De Gaulle, en pleine vague yé-yé retombante. Dutronc est grouillot chez les disques Vogue, guitariste dilettante d’un groupe de quatrième zone, El Toro et les Cyclones. Son patron chez Vogue, Jacques Wolfsohn cherche un concurrent à Antoine. Dutronc amène des chansons qu’il a composées, aux textes signés Jacques Lanzmann, écrivain « engagé » (en gros, proche des idées communistes). Pour ne pas rater le train contestataire mis sur les rails par Antoine, et faute d’avoir mieux sous la main, Wolfsohn poussera Dutronc derrière le micro … on connaît la suite…
Dutronc est un amateur de rock. Ça se voit rien que sur la pochette, tenue vestimentaire mod classique, le même genre de fringues que portaient Steve Marriott, Pete Townsend, Roger Daltrey et les frangins Davis sur leurs photos en 1966. Et dès qu’il y a un titre « rock » chez Dutronc, on retrouve tous les tics sonores repérés chez Small Faces, Who ou Kinks, mélodies énergiques  et guitares fuzz (« Sur une nappe de restaurant », « J’ai mis un tigre … », le quasi Sonics « Les gens sont fous … », le très méchamment rock’n’roll « Mini-mini-mini »).
Il y a dans ce premier disque les titres mythiques de Dutronc, le sarcastique doo-wop « Les Playboys », le sautillant et syncopé « Et moi et moi et moi », qui forgera l’image de Dutronc, gentiment cynique et j’menfoutiste, le rhytmn’n’blues cuivré « On nous cache tout, on nous dit rien », l’incontournable rock garage primaire « Les Cactus ».
Et surtout le chef-d’œuvre absolu « La fille du Père Noel ». Au moins dans le Top 5 des meilleurs titres de rock publiés par des Français. Même si Dutronc s’est pas foulé, il a pompé le riff de « I’m a man » de Bo Diddley (lequel l’avait déjà emprunté au « Hoochie Coochie Man » de Willie Dixon et Muddy Waters) … On va pas lui jeter la pierre pour ça, d’autant que quelques années plus tard, un certain David Bowie recyclera le même riff pour son « Jean Genie », l’histoire du rock n’étant en définitive faite que de pillages et « emprunts ».
Il y a aussi d’autres titres sur ce disque. Malheureusement, est-on tenté d’écrire. Des pochades bâclées (Dutronc ne joue pas les fainéants, c’en est un) qui préfigurent  les funestes titres qui ne tarderont pas à inonder son répertoire (« L’opération », sans intérêt, les arpèges byrdsiens de « L’espace d’une fille » jetés sans conviction). Ou le terrifiant « La compapade », grotesque morceau qui fleure bon les slogans « Y’a bon Banania », et annonciateur des horreurs genre « L’hôtesse de l’air » qui ravissent toujours aujourd’hui les beaufs en goguette…
Malgré tout, vers 66-67, Dutronc est globalement excellent. Ça  ne durera guère

LE ROCK D'ICI A L'OLYMPIA - LA NUIT PUNK DE L'OLYMPIA (1978)


216 fauteuils cassés pendant les 3 nuits ...

C’est ce qu’il y a écrit sur la pochette, preuve photographique à l’appui … et ça en dit long, bien long, sur l’état du rock français à l’époque… être « obligé » de saccager l’Olympia pour faire parler de soi.
Parce que sinon, les punks français … hum, on peut pas dire que le monde entier nous les ait enviés et qu’ils sont souvent cités de nos jours (sauf quelques fois Metal Urbain, par des groupes noisy ou hardcore américains). D’ailleurs même si la légende savamment entretenue par quelques-uns fait état d’un vaste mouvement punk hexagonal, elle englobe des gens qui n’ont rien ou pas grand-chose à voir entre eux, contrairement à la scène punk londonienne ou new-yorkaise.
Stinky Toys
Il y a d’ailleurs dans le livret une déclaration assez édifiante, honnête et réaliste de Jacno, sur ces soirées à l’Olympia, qui met l’accent sur le fait que les différents groupes « ne s’aiment pas », et que jalousies mesquines et attitudes méprisantes entre Parisiens et provinciaux, entre groupes signés sur un label ou non, sont monnaie courante. En fait sous le terme « punk » sont répertoriés des gens qui n’ont comme seul point commun que de se lancer dans la musique circa 77, avec leurs propres moyens et à l’arrache. L’esprit « do it yourself » doit être le seul dénominateur commun  aux groupes présents ici, au moins à leurs débuts, aucun n’étant né avec une cuillère d’argent gentiment tendue par les majors ou le show-biz.
A leur décharge, les groupes « made in 77 » arrivent dans un pays où le rock n’existe pas, ou sinon représenté par le prog champêtre de Ange, ce qui revient au même … 
Asphalt Jungle
Les hostilités sont ouvertes, en tout cas sur le Cd, par les Lyonnais de Marie et les Garçons (Marie est la batteuse du groupe), sous forte influence américaine Televison – Talking Heads, et qui recueillent les sifflets du public (le public punk parisien de l’époque manquerait-il d’humour ?) lorsqu’à la fin de leur titre, ils embrayent sur une reprise de « Macho man » des Village People. Les Stinky Toys sont eux totalement dans « l’esprit », autour de Jacno et d’une Elli (pas encore Medeiros) qui chante faux comme ça devrait pas être permis. Mais c’est très bien … Un autre qui chante aussi très faux c’est Patrick Eudeline, et son « classique » « Asphalt Jungle » avec le groupe du même nom qui n’oublie pas de se prendre pour Johnny Thunders et ses Heartbreakers. Punk attitude irréprochable, intérêt musical très anecdotique … C’est pas les seuls à avoir un intérêt musical anecdotique … Diesel auraient été rouges de honte si on leur avait dit que leur truc, c’est juste du classic rock tendance heavy blues ; les Lou’s, rien que des filles, difficile d’en dire du mal sans se faire traiter de sexisme ou de machisme, donc motus et bouche cousue ; Starshooter, qui ne vaut que pour quelques 45T rigolos, confirme avec un de ses classiques dispensables (« 35 Tonnes ») que s’ils savent à peu près jouer correctement, ce n’est que du rock très mainstream.
En fait, en plus des Stinky Toys, les trois autres vrais bons de cette compilation sont pour moi Bijou (pas exactement des punks), précis, carrés et très énergiques qui boostent « OK Carole », et réussissent même à se faire ovationner avec un instrumental pourtant technique bien que très énergique. Les banlieusards parisiens sont très nettement au-dessus du lot, et pas par hasard, ils feront aussi un triomphe aux deux festivals punks de Mont-de-Marsan en 77 et 78. Les Lyonnais d’Electric Callas s’en sortent plutôt bien avec une version ralentie et originale du classique des Stooges « I wanna be your dog ». Egalement sur le podium les Parisiens de Guilty Razors, avec son chanteur au phrasé arrogant et méprisant, pour un titre titubant mais au moins parfaitement dans l’esprit …
Cette compilation est parue en 1978, et rééditée en Cd en 1999 sur le label Jurassic Punk (bonne vanne !). Totalement fidèle au 33T initial, c’est-à-dire sans bonus et en conservant le son pourri (on dirait que c’est enregistré avec un dictaphone dans la rue devant l’Olympia). En fait c’est pas un disque pour les amateurs de musique, c’est un disque pour les amateurs de rock, ce qui n’est pas exactement la même chose …

NOIR DESIR - TOSTAKY (1992)


Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien ...

Faisons comme si … comme si ce disque était le meilleur de Noir Désir, et un des meilleurs disques de rock (le meilleur ?) jamais sorti en France … en oubliant tout le reste … comme si plus rien n’avait d’importance …
Des années que je l’avais pas écouté, comme tous les autres de Noir Dèz. De toutes façons, depuis qu’il était sorti, je l’avais mis sur la platine tant de fois que je le connais par cœur …
J’ai jamais été fan (trop vieux, tout çà, y’a bien longtemps que je suis plus fan de personne…), mais force est de reconnaître que Noir Désir fut le groupe d’une génération, comme dix ans plus tôt Téléphone. L’oasis dans le désert qu’a toujours plus ou moins été le paysage rock français, en état de tchernobylisation quasi permanent. Apprécié, Noir Désir le fut, avec un succès qui ira même s’amplifiant, alors que la qualité de leurs disques déclinera dans les années 90. Et surtout Noir Désir fut un groupe respecté. Tatillon sur la communication, sur l’art et la façon de dire les choses. S’impliquant sans trop de tapage médiatique (à l’opposé des Enfoirés qui portent  bien leur nom, tout pour l’auto-pub et pas grand-chose pour la cause) pour des causes plutôt éloignés des sunlights des médias mais qui n’en valaient pas moins les autres …
Un groupe très soucieux, pointilleux même, sur son image et sa communication. Fonctionnant à la soviétique, avec un porte-parole officiel le batteur Denis Barthe, et s’entêtant à véhiculer une image communautaire, alors que tous les regards se focalisaient sur la belle gueule du chanteur Bertrand Cantat. Un groupe qui faisait tout pour rester honnête et intègre dans la jungle du show-biz qui a vu tant de croisés des bonnes causes céder aux sirènes du vedettariat et du bling-bling facile. Un groupe qui voulait être un exemple et un modèle, défenseur d’idéaux quelque peu romantiques et de causes chevaleresques, où l’on retrouvait souvent les mêmes noms accolés au sien (Zebda, Manu Chao, Rodolphe Burger, … qui a dit Cali ? tu sors …).
Jusqu’à cet hôtel de Vilnius par une nuit de juillet 2003, où Cantat, héros concerné certifié, chargé comme une mule, a ressemelé sa meuf … on connaît la suite, coma, mort clinique, opérations désespérées et RIP Marie Trintignant … dream is over … ce type cité en exemple s’était conduit comme le gros con de beauf qui bu trop de rouge et balance quelques bourre-pif à sa bourgeoise. Le procès, la taule, le repentir, rien à secouer. Pour tout un tas de gens, les masques étaient tombés. Cantat, le Jim Morrison français, n’était qu’un putain d’assassin … Et que fit-il et que dit-il du fond de ses taules concernant Noir Désir ? Rien … et que firent et dirent les autres ? quelques déclarations elliptiques ou sibyllines, certifiées pure langue de bois … choquant, en tout cas pour moi …
Il faudra attendre des années (Novembre 2010), bien après la libération de Cantat et moult atermoiements, pour que Sergio Teyssot-Gay (par ses collaborations annexes le moins noirdésir-dépendant du lot) quitte le groupe, entraînant la dissolution officielle de celui-ci dans la foulée … Il était temps de mettre un terme à cette  tragique mascarade. Pour n’avoir pas été capable de prendre cette décision, la seule qui vaille eu égard à ce que ce groupe représentait en termes de valeurs humaines, immédiatement après la tragédie de Vilnius, j’ai trouvé ces gens détestables … à faire passer Ted Nugent pour un type bien ou Nadine Morano pour une femme intelligente et de bon goût … Et j’ai zappé leurs disques, ce qui n’est pas forcément plus intelligent …
Là, j’ai failli l’écouter « Tostaky » … puis finalement je me le suis passé en accéléré dans la tête, et l’ai reposé sur l’étagère …
Je sais qu’il y a tout Noir Désir dans ce disque, le seul qui s’approche du cataclysme que ces types déclenchaient sur scène. Les obsessions hardcore, les tentations noisy, les envolées lyriques, l’ombre tutélaire du Gun Club de Jeffrey Lee Pierce, la poésie baudelairienne à deux balles de Cantat mais déclamée avec tant de tripes qu’on peut la croire géniale, ce bruit blanc porté par la guitare de Sergio qui fout par son jeu dans la même poubelle une litanie de guitar-heroes bluesy, ces titres rêches à prendre ou à laisser balancés dans ta face, ce sentiment de vie bouillonnante qui se dégage de chaque note, cette impression que ces gars ne calculaient pas, ne trichaient pas (ou beaucoup moins que d’autres) … Les Noir Désir avaient fait avec « Tostaky » un disque qui n’a rien à envier à ceux de leur héros, de leurs références à eux …
Un jour je le réécouterai …

PASCAL COMELADE - L'ARGOT DU BRUIT (1998)


L'Enfance de l'Art ...

Pascal Comelade, il jouerait sur des Marshall à onze, peut-être qu'en tendant l’oreille depuis chez moi, je l’entendrais. Même s’il vit à quelques dizaines de kilomètres, et quasiment dans un autre pays (la Catalogne, c’est pas vraiment la France, et encore moins l’Espagne). En tout cas Comelade vit dans un autre monde, inaccessible pour qui n’a pas gardé quelque part une âme d’enfant. Avec ses instruments-jouets, accompagné ou pas de son Bel Canto Orchestra, il compose de petites comptines surréalistes dont il remplit ses disques.
Il a débuté dans la galaxie des Vierges, groupe punk radical de Montpellier à la fin des années 70, avant de progressivement se concentrer sur son propre univers baroque et poétique. Ce fan ultime (entre autres) du Captain Beefheart, mais aussi des Cramps et du krautrock, produit une musique à mille lieues de ses idoles. Quelques fois en collaborant avec elles comme ici Jean-Hervé Peron ou PJ Harvey. Mais en s’entourant aussi de musiciens beaucoup plus anonymes (ceux du Bel Canto), d’amis, de gens rencontrés par hasard, …
La musique de Comelade, ce sont ces symphonies de poche désuètes, d’apparence simples et légères, le plus souvent sans paroles. Mais qui en disent quand même beaucoup, comme du Nino Rotta qui arrive à se suffire sans les images de Fellini.
Il y a dans « L’argot du bruit », des effluves de choses entendues mille fois (tiens, le morceau-titre, il me semble bien que c’est la même mélodie que la honteuse scie pré-disco « El Bimbo » des années 70), des sons qui viennent du fond des âges et des traditions locales. Il y a des titres avec des voix en catalan (du moins il me semble), des sons qui remontent en droite ligne des folklores andalous ou catalans, de la tristesse des incantations gitanes (ceux du quartier Saint-Jacques à Perpignan, mais aussi ceux des Balkans), il y a du rock basique à guitares, des embardées pataphysiques que ne renieraient pas Soft Machine ou Gong, il y a … tout un monde en fait, celui de Pascal Comelade.
Dont la musique est une des plus imagées qui soient. Défilent dans la tête les scènes absurdes d’un Fellini, le jazz manouche de voleurs de poules d’un Kusturica, la solennité funèbre d’un Tim Burton … mais c’est pas réalisé en cinémascope et Dolby surround, juste avec des morceaux de plastique ou de ferraille achetés pour une misère dans des brocantes, des objets détournés (quoi de plus logique qu’une batterie - de cuisine – pour donner le rythme).
« L’argot du bruit » fait alterner petites saynètes sonores (« Via-Crucis del Rocanrol » mélange riffs garage et accordéon de bal des pompiers, « Domisiladoré » comme du Calexico repris par Charlie Oleg, « Si » aurait pu figurer tel quel sur un disque de Tom Waits), détournement de sonorités locales (« Toti al Soler », (allusion au petit patelin de la banlieue perpignanaise ?), est un boléro minimaliste renforcé par un orgue à deux euros, « Sardana del desemparats » fait un sort à la guillerette danse folklorique du cru, la sardane, qui devient ici une marche quasi funèbre), …
Et puis il y a les collaborations avec les « stars », Peron (le Français de la légende kraut Faust), pour une reprise du « Sad skinhead » (à l’origine sur « Faust IV »), et PJ Harvey qui chante sur deux titres (« Love too soon », lente ballade crépusculaire et le meilleur des deux titres, mais aussi sur « Green eyes » qui évoque les univers glauques d’un autre inclassable, Scott Walker).
Et une fois achevé le dernier titre « Maruxina », pourtant un tango minimaliste d’une infini tristesse, on se retrouve les yeux brillants, comme un gosse qui croit que ses illusions vont se réaliser. Plus que de la musique, Comelade fabrique une machine à rêver …

BIJOU - DANSE AVEC MOI (1977)


Souvenirs, souvenirs ...

Sur la stèle des Grands Oubliés du rock d’ici, leur nom doit être écrit tout en haut et en lettres capitales …
Eh ! Oh ! Philips ! Quand vous voulez, vous vous souvenez que Bijou ils sont sur votre catalogue et vous rééditez !
Comme les Mousquetaires, les trois Bijou étaient quatre : Vincent Palmer (guitare et chant), Philippe Dauga (basse et chant), Dynamite (batterie), ceux-là pour la scène et les photos, auxquels il faut rajouter Jean-William Thoury pour les textes et la production. Les textes, c’est pas vraiment d’une haute portée philosophique, mais on s’en tape, ça résume le quotidien de banlieusards parisiens (Juvisy il me semble) qui veulent croquer dans la vie et dont les préoccupations principales sont les copines, les filles, les nanas, et let’s the good times roll …
Au niveau musical, par contre, c’est nettement plus sophistiqué. Rattachés paresseusement au mouvement punk pour être apparus à la fin des 70’s et avoir été du légendaire festival de Mont-de-Marsan, les Bijou n’ont pourtant que peu à voir avec les disciples français des Pistols et autres Clash. Ils oeuvrent plutôt dans une power-pop énergique, avec références « vintage » à la pelle. Certainement dues à Vincent Palmer, un des plus brillants et subtils guitaristes de ce pays, fan de rock’n’roll des origines, des girls-groups, d’instrumentaux surf et de quelques maîtres de la six-cordes oubliés comme Link Wray, Duane Eddy, Hank Marvin, … Ce qui donne quelques titres-hommages comme les instrumentaux « Pow Wow » et « Dynarock ».
Les grands moments de ce disque sont pour moi « C’est un animal » qui recycle intelligemment le riff de « All day and all of the night » des Kinks, « Marie-France », chanson sur le célèbre transsexuel, vedette des nuits parisiennes de l’époque, l’entraînant « La vie c’est comme ça ». Et puis Bijou ont le bon goût de reprendre le meilleur morceau de Dutronc, l’irrésistible « La fille du Père Noël ».
« Danse avec moi » fut le premier 33 T de Bijou, et les installera pour quelques temps (jusqu’à leur séparation au début des 80’s), dans les valeurs sûres du rock français.

Des mêmes sur ce blog : 

LES WAMPAS - ROCK'N'ROLL PART 9 (2006)



A Marine Guéant,
Ministre de la Sécurité Publique et de la Délation Intérieure,
Je vous écris cette lettre anonyme, pour vous avertir du danger que représente « Rock’n’roll part 9 », Cd des ci-devant Wampas. En effet, cet objet musical est toujours en vente libre dans nos échoppes musicales et ses auteurs sont toujours en liberté, ce qui est terriblement pernicieux pour notre jeunesse.

Non content de ne pas y trouver le moindre duo avec Gérard Depardieu ou Mireille Mathieu (Dieu lui prête longue vie et une nombreuse descendance, à notre chère pucelle avignonnaise), pas plus que la moindre chanson signée de notre G.P.S. (Grand Poète Surdoué) Barbelivien, un des titres propose, ô sacrilège, qu’un de nos anciens et vénérés Chef d’Etat (le grand, l’incomparable, l’incommensurable Jacques Chirac) s’en aille croupir dans quelque cul de basse fosse. A son âge ! Et dans son état ! Il ne fait pas de doute que les hordes de punks à chien buvant de la bière tiède et pas chère susceptibles d’écouter cette chose font partie des cohortes hirsutes et dépenaillées qui s’apprêtent à bouter notre bien-aimé monarque le grand Nicolas de son trône, profitant d’un droit de vote scandaleusement obtenu lors de quelque période insurrectionnelle dans les siècles passés. A ce titre, j’en connais quelques uns (liste jointe), qu’il serait bon de jeter dans quelque charter que vous n’auriez pas réussi à remplir de métèques roumains, maliens ou assimilés. Dehors les gauchos, la France aux Français, d’abord. Quand aux Wampas qui sont l’objet de ma courageuse missive anonyme, s’ils sont Français, ce dont je doute, il convient d’embastiller cette bande d’agitateurs braillards. Sinon, où allons-nous, hein, je vous le demande ?
J’ai mené ma petite enquête, et je suis en mesure d’affirmer que le chef de cette bande d’agitateurs mène une double vie. Pis, c’est un fonctionnaire qui travaille à la RATP, ce repaire de grévistes nourri par nos impôts, (enfin, pas les miens, je me suis domicilié fiscalement aux Bermudes), capable de se muer à la nuit tombée, tel un loup-garou musical, en un meneur de bande binaire avec ses autres complices. Il se prétend chanteur, mais il chante faux, voire très faux. Il se prétend auteur de chansons, tout ça juste pour pouvoir brailler des choses incompréhensibles, allant même jusqu’à faire l’apologie de cyclistes italiens dopés (double pléonasme). Et il ose se présenter, méprisant notre oriflamme national, ceint d’un drapeau américain (même si les Américains sont nos amis, enfin, ceux qui votaient pour la famille Bush). Certains de nos jeunes compatriotes, malheureusement de plus en plus nombreux, trouvent un certain intérêt à ces inepties sonores, qu’ils vont célébrer lors de messes noires, mensongèrement appelées concerts, que donnent les scélérats Wampas. Certains disent même que dans ce domaine-là, ils sont les meilleurs dans notre pays. Juste Ciel, mais où va t-on, mais que fait la police ? Il faut que cela cesse, il les faut tous embastiller.
Sachez, Monsieur Marine Guéant, Ministre de la Sécurité Publique et de la Délation Intérieure que vous pouvez compter sur moi à cet effet. Avec toutes mes respectueuses salutations…