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NEIL YOUNG - PEACE TRAIL (2016)

La dernière moisson ?
Bon, attention, je veux pas l’enterrer avant l’heure, le vieux Neil. Bien content qu’il soit encore là, rescapé de cette hécatombe (qui va pas s’arranger, les (ex)-fans des sixties ont l’âge de leurs artères, vont continuer à y passer …) de gloires plus ou moins décaties du wockanwoll …
Neil Young, c’est un peu le phénix du rock, capable de renaître de ses cendres quand on n’attend plus rien de lui. On l’a vu marquer son époque fin 60’s début 70’s, sombrer au début des années 80 (des histoires de maison de disques, l’inspiration en panne, tout ça …), se réinventer à la fin de cette même décennie en Parrain du grunge avec quelques albums toutes guitares stridentes en avant, et puis livrer de temps en temps, quand on le croyait fini, une galette qui le remettait sur le devant de la scène. Dernier coup d’éclat en date, l’année dernière, le pamphlet écolo-militant « The Monsanto Years », une de ses productions les plus abouties depuis … pff, au moins.
Un peu fatigué, genre le retour de Renaud ?
Et là, en cette fin 2016 qui a donné du boulot aux nécrologistes de tout poil, il fait s’emballer les rotatives de la presse musicale avec ce « Peace Trail ». Bon, si vous voulez mon avis, et même si vous le voulez pas je vous le donne quand même, « Peace Trail » est un bon disque du Canadien. Pas un de ceux qui restera, mais un de ses bons. Enregistré en trident, lui aux guitares et aux voix, deux pointures de studio (Paul Bushnell à la basse, Jim Keltner aux fûts), et juste quelques clampins additionnels de ci de là. Et forcément, dans cette configuration minimale, Young retrouve ce son boisé (le son du country-rock) qui a fait sa légende il y a près de cinquante ans.
On est dans l’esprit de « Everybody knows this is nowhere », « After the gold rush », « Harvest ». Sans toutefois atteindre le même niveau. Parce que … ben, plus tout Young, et que cette triplette-là avait placé la barre un poil trop haut pour les suivants.
« Peace trail » est un disque apaisé (plus de titres drivés par des empilages de larsens), bucolique, campagnard. Quasi un disque de plouc. Mais un plouc qui a du talent, et ça change bigrement la donne. Fil rouge, une vague thématique pro-indienne, parce que le Neil, baba un jour, baba toujours ne se refait pas et entend l’ouvrir sur des sujets qui le préoccupent (pour une fois, il a oublié de soutenir trop ouvertement le candidat Républicain, et de se couvrir de l’infâmant paletot artiste pro-Trump, même s’il lui trouve des idées « rafraîchissantes » ( ? ) et qu’il l’a autorisé à utiliser dans ses meetings « Rockin’ in the free world » ( ! ), le facho à moumoute étant paraît-il fan de longue date de Young).
Ben non, il a l'air en forme ...
« Peace trail » donc. Qui commence par le morceau éponyme. Totalement bluffant, le genre de merveilles comme on n’en écrit pas dix dans sa vie, et qui renvoie au Neil Young tutoyant les sommets. Tout y est, ce mid tempo country-rock, ces grilles d’accords immédiatement identifiables, même la si particulière voix fluette du Neil est de retour, d’une pureté et d’une clarté inattendues (à tel point qu’on peut se demander si elle a pas été bidouillée à la prod). Plus rien dans le disque n’atteindra de niveau, mais qu’importe. On en tient un de ces titres à se repasser en boucle le soir à la veillée. Attention, ce qui suit (format « ramassé », dix titres et moins de quarante minutes) est loin d’être indigne parce que Neil Young qui fait du Neil Young, moi je suis preneur. « Can’t stop workin’ » marche sur les traces de « Heart of gold », « Show me » est aussi feignasse qu’un bon JJ Cale, « Terrorist suicide … » et « Glass accident » auraient pu figurer sur n’importe lequel de ses disques des 70’s. Certaines choses sont plus quelconques, en pilotage automatique (on sent le skeud vite enregistré, genre « ouais, ça sonne pas mal, on touche plus rien »), comme « Texas rangers », « My pledge ».
Trois titres sortent des sentiers battus du Canadien, la mélopée linéaire « Indian givers » et sa batterie tribale, l’écolo-plouc « John Oaks » qui allez savoir pourquoi, me fait penser au « Bungalow Bill » des-qui-vous-savez, ou alors retournez réviser vos classiques. Et puis, comme Neil Young n’en fait qu’à sa tête et qu’il a pas que de bonnes idées, l’ultime « My new robot » commence bien, puis se voit parasitée par des bip-bip glou-glou et une voix synthétique du plus mauvais effet (n’est pas Kraftwerk qui veut), un titre tellement con qu’on dirait une chute de son funeste « Trans » des années 80.

En fait, Neil Young n’a pas grand-chose à dire et plus rien à prouver depuis des lustres. Il fait juste avec ce « Peace trail » du Neil Young d’un bon niveau. Que demander de plus ?


Du même sur ce blog :

THE LEMON TWIGS - DO HOLLYWOOD (2016)

Rain Men ?
Ou plutôt Rain Childs tant ces deux frères (Michael et Brian d’Addario, from N.Y.) semblent surdoués. Un peu trop pour être honnêtes ? J’en sais rien et je m’en cogne … Même si on m’empêchera pas de penser (fuck you Marine) que faire des trucs comme ça quand on a dix sept ans et dix neuf ans pour le plus « vieux » des deux, c’est quand même suspect. Y a t-il un Gepetto, habile marionnettiste qui tire les ficelles de ces deux ados, un papa Jackson (pour les cinq minots du même nom) ou un Kim Fowley (pour les Runaways) des années 2010 ? Apparemment non, et c’est le plus étonnant de cette affaire.
Mal habillés, les Lemon Twigs ?
Pourtant c’était pas gagné. Habillés avec un mauvais goût qui donnerait des sueurs froides à Gilbert Bécaud et Aznavour s’ils étaient pas morts, coiffé « mulet » pour un des deux (putain, qui à part l’ancien bassiste des Jam s’il est encore de ce monde se peigne de la sorte aujourd’hui ?), on imagine les cauchemars des attachés de presse pour vendre les Lemon Twigs …
Par contre, dès qu’on appuie sur « Play », il se passe un truc avec ce Cd. Le même genre d’émoi qu’à l’écoute du premier MGMT (des nouvelles de ces éphèbes disco-pop, quelqu’un ?), les bonnes références en plus. Faut bien sûr être fan des Beatles, des Beach Boys, des Kinks, du Band, des Bee Gees des débuts, des Zombies, ce qui devrait être le cas de tout humain normalement constitué et doté d’une paire d’oreilles en état de marche. En gros de la pop 60’s tarabiscotée de très haut niveau, faite à l’époque par des types aussi géniaux qu’inégalés. C’est dire si les Lemon Machin placent la barre très haut. Et le plus étonnant c’est qu’ils arrivent à la franchir souvent, en tout cas beaucoup plus souvent que les myriades de zozos qui s’y essayent depuis cinquante ans …
Pas besoin d’aller chercher loin. Dès le premier titre (« I wanna prove to you »), on se retrouve en plein trip McCartney-Beatles circa 68-69 plus vrai que nature. Le suivant (« Those days is comin’ soon ») c’est Ray Davies et les Kinks qui te sautent à la gueule, dans ce vaudeville suranné, cette mini comédie musicale, conclue par une fanfare New Orleans, le genre de titre que personne avait osé depuis – au hasard – les Reines de « Bohemian Rhapsody ». Bien sûr, on dira qu’il n’y a pas l’évidence indiscutable et instantanée de ces grands hits marmoréens de l’époque, mais qui aujourd’hui, à part Maître Gims, est capable de torcher des machins pareils ? Répondez pas tous en même temps …
Ben oui, mal habillés ...
Il y a dans tous les titres de ce « Do Hollywood » une exubérance instrumentale (ce sont les deux nourrissons qui jouent de tous les instruments, en plus d’harmoniser ou de chanter lead à tour de rôle), qui aurait même tendance, et c’est le plus gros défaut (enfin, défaut est dans ce cas un bien vilain mot) à quelquefois devenir trop démonstrative. Qui à part les derniers fans chauves des rouflaquettes géantes de Mungo Jerry, à envie de se fader un solo de kazoo sur le final de « As long as we’re together », titre par ailleurs pas rebutant notamment grâce à son début qui me fait furieusement penser au Bowie de « Memory of a free festival » (cherchez pas, c’est un titre assez quelconque de « Space oddity »).
Les Lemon Twigs flirtent avec toutes les limites, dans un spectre assez varié, taquinant le sublime ou manquant de se dissoudre dans le mauvais goût (exemple du titre foiré, « Frank », lyrique, pompier, quasi prog et son final symphonique boursouflé). Et puis pour marquer leur temps et leur terrain, ils nous font leur « Good vibrations » (à l’attention des fans de Slayer, je rappelle que « Good vibrations » est le meilleur morceau du siècle dernier et de ceux à venir). Ça s’appelle « A great snake », ça commence façon « All I wanna do » de Sheryl Crow, c’est un titre à tiroirs, sautant du coq à l’âne mélodique, et forcément et logiquement, ça ne vaut pas la merveille de Brian Wilson. Faut parfois avoir conscience de ses limites, les petits…

Surprenant, parfois excellent, « Do Hollywood » est à ranger pas très loin du « Vampiric way » des frenchies but chic Bewitched Hands sur l’étagère « c’était mieux avant, mais on va essayer de faire aussi bien » …


NICK CAVE & THE BAD SEEDS - SKELETON TREE (2016)

Death Songs ...
On le sait depuis toujours, Nick Cave n’est pas un joyeux. Le type toujours habillé de noir, qu’on peut résumer par le raccourci « crooner gothique junkie ». Sauf que comme pour tous les raccourcis, on est assez loin de la vérité. Cave ne s’est jamais pris pour Sinatra ou Bing Crosby, pour Bauhaus ou Cure, pour Keith Richards ou Johnny Thunders. Cave a commencé, vingt ans avant la fin du siècle dernier, par la destruction et l’autodestruction avec Birthday Party. Et puis, lentement, comme tous les types qui ont un but dans la vie et veulent laisser une œuvre dans leur art, Cave s’est apaisé, assagi pourrait-on dire, en surface. Plus le fond (la musique) était calme, plus la forme (les textes) devenait violente et dérangeante. Le Johnny Cash (influence maintes fois revendiquée) des American Recordings avec Rick Rubin pointait le bout de son ombre crépusculaire.
Cave n’est pas un robot, engoncé dans son personnage, il est fait de chair et de sang. Son précédent, « Push the sky away » avait même laissé dire à quelques connaisseurs avisés, sur la foi d’une pochette sépia sur laquelle posait sa copine à poil et d’un contenu plus « accessible » que d’habitude, que Cave s’était « normalisé » (quel vilain mot).
Nick Cave
Et puis, l’an dernier, un de ses fils de quinze ans, soi-disant déchiré au LSD, se tue en tombant d’une falaise. Le genre de saloperies que peut te réserver la vie, et surtout qui te la change salement. « Skeleton tree » est le premier disque de Nick Cave (& The Bad Seeds) depuis ce drame. Et là, Cave ne joue plus, si tant est qu’il ait joué un jour. C’est son disque le plus noir, une noirceur qui se retrouve jusque dans son enrobage, comme une version de « White light, white heat » adaptée à l’ère numérique, bien que l’Australien de naissance doive entretenir des rapports de non geek total avec l’informatique, le lettrage en vert fluo est celui des antiques bécanes des années 80 qui tournaient sous DOS …
Cave, comme tous les types embringués dans le rock’n’roll circus, se sert de son œuvre comme un miroir qui renverrait l’image qu’il veut donner, qu’il veut que son public ait de lui. Même si cette image est volontairement déformée. Perso, des disques où des types sont censés se foutre à poil devant leurs auditeurs, j’en ai des brouettes et je m’en méfie toujours un peu, ayant du mal (je les connais pas en vrai, ces zozos) à placer le curseur entre vérité et calcul. Là, pour ce « Skeleton tree », j’ai l’impression de me trouver face à un « vrai » disque, sans chichis, sans arrangements, sans calculs, du genre : « est-ce que ça a l’air vraiment désespéré, ou est-ce que j’en rajoute encore une couche, comme me le conseillent mon management et ma maison de disques ? ».
Nick Cave & The Bad Seeds
Tant qu’à faire aussi, et pour situer Cave et son œuvre, autant préciser pour les profanes que Cave ne s’exprime pas que par des sons. Il écrit aussi (même s’il n’a pas eu le Prix Nobel comme Dylan, qui doit bien se marrer, lui qui s’est toujours foutu de la gueule de tout son monde et qui doit être la seule personne de cette galaxie à être plus ou moins capable de déchiffrer ce qu’il a lui-même écrit), et a même fait un film (enfin non, c’est pas lui qui l’a réalisé, mais il est le personnage central de « 20 000 jours sur Terre », vraie fiction autobiographique).
« Skeleton tree » sorti de son contexte doit être insupportable. D’une froideur et d’une noirceur à faire passer, au hasard, Townes Van Zandt, pour Dany Boon. Des ambiances sépulcrales, morbides, rythmées par un minimalisme instrumental à faire se retourner Leonard Cohen dans son costard de sapin tout neuf. « Skeleton tree » ne s’écoute pas de but en blanc, à la fin d’un repas de retrouvailles avec les blaireaux potes de troisième recherchés sur « copainsdavant.com ». « Skeleton tree » n’est pas un chef-d’œuvre, juste une tranche de vie (et de mort).
Commencé (« Jesus alone ») par un lamento introduit par le hululement sinistre de synthés façon B.O. de giallo, et construit comme une incantation vers le diabolique Jesus (Cave a toujours été partagé entre fascination et répulsion pour la religion chrétienne) qui a pris la vie de son gosse, le disque passe de la douleur, du désespoir, de l’accablement, vers une rédemption apaisée (la clôture presque enjouée  de « Skeleton tree » le titre, comme si la boucle était bouclée, le travail de deuil accompli, et qu’il fallait, sous peine d’en perdre l’âme et la raison, passer à autre chose …). Ce disque est l’autopsie, crue, limite indécente (on ne sait plus si on est auditeur ou voyeur) d’un choc émotionnel et de la lente reconstruction qui va suivre. Qui fait passer des sommets de désespoir mis en musique (« Plastic Ono Band » de Lennon, « Disintegration » de Cure) pour d’aimables pitreries (les geignardises d’un milliardaire désabusé pour le premier, un travail mathématique d’inflation morbide pour le second, même s’il s’agit de deux putain de grands disques).
Nick Cave, l'âme crucifiée ...
« Skeleton tree » dévide au long de ses huit titres toute la peine d’un Cave non plus figure iconique d’un des sous-genres du « rock », mais d’un type souffrant de la perte d’un être très cher. Ses vieux soudards de toujours qui l’accompagnent sont tout en retenue derrière lui, s’ingéniant le plus souvent à ne tisser que des … squelettes mélodiques, plus proches de l’épure que du minimalisme. « Skeleton tree » compte dans ses rangs les plus belles mélodies jamais écrites par Cave (« Girl in amber », « I need you », « Distant sky »). Et dans ce disque, Cave se laisse aller à chanter vraiment, naturellement, sans afféterie, sans ces trémolos gothiques souvent surfaits qui sont sa marque de fabrique vocale.
On pense souvent à d’autres hommes en noir. Leonard Cohen, le poète christique des désillusions et des déceptions, le Johnny Cash cornaqué par Rubin, perclus de souffrance physique et qui mettait en musique sa mort prochaine, les Stranglers vers 79-82 quand ils chantaient les Hommes en Noir et tombaient dans l’épure synthétique « féline » …
« Skeleton tree » est un tout, où chaque titre est indissociable du précédent et du suivant, dont on n’écoute pas des extraits sur Spotify. Soit on le prend en pleine poire, soit on l’ignore. Et si l’on n’était pas bouffé par l’ère du superficiel éphémère, ce devrait être un disque qui donnerait lieu à des débats enflammés sans fin, du genre « est-ce plus grave de montrer son âme que son cul » (dixit Gainsbourg).

Un disque hors normes, hors du temps, à ne pas mettre entre toutes les mains et toutes les oreilles …


Des mêmes sur ce blog :

THEE OH SEES - A WEIRD EXISTS (2016)

San Francisco Nights
Quoi que … « San Francisco Nights » en intitulé de cette notule, ça pourrait faire se retourner Eric Burdon dans sa tombe. Hein, tu dis quoi, toi ? Qu’il est pas mort Burdon ? T’as raison, mais on s’en fout du nabot qui braillait dans les Animals.
Le sujet aujourd’hui, c’est le sieur John Dwyer, leader et homme à tout faire de Thee Oh Sees, mais aussi gourou et figure tutélaire de toute la « nouvelle » scène de Frisco, dont les plus illustres éléments sont Ty Segall et Mikal Cronin, responsables comme Dwyer de multitudes de galettes sous de multiples intitulés et quelques fois sous leur nom propre. Parce que maintenant, dans un monde musical aux modèles économiques pulvérisés par le téléchargement et le streaming, le centre de gravité de la musique américaine qui bouge, qui vit, qui cherche à avancer malgré tout, il n’est plus à New York (trop arty, branchouille, m’as-tu-vu), ni à L.A. (colonisé et lobotomisé par les pitres qui passent en boucle sur MTV et les meufs kardashianesques).
Thee Oh Sees 2016
Comme il y a pile cinquante ans (putain cinquante ans !) ça se passe à Frisco. Bon, il est peu probable que tous ces combos qui aujourd’hui s’agitent dans l’anonymat sinon l’indifférence généraux deviennent un jour aussi célèbres que l’Airplane, le Dead, Creedence, Quicksilver, Big Brother, Country Joe et les autres qui ont fait éclore la vague psychédélique 60’s. Même si de psychédélisme il en est encore question avec les Thee Oh Sees. Comme chez tout le monde de nos jours. Chopez n’importe quel groupe de minots avec guitares, et ils vous citent d’entrée comme un sésame les mots de garage et de psychédélisme. Ça donne sinon le droit de devenir riche et célèbre, mais ça permet de faire savoir qu’on existe, puisque c’est « tendance ».
Sauf que les Thee Oh Sees et Dwyer en particulier, c’est plutôt des quadras qui sont là depuis une éternité, ça leur confère une sorte de légitimité. Mais on s’en cogne de la légitimité me dis-tu ? Que ce qui compte c’est de sortir un disque écoutable, et que c’est pas parce tu moulines sur ta gratte depuis vingt ans que tu vas faire de bons disques, hein, voyez plutôt Status Quo … ou Coldplay. Vous saisissez où je veux en viendre ? Non, bon tant pis, je recommence pas …
Non, ce qui est intéressant voire passionnant dans le cas de Dwyer et de ses Thee Oh Sees, c’est que le type en a plus rien à foutre des chiffres de vente si tant est qu’il en a eu quelque chose à cirer un jour. Sa petite notoriété lui permet de survivre de son art, il est dans la logique du do it yourself (et avec les outils informatiques aujourd’hui, tu sors un disque « fini » pour le budget Kleenex d’une scène de porno), fait en gros ce qu’il veut et vous emmerde … Parce que faut être un peu con pour virer ce que certains considèrent déjà comme la formation « royale » des Thee Oh Sees, celle de l’encensé (du moins dans ce blog) « Floating coffin », et repartir à l’assaut avec un casting tout neuf. Qu’il me soit permis de regretter la mimi Brigid Dawson (même si elle traîne dans les backing vocaux sur un titre), dont les claviers et les chœurs lumineux étaient pour beaucoup dans l’impact du précédent opus.

La nouvelle formation des Oh Sees (parce que tant qu’à virer tout le monde, autant faire dans l’inédit) se compose ladies and gentlemen, de deux (oui deux, un + un) batteurs. Comme dans l’Allman Brothers Machin, s’écrie le pervers fan de rock sudiste ? Pff, non, t’as rien compris, plutôt comme chez les Black Angels, si tu veux citer quelque chose d’à peu près comparable. Mais à quoi ça sert deux putains de batteurs, quand t’as un plug-in sur ton Mac qui peut te faire pareil que si t’avais les Tambours du Bronx à la rythmique ? ben à foutre la pression sur les autres et à pouvoir se balader dans des structures compliquées comme les affectionnaient les groupes de kraut (eh, oh le fan des Allman, pourquoi tu pars en courant ?). Car les Oh Sees ne cèdent à la facilité de ne contentent pas du minimum binaire de base comme leur petite notoriété pourrait les y autoriser, avec douze titres descendus dans les quarante foutues minutes ;
D’abord, des morceaux, dans « A weird exists » il n’y en a que huit. Autrement dit, on n’a pas chez le sieur Dwyer peur de s’installer dans la durée, de tirer toute la substantifique moelle d’une composition. Et à ce jeu, les quasi huit minutes de « Crawl out from the fall out » entamées par un cliquetis de cymbales, se terminent en une sorte de boléro lysergique que n’aurait pas renié Jason Pierce et ses Spiritualized. « Plastic plant » montre à quoi ça peut servir deux batteries qui dévalent le titre genre avalanche de fûts, essaient de se tailler une place au milieu de guitares hurlantes, et preuve que ce titre est également excellent, tout ce raffut n’arrive pas à masquer une mélodie de derrière les fagots.
John Dwyer se prend pour Angus Young (ou Chuck Berry)
Dans « A weird exists », on cause  et on fait de la musique. Et si y’a pas besoin de paroles, et ben on s’en passe, ce qui arrive dans la moitié des cas, sans que ça sonne une  seule seconde comme un revival electro ou un tentative de faire de l’ambient avec des guitares. On est bien au-dessus de ces viles comparaisons. Et on se retrouve avec les deux aspects extrêmes de ce genre de musique. D’un côté le ratatinage sonore obstiné à la Hawkwind (« Ticklish warrior »), et à l’autre aspect du spectre sonore une lente mélodie belle à pleurer (« The axis »), inspirée paraît-il par un baba entendu dans une rue qui avec un Clavier tout pourri joué à la Charlie Oleg reprenait pour les passants des titres de Hendrix. Un Voodoo Chile évidemment méconnaissable, en dehors du titre de la rengaine.
« A weird exists » est le genre de disques comme on n’hésitait pas à en faire au tournant des années 60-70, à une époque où l’on n’avait rien à foutre de notions de chapelle et de normalité. On mettait sur un disque une litanie de bons morceaux, et tant pis (ou tant mieux) s’ils ne se ressemblaient pas tous. Allez, s’il fallait un maillon faible à cette rondelle, je dirais que c’est « Jammed entrance » qui comme son nom le laisse supposer est un peu trop en roue libre tendance free jazz pénible (pléonasme).

« A weird exists » est le genre de disque dont Nagui risque pas de faire la promotion. Donc excellent.


Des mêmes sur ce blog :


THE MYSTERY LIGHTS - THE MYSTERY LIGHTS (2016)

Children of Nuggets ...
Et la lumière fut avec les Mystery Lights … Ouais, je sais, c’est pas rien de commencer une chroniquette en paraphrasant Dieu, mais pour une fois y’a de quoi sortir la brouette à superlatifs.
Et d’abord, c’est qui, les Mystery Machins, se demandent mes armées de lecteurs. Euh, à vrai dire, j’en sais rien, et là, à brûle-pourpoint, sans copier sur le livret, je suis bien incapable de vous dire comment ils s’appellent ces gugusses et de quel bled des Zétazunis ils viennent.
Ce que je sais, c’est qu’ils sont tout jeunes, que cette rondelle est leur première et qu’ils l’ont enregistrée au studio Daptone, du label du même nom. Bon, pour ceux qui ont tout juste le niveau maternelle supérieure en classic soul, Tonton Lester vous explique, et ouvrez grand vos orifices (mais non, pas tous, rien que les oreilles, z’êtes pénibles, les filles …), y’aura interro là-dessus un de ces quatre. Daptone, c’est une bande d’azimutés revivalistes qui entendent balancer aujourd’hui des disques de soul comme on faisait chez, au hasard, Stax, y’a cinquante ans. Entendre par là, qu’il y a des chanteurs ou chanteuses dignes de ce nom au micro, des vrais types qui les accompagnent en jouant de vrais instruments, le tout enregistré avec un soin maniaque sur des consoles analogiques d’époque. Autrement dit, les artistes Daptone (figure de proue Sharon Jones, bien 70 balais), ils ont le putain de son qui te fait frissonner, on n’est pas exactement dans le registre de la pétasse ondulant du croupion, avec Cubase, Bandcamp, ProTools et AutoTune qui moulinent les octets derrière…

Ceci posé, les Mystery Lights sont une erreur de casting totale, une aberration au pays des revivalistes soul maison. Ces cinq corniauds, ils sont à peu près aussi soul que Bruno Lemaire (vous savez, le mec à tronche de bedeau premier de la classe, qui pense avoir des idées jeunes parce qu’il fait du Sarko light ou du Juppé version ado, et qui s’imagine être le Obama ou le Kennedy normand que nous attendons tous, si tu savais la gamelle que tu vas prendre face au vieux briscards, tu retournerais sous les jupes de ta cousine pour avoir une idée de l’origine du monde, mais bon, je pars en vrille là, on va se calmer …). J’en étais où là ? Ah ouais, la soul et les Mystery Truc.
Ben hormis par moments la voix du chanteur (ils ont pas dû le laisser partir comme çà, deux prises et c’est bon c’est dans la boîte, ils ont du le torturer longtemps) qui fait « passer des choses » dans son gosier, même s’il se cantonne au registre du shouter un peu limité, les Mystery Chose, ils sont pas soul pour deux sous.
Je vous parie la vertu d’une congrégation de bénédictines que leur disque de chevet, c’est la compile Nuggets assemblée par Lenny Kaye en … 1972, et qui repiquait tous ses morceaux entre 65 et 67, dans un genre devenu plus tard dans les livres le rock garage. Entendez par là tous ces boutonneux américains, traumatisés par tout ce qui venait d’Angleterre (les Beatles d’abord, ensuite tous les Stones, Who, Kinks, Pretty Things, Them and so on …) et qui s’escrimaient à les imiter, le plus souvent assez gauchement (suffit de fouiller un peu dans les multiples compilations parues depuis pour s’apercevoir qu’il n’y avait pas que des cadors du binaire énervé) tous ces crazy rhythms britons. Quelques-uns avaient des hits locaux (les Seeds avec « Pushin’ too hard », d’autres ont écrit un de ces titres devenus mythiques des lustres plus tard (le « Psychotic reaction » du Count Five), d’autres n’ont été célébrés que plus tard (les meilleurs de tous, les Sonics, ne sont pas sur le double vinyle original), et constante pour tous, aucun de ces groupes n’est devenu riche et célèbre.

C’est un peu ce qui pend au nez des Mystery Lights. Parce que parmi tous ceux qui donnent dans le « Nuggets style », j’ai rarement entendu un truc aussi cohérent, méticuleux, maniaque. Du travail d’orfèvre, à mon avis nettement mieux que tout ce que les groupes originaux ont sorti en vinyle. Un peu comme ces moines copistes du début du Moyen-âge qui retranscrivaient des bouquins religieux en les enjolivant, faisant de récits plan plan des œuvres d’art. Les Mystery Lights livrent quelque chose d’entendu trois milliards de fois et pourtant avec ce petit plus qui fait la différence, les fait sortir du troupeau (merci Daptone …). En à peine plus de demi-heure et onze titres, la messe sixties est dite. De la courte intro instrumentale fuzzy en accélération permanente à la rave-up finale de « What happens … », y’a pour moi rien à jeter. Avec même peut-être bien un futur classique des compiles garage des années (20)50. Ça s’appelle « Melt », ça dure deux minutes et trente neuf secondes, c’est un dragster sonore surpuissant, basé sur un riff copié-décalqué sur celui de « The witch » des Sonics, ça s’achève avec des faux grésillements de vinyle en bout de piste et ça sonne instantanément comme un classique … que vous entendrez certainement jamais sur les ondes de radio, trop occupées à passer en boucle les derniers remugles sonores de … pff, y’en a tellement de ces tocards insupportables qu’on entend partout …
Les Mystery Lights revisitent avec un talent, une grâce et une énergie peu communs tout le catéchisme des sixties underground. Pas de baisse de régime, même pas un titre juste quelconque. Ils ont décidé d’être excellents, et ma foi, pourvu que ça dure. Du « classique » « Follow me home » et sa pédale fuzz sur onze, à la pop (très rock) de « Whitout me », à l’hymne pour les stades dans lesquels ils ne joueront très certainement jamais (« 21 and counting »), au Iron Butterfly style (le côté crétin balourd ravi en moins) « Too tough to bear », on se surprend à taper du pied pour battre la mesure et avoir envie après chaque titre d’appuyer sur « replay »…

Bon, allez, je vous laisse, je vais me le remettre ce Mystery Lights …


RADIOHEAD - A MOON SHAPED POOL (2016)

Génération Prozac ...
L’ordonnance est simple : t’écoutes un disque de Radiohead et tu bouffes une boîte de Prozac pour pas aller te pendre. Et ça marche depuis…pff, bien vingt ans.
Faut dire que la famille Tristos du rock se pose là et pas qu’un peu dès qu’il s’agit d’actionner la pompe à chialer et le fumigène à grisaille. Leurs rondelles sont quelquefois écoutables (disques de la décennie disent leurs fans), le plus souvent d’un ennui mortifère (le groupe se cherche, se reconstruit, disent les mêmes fans), mais ces cinq types (six si on compte leur producteur de toujours Nigel Godrich) réussissent on ne sait trop pourquoi à toujours créer l’événement chaque fois qu’ils sortent une rondelle. Le talent, diront leur fans … Eh oh, vous fermez votre gueule les fans, vous commencez à me gonfler grave …
Usual suspects ...
Plus prosaïquement, les Radiohead sont comme tous les types ou les groupes qui durent trop longtemps (un quart de siècle cette année), ils n’ont strictement plus rien à dire. Ni à prouver. Peuvent faire n’importe quoi, il se trouvera toujours des gogos pour les admirer et s’extasier devant leur dernière parution. Sauf que les Radiohead, auxquels on ne peut pas enlever un certain sens des affaires et de la stratégie commerciale, dès lors qu’ils ont compris qu’artistiquement ils n’avaient plus rien à dire (depuis « Kid A » en 2000) sont devenus des cadors en terme de marketing, de positionnement produit comme ils disent dans les écoles de commerce. Des épiciers du Cd à l’échelon planétaire en somme, mettant de leur côté le téléchargement pirate (« In rainbows »), sortant du numérique avant du physique (« King of limbs »), s’amusant aux jeux de pistes via les réseaux sociaux (cette dernière rondelle) … En gros en appliquant à la musique le pitch de « Matrix » (les « terroristes » qui infiltrent la virtualité pour mieux vivre dans le réel). Et ça marche, leurs banquiers sont contents, et leurs fans aussi d’ailleurs.
Le retour des guitares ...
« A moon shaped pool » empeste les fonds de tiroir. Cinq ans se sont écoulés depuis « King of limbs », ça sent le réchauffé, le laborieux. Le dernier titre (« True love waits »), ils le jouent en concert depuis vingt ans. Et peu de choses surprennent, et donc on en tartine des tonnes sur le moindre indice « d’évolution ». Le retour des guitares ? Ouais, mais on n’est pas non plus chez Lynyrd Skynyrd, si vous voyez ce que je veux dire … L’aspect « accessible », ouais, c’est un peu moins lugubre que depuis quinze ans, mais ça risque pas non plus d’intéresser les fans de Patrick Sébastien.
En gros, on retourne vers les ambiances floydiennes qui ont fait leur triomphe à l’époque de « OK Computer ». Le Floyd triste (c’est bien le moins) et évanescent de la seconde moitié des 70’s (« Wish you were here », « Animals »). Avec des attrape-nigauds qui vont faire s’extasier les ravis d’avance. Comme le coup des titres dévidés par ordre alphabétique (comme certains concerts des Pixies d’après la reformation). Comme le premier titre et premier single « Burn the witch ». C’est bien simple, à l’intro, on jurerait un truc de Coldplay (c’est dire si la pompe à fric demeure au cœur du machin) période « Viva la vida », avant que le Yorke s’élève au refrain dans les suraigus (et là, moi je pense direct à Sommerville, le mec à tronche de patate des Communards, et si vous vous rappelez plus ou avez honte de vous rappeler qui sont les Communards, allez vous faire foutre ou les mater sur YouTube). Et tiens, puisque j’ai lancé le nom de Yorke, autant souligner que ce type est capable d’être un très grand chanteur, habitant monstrueusement quelques titres. Dommage qu’il s’entête la plupart du temps à imiter le chanteur du Radiohead « classique », celui qui donne l’aubade pour les enterrements …
Certains Radiohead ont le melon ...
C’est là tout le problème de ce disque. Même pas mauvais, voire un de leurs deux ou trois meilleurs. On a l’impression de banquiers qui sortent un nouveau produit d’épargne. C’est de prime abord attirant, et puis tu t’aperçois qu’en fait, c’est juste pour qu’ils se gavent un peu plus. Ça sent la formule mûrement réfléchie (« faut pas dérouter les clients, faut les surprendre et les intriguer juste un peu  , et l’an prochain on va leur faire les poches lors de la tournée des festivals d’été »), la prise de risque ultra calculée, le retour des vieux qui sont en haut de l’affiche et sont prêts à tout pour pas lâcher la rampe, céder leur place … Comme tant d’autres, d’ailleurs.
Le rock (quoi que Radiohead et le rock pour moi ça n’a pas grand-chose à voir), cette musique de révolte de la jeunesse contre leurs parents, est maintenant faite par des grands-pères cupides à l’inspiration sèche …
Putain, ça y est, ils m’ont foutu le cafard, ces cons …      


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TWIN PEAKS - DOWN IN HEAVEN (2016)

En progrès ...
Ceux-là, les Twin Peaks, j’avais déjà repéré l’an dernier leur précédente rondelle argentée. « Wild Onion », qu’elle s’appelait. Plutôt pas mal foutue, mais bon, pas non plus de quoi se relever la nuit pour l’écouter en boucle.
Twin Peaks 2016 : bande de potaches ...
La suite se nomme donc « Down in heaven ». Elle est à mon humble avis supérieure à sa devancière. Mais que les choses soient claires, c’est pas le disque du siècle, même pas de l’année. Juste une quarantaine de minutes de zizique moins pénibles que le tout-venant sonore qui nous inonde de mochetés à tout-va. Quarante minutes pour treize titres, on se situe dans la plage horaire des titres définie par St Lennon et St McCartney lors des temps quasi immémoriaux des années 60. On est en plein format pop assumé. A savoir des couplets, des refrains, des ponts, … De la construction de chansons quoi. C’est si peu commun de nos jours que cet effort louable mérite d’être souligné.
Tout n’est pas parfait. Notamment au niveau des voix. Ils sont deux à chanter, l’un ne restera pas dans les esprits, l’autre est plutôt insupportable, un de ces timbres qui font mal aux oreilles. Et forcément, plus le titre est réussi, mieux ça passe. Au débit de cette affaire, il y a aussi quelques imitations un peu trop évidentes, de bonnes références certes, bien ingurgitées mais dégluties quasi à l’identique. Non pas que ce soit des plagiats, mais les influences sont tellement transparentes, tellement forcées, que ça transpire le manque d’inspiration, de personnalité.
... ou groupe sérieux ?
Comme je suis faible et bon public (comment, vous me croyez pas ?), je vais pas en faire un fromage. Surtout quand on nage dans le T.Rex (« Walk to the one you love »), les Stones période « Exile … » (la superbe « Wanted you », « Stain »), voire dans le fouillis Black Crowes (« Keep it together » avec section de cuivres et tout et tout…). Autrement dit, les Twin Peaks, donnent dans les early seventies à guitares. Comment, qu’est-ce que tu dis, toi ? Que les Black Crowes c’était pas les seventies ? T’as déjà écouté les Black Crowes ?). Par contre, à force de faire dans le référencé millésimé, y’a des fois où c’est un peu trop. Baptiser un titre « Getting better » (à l’usage des jeunes générations, je rappelle qu’il s’agit d’un morceau de « Sgt Pepper’s … »), c’est quand même assez « signifiant », et il vaut mieux se montrer à la hauteur, ce qui ici est assez loin d’être le cas … Allez, y’a pas mort d’homme, mais faites gaffe, les minots, ça va finir par se remarquer, ce genre de détails, et ça peut vite cataloguer un groupe dans les rayons « copistes sans talent ni imagination ».
Ce qui n’est pas le cas, même si rien n’est original (citez-moi un truc original et écoutable sorti ce siècle-ci, pour voir …), voire quelque fois un peu balourd (l’envie de bien faire ?). En fait, les Twin Peaks, il sont pas pour moi… ils sont jeunes, plein d’enthousiasme, de naïveté et de fraîcheur, et moi … euh, pareil, mais un peu moins quoi.

En gros, les Twin Peaks, ils font de la musique pour les gens de leur âge. Et j’aurais quelques dizaines de trimestres en moins au compteur, je trouverais sûrement ça génial … Là, je les trouve juste intéressants. Ce qui est déjà un compliment …

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Wild Onion



THE LIMIÑANAS - MALAMORE (2016)

Route du 66 ...
Déjà moi j’suis au Sud (ouais, je sais, et parfois à l’Ouest). Ben les Limiñanas, ils sont encore plus au Sud que moi. Cabestany, banlieue de Perpignan. Et encore plus à l’Ouest que moi aussi…
Et assez bizarrement, parce qu’on s’est (enfin, on c’est les ceusses et ceux qui font les tendances, les modes, le buzz …) pendant des lustres gargarisés de jeunots parisiens se prenant pour les Libertines, les Limiñanas semblent avoir le vent médiatique en poupe. Et pourtant les Limiñanas n’ont rien de glamour ni de sexy. Ils sont deux, Lionel et Marie, la quarantaine, lui sorte de Chabal catalan, elle rousse timide. Circonstance aggravante, ils se situent hors du temps et des modes. N’envisagent pas un morceau en commun avec Louane. Ni avec Kanye West. Et pourtant, ils sont connus et cités sur la planète entière.

Le poète musical Comelade est évidemment de la partie sur ce disque (catalanité mais surtout atomes crochus musicaux obligent), de même que Peter Hook, le bassiste star des feu ( ? ) New Order, et l’azimuté Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre) ne tarit pas d’éloges sur eux (et quand on a lu des interviews de lui, il ferait passer les frères Gallagher ou Mark E Smith pour des types zen et adorables pour leurs congénères).
Lentement, et peut-être sûrement, les Limiñanas sortent de l’ombre. Et quand on écoute ce disque, on se dit qu’il ne serait guère étonnant qu’ils finissent vraiment par faire parler d’eux. Et tout ça sans compromis ni concessions. Leur aventure a commencé par la gestion d’un magasin de disques (à l’heure où même dans la cambrousse la plus reculée d’Hexagonie tu télécharges gratos un cd en trois clics et trente secondes, c’est dire leur sens des affaires et du commerce, mais leur démarche ne se situait pas à ce niveau-là) évidemment voué à la banqueroute, et ce couple à la ville comme à la scène est resté fidèle quand il s’est agi de faire paraître ses disques aux labels indépendants microscopiques (même si maintenant ils sont chez Because, chaînon manquant entre les petits et les majors).
Limiñanas & Comelade
Leurs premiers disques étaient pour la « famille », comprendre les amateurs de rock garage, de rock psychédélique, de guitares couplées à des pédales fuzz, et d’une façon générale à tous les vieux fans des Cramps. Mais de ce genre de machins, y’en a plein les pages de ton putain de blog, entends-je. Certes, mais les Limiñanas sont capables de s’extraire du carcan, aller voir ailleurs. Même si, faut pas déconner quand même, on reste quelque part entre 66 (non, pas le département) et … 66. Mais là où le restant du troupeau s’abreuve jusqu’à plus soif aux compiles Nuggets (garage américain donc), là où les plus téméraires citent « … Satanic Majesties …» ou le Floyd de Barrett, les Limiñanas revendiquent et assument les sixties françaises. Gainsbourg et ses muses, mais aussi la vague yéyé (plutôt côté Ronnie Bird que Cloclo évidemment).
Résultat « Malamore » est un disque qui ratisse large sans faire aucun calcul mercantile. D’ailleurs, les Limiñanas ont l’idée saugrenue de raisonner en termes d’art, d’œuvre et font commencer leurs skeud par un court instrumental, avant que le Lionel déclame d’une voix grave parlée (les deux se revendiquent non-chanteurs, et quand il y a un truc à vraiment chanter, c’est systématiquement Marie qui s’y colle), qui tant par le débit que par le texte (chiadé, riche) évoque irrémédiablement Gainsbourg.

C’est pas la seule fois dans « Malamore » qu’on pensera à l’amateur de pastaga. « Dalhia rouge », tuerie mélodique et pour moi masterpiece du machin, c’est du Bardot (ou Jane) – Gainsbourg là aujourd’hui en 2016. Sans qu’une seule seconde on pense au plagiat. C’est l’esprit du truc qui est capturé, et c’est pas la chose la plus facile à réaliser, beaucoup ont essayé, nombreux ont été ceux qui s’y sont cassé les dents. Les Limiñanas réussissent, comme Burgalat auquel on pense aussi quelquefois dans les titres les plus « naïfs », les plus pop, ou la comète Vanessa & the O’s (quelqu’un sait-il ce qu’elle est devenue, y’a rien à gagner).
« Malamore » réussit à être varié. Deux voix qui se relaient au fil des morceaux, des titres instrumentaux, de la mélodie ou des trucs envoyés en écrabouillant la pédale fuzz, des pyramides sonores avec final hypnotique qui doivent tout arracher en live (« Zippo » ou la référence au énième degré « The train creep a-loopin’ »), des morceaux qu’on devrait entendre à la radio toutes les heures (« Prisunic », « Garden of love » le truc avec Hook et sa basse éléphantesque, ou la quasi instrumentale « Paradise now » plus 60’s yéyé que nature).
Conclusion : et si le meilleur groupe français d’aujourd’hui était un couple de plus tout jeunes perpignanais ? Si on tenait avec eux nos White Stripes (d’ailleurs ça m’étonnerait pas qu’ils finissent par sortir un vinyle chez Third Man, le label de Jack White) ? Possible …

Faudra juste que certains « connoisseurs » arrêtent de dire que non, vous avez rien compris, les Limiñanas c’était bien mieux avant … Non, les Limiñanas, ils sont bons maintenant …


NIGHT BEATS - WHO SOLD MY GENERATION (2016)

Talkin' 'bout their generation ...
Des Américains. Perdus dans les limbes de l’anonymat… Avec dans leurs carnets de voyage le périple d’une certaine forme de transhumance électrique. Le Texas, Seattle, Los Angeles. Le genre de migration qui sent sinon la recherche du succès, du moins celle de l’estime …
Alors est-ce que ces types-là vont remplir les stades ? Bof, m’étonnerait, mais ils auront tout fait pour. Dans le bon sens du terme je veux dire… pas en se faisant remarquer par leurs frasques, leur consommation effrénée de substances dopantes, la fréquentation de blondasses court-vêtues à forte poitrine, un ramassis de déclarations trumpesques … Non, juste en sortant un bon disque, ce « Who sold my generation ».
Qui plus est dans un style bien casse-gueule. En formation resserrée, power trio. Et là, désolé, mais faut assurer, surtout quand comme eux on donne dans le rock à guitare. Tendance psychédélique, comme à peu près tout le monde de nos jours. Heavy psychédélique, s’il faut être précis … Bon, les Night Beats ne sont pas Cream ou l’Experience, et ne le deviendront jamais. Mais qu’importe …
Night Beats 2016
Ils ont pondu là un disque qui me fait furieusement penser, entre autres choses, au « Roger the Engineer » des Yardbirds. La technique de Beck et Page en moins, les bonnes chansons en plus parce que quitte à froisser les gardiens du Temple, les Yardbirds ont pas brillé par leurs hits, si vous voyez ce que je veux dire … Je vais vous dire, des zigotos qui sonnent du feu de Dieu, des types qui ont un Mac et quelques logiciels à la maison, y’en a plein les rayonnages. T’écoutes leurs rondelles, ça te décolle les tympans et quand le boucan s’arrête, t’as rien entendu qui ressemble à une chanson, une mélodie, un truc écrit …
Par contre, chez les Night Beats, y’a comme qui dirait de la matière. Sur douze titres, y’en a une dizaine de bons, voire plus. Bon, faut juste zapper le premier (quelqu’un pourra t-il leur dire qu’à l’heure des écoutes en travers sur des supports pas vraiment hi-fi, aujourd’hui comme toujours, le premier titre est d’une importance capitale), étrangeté avec phrasé lancinant sur une rythmique quasi kraut. Faut aussi en oublier un vers la fin (« Turn the lights ») assez anodin malgré l’intrusion d’un harmonica (hommage accidentel à Keith Relf ?). Parce que tiens, hormis cet harmonica et quelques beuglements de cuivre (sur l’énorme rhythm’n’soul « Bad love »), on est ici tout près de l’os. Guitare, basse et batterie. Le batteur assure, le bassiste (celui du Black Rebel Motorcycle Club) t’attaque souvent au plexus et charpente plus que bien tous les titres, et le guitariste … Le guitariste, putain, il est bon. Parce qu’il a la technique (quelques solos pas piqués des hannetons) et – les deux sont souvent incompatibles – la concision. En plus il écrit, chante (malheureusement, c’est pas Otis Redding, ni même Prince, malgré sa voix de fausset) et coproduit.  Danny Lee Blackwell, il s’appelle… notez son nom quelque part, d’une façon ou d’une autre, ce type fera certainement parler de lui, l’avenir lui appartient …
Night Beats - Danny Lee Blackwell au 1er plan
Il y a de grands titres sur cette rondelle. Dont un énorme, qu’on aurait dû entendre partout si on vivait pas dans un  mode de déficients auditifs. « Right / Wrong » il s’appelle, c’et un truc très chaloupé, hyper-mélodique, on dirait du Joe Jackson des débuts. « Shangri-Lah » accroche bien également, avec son refrain explosif. Et puis, les Night Beats se sont fendus à la fin du disque d’une fabuleuse cavalcade orientalisante, avec un solo de la mort qui tue de Blackwell après le faux final. Leur « Kashmir » à eux, en quelque sorte.
Le reste n’est pas à la ramasse, et les Night Beats font se succéder morceaux roboratifs « concernés ». Car même s’il s’agit de psychédélisme, on cause pas ici de poésie acide, de visions tolkienesques ou de je ne sais quelles balivernes sixties... Non, ces jeunots portent un regard critique sur cette société ricaine qui part en vrille (le titre du disque est à bien des égards «signifiant »), n’hésitant à pointer du doigt et du mot la sordide réalité (« No cops », sur ces flics qui font des cartons sur des types qui y sont pour rien, Noirs de préférence).

Le disque idéal pour oublier Daech, Gattaz, Sarko, Macron, … et tout le reste …


FAT WHITE FAMILY - SONGS FOR OUR MOTHERS (2016)

Gueule de bois ...
Ce disque pue. Des fois la mort, mais le plus souvent des odeurs de pisse froide, de vomi tiède, de mégots mal écrasés, de mousseux bas de gamme éventés, et la sensation d’un putain de mal de tronche carabiné. Rajoutez à cela une atmosphère aussi gaie qu’une veillée funèbre chez les Fillon, et vous avez une galette qu’il va être difficile de mixer avec la Compagnie Créole dans vos soirées. Vous allez objecter que les Fat White Machin ont pas des bobines à écouter la Compagnie Créole, ben vous voulez mon avis, y’a des fois ils devraient.
Cette pléthorique raya anglaise est paraît-il la dernière tribu punk dont il faudrait avoir entendu causer… bâillements … Je veux bien qu’on me la coupe (de toute façon, à mon âge quasi canonique, elle me servira bientôt plus que pour pisser) s’ils trouvent des foules de preneurs à leur truc. Pas que ce soit extrêmement mauvais, non, même pas, mais c’est juste que ces trips musicaux déglingués, ben, faut avoir un peu plus de consistance que ces biquets british pour pas s’y vautrer sans avoir l’air ridicule.
Aubergiste, à boire !!!
Chez ces types, y’a comme un parfum de réchauffé. De la pochette qui plagie quand même un peu celle de « Brothers » des Black Keys (mais pourquoi ?), jusqu’à des trucs entendus cinquante douze milliards de fois. Bon, pas ces temps-ci, je vous l’accorde, et pas exactement de la même façon, je veux bien aussi. Mais à qui faire croire qu’il y a dans « Songs … » quelque chose qui vaille qu’on écoute et – soyons fous – qu’on achète pareille rondelle dans notre pauvre monde youtubé où Deezer ou Spotify font figure de modèle musical d’avenir, tu vois un peu la sale gueule qu’il a l’avenir, aussi réjouissant que le comeback de Sarko, toute hypocrisie et dents bien blanches en avant, prêtes à de nouveau rayer le plancher, pour que ce Gollum de la politique retrouve son précieux et nous entube bien fort et profond à nouveau…
Ça ressemble à quoi, leur bidule, aux Fat White Machin ? A des jets de bile froides comme en postillonnait The Fall, à des complaintes suppliciées à la Joy Division, à des tourneries morbides de Faust (et pas seulement à cause de la pochette), à la métronomie constipée du krautrock bas de gamme des 70’s, aux requiems lugubres des Electric Prunes sur la B.O. de « Easy Rider », aux pleurnicheries sépulcrales de Lennon époque Plastic Ono Band. Tiens, puisqu’on en est à causer du Beatle révolvérisé, signalons à l’attention des exégètes et curieux de tout poil, que c’est le fiston Sean qui a produit quelques titres, avant de jeter l’éponge parce que les mecs de Fat White Etc… foutaient à la moindre occasion la main au cul de sa gonzesse.
Car les FWF se sont vautrés jusqu’à plus soif et plus de cloison nasale dans tous les excès du rock’n’roll way of life, alimentant de ragots déglinguos ceux qui les attendent pour juger la qualité des mecs à l’aune des scandales qu’ils génèrent. C’est pas que j’ai viré amish, mais les frasques de rockers en goguette, bon, ça va, on commence à connaître, même Michel Delpech se poudrait les naseaux il paraît, putain Michel Delpech, avec ses moustaches, ses futes en tergal pattes d’eph et ses rengaines pourries, y’a des mecs qui te feraient croire qu’il faudrait baptiser un porte-avions à son nom, juste pour rendre hommage à ce « grand poète ». Que Mireille Mathieu oublie un jour de respirer et il se trouvera bien à la téloche un tocard pour la comparer à Janis Joplin ou Ella Fitzgerald … bon, no comment davantage, parce que je vais finir par devenir méchant …
Ah, ça va déjà mieux
En fait, ce « Songs … », ça ressemble aux Pogues qui reprendraient le « Fun House » des Stooges, avec le trip nihiliste et jusqu’auboutiste d’Iggy et ses potes de défonce devenant juste une ballade glauque. Faut avoir les épaules plus larges que le FWF pour s’attaquer à des choses pareilles. Même si parfois ça évoque les ballades crépusculaires de Nick Cave ou du Johnny Cash cancéreux de la fin.
Il serait presque intéressant ce disque, en tout cas pas aussi mauvais que ce que ma prose agile pourrait laisser deviner, sauf qu’il y a pour moi un gros truc qui coince. « Songs … » est farci de références et d’allusions pas vraiment finaudes à une putain d’idéologie vert-de-gris. Un titre comme « Duce » peut passer pour une mauvaise blague bleu marine, mais ça se complique quand le titre suivant s’appelle « Lebensraum ». A l’attention des Bac-15, je signale que le lebensraum (espace vital dans la langue de Merkel) était le mot-clé des géopoliticiens nazis et le prétexte aux visées expansionnistes du IIIème Reich. Et c’est pas tout, le dernier titre de « Songs … », c’est « Goodbye Goebbels ». Autrement dit, les zozos de FWF, ils se sont un peu pris les arpions dans le tapis dialectique fachisant et marchent sur les traces des plus que douteux belges électro de Front 242 ou des slovènes abrutis de Laibach… On peut trouver mieux comme références.

Si les nouvelles sensations électriques du wokanwoll se situent à ce niveau, va falloir très sérieusement envisager de se mettre à la Compagnie Créole ou à Magic System, c’est plus positif. Hey, remets-moi Johnny Kidd …

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KELLEY STOLTZ - IN TRIANGLE TIME (2015)

Quadrature du cercle ?
Kelley Stoltz … En voilà un oiseau bizarre … Quadra américain au cheminement chaotique pourvu de quelques faits d’armes étonnants. Dont les deux plus connus (enfin, façon de parler) sont en début de carrière, un disque reprenant intégralement le « Crocodiles » d’Echo & The Bunnymen, les new waveux lyriques (j’ai pas dit pompier, mais pas loin) anglais, et un autre skeud certifié bio-éco-responsable ou un truc du genre (utilisation de matériaux recyclables, électricité produite « maison », et toute cette sorte de choses …). Plus récemment, une participation dans les Fresh & Onlys (garage sixties de San Francisco) et dans le backing band du vieux barde oublié de tous Rodriguez (le Dylan dont personne avait entendu parler et auteur de deux disques oubliés fin 60’s) lui vaudront de se faire un petit nom dans le milieu des guitaristes « intéressants ».

Et puis, comme le Stoltz devait avoir du temps libre, il a appris à jouer de plein d’instruments (basse, batterie, claviers entre autres) et à utiliser les tables d’enregistrement et de mixage des studios. Ce qui fait que ce « In Triangle Time » est quasi un exercice solitaire (écrit, joué, arrangé et produit). Et là, faut faire gaffe, parce que dans ce genre plus que restreint, y’a pas que des guignols, si vous voyez ce que je veux dire. Des types qui font leurs disques tout seuls, ils s’appellent McCartney, Wonder, Prince, Rundgren …
Tiens, le Rundgren, justement, il y a un peu de ça chez Stoltz. Notamment dans la capacité de celui qui est perçu comme un bon guitariste à s’effacer devant les autres instruments. En clair, « In Triangle Time » ne ressemble pas à un disque de Joe Satriani. Stoltz, assez étrangement pour un guitareux, met plutôt les synthés en avant. Et (voir son épisode Echo &  The Bunnymachin), il donne plutôt dans les synthés 80’s et dans le son new wave en général. Ce qui change quand même un peu de tous les maniaques revivalistes du psyché des late 60’s.
Alors il y a dans ce « In Triangle … » (on passera sur la côté fumasse et mystico-ésotérique qui semble tenir parfois lieu de concept au disque) plein de choses qui renvoient à un certain art de la power pop comme la pratiquaient le Dwight Twilley Band, voire même Cheap Trick ou des Cars version lo-fi. Avec quelques sorties de route (le début des années 80 est en matière sonore à manier avec précaution, il y a quelques fautes de goût impardonnables) plutôt saugrenues, genre la recréation d’une sorte de Frankie Goes to Hollywood sound (« The Hill »), ou la tentative de ballade dépouillée au feeling (« Destroyers & drones »), dans laquelle il manque quand même un peu beaucoup de feeling.

Donc ce skeud est ma foi assez entraînant, facile à écouter (douze titres entre trois et quatre minutes), plutôt accessible voire centriste. Alors que beaucoup essayent de se faire un nom avec une originalité débordante et casse-roustons, le sieur Stoltz se contente juste de ripoliner ma foi joliment des choses bien connues. De l’évolution, pas de la révolution. Et ça marche assez souvent … Comme dans l’inaugural « Cut me, baby » où il met d’entrée en exergue son aisance mélodique et sa voix traînante. Comme dans la bonne power pop « Jona » avec ses arrangements malins (synthés + guitare), ou l’encore plus classique dans le genre « Fictional girl ». Comme dans le blues « revisité » « Crossed mind blues » qui fera peut-être hurler les puristes maniaques des vieux 78 tours qui crachotent mais que perso je trouve plus intéressant que l’intégrale de Stevie Ray Machin (oh putain, j’ai touché au Bon Dieu, mais je m’en tape). Seul regret, il manque quand même une grande chanson qui pourrait comme on dit passer à la radio …
Et puis j’ai noté un truc curieux sur les deux-trois derniers titres (avant la ballade foirée dont j’ai déjà causé). La voix du Stoltz, comme tout ce qui sort de la console d’enregistrement est extrêmement trafiquée (y’a des fois qu’il en fait même un peu trop, on sait pas si c’est du synthé, du sax ou une guitare) et elle finit par sonner exactement comme celle de Bowie. La première fois (« Little love »), on pense au hasard, le second coup (« Wobbly »), on reste perplexe tant le titre sonne comme un inédit de « Lodger ». Si quelqu’un a une explication (accident ? hommage pre-mortem ?), qu’il se manifeste, il n’y a rien à gagner.

Il va pas en vendre des camions de son disque, ça semble clair. Mais moi, je serais plutôt enclin à le recommander, c’est beaucoup plus original tout en restant classique que ce que l’on a l’habitude d’entendre.


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