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THEE OH SEES - A WEIRD EXISTS (2016)

San Francisco Nights
Quoi que … « San Francisco Nights » en intitulé de cette notule, ça pourrait faire se retourner Eric Burdon dans sa tombe. Hein, tu dis quoi, toi ? Qu’il est pas mort Burdon ? T’as raison, mais on s’en fout du nabot qui braillait dans les Animals.
Le sujet aujourd’hui, c’est le sieur John Dwyer, leader et homme à tout faire de Thee Oh Sees, mais aussi gourou et figure tutélaire de toute la « nouvelle » scène de Frisco, dont les plus illustres éléments sont Ty Segall et Mikal Cronin, responsables comme Dwyer de multitudes de galettes sous de multiples intitulés et quelques fois sous leur nom propre. Parce que maintenant, dans un monde musical aux modèles économiques pulvérisés par le téléchargement et le streaming, le centre de gravité de la musique américaine qui bouge, qui vit, qui cherche à avancer malgré tout, il n’est plus à New York (trop arty, branchouille, m’as-tu-vu), ni à L.A. (colonisé et lobotomisé par les pitres qui passent en boucle sur MTV et les meufs kardashianesques).
Thee Oh Sees 2016
Comme il y a pile cinquante ans (putain cinquante ans !) ça se passe à Frisco. Bon, il est peu probable que tous ces combos qui aujourd’hui s’agitent dans l’anonymat sinon l’indifférence généraux deviennent un jour aussi célèbres que l’Airplane, le Dead, Creedence, Quicksilver, Big Brother, Country Joe et les autres qui ont fait éclore la vague psychédélique 60’s. Même si de psychédélisme il en est encore question avec les Thee Oh Sees. Comme chez tout le monde de nos jours. Chopez n’importe quel groupe de minots avec guitares, et ils vous citent d’entrée comme un sésame les mots de garage et de psychédélisme. Ça donne sinon le droit de devenir riche et célèbre, mais ça permet de faire savoir qu’on existe, puisque c’est « tendance ».
Sauf que les Thee Oh Sees et Dwyer en particulier, c’est plutôt des quadras qui sont là depuis une éternité, ça leur confère une sorte de légitimité. Mais on s’en cogne de la légitimité me dis-tu ? Que ce qui compte c’est de sortir un disque écoutable, et que c’est pas parce tu moulines sur ta gratte depuis vingt ans que tu vas faire de bons disques, hein, voyez plutôt Status Quo … ou Coldplay. Vous saisissez où je veux en viendre ? Non, bon tant pis, je recommence pas …
Non, ce qui est intéressant voire passionnant dans le cas de Dwyer et de ses Thee Oh Sees, c’est que le type en a plus rien à foutre des chiffres de vente si tant est qu’il en a eu quelque chose à cirer un jour. Sa petite notoriété lui permet de survivre de son art, il est dans la logique du do it yourself (et avec les outils informatiques aujourd’hui, tu sors un disque « fini » pour le budget Kleenex d’une scène de porno), fait en gros ce qu’il veut et vous emmerde … Parce que faut être un peu con pour virer ce que certains considèrent déjà comme la formation « royale » des Thee Oh Sees, celle de l’encensé (du moins dans ce blog) « Floating coffin », et repartir à l’assaut avec un casting tout neuf. Qu’il me soit permis de regretter la mimi Brigid Dawson (même si elle traîne dans les backing vocaux sur un titre), dont les claviers et les chœurs lumineux étaient pour beaucoup dans l’impact du précédent opus.

La nouvelle formation des Oh Sees (parce que tant qu’à virer tout le monde, autant faire dans l’inédit) se compose ladies and gentlemen, de deux (oui deux, un + un) batteurs. Comme dans l’Allman Brothers Machin, s’écrie le pervers fan de rock sudiste ? Pff, non, t’as rien compris, plutôt comme chez les Black Angels, si tu veux citer quelque chose d’à peu près comparable. Mais à quoi ça sert deux putains de batteurs, quand t’as un plug-in sur ton Mac qui peut te faire pareil que si t’avais les Tambours du Bronx à la rythmique ? ben à foutre la pression sur les autres et à pouvoir se balader dans des structures compliquées comme les affectionnaient les groupes de kraut (eh, oh le fan des Allman, pourquoi tu pars en courant ?). Car les Oh Sees ne cèdent à la facilité de ne contentent pas du minimum binaire de base comme leur petite notoriété pourrait les y autoriser, avec douze titres descendus dans les quarante foutues minutes ;
D’abord, des morceaux, dans « A weird exists » il n’y en a que huit. Autrement dit, on n’a pas chez le sieur Dwyer peur de s’installer dans la durée, de tirer toute la substantifique moelle d’une composition. Et à ce jeu, les quasi huit minutes de « Crawl out from the fall out » entamées par un cliquetis de cymbales, se terminent en une sorte de boléro lysergique que n’aurait pas renié Jason Pierce et ses Spiritualized. « Plastic plant » montre à quoi ça peut servir deux batteries qui dévalent le titre genre avalanche de fûts, essaient de se tailler une place au milieu de guitares hurlantes, et preuve que ce titre est également excellent, tout ce raffut n’arrive pas à masquer une mélodie de derrière les fagots.
John Dwyer se prend pour Angus Young (ou Chuck Berry)
Dans « A weird exists », on cause  et on fait de la musique. Et si y’a pas besoin de paroles, et ben on s’en passe, ce qui arrive dans la moitié des cas, sans que ça sonne une  seule seconde comme un revival electro ou un tentative de faire de l’ambient avec des guitares. On est bien au-dessus de ces viles comparaisons. Et on se retrouve avec les deux aspects extrêmes de ce genre de musique. D’un côté le ratatinage sonore obstiné à la Hawkwind (« Ticklish warrior »), et à l’autre aspect du spectre sonore une lente mélodie belle à pleurer (« The axis »), inspirée paraît-il par un baba entendu dans une rue qui avec un Clavier tout pourri joué à la Charlie Oleg reprenait pour les passants des titres de Hendrix. Un Voodoo Chile évidemment méconnaissable, en dehors du titre de la rengaine.
« A weird exists » est le genre de disques comme on n’hésitait pas à en faire au tournant des années 60-70, à une époque où l’on n’avait rien à foutre de notions de chapelle et de normalité. On mettait sur un disque une litanie de bons morceaux, et tant pis (ou tant mieux) s’ils ne se ressemblaient pas tous. Allez, s’il fallait un maillon faible à cette rondelle, je dirais que c’est « Jammed entrance » qui comme son nom le laisse supposer est un peu trop en roue libre tendance free jazz pénible (pléonasme).

« A weird exists » est le genre de disque dont Nagui risque pas de faire la promotion. Donc excellent.


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THE MYSTERY LIGHTS - THE MYSTERY LIGHTS (2016)

Children of Nuggets ...
Et la lumière fut avec les Mystery Lights … Ouais, je sais, c’est pas rien de commencer une chroniquette en paraphrasant Dieu, mais pour une fois y’a de quoi sortir la brouette à superlatifs.
Et d’abord, c’est qui, les Mystery Machins, se demandent mes armées de lecteurs. Euh, à vrai dire, j’en sais rien, et là, à brûle-pourpoint, sans copier sur le livret, je suis bien incapable de vous dire comment ils s’appellent ces gugusses et de quel bled des Zétazunis ils viennent.
Ce que je sais, c’est qu’ils sont tout jeunes, que cette rondelle est leur première et qu’ils l’ont enregistrée au studio Daptone, du label du même nom. Bon, pour ceux qui ont tout juste le niveau maternelle supérieure en classic soul, Tonton Lester vous explique, et ouvrez grand vos orifices (mais non, pas tous, rien que les oreilles, z’êtes pénibles, les filles …), y’aura interro là-dessus un de ces quatre. Daptone, c’est une bande d’azimutés revivalistes qui entendent balancer aujourd’hui des disques de soul comme on faisait chez, au hasard, Stax, y’a cinquante ans. Entendre par là, qu’il y a des chanteurs ou chanteuses dignes de ce nom au micro, des vrais types qui les accompagnent en jouant de vrais instruments, le tout enregistré avec un soin maniaque sur des consoles analogiques d’époque. Autrement dit, les artistes Daptone (figure de proue Sharon Jones, bien 70 balais), ils ont le putain de son qui te fait frissonner, on n’est pas exactement dans le registre de la pétasse ondulant du croupion, avec Cubase, Bandcamp, ProTools et AutoTune qui moulinent les octets derrière…

Ceci posé, les Mystery Lights sont une erreur de casting totale, une aberration au pays des revivalistes soul maison. Ces cinq corniauds, ils sont à peu près aussi soul que Bruno Lemaire (vous savez, le mec à tronche de bedeau premier de la classe, qui pense avoir des idées jeunes parce qu’il fait du Sarko light ou du Juppé version ado, et qui s’imagine être le Obama ou le Kennedy normand que nous attendons tous, si tu savais la gamelle que tu vas prendre face au vieux briscards, tu retournerais sous les jupes de ta cousine pour avoir une idée de l’origine du monde, mais bon, je pars en vrille là, on va se calmer …). J’en étais où là ? Ah ouais, la soul et les Mystery Truc.
Ben hormis par moments la voix du chanteur (ils ont pas dû le laisser partir comme çà, deux prises et c’est bon c’est dans la boîte, ils ont du le torturer longtemps) qui fait « passer des choses » dans son gosier, même s’il se cantonne au registre du shouter un peu limité, les Mystery Chose, ils sont pas soul pour deux sous.
Je vous parie la vertu d’une congrégation de bénédictines que leur disque de chevet, c’est la compile Nuggets assemblée par Lenny Kaye en … 1972, et qui repiquait tous ses morceaux entre 65 et 67, dans un genre devenu plus tard dans les livres le rock garage. Entendez par là tous ces boutonneux américains, traumatisés par tout ce qui venait d’Angleterre (les Beatles d’abord, ensuite tous les Stones, Who, Kinks, Pretty Things, Them and so on …) et qui s’escrimaient à les imiter, le plus souvent assez gauchement (suffit de fouiller un peu dans les multiples compilations parues depuis pour s’apercevoir qu’il n’y avait pas que des cadors du binaire énervé) tous ces crazy rhythms britons. Quelques-uns avaient des hits locaux (les Seeds avec « Pushin’ too hard », d’autres ont écrit un de ces titres devenus mythiques des lustres plus tard (le « Psychotic reaction » du Count Five), d’autres n’ont été célébrés que plus tard (les meilleurs de tous, les Sonics, ne sont pas sur le double vinyle original), et constante pour tous, aucun de ces groupes n’est devenu riche et célèbre.

C’est un peu ce qui pend au nez des Mystery Lights. Parce que parmi tous ceux qui donnent dans le « Nuggets style », j’ai rarement entendu un truc aussi cohérent, méticuleux, maniaque. Du travail d’orfèvre, à mon avis nettement mieux que tout ce que les groupes originaux ont sorti en vinyle. Un peu comme ces moines copistes du début du Moyen-âge qui retranscrivaient des bouquins religieux en les enjolivant, faisant de récits plan plan des œuvres d’art. Les Mystery Lights livrent quelque chose d’entendu trois milliards de fois et pourtant avec ce petit plus qui fait la différence, les fait sortir du troupeau (merci Daptone …). En à peine plus de demi-heure et onze titres, la messe sixties est dite. De la courte intro instrumentale fuzzy en accélération permanente à la rave-up finale de « What happens … », y’a pour moi rien à jeter. Avec même peut-être bien un futur classique des compiles garage des années (20)50. Ça s’appelle « Melt », ça dure deux minutes et trente neuf secondes, c’est un dragster sonore surpuissant, basé sur un riff copié-décalqué sur celui de « The witch » des Sonics, ça s’achève avec des faux grésillements de vinyle en bout de piste et ça sonne instantanément comme un classique … que vous entendrez certainement jamais sur les ondes de radio, trop occupées à passer en boucle les derniers remugles sonores de … pff, y’en a tellement de ces tocards insupportables qu’on entend partout …
Les Mystery Lights revisitent avec un talent, une grâce et une énergie peu communs tout le catéchisme des sixties underground. Pas de baisse de régime, même pas un titre juste quelconque. Ils ont décidé d’être excellents, et ma foi, pourvu que ça dure. Du « classique » « Follow me home » et sa pédale fuzz sur onze, à la pop (très rock) de « Whitout me », à l’hymne pour les stades dans lesquels ils ne joueront très certainement jamais (« 21 and counting »), au Iron Butterfly style (le côté crétin balourd ravi en moins) « Too tough to bear », on se surprend à taper du pied pour battre la mesure et avoir envie après chaque titre d’appuyer sur « replay »…

Bon, allez, je vous laisse, je vais me le remettre ce Mystery Lights …


RADIOHEAD - A MOON SHAPED POOL (2016)

Génération Prozac ...
L’ordonnance est simple : t’écoutes un disque de Radiohead et tu bouffes une boîte de Prozac pour pas aller te pendre. Et ça marche depuis…pff, bien vingt ans.
Faut dire que la famille Tristos du rock se pose là et pas qu’un peu dès qu’il s’agit d’actionner la pompe à chialer et le fumigène à grisaille. Leurs rondelles sont quelquefois écoutables (disques de la décennie disent leurs fans), le plus souvent d’un ennui mortifère (le groupe se cherche, se reconstruit, disent les mêmes fans), mais ces cinq types (six si on compte leur producteur de toujours Nigel Godrich) réussissent on ne sait trop pourquoi à toujours créer l’événement chaque fois qu’ils sortent une rondelle. Le talent, diront leur fans … Eh oh, vous fermez votre gueule les fans, vous commencez à me gonfler grave …
Usual suspects ...
Plus prosaïquement, les Radiohead sont comme tous les types ou les groupes qui durent trop longtemps (un quart de siècle cette année), ils n’ont strictement plus rien à dire. Ni à prouver. Peuvent faire n’importe quoi, il se trouvera toujours des gogos pour les admirer et s’extasier devant leur dernière parution. Sauf que les Radiohead, auxquels on ne peut pas enlever un certain sens des affaires et de la stratégie commerciale, dès lors qu’ils ont compris qu’artistiquement ils n’avaient plus rien à dire (depuis « Kid A » en 2000) sont devenus des cadors en terme de marketing, de positionnement produit comme ils disent dans les écoles de commerce. Des épiciers du Cd à l’échelon planétaire en somme, mettant de leur côté le téléchargement pirate (« In rainbows »), sortant du numérique avant du physique (« King of limbs »), s’amusant aux jeux de pistes via les réseaux sociaux (cette dernière rondelle) … En gros en appliquant à la musique le pitch de « Matrix » (les « terroristes » qui infiltrent la virtualité pour mieux vivre dans le réel). Et ça marche, leurs banquiers sont contents, et leurs fans aussi d’ailleurs.
Le retour des guitares ...
« A moon shaped pool » empeste les fonds de tiroir. Cinq ans se sont écoulés depuis « King of limbs », ça sent le réchauffé, le laborieux. Le dernier titre (« True love waits »), ils le jouent en concert depuis vingt ans. Et peu de choses surprennent, et donc on en tartine des tonnes sur le moindre indice « d’évolution ». Le retour des guitares ? Ouais, mais on n’est pas non plus chez Lynyrd Skynyrd, si vous voyez ce que je veux dire … L’aspect « accessible », ouais, c’est un peu moins lugubre que depuis quinze ans, mais ça risque pas non plus d’intéresser les fans de Patrick Sébastien.
En gros, on retourne vers les ambiances floydiennes qui ont fait leur triomphe à l’époque de « OK Computer ». Le Floyd triste (c’est bien le moins) et évanescent de la seconde moitié des 70’s (« Wish you were here », « Animals »). Avec des attrape-nigauds qui vont faire s’extasier les ravis d’avance. Comme le coup des titres dévidés par ordre alphabétique (comme certains concerts des Pixies d’après la reformation). Comme le premier titre et premier single « Burn the witch ». C’est bien simple, à l’intro, on jurerait un truc de Coldplay (c’est dire si la pompe à fric demeure au cœur du machin) période « Viva la vida », avant que le Yorke s’élève au refrain dans les suraigus (et là, moi je pense direct à Sommerville, le mec à tronche de patate des Communards, et si vous vous rappelez plus ou avez honte de vous rappeler qui sont les Communards, allez vous faire foutre ou les mater sur YouTube). Et tiens, puisque j’ai lancé le nom de Yorke, autant souligner que ce type est capable d’être un très grand chanteur, habitant monstrueusement quelques titres. Dommage qu’il s’entête la plupart du temps à imiter le chanteur du Radiohead « classique », celui qui donne l’aubade pour les enterrements …
Certains Radiohead ont le melon ...
C’est là tout le problème de ce disque. Même pas mauvais, voire un de leurs deux ou trois meilleurs. On a l’impression de banquiers qui sortent un nouveau produit d’épargne. C’est de prime abord attirant, et puis tu t’aperçois qu’en fait, c’est juste pour qu’ils se gavent un peu plus. Ça sent la formule mûrement réfléchie (« faut pas dérouter les clients, faut les surprendre et les intriguer juste un peu  , et l’an prochain on va leur faire les poches lors de la tournée des festivals d’été »), la prise de risque ultra calculée, le retour des vieux qui sont en haut de l’affiche et sont prêts à tout pour pas lâcher la rampe, céder leur place … Comme tant d’autres, d’ailleurs.
Le rock (quoi que Radiohead et le rock pour moi ça n’a pas grand-chose à voir), cette musique de révolte de la jeunesse contre leurs parents, est maintenant faite par des grands-pères cupides à l’inspiration sèche …
Putain, ça y est, ils m’ont foutu le cafard, ces cons …      


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In Rainbows             


                                                                          

TWIN PEAKS - DOWN IN HEAVEN (2016)

En progrès ...
Ceux-là, les Twin Peaks, j’avais déjà repéré l’an dernier leur précédente rondelle argentée. « Wild Onion », qu’elle s’appelait. Plutôt pas mal foutue, mais bon, pas non plus de quoi se relever la nuit pour l’écouter en boucle.
Twin Peaks 2016 : bande de potaches ...
La suite se nomme donc « Down in heaven ». Elle est à mon humble avis supérieure à sa devancière. Mais que les choses soient claires, c’est pas le disque du siècle, même pas de l’année. Juste une quarantaine de minutes de zizique moins pénibles que le tout-venant sonore qui nous inonde de mochetés à tout-va. Quarante minutes pour treize titres, on se situe dans la plage horaire des titres définie par St Lennon et St McCartney lors des temps quasi immémoriaux des années 60. On est en plein format pop assumé. A savoir des couplets, des refrains, des ponts, … De la construction de chansons quoi. C’est si peu commun de nos jours que cet effort louable mérite d’être souligné.
Tout n’est pas parfait. Notamment au niveau des voix. Ils sont deux à chanter, l’un ne restera pas dans les esprits, l’autre est plutôt insupportable, un de ces timbres qui font mal aux oreilles. Et forcément, plus le titre est réussi, mieux ça passe. Au débit de cette affaire, il y a aussi quelques imitations un peu trop évidentes, de bonnes références certes, bien ingurgitées mais dégluties quasi à l’identique. Non pas que ce soit des plagiats, mais les influences sont tellement transparentes, tellement forcées, que ça transpire le manque d’inspiration, de personnalité.
... ou groupe sérieux ?
Comme je suis faible et bon public (comment, vous me croyez pas ?), je vais pas en faire un fromage. Surtout quand on nage dans le T.Rex (« Walk to the one you love »), les Stones période « Exile … » (la superbe « Wanted you », « Stain »), voire dans le fouillis Black Crowes (« Keep it together » avec section de cuivres et tout et tout…). Autrement dit, les Twin Peaks, donnent dans les early seventies à guitares. Comment, qu’est-ce que tu dis, toi ? Que les Black Crowes c’était pas les seventies ? T’as déjà écouté les Black Crowes ?). Par contre, à force de faire dans le référencé millésimé, y’a des fois où c’est un peu trop. Baptiser un titre « Getting better » (à l’usage des jeunes générations, je rappelle qu’il s’agit d’un morceau de « Sgt Pepper’s … »), c’est quand même assez « signifiant », et il vaut mieux se montrer à la hauteur, ce qui ici est assez loin d’être le cas … Allez, y’a pas mort d’homme, mais faites gaffe, les minots, ça va finir par se remarquer, ce genre de détails, et ça peut vite cataloguer un groupe dans les rayons « copistes sans talent ni imagination ».
Ce qui n’est pas le cas, même si rien n’est original (citez-moi un truc original et écoutable sorti ce siècle-ci, pour voir …), voire quelque fois un peu balourd (l’envie de bien faire ?). En fait, les Twin Peaks, il sont pas pour moi… ils sont jeunes, plein d’enthousiasme, de naïveté et de fraîcheur, et moi … euh, pareil, mais un peu moins quoi.

En gros, les Twin Peaks, ils font de la musique pour les gens de leur âge. Et j’aurais quelques dizaines de trimestres en moins au compteur, je trouverais sûrement ça génial … Là, je les trouve juste intéressants. Ce qui est déjà un compliment …

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Wild Onion



THE LIMIÑANAS - MALAMORE (2016)

Route du 66 ...
Déjà moi j’suis au Sud (ouais, je sais, et parfois à l’Ouest). Ben les Limiñanas, ils sont encore plus au Sud que moi. Cabestany, banlieue de Perpignan. Et encore plus à l’Ouest que moi aussi…
Et assez bizarrement, parce qu’on s’est (enfin, on c’est les ceusses et ceux qui font les tendances, les modes, le buzz …) pendant des lustres gargarisés de jeunots parisiens se prenant pour les Libertines, les Limiñanas semblent avoir le vent médiatique en poupe. Et pourtant les Limiñanas n’ont rien de glamour ni de sexy. Ils sont deux, Lionel et Marie, la quarantaine, lui sorte de Chabal catalan, elle rousse timide. Circonstance aggravante, ils se situent hors du temps et des modes. N’envisagent pas un morceau en commun avec Louane. Ni avec Kanye West. Et pourtant, ils sont connus et cités sur la planète entière.

Le poète musical Comelade est évidemment de la partie sur ce disque (catalanité mais surtout atomes crochus musicaux obligent), de même que Peter Hook, le bassiste star des feu ( ? ) New Order, et l’azimuté Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre) ne tarit pas d’éloges sur eux (et quand on a lu des interviews de lui, il ferait passer les frères Gallagher ou Mark E Smith pour des types zen et adorables pour leurs congénères).
Lentement, et peut-être sûrement, les Limiñanas sortent de l’ombre. Et quand on écoute ce disque, on se dit qu’il ne serait guère étonnant qu’ils finissent vraiment par faire parler d’eux. Et tout ça sans compromis ni concessions. Leur aventure a commencé par la gestion d’un magasin de disques (à l’heure où même dans la cambrousse la plus reculée d’Hexagonie tu télécharges gratos un cd en trois clics et trente secondes, c’est dire leur sens des affaires et du commerce, mais leur démarche ne se situait pas à ce niveau-là) évidemment voué à la banqueroute, et ce couple à la ville comme à la scène est resté fidèle quand il s’est agi de faire paraître ses disques aux labels indépendants microscopiques (même si maintenant ils sont chez Because, chaînon manquant entre les petits et les majors).
Limiñanas & Comelade
Leurs premiers disques étaient pour la « famille », comprendre les amateurs de rock garage, de rock psychédélique, de guitares couplées à des pédales fuzz, et d’une façon générale à tous les vieux fans des Cramps. Mais de ce genre de machins, y’en a plein les pages de ton putain de blog, entends-je. Certes, mais les Limiñanas sont capables de s’extraire du carcan, aller voir ailleurs. Même si, faut pas déconner quand même, on reste quelque part entre 66 (non, pas le département) et … 66. Mais là où le restant du troupeau s’abreuve jusqu’à plus soif aux compiles Nuggets (garage américain donc), là où les plus téméraires citent « … Satanic Majesties …» ou le Floyd de Barrett, les Limiñanas revendiquent et assument les sixties françaises. Gainsbourg et ses muses, mais aussi la vague yéyé (plutôt côté Ronnie Bird que Cloclo évidemment).
Résultat « Malamore » est un disque qui ratisse large sans faire aucun calcul mercantile. D’ailleurs, les Limiñanas ont l’idée saugrenue de raisonner en termes d’art, d’œuvre et font commencer leurs skeud par un court instrumental, avant que le Lionel déclame d’une voix grave parlée (les deux se revendiquent non-chanteurs, et quand il y a un truc à vraiment chanter, c’est systématiquement Marie qui s’y colle), qui tant par le débit que par le texte (chiadé, riche) évoque irrémédiablement Gainsbourg.

C’est pas la seule fois dans « Malamore » qu’on pensera à l’amateur de pastaga. « Dalhia rouge », tuerie mélodique et pour moi masterpiece du machin, c’est du Bardot (ou Jane) – Gainsbourg là aujourd’hui en 2016. Sans qu’une seule seconde on pense au plagiat. C’est l’esprit du truc qui est capturé, et c’est pas la chose la plus facile à réaliser, beaucoup ont essayé, nombreux ont été ceux qui s’y sont cassé les dents. Les Limiñanas réussissent, comme Burgalat auquel on pense aussi quelquefois dans les titres les plus « naïfs », les plus pop, ou la comète Vanessa & the O’s (quelqu’un sait-il ce qu’elle est devenue, y’a rien à gagner).
« Malamore » réussit à être varié. Deux voix qui se relaient au fil des morceaux, des titres instrumentaux, de la mélodie ou des trucs envoyés en écrabouillant la pédale fuzz, des pyramides sonores avec final hypnotique qui doivent tout arracher en live (« Zippo » ou la référence au énième degré « The train creep a-loopin’ »), des morceaux qu’on devrait entendre à la radio toutes les heures (« Prisunic », « Garden of love » le truc avec Hook et sa basse éléphantesque, ou la quasi instrumentale « Paradise now » plus 60’s yéyé que nature).
Conclusion : et si le meilleur groupe français d’aujourd’hui était un couple de plus tout jeunes perpignanais ? Si on tenait avec eux nos White Stripes (d’ailleurs ça m’étonnerait pas qu’ils finissent par sortir un vinyle chez Third Man, le label de Jack White) ? Possible …

Faudra juste que certains « connoisseurs » arrêtent de dire que non, vous avez rien compris, les Limiñanas c’était bien mieux avant … Non, les Limiñanas, ils sont bons maintenant …


NIGHT BEATS - WHO SOLD MY GENERATION (2016)

Talkin' 'bout their generation ...
Des Américains. Perdus dans les limbes de l’anonymat… Avec dans leurs carnets de voyage le périple d’une certaine forme de transhumance électrique. Le Texas, Seattle, Los Angeles. Le genre de migration qui sent sinon la recherche du succès, du moins celle de l’estime …
Alors est-ce que ces types-là vont remplir les stades ? Bof, m’étonnerait, mais ils auront tout fait pour. Dans le bon sens du terme je veux dire… pas en se faisant remarquer par leurs frasques, leur consommation effrénée de substances dopantes, la fréquentation de blondasses court-vêtues à forte poitrine, un ramassis de déclarations trumpesques … Non, juste en sortant un bon disque, ce « Who sold my generation ».
Qui plus est dans un style bien casse-gueule. En formation resserrée, power trio. Et là, désolé, mais faut assurer, surtout quand comme eux on donne dans le rock à guitare. Tendance psychédélique, comme à peu près tout le monde de nos jours. Heavy psychédélique, s’il faut être précis … Bon, les Night Beats ne sont pas Cream ou l’Experience, et ne le deviendront jamais. Mais qu’importe …
Night Beats 2016
Ils ont pondu là un disque qui me fait furieusement penser, entre autres choses, au « Roger the Engineer » des Yardbirds. La technique de Beck et Page en moins, les bonnes chansons en plus parce que quitte à froisser les gardiens du Temple, les Yardbirds ont pas brillé par leurs hits, si vous voyez ce que je veux dire … Je vais vous dire, des zigotos qui sonnent du feu de Dieu, des types qui ont un Mac et quelques logiciels à la maison, y’en a plein les rayonnages. T’écoutes leurs rondelles, ça te décolle les tympans et quand le boucan s’arrête, t’as rien entendu qui ressemble à une chanson, une mélodie, un truc écrit …
Par contre, chez les Night Beats, y’a comme qui dirait de la matière. Sur douze titres, y’en a une dizaine de bons, voire plus. Bon, faut juste zapper le premier (quelqu’un pourra t-il leur dire qu’à l’heure des écoutes en travers sur des supports pas vraiment hi-fi, aujourd’hui comme toujours, le premier titre est d’une importance capitale), étrangeté avec phrasé lancinant sur une rythmique quasi kraut. Faut aussi en oublier un vers la fin (« Turn the lights ») assez anodin malgré l’intrusion d’un harmonica (hommage accidentel à Keith Relf ?). Parce que tiens, hormis cet harmonica et quelques beuglements de cuivre (sur l’énorme rhythm’n’soul « Bad love »), on est ici tout près de l’os. Guitare, basse et batterie. Le batteur assure, le bassiste (celui du Black Rebel Motorcycle Club) t’attaque souvent au plexus et charpente plus que bien tous les titres, et le guitariste … Le guitariste, putain, il est bon. Parce qu’il a la technique (quelques solos pas piqués des hannetons) et – les deux sont souvent incompatibles – la concision. En plus il écrit, chante (malheureusement, c’est pas Otis Redding, ni même Prince, malgré sa voix de fausset) et coproduit.  Danny Lee Blackwell, il s’appelle… notez son nom quelque part, d’une façon ou d’une autre, ce type fera certainement parler de lui, l’avenir lui appartient …
Night Beats - Danny Lee Blackwell au 1er plan
Il y a de grands titres sur cette rondelle. Dont un énorme, qu’on aurait dû entendre partout si on vivait pas dans un  mode de déficients auditifs. « Right / Wrong » il s’appelle, c’et un truc très chaloupé, hyper-mélodique, on dirait du Joe Jackson des débuts. « Shangri-Lah » accroche bien également, avec son refrain explosif. Et puis, les Night Beats se sont fendus à la fin du disque d’une fabuleuse cavalcade orientalisante, avec un solo de la mort qui tue de Blackwell après le faux final. Leur « Kashmir » à eux, en quelque sorte.
Le reste n’est pas à la ramasse, et les Night Beats font se succéder morceaux roboratifs « concernés ». Car même s’il s’agit de psychédélisme, on cause pas ici de poésie acide, de visions tolkienesques ou de je ne sais quelles balivernes sixties... Non, ces jeunots portent un regard critique sur cette société ricaine qui part en vrille (le titre du disque est à bien des égards «signifiant »), n’hésitant à pointer du doigt et du mot la sordide réalité (« No cops », sur ces flics qui font des cartons sur des types qui y sont pour rien, Noirs de préférence).

Le disque idéal pour oublier Daech, Gattaz, Sarko, Macron, … et tout le reste …


FAT WHITE FAMILY - SONGS FOR OUR MOTHERS (2016)

Gueule de bois ...
Ce disque pue. Des fois la mort, mais le plus souvent des odeurs de pisse froide, de vomi tiède, de mégots mal écrasés, de mousseux bas de gamme éventés, et la sensation d’un putain de mal de tronche carabiné. Rajoutez à cela une atmosphère aussi gaie qu’une veillée funèbre chez les Fillon, et vous avez une galette qu’il va être difficile de mixer avec la Compagnie Créole dans vos soirées. Vous allez objecter que les Fat White Machin ont pas des bobines à écouter la Compagnie Créole, ben vous voulez mon avis, y’a des fois ils devraient.
Cette pléthorique raya anglaise est paraît-il la dernière tribu punk dont il faudrait avoir entendu causer… bâillements … Je veux bien qu’on me la coupe (de toute façon, à mon âge quasi canonique, elle me servira bientôt plus que pour pisser) s’ils trouvent des foules de preneurs à leur truc. Pas que ce soit extrêmement mauvais, non, même pas, mais c’est juste que ces trips musicaux déglingués, ben, faut avoir un peu plus de consistance que ces biquets british pour pas s’y vautrer sans avoir l’air ridicule.
Aubergiste, à boire !!!
Chez ces types, y’a comme un parfum de réchauffé. De la pochette qui plagie quand même un peu celle de « Brothers » des Black Keys (mais pourquoi ?), jusqu’à des trucs entendus cinquante douze milliards de fois. Bon, pas ces temps-ci, je vous l’accorde, et pas exactement de la même façon, je veux bien aussi. Mais à qui faire croire qu’il y a dans « Songs … » quelque chose qui vaille qu’on écoute et – soyons fous – qu’on achète pareille rondelle dans notre pauvre monde youtubé où Deezer ou Spotify font figure de modèle musical d’avenir, tu vois un peu la sale gueule qu’il a l’avenir, aussi réjouissant que le comeback de Sarko, toute hypocrisie et dents bien blanches en avant, prêtes à de nouveau rayer le plancher, pour que ce Gollum de la politique retrouve son précieux et nous entube bien fort et profond à nouveau…
Ça ressemble à quoi, leur bidule, aux Fat White Machin ? A des jets de bile froides comme en postillonnait The Fall, à des complaintes suppliciées à la Joy Division, à des tourneries morbides de Faust (et pas seulement à cause de la pochette), à la métronomie constipée du krautrock bas de gamme des 70’s, aux requiems lugubres des Electric Prunes sur la B.O. de « Easy Rider », aux pleurnicheries sépulcrales de Lennon époque Plastic Ono Band. Tiens, puisqu’on en est à causer du Beatle révolvérisé, signalons à l’attention des exégètes et curieux de tout poil, que c’est le fiston Sean qui a produit quelques titres, avant de jeter l’éponge parce que les mecs de Fat White Etc… foutaient à la moindre occasion la main au cul de sa gonzesse.
Car les FWF se sont vautrés jusqu’à plus soif et plus de cloison nasale dans tous les excès du rock’n’roll way of life, alimentant de ragots déglinguos ceux qui les attendent pour juger la qualité des mecs à l’aune des scandales qu’ils génèrent. C’est pas que j’ai viré amish, mais les frasques de rockers en goguette, bon, ça va, on commence à connaître, même Michel Delpech se poudrait les naseaux il paraît, putain Michel Delpech, avec ses moustaches, ses futes en tergal pattes d’eph et ses rengaines pourries, y’a des mecs qui te feraient croire qu’il faudrait baptiser un porte-avions à son nom, juste pour rendre hommage à ce « grand poète ». Que Mireille Mathieu oublie un jour de respirer et il se trouvera bien à la téloche un tocard pour la comparer à Janis Joplin ou Ella Fitzgerald … bon, no comment davantage, parce que je vais finir par devenir méchant …
Ah, ça va déjà mieux
En fait, ce « Songs … », ça ressemble aux Pogues qui reprendraient le « Fun House » des Stooges, avec le trip nihiliste et jusqu’auboutiste d’Iggy et ses potes de défonce devenant juste une ballade glauque. Faut avoir les épaules plus larges que le FWF pour s’attaquer à des choses pareilles. Même si parfois ça évoque les ballades crépusculaires de Nick Cave ou du Johnny Cash cancéreux de la fin.
Il serait presque intéressant ce disque, en tout cas pas aussi mauvais que ce que ma prose agile pourrait laisser deviner, sauf qu’il y a pour moi un gros truc qui coince. « Songs … » est farci de références et d’allusions pas vraiment finaudes à une putain d’idéologie vert-de-gris. Un titre comme « Duce » peut passer pour une mauvaise blague bleu marine, mais ça se complique quand le titre suivant s’appelle « Lebensraum ». A l’attention des Bac-15, je signale que le lebensraum (espace vital dans la langue de Merkel) était le mot-clé des géopoliticiens nazis et le prétexte aux visées expansionnistes du IIIème Reich. Et c’est pas tout, le dernier titre de « Songs … », c’est « Goodbye Goebbels ». Autrement dit, les zozos de FWF, ils se sont un peu pris les arpions dans le tapis dialectique fachisant et marchent sur les traces des plus que douteux belges électro de Front 242 ou des slovènes abrutis de Laibach… On peut trouver mieux comme références.

Si les nouvelles sensations électriques du wokanwoll se situent à ce niveau, va falloir très sérieusement envisager de se mettre à la Compagnie Créole ou à Magic System, c’est plus positif. Hey, remets-moi Johnny Kidd …

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KELLEY STOLTZ - IN TRIANGLE TIME (2015)

Quadrature du cercle ?
Kelley Stoltz … En voilà un oiseau bizarre … Quadra américain au cheminement chaotique pourvu de quelques faits d’armes étonnants. Dont les deux plus connus (enfin, façon de parler) sont en début de carrière, un disque reprenant intégralement le « Crocodiles » d’Echo & The Bunnymen, les new waveux lyriques (j’ai pas dit pompier, mais pas loin) anglais, et un autre skeud certifié bio-éco-responsable ou un truc du genre (utilisation de matériaux recyclables, électricité produite « maison », et toute cette sorte de choses …). Plus récemment, une participation dans les Fresh & Onlys (garage sixties de San Francisco) et dans le backing band du vieux barde oublié de tous Rodriguez (le Dylan dont personne avait entendu parler et auteur de deux disques oubliés fin 60’s) lui vaudront de se faire un petit nom dans le milieu des guitaristes « intéressants ».

Et puis, comme le Stoltz devait avoir du temps libre, il a appris à jouer de plein d’instruments (basse, batterie, claviers entre autres) et à utiliser les tables d’enregistrement et de mixage des studios. Ce qui fait que ce « In Triangle Time » est quasi un exercice solitaire (écrit, joué, arrangé et produit). Et là, faut faire gaffe, parce que dans ce genre plus que restreint, y’a pas que des guignols, si vous voyez ce que je veux dire. Des types qui font leurs disques tout seuls, ils s’appellent McCartney, Wonder, Prince, Rundgren …
Tiens, le Rundgren, justement, il y a un peu de ça chez Stoltz. Notamment dans la capacité de celui qui est perçu comme un bon guitariste à s’effacer devant les autres instruments. En clair, « In Triangle Time » ne ressemble pas à un disque de Joe Satriani. Stoltz, assez étrangement pour un guitareux, met plutôt les synthés en avant. Et (voir son épisode Echo &  The Bunnymachin), il donne plutôt dans les synthés 80’s et dans le son new wave en général. Ce qui change quand même un peu de tous les maniaques revivalistes du psyché des late 60’s.
Alors il y a dans ce « In Triangle … » (on passera sur la côté fumasse et mystico-ésotérique qui semble tenir parfois lieu de concept au disque) plein de choses qui renvoient à un certain art de la power pop comme la pratiquaient le Dwight Twilley Band, voire même Cheap Trick ou des Cars version lo-fi. Avec quelques sorties de route (le début des années 80 est en matière sonore à manier avec précaution, il y a quelques fautes de goût impardonnables) plutôt saugrenues, genre la recréation d’une sorte de Frankie Goes to Hollywood sound (« The Hill »), ou la tentative de ballade dépouillée au feeling (« Destroyers & drones »), dans laquelle il manque quand même un peu beaucoup de feeling.

Donc ce skeud est ma foi assez entraînant, facile à écouter (douze titres entre trois et quatre minutes), plutôt accessible voire centriste. Alors que beaucoup essayent de se faire un nom avec une originalité débordante et casse-roustons, le sieur Stoltz se contente juste de ripoliner ma foi joliment des choses bien connues. De l’évolution, pas de la révolution. Et ça marche assez souvent … Comme dans l’inaugural « Cut me, baby » où il met d’entrée en exergue son aisance mélodique et sa voix traînante. Comme dans la bonne power pop « Jona » avec ses arrangements malins (synthés + guitare), ou l’encore plus classique dans le genre « Fictional girl ». Comme dans le blues « revisité » « Crossed mind blues » qui fera peut-être hurler les puristes maniaques des vieux 78 tours qui crachotent mais que perso je trouve plus intéressant que l’intégrale de Stevie Ray Machin (oh putain, j’ai touché au Bon Dieu, mais je m’en tape). Seul regret, il manque quand même une grande chanson qui pourrait comme on dit passer à la radio …
Et puis j’ai noté un truc curieux sur les deux-trois derniers titres (avant la ballade foirée dont j’ai déjà causé). La voix du Stoltz, comme tout ce qui sort de la console d’enregistrement est extrêmement trafiquée (y’a des fois qu’il en fait même un peu trop, on sait pas si c’est du synthé, du sax ou une guitare) et elle finit par sonner exactement comme celle de Bowie. La première fois (« Little love »), on pense au hasard, le second coup (« Wobbly »), on reste perplexe tant le titre sonne comme un inédit de « Lodger ». Si quelqu’un a une explication (accident ? hommage pre-mortem ?), qu’il se manifeste, il n’y a rien à gagner.

Il va pas en vendre des camions de son disque, ça semble clair. Mais moi, je serais plutôt enclin à le recommander, c’est beaucoup plus original tout en restant classique que ce que l’on a l’habitude d’entendre.


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KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD - PAPER MACHE DREAM BALLOON (2015)

Etonnant ...
Cette bande pléthorique d’Australiens azimutés s’était signalée à l’attention de ses semblables l’année dernière avec le déglingué « I’m in your mind fuzz », tout un programme en soi et ode à la saturation répétitive (mais pas que). Arrivés à un tel point de non-retour sonore, on voyait pas très bien où le leader Stu McKenzie pourrait amener sa troupe (en HP ? au cimetière ?).
King Gizzard & The Lizard Wizard 2015
Bon, apparemment, ils doivent moins se défoncer que ce que ce disque laissait supposer, parce qu’ils sont encore là, et en état de marche … les plus ronchons diront qu’ils ont mis de l’eau dans leur shilom et ils auront raison. Ceci étant, on a également vite fait le tour des gimmicks à gratte saturée version psyché. Non, là, les King Machin ont fait un truc pour le moins inattendu. Un disque entier plein de chanson(nette)s de folk peinturluré (tendance late 60’s, parce que chez ces gens-là, Monsieur, on ne change pas de période de référence comme on change d’avis sur une vague question de déchéance de nationalité, y’a des principes dans la vie, et les Magiciens Bidule en ont).
Curieusement (enfin, pas tant que ça, y’a du talent chez ces types ou du moins chez leur leader), le résultat ne sonne pas aussi pénible que Devendra Chose ou le Tyrannosaurus Rex du Bolan des débuts. Pas non plus aussi casse-burnes que du Jethro Tull … Eh, pourquoi il cite Jethro Tull, ce con, se demandent mes légions de lecteurs assidus. Ben figurez-vous mes agneaux que le Stuart McKenzie dont au sujet duquel j’ai causé plus haut a appris à jouer de la putain de flûte et même s’il en fout partout, l’utilise d’une façon moins gavante que le héron éleveur de saumons Ian Anderson … pourquoi le héron se demandent etc etc …oh putain, faites chier, z’avez qu’à mater un Dvd des Jette-Rotules et vous comprendrez. Et n’allez pas croire que j’ai quelque chose contre Jethro Tull, non, pas du tout, c’est juste nul, mais je m’en tape, faut bien que les tocards aussi vivent, hein …
Quatre guitares, deux batteries, qui dit mieux ?
Bon, revenons à nos kangourous. Qui avec ce « Paper … » ont sorti un disque totalement bordélique. Et aussi totalement bien propre sur lui. Me demandez pas comment ils ont fait, le tout est qu’ils y sont arrivés. Tu t’attends à les voir se ramasser, et puis, tous leurs trucs brinquebalants, entre j’menfoutisme potache et traits de génie, tiennent étonnamment bien la route. Vous savez à qui ils me font penser ? Vous vous en foutez mais je vous le dis quand même. Ben à son Altesse Sérénissime, le nabot de Minneapolis, Prince himself dans les années 80 (ses meilleures), où il gambadait en toute nonchalance et décontraction de styles en styles au gré d’une poignée d’albums totalement différents et réussis (et pas seulement « Around the world … » son disque psyché à lui).
Et comme Prince, y’en a un (McKenzie ?) qui chante (sont plusieurs à se relayer au micro chez les King Machin) avec une voix de fausset, à laquelle il faut se faire, je veux bien vous l’accorder. Mais je m’égare. Non, en fait, je sais pas trop quoi raconter sur ce skeud.
Il est excellent, c’est tout. Avec des trucs très forts comme « Bone » (pop sous substances), « Paper Mache … » le titre (on dirait un inédit des Zombies), la gigue sautillante de « Cold cadaver » ( ? ) avec ses faux airs de rengaine à la Robert Palmer (« Everyday kinda people » ce genre), une sorte de rhythm’n’blues avec un jeu de piano très Jerry Lee lewis (« NGRI Bloodstain »), une ballade éternelle (« Most of what I like ») qui met les deux (oui, deux et pas dans le même genre que chez les foutus frangins Allman) batteurs en évidence. Jusqu’à un boogie (« The bitter boogie »), avec son riff dérivé de celui de « La Grange » donc quelque part de John Lee Hooker et sa séquence d’harmonica qui font penser à un bon titre de Canned Heat (si, ils en ont faits, faut pas s’arrêter à leurs statusquonneries de vingt minutes).

Evidemment, « Paper … » est pas en tête de gondole dans le Leclerc du coin. C’est pas non plus le disque du siècle. Mais c’est beaucoup mieux que … beaucoup de choses en fait …

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FUZZ - II (2015)

Black & Blue ...
Black comme Sabbath, Blue comme Cheer. En gros le credo de Fuzz. Déjà, rien que l’intitulé du groupe montre que l’on n’a pas affaire à des fans d’Adele, ce qui par les temps qui courent (à leur perte ?) est déjà une bonne chose. Parce que la pleurnicharde à gros mollets, elle me gave aussi sûrement qu’un best of de Patrick Sébastien. Ou qu’un quintuple live de Santana …
Fuzz donc. Le projet du surbooké Ty Segall. A qui les « spécialistes » (entendez par là les mecs payés pour donner leur avis sur le wockenwoll, avis que personne lit sinon Adele vendrait pas autant de skeuds, on y revient toujours …) font endosser les costumes des Strokes, Libertines et White Stripes de la décennie précédente. En gros les sauveurs du wokenwoll (on y revient aussi). Sauf que maintenant le dénommé Segall se retrouve bien seul, y’a pas une concurrence exacerbée dans le rôle. Et peut-être que le costard va finir par être trop large pour ses épaules… Il a beau se multiplier, entre disques sous son nom, participations tous azimuts aux rondelles de ses potes de San Francisco, et projets « annexes » comme Fuzz, il doit se contenter pour le moment de ce qu’on appellera pour être gentil un succès d’estime (même si son « Manipulator » de l’an dernier, tout en madeleines zeppeliniennes, était excellent).

Fuzz donc (encore). Trois zozos chevelus, Segall à la batterie et parfois au chant, et ses poteaux Moothart (gratte et voix) et Ubovitch (basse et chœurs), les trois à temps perdu tapotant à l’occasion sur de vieux synthés (ça s’entend pas trop, voire pas du tout, au milieu du boucan). Y’a même une nana créditée aux cordes (soit je suis sourd, soit distrait, soit les deux, mais je m’en étais pas aperçu).
J’ai mentionné pour attirer ( ? ) le chaland les patronymes bruyants du Sabbath et de Blue Cheer parce que Fuzz fait pas vraiment dans la dentelle. C’est un concept un peu bête comme chou qu’ils poussent loin (très loin même, ces trois olibrius raisonnent en terme de vinyle, et ce « II » en est un de double, quasi soixante dix minutes de boucan). Alors certes, on pourrait dire (et je vais pas m’en priver) qu’ils sont pas allés chercher la difficulté, taquiner les légendes. On est loin de la technique ébouriffante de Cream, des envolées cosmiques de l’Experience, ou du raffut terminal de Motörhead. Plutôt du côté des bourrins que des subtils. Mais bon, c’est quasiment en filigrane dans le nom du groupe, y’a pas non plus tromperie sur la marchandise. Par contre, là où me semble t-il ils en rajoutent un peu trop, c’est que les trois se montrent souvent grimés et maquillés comme des glameux imbéciles (celui qui a dit Slade a tout bon). Lendemain de cuite mal négocié, simple tocade, ou alors concept totalement crétin ? J’en sais rien et je m’en fous …
« II », c’est gavant sur la durée, hormis pour les fans de rodomontades boogie interminables (Canned Heat à la préhistoire, Status Quo au Moyen-âge, les bien nommés Endless Boogie ces temps-ci). C’est pas pour autant bâclé. Maintenant tout le monde avec trois bouts de ficelle et quatre dollars peut sonner aussi fort que Metallica. Et Fuzz a doté sa rondelle d’un son kolossal emmenée par une basse monstrueuse en avant.

Il y a dans ce disque des trucs lourds pour pas dire lourdingues, une pièce de bravoure (« II » le titre) longue comme un jour de canicule sans bière, des redites et des autocitations complaisantes. Mais aussi une abnégation qui force le respect, des types qui ont peut être pas eu la meilleure idée du monde, mais qui en exploitent toutes les possibilités. Et qui se distinguent assez facilement du lot de tout le marigot du heavy psyché revival. Je suis preneur de choses comme l’introductif et tarabiscoté « Time collapse … », de l’hendrixien (un peu bourrin, mais hendrixien quand même) « Rat race », du punky « Red flag », et des deux titres à mon sens les plus « écrits » du disque (tant le reste sonne un peu roue libre déjantée tous potards sur onze), à savoir « Say Hello » et « New flesh ».

De quoi patienter en attendant le prochain … en attendant le prochain quoi au fait ?


HOLLYWOOD VAMPIRES - HOLLYWOOD VAMPIRES (2015)

Le coin des grabataires ?
Si l’on en croit la légende ( ? ), ils se sont retrouvés au bar d’un endroit branchouille chicos de L.A. où ni vous ni moi n’avons aucune chance d’être un jour acceptés à l’entrée. Tous les trois avec une saleté macrobio, colorée, édulcorée, et sans alcool dans le verre. Et ils se sont remémorés les good old times, quand ils étaient moins vieux et qu’ils picolaient plus sévère qu’un Biélorusse déprimé. Et comme ils s’emmerdaient ferme malgré les montagnes de billets verts amassés depuis des décennies, ils se sont dit tiens, pourquoi est-ce qu’on ferait pas un disque ensemble, juste pour le fun. Et comme aucun n’avait été foutu d’écrire un titre audible depuis au moins le siècle dernier, pourquoi est-ce que ce serait-il pas génial de reprendre des titres qui nous éclataient quand on était jeunes, il y a de cela très longtemps. Et puis, comme on est pas vraiment dans le besoin, on filera la thune du disque à une asso qui s’occupe de soigner des musiciens alcoolos dans la dèche (solidarité de piliers de bars repentis oblige), et comme ça on reparlera vachement de nous et ce sera l’occasion de gagner par la suite encore plus de pognon (bon, ça ils l’ont peut-être pas dit, mais ça se voit gros comme un tatouage sur le cul d’une stripteaseuse que c’est aussi le but de la manœuvre, relancer une carrière qui part un peu en sucette, et c’est pas les hexagonaux Enfoirés qui diront le contraire …).
Perry, Depp, et Cooper. Fatigués, les vieux ?
Bon et alors, t’accouches Ducon, c’est qui ces trois types ? Vincent Furnier, plus connu sous le nom d’Alice Cooper, Joe Perry d’Aerosmith, et Johnny Depp, du Pirate des Caraïbes Lonely Hearts Club Band. Un type pour produire ? Facile, ce sera Bob Ezrin, vieux compagnon de route du Coop. Et manière de pousser la vanne jusqu’au bout, on fera venir quelques potes. Ah ça, des potes, vu qu’ils ont sur leur portable une liste de contacts autrement plus glamour que les nôtres, il en est venu de partout. Résultat des courses, le sticker qui les liste couvre la moitié de la pochette du disque. Des convenus qui cachetonnent en studio derrière l’Alice, jusqu’à Sir Paul Macca et Sir Christopher Lee (et que ceux qui ont pas compris pourquoi Cristopher Lee sur « Hollywood Vampires » se fassent connaître, y’a une morsure dans le cou à gagner …). D’ailleurs le Lee, c’est un des derniers trucs qu’il a fait, cette intro de disque avec sa grosse voix sépulcrale, avant d’aller s’allonger cette fois pour de bon dans son cercueil.
Les mêmes, plus Laboriel et McCartney
Des reprises de vieux machins, plutôt connus, pour pas dire célébrissimes. Traités façon hard, c'est-à-dire quand même un peu beaucoup bourrin la plupart du temps. C’est bien là le problème, d’ailleurs. Ces titres, on les a pour la plupart tellement entendus dans leur version d’origine, que là ça fait souvent tout bizarre, de les retrouver dans des versions avec un son kolossal qui fissure l’émail des molaires, avec des chœurs façon hooligan, et des solos de guitare qui à force te font regretter de pas être fan de Mouloudji. En gros, y’a des fois ou trop c’est trop. Par exemple « Instant Karma » de Lennon ou « My generation » des Who, ça m’enchante pas, leur version. Ça marche bien mieux à mon sens sur le « Itchycoo Park » des Small Faces, voire « Come and get it » de Badfinger (sur lequel on retrouve un McCartney qui se multiplie au piano, à la basse, aux vocaux, bon faut dire que c’est lui qui l’a écrit le titre il y a plus de quarante ans).
Autre truc qui me chagrine les oreilles, la voix de Cooper, omniprésent au micro. Oh, certes, il est reconnaissable entre mille, avec ses intonations de maniaque vicieux et pervers, et il s’en sert bien pour ses morceaux, mais ceux des autres, hum … Il est à mon sens totalement à côté de la plaque sur « Whole lotta love », où il manque toute la sexualité développée sur l’originale par Plant (il ont d’ailleurs zappé les râles de la partie centrale) et c’est pas les chœurs du pauvre Brian Johnson qui vont relever le niveau … De même, on s’attaque à un medley Doors, et on passe à côté de l’ambiance chaman en rut de Morrison, malgré le renfort d’un orgue manzarekien plus vrai que nature et de Robbie Krieger à la gratte.
Bob Ezrin au centre (de l'affaire)
Puis, y’a carrément des choses qu’il faudrait pas oser. Reprendre du Hendrix quand on est guitareux et qu’on veut coller à l’original (une version problématique de « Manic depression ») ou à T.Rex quand on swingue comme un régiment d’enclumes (le mauvais choix du lascif « Jeepster » sans le chaloupement érotique de Bolan, ça le fait vraiment pas).
Et comme quand on aime on ne compte pas, on a droit à une paire de titres quelconques écrits pour l’occasion par le Coop et le Depp dont l’hommage final aux hordes de rockers tombés au champ d’honneur verre de vodka orange à la main (« My dead drunk friends »). Ah, et j’allais oublier, ce qui est par beaucoup perçu comme le coup de génie du disque, le medley « School’s out / Another brick on the wall » montre juste qu’un bon morceau d’Alice Cooper n’en vaut pas un bon du Floyd. Si encore ils avaient eu l’idée d’y rajouter « L’école est finie » de Sheila, ça aurait été mieux, et surtout plus drôle. Parce qu’au final, c’est un peu ça qui manque, le fun. Tout le disque empeste la bonne copie appliquée, tout le monde bien concentré sur son sujet avec une mine de carême …
« Hollywood Vampires » n’est pas mauvais, il est juste un peu trop scolaire à mon goût.

Si ça peut permettre aux « jeunes générations » (c’est pas gagné, les djeunes ils doivent s’en taper de ces vioques qui jouent des trucs de vioques pour les vioques), de se cultiver au son de titres mémorables des 60’s -70’s, pourquoi pas …