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STEPHEN FREARS - THE QUEEN (2006)

 

Lizzy face à son destin ...

« The Queen » est centré sur la semaine du Dimanche 31 Août 1997 au Samedi 6 Septembre de la même année. C’est-à-dire entre l’accident parisien qui lui a coûté la vie et l’enterrement de Diana Spencer, plus connue comme Lady Di.

Ceci étant dit, j’ai jamais été abonné ni même lu les torchons sur les people et les têtes couronnées genre « Gala », « Point de vue » et assimilés, et la saga et les frasques de la famille royale britannique, je m’en tape complètement. « The Queen », heureusement est un film qui fait intervenir les people, mais n’est pas un film sur les people royaux. C’est un film que je qualifierai de politique. Dont les premières scènes montrent l’arrivée au pouvoir de Tony Blair (une paire de mois avant que la Merco aille s’encastrer sur un poteau du souterrain du Pont de l’Alma), et les dernières une rencontre protocolaire entre le Prime Minister et la Queen Mom deux mois après les funérailles de Lady Di.

Mirren & Frears

C’est pour moi cette entrée en matière et le final du film qui sont les plus importants. Le reste, la semaine évoquée plus haut, a été tellement commenté et documenté, que mis à part des immersions (réussies) au 10 Downing Street, au domaine privé écossais de Balmoral et à Buckingham Palace, lieux de résidence de la famille royale, ça n’apporte pas grand-chose à l’histoire, celle qu’on écrit dans les livres. « The Queen » n’est pas une version « alternative » de l’Histoire comme peuvent l’être le « JFK » d’Oliver Stone ou le « Farenheit 11/9 » de Michael Moore. « The Queen » nous montre en continu, de façon chronologique (la date est précisée chaque fois que l’on change de journée), ces jours qui ont failli faire vaciller la monarchie britannique, et ses siècles de pouvoirs héréditaires.

Derrière la caméra, Stephen Frears, évidemment Sujet de Sa Très Gracieuse Majesté. Quasiment une quarantaine d’années derrière la caméra en 2006, parsemées de quelques aimables succès critiques et populaires (« My beautiful Laundrette », « Les liaisons dangereuses », « High fidelity », …), sans pour autant être reconnu comme un cador des plateaux de tournage. Il signe avec « The Queen » ce qui est certainement son meilleur film. Et pas qu’un peu aidé par une prestation époustouflante d’Helen Mirren, qui prouve enfin, à plus de soixante balais, qu’elle peut tenir un grand rôle dans un grand film, cantonnée qu’elle a été dans des séries B plus ou moins navrantes (je vais pas faire la liste, y’a Wikipedia qui le fait très bien). Un Oscar (mérité) viendra couronner (c’est bien le mot) sa performance en Reine d’Angleterre face à une crise morale, sociale, politique et institutionnelle.

Evidemment, et c’est précisé à la fin du générique, « The Queen » est une fiction basée sur des faits réels. Les seules versions de l’histoire ne venant que du camp de Tony Blair, campé dans le film par Michael Sheen, choisi pour une vague ressemblance. C’est lui le maillon faible du casting, alors que sa femme Cherie (Helen McCrory), ou les membres de la famille royale (eux aussi castés pour des similitudes physiques) s’en sortent mieux (le futur King Charles, son père Philip, la mère d’Elisabeth).

Tony Blair prête serment

« The Queen » mélange scènes d’archives télé et pour l’essentiel des reconstitutions, avec parfois les acteurs superposés aux images d’actualités. Inutile de préciser que rien n’a été tourné aux abords du Ritz, au Château de Balmoral, à Buckingham Palace, ou dans la cathédrale de Westminster. Mais comme vous et moi et pas grand-monde n’a jamais foutu les pieds dans ces endroits prestigieux, le subterfuge était facile (pour la cathédrale de Westminster, images d’archives et plans serrés sur les acteurs suffisent à entretenir l’illusion du réel).

« The Queen » a ceci d’efficace, qu’il nous montre deux choses. Le chaos dans lequel s’est enfoncé des jours durant la Reine et sa famille, et un Tony Blair qui très vite va finir beaucoup plus mal que ce qu’il avait commencé. Est-ce en filigrane un règlement de comptes de Frears avec celui qui a quand même bien trahi ses idéaux (et ses électeurs), il se pourrait bien.

Dans quasiment tout le film, c’est pourtant Blair qui a la main et « sauve » la Reine. Sauf que … On débute par une Elisabeth majestueuse qui pose en tenue de grand apparat pour un portrait en pied (enfin, assise) pour le peintre (officiel ?) du régime. La scène a lieu le jour des élections qui vont voir la victoire du Labour de Blair. Dans la discussion (très protocolaire) le peintre glisse que thanks God, il n’a pas voté travailliste. Plus fine, la Reine lui fait remarquer qu’elle n’a pas le droit de vote, mais on sent bien que ... vous m’avez compris … Et déjà, on voit que « The Queen » ne sera pas un pensum historique pesant. La finesse, l’ironie, le second degré, le tongue-in-cheek sont souvent de la partie. Grand numéro d’équilibriste de Frears et de son scénariste Peter Morgan, d’autant plus que les faits évoqués ne sont pas vraiment légers et ont traumatisé toute une nation. Quelques jours après les élections, entrevue officielle et en privé de Blair et Elisabeth pour l’investiture du premier Ministre. Blair, d’apparence joviale, décontractée et souriante, est intérieurement tétanisé par la solennité du moment. Beaucoup plus que sa femme, qui le rejoint dans la foulée (dans la famille Blair, et pas seulement dans le film, c’est elle qui était à gauche). On voit déjà l’instinct politique de la Reine qui a auparavant demandé à son chef du protocole de venir l’appeler au bout d’un quart d’heure pour ne pas éterniser la rencontre avec les prolos Blair, à qui elle n’a pas manqué de rappeler que son premier Premier Ministre fut un certain Winston Churchill …

Débordée par l'actualité ...

Ces décennies de pratique et de finesse politique vont se fracasser deux mois plus tard lors de l’accident de Diana. Lorsque le décès est confirmé, les certitudes et les siècles de tradition volent en éclats. Charles, bien qu’ex-mari cocu (la réciproque est aussi vraie) sent que toute la famille royale doit rendre hommage à celle qui fut femme de l’héritier du trône, d’autant plus qu’elle est adorée par le pays. Il va trouver en face lui la Reine, son époux et sa grand-mère (en gros « c’est pas une Windsor, c’est plus ta femme, que sa famille – les Spencer – se démerdent »). Toute la famille royale est au moment du décès en villégiature dans sa propriété privée de Balmoral en Ecosse et il n’est pas question de retourner à Londres, de faire quelque discours ou intervention que ce soit et d’organiser des funérailles d’apparat. Le futur King Charles (étrangement, Frears ne fait jamais apparaître ni ne cite la Camilla) doit s’appuyer sur Blair pour faire rapatrier le corps avec un minimum de solennité en Angleterre.

Blair et son équipe sentent bien que la pression populaire est en train de monter contre la Reine et les coups de téléphone se multiplient entre Downing Street et Balmoral où toute la famille Windsor continue ses activités champêtres et bucoliques (la pêche, la chasse, les grillades, les ballades en Land Rover) comme si de rien n’était. Ces face à face par British Telecom interposés sont passionnants, entre un Blair qui s’affirme de plus en plus et une Queen qui s’agace de son attitude mais commence à douter. C’est la pression populaire, cumulée à des sondages (secrets) calamiteux pour la monarchie attaquée par toute la presse sans exception, qui conduira à son retour à Londres, ses déambulations devant les tonnes de fleurs entassées devant les grilles de Buckingham Palace, son message de deuil à la Nation, les obsèques nationales avec Elton venu entonner un « Candle in the wind » (on l’entend pas mais on le voit entrer dans la cathédrale), enfin tout ce que les télés du monde entier (passage de temps en temps de vrais extraits de JT d’un peu partout) ont montré non stop et en direct pendant toute la semaine.

Blair calling : Allo, non mais allo quoi ...

La monarchie a tremblé, la popularité de la Reine s’est effondrée, Blair triomphe (sa fameuse expression de « Princesse du peuple » lors d’un discours d’hommage à Diana). Mais le film s’appelle « The Queen » et pas « Tony ». Quelques semaines plus tard, lors des rencontres hebdomadaires avec son Premier Ministre (2500 à ce moment-là, comme le lui rappelle Blair), on voit celle à qui il est interdit de faire de la politique avoir repris les choses en main, et humilier (toute en sourires et formules malicieuses) un Tony Blair qui lui est déjà sur la pente descendante …

Helen Mirren est époustouflante dans son rôle, et pas pour seulement pour son apparence similaire (l’allure, les fringues terriblement désuètes, paraît-il sa façon de s’exprimer, mais là je peux pas dire, j’ai pas de Cds de la Queen Elisabeth). Elle rend magnifiquement le désarroi d’une femme devant laquelle tout le monde s’est toujours courbé, et qui se retrouve face à une situation qui fait voler toutes ses certitudes en éclats. Mention particulière également à James Cromwell excellent dans le rôle de son mari, qui présente la facette la plus conservatrice de la famille, à grand renfort de réparties cinglantes (et donc ridicules).

Deux anecdotes pour finir.

Aussi méticuleux qu’ait voulu être Frears, il a laissé passer un pain au montage. A un moment, on voit la Reine partir se balader en 4X4 et elle fait monter deux clébards noirs (des labradors ?) dans la voiture. A la scène suivante, lorsqu’elle rouvre la portière, il en descend trois. L’autre énigme du film, ce sont les deux face à face de la Reine avec un cerf gigantesque, le premier alors qu’elle en panne avec sa vieille Land Rover, et le second alors qu’il a été abattu par des chasseurs d’un domaine voisin. Les spéculations les plus étranges se sont multipliées sur la symbolique sous-entendue. Frears affirme que ça fait partie des scènes sans aucune signification, juste là pour leur rendu visuel, et donner une durée « décente » au film (une heure quarante) …


JEAN-FRANCOIS RICHET - MESRINE L'INSTINCT DE MORT (2008)

 

Ascenseur pour l'échafaud ...

Bon, il a pas fini sur l’échafaud, Mesrine (puisque « L’instinct de mort » est le premier d’un diptyque de films biographiques qui lui sont consacrés), mais il aurait pu, pour peu que les cowboys du commissaire Broussard aient tenté de l’arrêter au lieu de le cribler de balles Porte de Clignancourt. Mais c’est une autre histoire et un autre débat … un autre jour peut-être, si j’en viens à causer de « L’ennemi public n°1 » la suite (et fin) de « L’instinct de mort ».

Cassel, Richet & Cécile de France

Quand « L’instinct de mort » est mis en chantier vers la fin de la première décennie des années 2000, il y a presque trente ans que Mesrine est mort, et que ses (mé)faits font figure de babioles face à des pervers serial killers (les Heaulme, Fourniret, Louis, …), ou les futurs djihadistes à kalach … Il n’empêche que surtout durant les 70’s, le Jacquot Mesrine à défrayé la chronique, et pas qu’une fois … Roi du braquage, de l’évasion, de la com, mettant en scène sa propre histoire et légende …

L’histoire de Mesrine transposée sur grand écran, c’est l’affaire de deux hommes (quoique, on y reviendra), Jean-François Richet et Vincent Cassel. Le premier est un banlieusard militant, le self made man venu des cités, le second est un fils de ... venu des beaux quartiers et qui se la surjoue rebelle (sa fascination moultes fois étalée pour le gangsta-rap et les délinquants d’une façon générale). Alors quand le premier est venu trouver le second pour lui proposer le rôle de Mesrine, pensez si le fils de Jean-Pierre Cassel a été d’accord. L’occasion de jouer un dur autrement plus consistant et célèbre que le Vince de « La haine ». Et on sent le metteur en scène et l’acteur principal fascinés par le truand le plus célèbre de son époque. Et Cassel va y aller à fond, dans une performance digne de l’Actor’s Studio genre De Niro dans « Raging Bull ». Cassel prendra au long du tournage une vingtaine de kilos pour suivre les transformations physiques de son personnage.

Le scénario pour tourner un biopic de Mesrine, c’est pas mission impossible pour l’écrire. La documentation ne manque pas, que ce soit l’autobiographie de Mesrine (« L’instinct de mort »), et tous les entretiens qu’il a donnés à la presse dans les 70’s. Richet choisit la chronologie (sauf pendant le générique de début, qui en split screen, nous montre l’embuscade finale en 1979), procédant par bonds dans le temps, des incrustations sur l'image situant la date et le pays.

Depardieu, Cassel & Lellouche

Toute sa vie, Mesrine a été un solitaire, mais qui cherchait la compagnie, des femmes, mais aussi ponctuellement ou pour quelques mois d’autres truands avec lesquels il sévissait, au hasard de rencontres, notamment en prison où il a passé pas mal de temps. On commence donc avec la violence des tortures et des assassinats lors de la guerre d’Algérie où il était bidasse, avant la démobilisation et le retour chez papa-maman. La maison familiale est juste un point d’ancrage, car un de ses vieux copains (joué par Gilles Lellouche, son personnage est quasiment le seul inventé pour les besoins du film), le met en relation et l’intègre aux hommes de main et à tout-faire d’un caïd de la mafia parisienne membre de l’OAS, Guido. Ce dernier est joué par un Depardieu pour une fois tout en retenue, alors que son personnage pourrait donner lieu au jeu outré et expressif dont il est coutumier. Depardieu, Lellouche, les parents Mesrine (Michel Duchaussoy et Myriam Boyer), ses premières maîtresses, sa première femme, sa compagne braqueuse (Cécile de France à contre-emploi, brune en cuir et darkshades), ne sont là que pour quelques scènes. Cassel, lui, est quasiment toujours à l’image. Certainement le rôle de sa vie, sa fascination pour la truandaille (comme avant lui Melville et Delon) trouve un exutoire en la personne de l’exubérant Mesrine.

Cassel, que j’apprécie pas particulièrement, joue juste, rendant bien la faconde et la démesure violente et égomaniaque du personnage. Mesrine n’était pas le Robin des Bois moderne que certains ont cru (ou voulaient) voir en lui (et lui-même a toujours démenti cette image d’Epinal). Mesrine prenait du fric aux riches (les grosses entreprises, les banques, les casinos, les milliardaires qu’il kidnappait, …), mais ne le refilait pas aux pauvres, il le claquait en babioles pour ses femmes et/ou maîtresses, flambait (et perdait gros) aux tables de poker, et finançait son quotidien (vivre caché entouré d’un luxe de précautions quand toute la flicaille de France essaye de te serrer coûte cher).

Il y a quand même un problème avec « L’instinct de mort ». Pour moi, il s’appelle Richet. Le gars (qui a pourtant réussi comme d’autres expatriés européens avec de gros budgets aux States) assure tout juste. Le making-of du film est révélateur. Le metteur en scène, c’est Cassel, qui suggère, propose (ou plutôt impose), remanie parfois le script, place les caméras, les autres acteurs. Problème, Cassel n’est pas un réalisateur, et Richet, on l’aperçoit tout juste assis dans un coin, observant et écoutant son acteur principal diriger le tournage. Encore plus flagrant quand Depardieu et Cassel ont des scènes ensemble, Richet disparaît totalement de la circulation, attendant que les deux aient arrangé les scènes … Richet filme sobrement, et parfois trop sobrement. Son montage est très académique. Et quand il s’essaye à une « fantaisie » (dont il semble très fier), un effet tournoyant de caméra quand Cassel-Mesrine est enfermé au cachot dans un QHS de prison canadienne, ça dénote totalement avec le reste des prises de vue. Problématiques aussi, les scènes de gunfights. Outre une paire de ralentis accélérés sur les balles de revolver à la « Matrix » dispensables, il manque cruellement de rythme. On est loin des gunfights de Michael Mann dans « Heat » ou de la folie furieuse de Ridley Scott dans « La chute du Faucon Noir ». Flagrant notamment lors de l’attaque par Mesrine et son complice québécois de la prison où ils ont été enfermés et où ils reviennent après s’être évadés pour libérer les autres détenus. Plus gros foirage à mon sens, le face à face de Mesrine et son pote avec les gardes-chasse canadiens, qui manque singulièrement de tension, alors que c’est la dernière scène du film.

M. et Mme Mesrine

Il me semble que Richet a été dépassé par l’enjeu (et le budget conséquent de 45 millions pour le diptyque). Il a eu les moyens (tournage en France, en Espagne, au Canada, et même à Monument Valley alors que Mesrine n’a jamais foutu les pieds en Utah, il a été arrêté avant d’y arriver en Arizona). A son crédit, il a bien rendu la violence (souvent générée par lui-même) dans laquelle baignait Mesrine.

Conclusion, « L’instinct de mort » est un bon film, quand même en dessous de ce qu’aurait pu donner la démesure du personnage hors norme (quoi qu’on pense de lui) dont il raconte les premiers faits d’armes. Le second volet (« L’ennemi public n° 1 ») c’est encore plus un one-man show de Cassel … après, verre à moitié vide ou à moitié plein, chacun est libre de choisir son camp …


FOO FIGHTERS - ONE BY ONE (2002)

 

La folie des grandeurs ...

Qu’est-ce qu’on fait quand on s’appelle Dave Grohl, qu’on sait pas quoi faire et qu’on est plein aux as ? C’est simple, on claque un million de dollars en séances de studio qui durent un an (merci Arista-BMG qui ont sorti le chéquier) pour préparer son prochain disque. Et puis, quand à tête reposée on écoute le résultat, on se dit que c’est de la daube, on efface tout et on recommence en trois semaines. Le résultat c’est « One by one », quatrième rondelle des Foo Fighters, kolossales ventes, quatre singles dans les charts … et quelques années plus tard, le Grohl lui-même dit que ce disque est pas du tout réussi. I agree …


Rembobinons. Grohl, c’est le meilleur batteur des années 90 (et forcément suivantes, maintenant c’est des machines qui remplacent la batterie, en attendant que l’AI nous ressuscite Bonham, Moon, Watts et d’autres …). C’est Grohl qui tient la baraque sonore chez Nirvana, qui fait de « Songs for the deaf » de son pote Josh Homme le meilleur disque des Queens of the Stone Age, qui rend écoutable Them Crooked Vultures (les Led Zep du pauvre). Dans les Foo Fighters, il a décidé qu’il jouerait de la guitare (rythmique, le Dave c’est quand même pas Hendrix six-cordes en main) et chanterait (comme il peut, c’est pas vraiment Sam Cooke, Jaaaaames ou Otis). Bon, après tout, il fait ce qu’il veut, c’est son groupe et il en est le Leader Maximo.

Avec ses trois premiers disques, les Foo Fighters étaient devenus un nom qui compte et fait tinter les tiroir-caisse, au moins aux States … D’où le million claqué en studio … Et même si leur troisième était jugé un peu inférieur à la doublette introductive … « One by one », c’est l’accident industriel, même si au pays des bouffeurs de burgers, ça s’est précipité par centaines de milliers chez les disquaires et dans les stades. Parce que « One by one », c’est le disque typique du stadium rock. Du gros son, de grosses guitares, de gros roulements de toms, des chansons comme des hymnes avec chœurs virils, des trucs à brailler tous ensemble dans les arenas …


Axiome vieux comme le rock : un mauvais disque a une pochette toute moche. Et de ce côté-là, Grohl et sa bande ont fait fort. Pourtant ce gribouillis cardiaque infect est signé Raymond Pettibon, maître plasticien et pointure dans le monde le l’art contemporain (pochette la plus marquante : celle de « Goo » de Sonic Youth), à se demander si on lui avait pas suggéré de la faire gratos celle-ci. Le livret est pas mieux foutu, quasiment zéro information, juste quatre photos signées par Anton Corbjin.

« One by one » offre un tracklisting facile, les quatre premiers titres sont sortis en singles, et le reste, ma foi, on a fait avec les moyens (musicaux) du bord. Par ordre d’apparition « All my life », considéré par les sourds comme le morceau emblématique des Foo Fighters. Ultra prévisible, on sent dès les premières mesures acoustiques et cool que ça va pas durer, que ça va bientôt bastonner. Et effectivement ça bastonne, une mélodie asthmatique noyée sous une pluie de décibels, le truc typique du rock mainstream pour stades. Suit « Low » sous influence assez évidente Nine Inch Nails – Ministry. Sauf que tout est policé, rien ne dépasse, c’est très linéaire, le titre pourrait durer trente secondes ou trois heures qu’il se passerait rien. « Have it all », c’est de la power pop bruyante, et s’il ne devait en rester qu’un de ces singles, c’est celui que je retiendrai. Parce que le suivant, « Times like these », intrinsèquement point trop moche, souffre en revanche des lacunes criantes de Grohl au chant.

Foo Fighters live at Reading 2002

On n’en a pas fini avec « One by one », loin de là, il reste encore sept titres (l’ensemble atteint quasiment l’heure, ça délaye beaucoup, aucun titre à moins de quatre minutes, et le dernier culmine à plus de sept).

De cette longue litanie de titres dispensables, je sauve « Lonely as you », la mélodie la plus marquante, la progression de gentille power pop à un final hurlant et saturé. Le reste est bien trop souvent problématique, du quasi-plagiat (dans la construction) de « Still loving you » des Scorpions (ici ça s’appelle « Tired of you »), ou de « Synchronicity Pt II » de Police (« Halo »). Une poignée de titres braillards avec un son qui fissure l’émail des dents complètent la rondelle, juste là parce qu’ils sont taillés pour éventuellement être repris en chœur par des gugusses dans des stades.

Quant on sait que c’est ce disque qui a fait passer les Foo Fighters du rang de gros groupe d’indie-rock à celui de tête d’affiche des festivals, on en arrive à se poser des questions sur le bons sens auriculaire de nos amis d’Outre-Atlantique …

En équilibre sur le bord de la poubelle … allez, repêché, parce que le Dave, en plus d’être un grand batteur (quand il daigne s’installer derrière un kit), ça m’a l’air d’un gars plutôt sympa, capable de reconnaitre que ce « One by one » il est vraiment pas terrible …


Des mêmes sur ce blog :

Foo Fighters
Sonic Highways





SAM MENDES - AWAY WE GO (2009)

 

Short Cuts ...

«Away we go » est un film low cost (et à empreinte carbone minimale, on y reviendra) de Sam Mendes. Qui pour son précédent film, le superbe « Les noces rebelles » a fait en plus un gros score commercial. Qui de plus réunissait Winslet et DiCaprio, le mythique couple de « Titanic » (en fait c’était pas très compliqué pour Mendes, Winslet et DiCaprio étaient potes, et Winslet était sa femme). Et le film que Mendes a réalisé après « Away we go » c’est rien de moins que « Skyfall », le meilleur et le plus rentable de toute la série des James Bond.

Krasinski, Rudolph & Mendes

Autant être clair, « Away we go » n’a les qualités ni de son prédécesseur, ni de son successeur. C’est une sorte de récréation, vite tourné (cinq semaines), petit budget, durée syndicale minimum (une heure et demie). Un peu logiquement, pas de nom de star qui clignote fort en haut du générique. Les deux rôles principaux sont tenus par des troisièmes couteaux, John Krasinski (des seconds rôles dans des films le plus souvent passés inaperçus) et Maya Rudolph (une des vedettes du show télé « Saturday night live », quelques apparitions sur grand écran, et pour l’état-civil fille de la soulwoman Minnie Ripperton, mais pas quelqu’un susceptible de drainer les foules sur son nom au générique).

« Away we go », c’est un peu un road-movie. Ou plutôt un plane-movie, on part du Wisconsin, on va dans l’Arizona, retour au Wisconsin, puis Montreal, Miami et retour à la case départ. « Away we go », c’est aussi un film choral. Pas exactement au sens strict du terme, car il y a les deux acteurs principaux dans toutes les scènes, mais à chaque étape sont introduits de nouveaux personnages qu’on ne reverra plus dans les étapes suivantes.


Le début du film nous montre Burt et Verona sur le point d’être parents (la scène d’introduction, un cunnilingus sous la couette et les dialogues qui en résultent, mérite une citation dans les grandes scènes d’humour obscène). C’est un couple bobo, enfin plus bohème que bourgeois (ils vivent dans un mobil home). Lui vend des contrats d’assurance, elle on sait pas et on s’en fout. Ils veulent bien être parents, mais n’ont pas envie de se faire bouffer la vie par le marmot. Ça tombe bien, les parents de Burt habitent dans le patelin à côté, et ils se feront un plaisir de garder le môme. Sauf que quand ils vont les solliciter, les vieux leur annoncent qu’ils partent voyager deux ans en Belgique.

Cette première scène avec deux couples introduit parfaitement ce qui va suivre dans le film. Des rencontres et des confrontations d’univers. Avec lors de la rencontre de Burt avec ses parents, un clin d’œil darwiniste amusant. Les deux sont totalement différents (le père bourgeois vieille école, le fils baba avec une nette prédilection pour de ridicules bermudas ou pantalons, à rayures et quadrillages bleus et noirs), mais se coiffent pareil, sont barbus et à lunettes, et au cours de la discussion ont les mêmes tics (ils ajustent la monture de leurs lunettes et se frottent les yeux) en même temps.

Chez les new age ...

Dès lors devant la « fuite » des parents, la recherche de famille ou d’amis qu’ils n’ont pas vus depuis longtemps pouvant aider Burt et Verona à s’occuper de leur gosse va virer à l’obsession. Première visitée : une amie de Verona, totalement disjonctée, destroy et alcoolo, mariée à un beauf à bière(s), un gosse limite autiste, et une gamine limite obèse. Un enchaînement de scènes magnifiquement drôles et pathétiques à la fois. Evidemment, s’installer à portée de ces gens-là n’est pas une bonne idée. Seront ensuite approchées la sœur le Verona, une ancienne copine de Burt, enseignante en fac mais qui suit des règles de vie très new age avec son compagnon, gourou militant. Le clash avec ceux-là sera forcément retentissant. De vieux potes québécois de Verona (qui adoptent compulsivement des gosses, elle a des tendances exhibo, lui est addict à des théories sociales absconses et au sirop d’érable) ne donnent pas plus envie de vivre à proximité. Dernier recours, le frangin de Burt à Miami, mais très mauvais timing, il vient de se faire larguer et à beaucoup de mal avec son fils.

L’épilogue est prévisible, c’est pas très loin de leur mobil home, dans la maison d’enfance de Verona, grande bâtisse ancienne dans un cadre bucolique, qu’ils trouveront l’endroit idéal pour fonder leur foyer et s’occuper de leur enfant.

Bon, je spoile pas vraiment, parce que la conclusion n’est pas le but du film. « Away we go » nous montre, dans le cadre d’une comédie douce-amère, tous ces gens broyés par l’american way of life, qu’ils en soient de parfaits représentants où qu’ils veuillent s’en écarter, ce grand pays un peu dingue les rend dingues à leur tour. C’est finalement le couple Burt – Verona, pourtant deux adulescents ayant du mal à s’assumer dans leur rôle de bientôt parents, capables des pires blagues de potaches, qui font figure au milieu de leur famille et de leurs connaissances de gens sérieux et responsables.

Janney & Rudolph

Le film renvoie bien évidemment au classique choral « Short cuts » de Robert Altman, à travers ces portraits et ses tranches de vie d’une Amérique pas forcément de carte postale. « Away we go » est un film plaisant, bien écrit (certains dialogues sont vraiment savoureux, à l’image de la scène d’ouverture), mais il a les qualités de ses défauts. La distribution manque de caractère et d’expérience, et on se dit souvent qu’avec des acteurs de comédie vraiment confirmés, beaucoup de scènes seraient bien bonifiées. Seule à mon sens Allison Janney (depuis oscarisée) dans le petit rôle de l’amie déjantée de Phoenix livre une performance vraiment hilarante, voire même burlesque. D’autres compositions de ce niveau auraient vraiment tiré le film vers le haut …

Un mot sur l’aspect « éco-responsable » du film. Ça part peut-être de bons et sincères sentiments, d’utiliser au maximum des matériaux recyclables, de soigner la propreté et le nettoyage des plateaux de tournage (une « consultante » a même été embauchée par la production pour surveiller tout çà), mais comment dire il est assez paradoxal qu’un film qui a sans cesse recours aux voyages en avion dans tous les coins du continent nord-américain soit « vendu » comme écolo. D’autant plus que les rares intervenants dans les maigres bonus sont pas très clairs, on arrive pas à comprendre (enfin moi j’y suis pas arrivé) si tout le film a été tourné dans le Wisconsin, ou bien dans les lieux cités à l’écran, ce qui du coup ferait pas un extraordinaire bilan carbone … Un peu comme dans tous les discours écolos, beaucoup dans la posture et la rhétorique, et ensuite pas grand-chose dans les faits …

Film sympa mais mineur, surtout venant de Mendes …


Du même sur ce blog : 

Les Noces Rebelles


DARREN ARONOFSKY - THE FOUNTAIN (2006)

 

The tree of life ?

« The tree of life », chacun le sait (?), est le premier film à peu près totalement foiré de Terrence Malick, quand il s’est mis à tourner à un rythme pour lui effréné, et qu’il a voulu barbouiller son pensum d’un mysticisme et d’un ésotérisme de pacotille.

Weisz & Aronofsky

Du mysticisme et de l’ésotérisme à deux balles, y’en a aussi dans le troisième film d’Aronofsky. Et aussi un arbre de vie. « The fountain » est plutôt déroutant d’entrée, et le devient de plus en plus. D’abord, il commence par une incrustation à l’écran d’une citation de la Genèse, qui peut laisser augurer du pire à tout infidèle qui se respecte. Ensuite, on voit un conquistador et une paire de ses soldats qui ont trouvé ce qu’ils cherchaient : un temple maya à la silhouette menaçante gardé par une forêt de crânes empalés sur des piques … comme dans n’importe quel Indiana Jones. Et comme t’as déjà vu les Indiana Jones, tu te dis, putain n’y allez pas, c’est plein de pièges … Et dans « The fountain » comme chez Spielberg, y’a évidemment des pièges et des sauvages plus que menaçants. Les deux fantassins font pas long feu, le héros (ou le type supposé tel) affronte bravement la meute, se fait mettre à terre, et là, les Mayas le portent pas vraiment en triomphe, mais ça y ressemble, au pied des marches du temple, qu’ils l’obligent à gravir. Sauf qu’en haut, y’a une sorte de chef emplumé avec une épée enflammée qui l’attend, qui lui enfonce un poignard dans le bide pendant leur baston et s’apprête à l’achever … Fin de la première séquence …

Deuxième séquence : dans une bulle transparente qui semble dériver au fin fond des galaxies, une sorte de moine bouddhiste est en lévitation à côté d’un arbre vénérable et gigantesque, mais pas très en forme, il semble sec, qui remplit quasiment toute la sphère. Le type arrête sa lévitation, va près de l’arbre (on voit qu’il est vivant, l’arbre, il a les poils qui se dressent, non, je déconne pas …) et bouffe un morceau d’écorce …

Conquistador Jackman

Troisième séquence. Dans un laboratoire, un groupe de chercheurs fait des expériences sur des chimpanzés atteints de tumeurs au cerveau. Un nouveau protocole est tenté, on va rajouter aux substances chimiques habituelles un extrait d’écorce d’un arbre provenant des forêts du Guatemala …

Soit trois séquences qui se déroulent à cinq siècles d’écart (le conquistador en 1500, le chercheur en 2000 et le bonze dans l’espace en 2500). Point commun, les trois sont joués par le même acteur, Hugh Jackman. Dont on a dit beaucoup de mal parce qu’il avait fait fortune dans les films Marvel. Ouais, d’accord, mais qui à part Daniel Day-Lewis et quelques rares autres n’est pas allé cachetonner chez Marvel ? Vous voulez la liste, de tous ceux affublés de fringues ridicules près du corps qui se sont agités devant des écrans verts ?

De toutes façons, on s’en fout de Jackman (même s’il est très correct dans « The fountain »), on n’a bientôt plus d’yeux que pour l’actrice principale, Rachel Weisz (à l’époque compagne d’Aronofsky), tellement belle que même un macho comme James Bond en tomberait vraiment amoureux (ceux qui n’ont pas compris gagnent un abonnement à Gala). Et comme Jackman, Weisz intervient dans les trois époques. Elle est la Reine d’Espagne qui veut sortir son pays du joug des inquisiteurs et envoie le brave conquistador à la recherche de l’Arbre de Vie, et s’il le trouve, elle lui donnera son amour, ils auront la vie éternelle, et libèreront leur pays. Elle est la femme du chercheur, et elle souffre d’une tumeur au cerveau comme le premier chimpanzé de laboratoire venu, et elle est soit Reine d’Espagne soit femme de chercheur sous forme d’apparitions dans la bulle dans l’espace). D’ailleurs c’est pas une bulle, c’est un vaisseau spatial, finit-on par apprendre, en route vers une planète en train de s’éteindre et qui serait la matrice de la vie dans l’Univers, selon une légende maya, retranscrite par la femme du chercheur dans un bouquin qu’elle est en train d’écrire, et qui s’appelle « The fountain ». Comme quoi tout est dans tout, et inversement … vous suivez ?

Weisz et Jackman , années 2000

Et comme les trois histoires se chevauchent à l’écran, et qu’à l’intérieur de ces trois époques la chronologie n’est pas respectée, tu finis par te sentir gagné par un tenace mal de crâne. « The fountain », c’est un peu un brouillon des films à Nolan, la première fois tu regardes les images, les fois suivantes, t’essaye de comprendre quelque chose …

Pour moi, après deux premiers films peu conventionnels mais très réussis (« p » et « Requiem for a dream »), « The fountain » est le premier (et pas le dernier, voir « The wrestler » et surtout « Noé ») faux pas d’Aronofsky.

Alors on peut lui trouver des excuses, voire des circonstances atténuantes. « The fountain » devait être un film à gros budget. Aronofsky, avant même que les acteurs soient recrutés, avait fait construire des décors gigantesques en Australie et des scènes devaient être tournées un peu partout dans le monde. Coup de ciseau de la major qui in fine lui retire le budget, décors en Australie bradés à qui en voulait, et une petite coproduction americano-canadienne low cost pour finir.

Les mêmes dans le futur ...

Le film  a été entièrement tourné à Montréal, et Aronofsky, qui est quand même un mec doué qui sait s’entourer, a fait un film qui en fout plein les yeux (surtout dans sa partie futuriste). Alors je sais pas quel était son projet de départ, mais là, en une heure et demie générique compris, tout est fini. Même si une heure supplémentaire n’aurait pas été forcément nécessaire (on finit par saisir tous les tenants et aboutissants, toute la symbolique lourdingue du truc sur la vie qui renaît de la mort, la chimère de l’immortalité, et autres balivernes mystiques …).

« The fountain » est à mon sens sauvé du naufrage par de belles prestations de Jackman et Weisz qui portent le film sur leurs épaules. A cause de son budget riquiqui, peu de personnage secondaires (tout juste quelques répliques d’Ellen Burstyn), le pognon étant englouti par le cachet des deux vedettes, quelques raccourcis et twists narratifs assez saugrenus, et une myriade d’effets spéciaux plutôt psychédéliques mais assez réussis.

Prévoir tout de même une boîte de dolipranes pour le premier visionnage …


Du même sur ce blog :

Mother! 



PETER WEIR - MASTER AND COMMANDER DE L'AUTRE COTE DU MONDE (2003)

 

Il était un petit navire ...

… qui avait beau beau beaucoup navigué … Et qui s’appelait le HMS Surprise, et qui comme son nom l’indique (Her Majesty Service) portait fièrement les couleurs de l’Union Jack pour défendre sur mer les intérêts de la Couronne contre les coques de noix affrétées directement ou en sous-main par l’infâme Napoléon Bonaparte à qui l’on prêtait l’intention en ces années-là (tout début du XIXème siècle) d’envahir grâce à sa marine la toujours perfide Albion …

Weir & Crowe

Le HMS Surprise, deux douzaines de canons et quasiment 200 hommes à bord (militaires, marins, hommes d’équipage, personnel d’entretien, …) se trouve en avril 1805 au large des côtes brésiliennes lorsque commence le film. Il ne va pas tarder à rencontrer si l’on peut dire son âme-sœur (en deux fois plus balèze) le navire corsaire français l’Achéron (pour bien montrer que c’est un esquif méchant, on l’a baptisé du nom d’un fleuve des enfers dans la mythologie grecque). Les infâmes froggies profitent du brouillard pour s’approcher, attaquer et mettre à mal le bateau des rosbifs. Sans l’expérience et la rouerie de son capitaine Jack Aubrey, dit Jack la Chance (qui rentre dans le banc de brouillard pour éviter d’être coulé), le film n’aurait pas duré longtemps …

Dès lors, le capitaine Aubrey n’aura de cesse de traquer l’Achéron autour de l’Amérique du Sud. La seconde rencontre sera aussi synonyme de branlée pour les Anglais, et la troisième confrontation sera (on le voit venir depuis le début) la bonne …

Le scénario de base est digne d’un téléfilm de France 3 Limousin (l’obstination du « bon » contre le « méchant » qui finit par triompher), j’aime pas la mer, encore moins les bateaux, et pas trop les Anglais dont on dirait qu’ils sont juste là pour nous faire la guerre et nous battre au rugby (même si sur ces deux aspects ils sont en train de s’améliorer, ils prennent des roustes au rugby) … donc tout ça pour dire que « Master and Commander …», il se pointait pas chez moi sous les meilleurs auspices …

Bettany & Crowe

Passées les deux heures et quart du film, j’aime toujours pas la mer, les bateaux et les Anglais, mais j’aime plutôt bien « Master and Commander … ». Qui en plus de ses a priori défavorables déjà évoqués, affiche en tête de générique le nom immensément bankable pour le capitaine Aubrey de Russell Crowe (le seul à figurer sur la jaquette) qui en trois ans, vient d’être nominé trois fois aux Oscars dans la catégorie meilleur acteur (et gagnant pour « Gladiator »). Bon, tant qu’on est dans les amabilités, Crowe pour moi, c’est Bronson en blond, juste capable de faire son regard noir annonciateur de mauvais temps pour ses interlocuteurs, le castagneur bien bourrin … or ici, il a un personnage un peu moins taillé à la hache, et un interlocuteur-contradicteur campé par Paul Bettany (Maturin dans le film), scientifique homme à tout faire (et surtout réparer les estropiés), et doublé d’une humaniste. Cette opposition entre les deux amis dans le film fait déborder « Master and Commander … » du strict cadre du film d’action. Entre deux joutes verbales où s’opposent deux définitions du Bien et du Mal, le devoir et l’obstination face à la raison et la science, les deux compères se retrouvent dans la cabine du capitaine pour jouer des airs classiques, Crowe au violon et Bettany au violoncelle. A noter que les deux ont réellement suivi un entraînement intensif pour ces instruments, ce sont eux qui jouent vraiment (même s’ils sont doublés par de vrais pros sur la bande-son, il n’y avait paraît-il pas trop de pains à l’origine).

Derrière la caméra, Peter Weir (plein de succès au box office, d’abord en Australie, puis plus tard dans le reste du monde supposé libre). Qui voulait absolument Crowe pour le premier rôle (par solidarité antipodique, les deux étant australiens ?). Bonne pioche, Crowe n’est pas pour rien dans le succès du film. Revers de la médaille, les relations, ont été sinon tempétueuses, du moins fortement houleuses entre les deux …

Le scénario est tiré d’un bouquin d’une interminable saga nautique d’un certain Patrick O’Brian (évidemment un Anglais, malgré son pseudo irlandais), adapté par Weir (pour être sûr de ne fâcher personne aux Etats-Unis, le bateau « ennemi » à l’origine américain est devenu français, et rien que sur ce sujet, y’en aurait des choses à dire …). Weir est un type sérieux, pour pas dire austère. Il sait qu’il va pas falloir se contenter de deux maquettes dans une bassine et trois effets spéciaux pour faire un film d’action crédible. D’autant qu’en matière de bateaux, un certain James Cameron vient de placer la barre plutôt haut … « Titanic » n’est jamais évoqué dans les bonus du Blu-ray même si, comment ne pas penser sur un plan qui nous montre Crowe et Bettany en haut d’un mât à Di Caprio et Winslet à la proue du Titanic … Manque juste la Dion en train de brailler une de ses insanités habituelles (dans « Master … », c’est de la musique classique, qui n’est pas forcément moins pompière d’ailleurs, merci Mozart, Bach et consorts …).


« Master … » ne sentait pas le film fauché au départ. Avant même d’avoir finalisé son scénario et complété son casting, Weir (ou plutôt la Fox), avait acheté un vrai voilier d’époque. Ce sera le HMS Surprise, il sera réellement en mer, et certaines scènes y seront tournées (par temps calme, faut pas non plus demander à des acteurs et une équipe technique de manœuvrer ce bestiau par gros temps). Parallèlement, une copie grandeur nature sera réalisée par l’équipe du film, montée sur vérins, immergée dans un gigantesque bassin dans les studios de Baja (propriété de la Fox), au Mexique. C’est cette réplique qui donnera certaines scènes de combat et de gros temps. Deux morceaux de navire (un pour le HMS Surprise et un pour l’Achéron) serviront pour l’abordage final. Plus évidemment les maquettes qui serviront de base aux trucages numériques. On voit que d’entrée, « Master … » était tout sauf un film à petit budget.


Rajoutez les tenues d’époque, une vraie escale dans les Iles Galapagos (parfois retouchées numériquement, mais la plupart des bestioles rencontrées par Maturin et ses deux accompagnateurs font réellement partie de la vraie faune locale. Rajoutez aussi un travail colossal sur le son (tous ces bruits boisés dans le bateau, de vrais essais dans un champ de tir de l’armée américaine de vrais canons d’époque pour savoir où et comment placer les micros pour reproduire leur vrai son). Rajoutez un parti pris de beaucoup de pans larges y compris lors des scènes de bataille (nécessitant donc la participation de dizaines de figurants ou cascadeurs), des préparations minutieuses pour des séquences « one shot » (avec destruction de fausses parties du navire) filmées sous plusieurs angles par quatre caméras, pour que si un truc déconne dans un coin, on ait d’autres angles de prise de vue pour exploiter la scène sans avoir à la refaire … Cerise sur la gâteau maniaque du réalisme, lors de la tempête au passage du Cap Horn, ce sont de vrais vagues du Cap Horn (tirées d’un documentaire maritime) qui, ramenées à grands coups d’ordinateur à l’échelle de la maquette du bateau, servent de décor à une des scènes épiques du film (démâtage, marin tombé à l’eau sacrifié, …). Tout se veut réaliste dans « Master … », ce qui nous vaut aussi beaucoup de sang lors des bastons et quelques scènes crispantes (l’amputation du tout jeune aspirant, la trépanation d’un vieux marin, l’auto-opération de Maturin lorsqu’il s’est accidentellement ramassé une balle dans le buffet, …)

Tout ça coûte forcément une blinde. Le point faible du film, c’est donc qu’il repose beaucoup sur Crowe (et un peu sur Bettany). Le reste du casting (composé de « gueules » venues essentiellement du théâtre anglais), c’est à peu près des figurants muets, les seconds rôles parlants sont peu nombreux et les histoires dans l’histoire qu’ils peuvent générer guère captivantes (le sous-off accusé d’être le chat noir de l’équipage et qui finit par se balancer à la flotte lesté d’un boulet de canon, …).

« Master and commander … » est un film à grand spectacle qui est … spectaculaire. Mission accomplie …



Du même sur ce blog :

PHOENIX - WOLFGANG AMADEUS PHOENIX (2009)

 

Qu'en aurait pensé Carmine ?

Ou Mozart …

Phoenix, c’est un des très rares machins musicaux français exportables. Des gens qui vendent de la rondelle argentée (ou du streaming) all around the world. Qui sous leur seul nom, sont capables de remplir le Madison Square Garden (les premiers, avant le tour de piste final d’Aznavour) …


Phoenix, c’est un beau gosse qui chante, trois moches derrière, dont deux à lunettes (exactement comme Blur, musicalement la comparaison s’arrête là). Le beau gosse, Thomas Mars (un pseudo, ça claque mieux que Thomas Pablo Croquet, son état-civil officiel), est en plus le mari et le père des deux enfants de la très people Sofia Coppola, fille de Francis Ford et petite-fille du Carmine du même nom …

Phoenix, c’est la connexion versaillaise de ce qu’on a appelé la French Touch, avec Air et Daft Punk, des types qui se connaissent depuis le collège. Phoenix, c’est les plus accessibles, grand-public, du lot (même si les deux autres, c’est pas férocement expérimental). Phoenix, c’est du pop-rock pour ados, farci de machines, de programmations, de boucles, de synthés. Ils sont quatre (chant, deux guitares, basse) plus deux en studio et sur scène (un batteur, un clavier), plus leur producteur Philippe Zdar (du duo electro Cassius) devenu à l’époque de ce « Wolfgang … » à peu près le cinquième membre « officiel » du groupe.

« Wolfgang … » comme tous leurs disques, compte dix titres. Bien souvent, ça sonne comme les Strokes du début (les mid-tempo enlevés et sautillants de leur premier album), mais comme tous les sons sont repassés par des bécanes électroniques, c’est du Strokes désincarné, déshumanisé. Définitivement pas ma tasse de thé.


Ce « Wolfgang … » je l’ai acheté d’occase (pour le prix d’un demi-pression, port compris) dans une version comprenant le Cd plus un Dvd. Avantage (?) du Dvd, on peut l’écouter en 5.1 (y’a une version vidéo, enfin un gros plan sur le disque qui tourne sur une platine), on a droit à une autre version avec paroles en version karaoké. Ce qui est intéressant (enfin, intéressant, je me comprends), ce sont les trois autres versions du disque. Une présentant Phoenix « at work », une avec les commentaires de Phoenix et une avec ceux de Zdar à mesure que défile la musique.

La première, sur les moins de quarante minutes que dure « Wolfgang … », nous montre le groupe écouter le mix des morceaux, battre la mesure, jouer de la air guitar, essayer des trucs à un doigt aux claviers, commenter le poussage de boutons sur la table de mixage … ouais, super, mais ils jouent quand ? On les voit jamais jammer, répéter. Ils sont comme Chuck Berry ou Robert Johnson, ils veulent pas révéler les secrets de leur jeu ? Ah et on les voit boire des canettes de soda, parce que jamais une bouteille d’alcool ou un paquet de clopes dans le décor. Les Phoenix en studio, c’est pas exactement les Stones à Nellcote, si vous voyez ce que je veux dire. Ils sont amish ou quoi, ces types ?


Concernant les commentaires du groupe et ceux de Zdar, ce sont ces derniers les plus intéressants, il s’implique un peu à décortiquer les titres et leurs enchaînements de séquences. Par contre, les Phoenix, manifestement, ils ont pas grand-chose à dire (ou ne veulent pas dire grand-chose) sur leur disque. Mais quelques réflexions incitent à se gratter l’occiput d’un doigt dubitatif. Je cite. A propos de « Litzomania » (principal single, en tout cas titre le plus connu) : « Les Beatles transposés dans la musique classique », rien que ça (pourquoi pas mieux que « Norvegian wood », tant qu’on y est), également « (titre) beau et élégant » (hum …). A propos de « 1901 » (l’autre gros single) : « inspirée par « 1999 » de Prince » (vraiment ? y’a davantage d’idées dans le seul titre de Prince que dans tout « Wolfgang … »). Lequel « Wolfgang … » serait une « quête mystique » (non, les gars, juste de la variét’ dansante). Plus belle pour la fin : « Countdown » est inspirée par le Bryan Ferry de « Avalon » et de « Smoke gets in your eyes », sauf que cette dernière est déjà une reprise d’un traditionnel popularisé par les Platters, faudrait réviser vos classiques, les enfants … Les commentaires de Zdar sont moins prétentieux, il cite juste une fois Neil Young (?) et Prince, une autre fois une partie de banjo « à la Délivrance », le film, et un pont de (fausse ?) batterie « à la AC/DC » (en fait un pompage de la rythmique de « Thunderstruck » sur « Girlfriend »).

Au final, si on s’en tient juste à la musique, il en reste quoi, de ce « Wolfgang … » ? Des singles très « pensés », efficaces et commerciaux (« Litzomania », « 1901 »), des titres surchargés d’arrangements synthétiques (ça passe mieux sur l’instrumental « Love like a sunset Pt I »). Dans le lot, je sauve « Rome » (sauf la voix de Mars, toujours trafiquée dans les aigus, c’est un gimmick qui finit par être pénible) et sa jolie intro.

Retour à Carmine (Coppola), le grand-père de Sofia (Coppola) et compositeur de musique de films pour Francis Ford (Coppola). Qu’est-ce qu’il en aurait pensé du disque du mari de sa petite-fille ? Je vais pas faire parler les morts, mais enfin, j’ai ma petite idée …

Quant à moi, ce que j’en pense, c’est vous qui avez aussi une petite idée …


NURI BILGE CEYLAN - LES CLIMATS (2006)

 

Vague de froid sur un couple ...

Nuri Bilge Ceylan, c’est pas compliqué, ses six derniers films ont été sélectionnés au Festival de Cannes. Ce qui ne veut rien dire … ou beaucoup de choses. Bon, Ceylan il est Turc, et la Turquie, c’est un pays de cinéma, comme ses plus ou moins voisins l’Iran ou l’Inde. La Turquie produit essentiellement pour son marché intérieur (on ricane pas, c’est un peu le cas de la France aussi …). Le pays s’est fait situer sur les mappemondes du septième art par son premier réalisateur star, Ylmaz Güney, avec « Yol » au début des années 80, Palme d’Or à … Cannes, forcément Cannes, et qui a bénéficié d’une diffusion internationale. Aujourd’hui, concernant les réalisateurs turcs exportables, le compte reste vite fait : Fatih Akin (expatrié en Allemagne mais qui retourne parfois tourner au pays) et Nuri Bilge Ceylan (expatrié un peu partout mais revenu au pays pour tourner).

Ceylan & Ceylan

Ceylan, il est venu au cinéma un peu par hasard, il était beaucoup plus bibliothèques que salles obscures. Même s’il avoue avoir été fortement impressionné dans sa jeunesse par « L’Avventura » et « La Notte » d’Antonioni, et « Le silence » de Bergman. Il a vécu de petits boulots à l’étranger (barman à Londres), et suivi un parcours universitaire aux States, section photographie. Son rêve, c’était d’être embauché par National Geographic (le magazine, la chaîne TV dérivée n’existait pas encore). Sauf que la réalité le rattrape, sous la forme d’un appel à effectuer son service militaire en Turquie (parenthèse, dans une discussion avec Laure Adler de 2006 en bonus du Dvd, Ceylan estime avoir des devoirs – dont le service militaire – envers son pays, mais reste très elliptique, pour ne pas dire muet, sur la situation politique turque de l’époque ; actuellement, il ne porte visiblement pas Erdogan dans son cœur, fin de la parenthèse). Il revient au pays et là s’inscrit à la fac de cinéma d’Istanbul.

Tout ça a laissé des traces, notamment ses études en photographie. Les images de films de Ceylan sont somptueuses, ce qui prouve qu’il y a de superbes paysages en Turquie, que Ceylan sait les trouver, et surtout les mettre en valeur par un sens aigu du cadrage. On passe de superbes panoramiques à de très gros plans sur les acteurs. Ceci étant, le cinéma turc n’a pas les moyens d’Hollywood. Ceylan, peu connu à l’époque, n’échappe pas aux contraintes financières. « Les climats » est fait avec les moyens du bord, tout est fait avec le cercle des amis et le cercle familial. Ceylan joue le personnage principal, sa femme Ebru a le premier rôle féminin (mais elle était déjà actrice), ses parents ont même droit à une scène avec lui, dans leur propre rôle …


Ne surtout pas déduire qu’on a un machin genre potes de lycée à qui on a filé une caméra et qui présentent leur film à la classe à la fin de l’année. « Les climats », c’est un gros travail sur l’image, mais pas que. Le son est également exploité d’une manière peu conventionnelle, pour pallier de longues séquences sans dialogues. Ceylan a horreur du silence, tous les sons sont généralement suramplifiés (exemple le plus frappant, les cigarettes quand on tire une bouffée, mais pas seulement, aussi les bruits extérieurs comme les oiseaux, les insectes, le vent, la mer, les objets qu’on utilise …). Et puis, alors qu’on croirait que la proximité familiale ou amicale du casting aiderait à la spontanéité, sans cesse sur le métier les scènes sont remises. Exemple assez édifiant, après « l’accident » de scooter, une voiture s’arrête, le conducteur en descend pour porter assistance (il va se faire méchamment rabrouer). Ça dure dix secondes à l’écran, plusieurs « acteurs » ont été testés, avec plusieurs dialogues et plusieurs réactions. Mais, roulements de tambours, j’ai vu un pain : vers la fin, la scène est située au petit matin dans une chambre d’hôtel, le jour se lève, mais sur une montre on peut voir qu’elle indique quatre heures vingt-cinq, c’est le problème des gros plans quand on a pas de budget pour les retouches numériques derrière …

« Les climats » est un film taiseux. Comme à peu près tous les films de Ceylan que je connais … sauf qu’ici ça s’y prête encore plus. Le film raconte l’histoire d’un couple, Isa et Bahar (Ceylan et sa femme) qui part en vrille. Il est bien plus âgé, intellectuel (universitaire en archéologie), elle est jeune et dans l’artistique (scénariste). Il est calme, égoïste, un brin machiste et paternaliste, elle est beaucoup plus spontanée et « vivante ». On les voit déjà loin l’un de l’autre alors qu’ils visitent, pour son boulot à lui, les ruines de la cité de Kaz, dix minutes sans un mot, puis une engueulade pour des futilités lors d’une soirée chez des amis, le lendemain, elle lui masque les yeux alors qu’ils se baladent en scooter d’où gamelle et chacun se démerde de son côté et une séparation prononcée lors de trois magnifiques scènes à la plage (une rêvée, une ou ils se séparent physiquement - elle va se baigner, il reste sur le sable -  et la dernière où la séparation est prononcée et actée en paroles). Cette première partie se passe en été.

Une seconde partie se passe en automne. On suit Isa de retour à sa fac à Istanbul, avec son pote enseignant comme lui, ses parents, et puis une ex qu’il retrouve, d’abord dans une librairie avec son mec, puis seule chez elle, pour une longue scène controversée. Ceux qui avaient oublié leurs lunettes ont parlé de viol, sauf qu’elle l’aperçoit en rentrant chez elle, reste pensive et souriante, lui ouvre ensuite la porte sans problème, et fait semblant de résister lorsqu’il devient entreprenant … on dira qu’elle aime bien  les rapports physiques musclés … et d’ailleurs, c’est elle qui le recontacte et l’allume ensuite … escapade amoureuse sans lendemain, un ‘tit coup en passant pendant que le mari est en déplacement … ce qui fait que notre Isa se retrouve seul, ce qu’il n’aime pas …


Troisième partie, en hiver. Isa a facilement retrouvé la trace de Bahar qui bosse sur un film dans les neiges de l’Anatolie. Prétexte professionnel futile (y’a un tas de cailloux en ruines à côté, c’est pour son boulot), il va essayer de recoller les morceaux avec son ex … Valse-hésitation entre les deux, conclue par une dernière scène magnifique …

Bon, « Les climats » a les qualités de ses défauts, et inversement … ces personnages mutiques ne dégagent aucune sympathie, ni même empathie. Le rythme est lent comme un cortège funèbre, contemplatif, méditatif. En clair, ça manque de vie pour être prenant. Mais c’est bien filmé, bien interprété, un gros travail sur le son et l’image réussis … ce qui fait pencher la balance du bon côté, c’est que la durée du film reste dans le domaine syndical, à peine un peu plus d’une heure et demie …

Les derniers films de Ceylan, les célébrés « Winter sleep » et « Le poirier sauvage » flirtent voire dépassent les trois heures, sont esthétiquement magnifiques mais aussi plutôt chiants, et il y a évidemment nettement moins d’action que dans un épisode des Avengers …

Alors peut-être que « Les climats » est une bonne porte d’entrée pour aborder l’œuvre de Ceylan …