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THE BAND - THE BAND (1969)

 

Les profs d'Histoire ...

Le Groupe, l’Orchestre … Traduisez ça comme vous voulez en français, en aucun cas ça va sonner flashy ou sexy … un des patronymes les plus neuneus de la longue aventure du wockandwoll. Pour tout arranger, une des pochettes les plus moches de l’histoire du vinyle. Monochrome vaguement sépia, pas de titre, juste « The Band » au milieu en haut, et une photo des types en bas. Et je vous assure c’est bien eux en 1969, ils se sont pas déguisés, ils étaient vraiment comme ça, avec leur look de Mormons du XIXème siècle, voire de méchant de Tintin (Garth Hudson, le plus barbu du lot, de toutes façons ils sont tous barbus ou moustachus). Pour ne rien arranger, ils sont même pas des U.S.A. (à part Levon Helm, le barbu blond), mais Canadiens, et on sait bien que les Ricains, ils peuvent être bien ouverts d’esprit, mais poussent généralement pas cette ouverture jusqu’à faire entrer dans leur Panthéon des étrangers … et pour finir, The Band a eu droit à une épitaphe cinématographique (pourtant signée par un fan et un pote – de défonce – de Robertson, Martin Scorsese), aussi longue qu’indigeste, pleine d’amis guère concernés invités, « The last waltz » …

Ceci posé, il n’en reste pas moins que cette rondelle sans titre est une des meilleures et des plus cruciales de tous les temps. Et comme dirait Macron, je vais vous le démontrer, et interdit de ne pas être de mon avis …


Faut commencer par remonter dans le temps. Les types du Band ne sont pas nés de la dernière pluie quand ils font paraître ce disque, leur second, à l’automne 69. Les Canadiens du lot ont commencé par accompagner un expatrié américain, Ronnie Hawkins (dont il n’est pas stupide de ne rien savoir) sous le nom de The Hawks (déjà un nom très imaginatif, Hawkins – The Hawks). Cela leur permit de se faire remarquer par Bob Dylan qui en prit une paire en studio, puis tout le reste par copinage. C’est dans le foutoir qu’étaient les séances studio de Dylan qu’ils rencontreront Levon Helm, et l’accompagneront notamment sur la fameuse tournée « électrique » de 65-66. Ils le suivront dans sa convalescence après l’accident de moto du côté de Woodstock, où ils emménageront communautairement dans une ferme, Big Pink. Les types retranchés dans cette ferme (les Hawks + Helm) deviendront The Band, jammeront avec Dylan (les « Basement Tapes » parues en 75), et commenceront à enregistrer leur propre disque.

Leur premier, « Music from the Big Pink », sera sous forte influence Dylan (trois titres écrits ou co-écrits par le Maître) plus un single, « The Weight » devenu d’autant plus culte qu’il sera intégré au soundtrack du road movie hippie « Easy Rider ». Un bon disque, voire plus, mais rien de comparable à « The Band ».

Le principal pourvoyeur de titres est le guitariste Robbie Robertson. Parenthèse. C’est lui qui est crédité des douze titres du disque, ne partageant les crédits que sur quatre (trois avec Richard Manuel, un avec Levon Helm). Aux dires des autres protagonistes, la réalité ne serait pas aussi simple, si Robertson amenait bien l’ossature des morceaux, tout le monde participait à l’écriture. Et donc fatalement, une fois les liens humains quelque peu distendus (assez vite, vers 73-74), les rancœurs et inimitiés sur fond de droits d’auteur vont apparaître, entraîner la dissolution du groupe et de nombreuses tensions lors des tentatives (plutôt bien foirées artistiquement) de reformations. Fin de la parenthèse. Et si on sait pas trop qui a écrit quoi, c’est un peu la même énigme sur qui joue quoi (ils sont à peu près tous multi-instrumentistes et laissent volontiers leur instrument de prédilection à un collègue). Ils chantent aussi (ou font des chœurs) tous, mais là, c’est un peu plus facile à identifier (Manuel, Helm et Danko se partagent à peu près équitablement les voix lead).


S’il fallait définir rapidement « The Band », et pour prendre un point de repère archi-connu, il convient de citer « Déjà Vu » de Crosby, Stills, Nash & Young paru l’année suivante. « Déjà Vu » est un classique incontestable et indépassable. « The Band » est aussi bon, mais va plus loin dans le passé, ne se contentant pas de raccrocher la culture hippie aux racines folk et country. Le Band va y rajouter des sources d’inspiration beaucoup plus antiques, qui remontent à la musique que jouaient les premiers colons non hispaniques du continent. Le Band, c’est pas des types nés vieux qui jouent de la musique pour des vieux, c’est des types nés vieux qui jouent de la musique pour des morts depuis des siècles … Le premier disque de synthèse de toutes les musiques nées sur le continent américain, ce genre passéiste et nostalgique qu’on appellera vingt ans plus tard americana c’est celui-là.

« The Band » est un disque rustique, campagnard. Même s’il a été écrit dans la cambrousse de l’Etat de New York, le disque a été enregistré dans une villa d’Hollywood, ayant eu comme locataires ou propriétaires Sammy Davis et Judy Garland, pas les plus sobres du show-biz. En cela la tradition a perduré avec le Band, qui derrière leur look de prêcheurs baptistes d’un autre siècle, étaient de furieux alcoolos et toxicos.

Le disque commence par un contre-pied, un titre léger, joyeux et festif (« Across the great divide ») qui tranche avec l’aspect tristos de ses auteurs et de la pochette. « Across … » comme à peu près tout ce qui va suivre, est un foutoir total, où le groupe a jeté des bribes de rock, de folk, de funk, de country. Quiconque s’essaie à ce genre de mix finit généralement avec une bouillasse inaudible. Sauf que les types du Band sont des musiciens accomplis et « sérieux » (Hawkins, mais surtout Dylan ne toléraient pas les médiocres et étaient des chefs d’orchestre, savaient ce qu’ils voulaient et attendaient de chacun). Tous les titres de « The Band » sont évidents, on a l’impression de les avoir entendus mille fois, alors que ce sont tous des compositions originales. « Rag mama rag » arrive ensuite, c’est comme son titre l’indique basé sur du ragtime, cet ancêtre du jazz, tout juste actualisé par un accompagnement électrique discret. Titre « difficile » pour l’époque (et ne parlons pas d’aujourd’hui), qui fut étrangement choisi comme single, à croire que les gens de Capitol, qui finançaient la rondelle, voulaient pas gagner d’argent avec …


Cette doublette introductive est d’un très bon niveau, mais pas de quoi sauter au plafond non plus. Et là, tout à coup, sans crier gare, le Band va aligner à la suite une demi-douzaine de titres stupéfiants, parfaits … « The night they drove Old Dixie down » a été perçue comme la chanson « engagée » du Band. Ouais … sauf qu’au lieu de parler comme tout le monde à l’époque de la guerre du Vietnam, elle met en scène un soldat sudiste lors de la fin de la Guerre de Sécession, qui en même temps que la défaite voyait la fin d’un monde, de son monde. Chantée par un Américain du Sud et fier de l’être (Levon Helm), certains ont voulu y voir ce qui n’y était pas (un regret des « valeurs » sudistes, notamment l’esclavagisme). Rarement mélancolie et tristesse de la musique ont été aussi raccords avec les paroles. « When you’re awake » semble tout bancal, tout de guingois, hésitant, se mettant progressiveemnt en place. Mélodie géniale que n’aurait pas renié un McCartney de la même époque … « Up on cripple creek », un mid-tempo pépère, déconcertant de simplicité, avec un affolant gimmick d’un prototype de clavinet (cf « Superstition » de Stevie Wonder). Ce titre, bien qu’imparable, ne fera qu’une modeste carrière en single (25 au Billboard). « Whispering pines » clôture la première face vinyle. C’est la ballade sixties en apesanteur, dans la lignée de « Nights in white satin » et « A whiter shade of pale », le côté légèrement pompier des Moody Blues et de Procol Harum en moins. La voix lead aigue est celle de Richard Manuel, tout comme dans « Jemina surrender » chanson triste et nostalgique (les forêts de conifères du Canada) qui louche vers le country & western. « Rockin’ chair » conclut cet enchaînement de titres parfaits, c’est du country folk qui aurait pu figurer sans problème chez C, S, N &Y …

Les quatre derniers titres ne sont pas fabuleux, ils sont juste excellents. « Look out Cleveland » est un rock’n’roll hurlé par Rick Danko, à mi-chemin entre ceux des pionniers et ceux qui sont en train d’être revisités par les premiers groupes de hard à grands coups de Gibson reliées aux amplis Marshall. « Jawbone », parce qu’il en faut toujours un, on dira que c’est le maillon faible de la rondelle, malgré l’originalité du mix sonore entre pop et rhythm’n’blues. « The unfaithful servant », c’est le morceau ensoleillé du disque (écrit par Robertson à Hawaï, ça sent les vacances), chez lequel certains musicologues ont décelé l’influence du jazz de Bill Evans (si les musicologues le disent, amen …). Last but not least, « King Harvest » (has surely come) » est une ruade rock & soul, le seul titre où Robbie Robertson balance des accords et des solos de guitare stridents. Le titre serait inspiré d’un obscur machin des débuts de Stevie Wonder, du temps où la Motown mettait en avant son petit prodige Little Stevie.

Dylan & The Band Isle of Wight 1969

« The Band » ne va pas vraiment conquérir les foules. A sa parution, le groupe vient de jouer en voisin à Woodstock dans l’indifférence générale, tous les hippies présents croyant dur comme fer qu’ils assisteraient à un concert de Dylan accompagné du Band. Evidemment, Dylan, en roi de la pirouette inattendue, n’est pas venu … La suite sera une lente et sûre dégringolade jusqu’au concert d’adieu de 76, pour la dispensable dernière valse …

Forcément, ce disque hors de son temps sera réhabilité et plus tard considéré comme une pierre angulaire du rock américain. Une sorte de disque maudit, que tout le monde cite, mais que peu ont un jour écouté ou acheté …

Belle réédition en 2000, avec un inédit, plus des versions alternatives des meilleurs titres.

Bon, voilà on a fait le tour. On fait quoi, maintenant ? Ben on se repasse le disque, encore et encore …





LYLE LOVETT - I LOVE EVERYBODY (1994)

 

Andy Warhol l'avait dit ...

… que tout le monde aurait son quart d’heure de gloire… Et donc, en cet an de grâce de mil neuf cent nonante quatre, vint le tour de Lyle Lovett…

Ceux qui avaient l’œil exercé pouvaient l’avoir vu traverser le champ des caméras pour quelques petits seconds rôles, surtout chez Robert Altman. Ceux qui faisaient les bacs à soldes rayon « new country & folk-rock singers-songwriters, americana & so on … » étaient peut-être un jour tombés sur un de ses disques précédents…

Lyle Lovett, bientôt de retour dans l'ombre ...

Lyle Lovett était un gars à la renommée confidentielle chez lui aux States et un inconnu à peu près total partout ailleurs. Et puis, tout à coup les rotatives de la presse musicale se sont emballées et on vit un peu partout  en quadrichromie sa bouille émaciée en lame de couteau de clown triste et sa silhouette filiforme. La raison de tout ce tapage médiatique est à chercher à la dernière ligne du livret de ce « I love everybody », au chapitre dédicaces : « For Julia ». Julia ? Julia Roberts, la Pretty Woman que le Lovett venait d’épouser. Dès lors, de troisième couteau, Lovett va devenir au bras de sa belle une figure people. Dont on  guette les moindres faits et gestes … et les sorties de disques. Que certains, perdant tout sens de la mesure, trouveront géniaux et entretiendront ainsi le buzz … Ne reculant pas à le comparer à de chenus et respectables ancêtres, lâchant un peu trop précipitamment  les noms de Dylan, Leonard Cohen ou Randy Newman.

Bon, ce « I love everybody » n’est pas si mauvais que çà, mais c’est loin d'être un disque crucial. Composé pour l’essentiel de morceaux anciens, antérieurs à ses premiers opus des années 80, retravaillés pour l’occasion. Un disque doté d’une grande unité de son, tous les titres se ressemblent, tempo ralenti, country-folk pépère, batterie balayée, basse et guitares discrètes … généralement un trio basique et une propension, pour pas dire une manie de rajouter des arrangements à base de violon ou de violoncelle. Au début, ça fait la farce, mais comme le procédé se répète quasi systématiquement sur l’ensemble des dix-huit titres, ça fait monotone. On trouve de temps en temps quelques cuivres, bien discrets au fond du mix, mais ça donne pas forcément de l’entrain …

Quelques anciennes gloires sur la pente savonneuse de l’oubli sont dans les chœurs sur quelques titres, comme le Simple d’Esprit Jim Kerr, la Tom Waits à cigarillo Rickie Lee Jones, le chanteur de Was (Not Was) Sweet Pea Atkinson, sans oublier Madame Lovett sur une paire de titres … de toutes façons, c’est tellement perdu au fin fond de la bande, que la Julia Roberts, elle pourrait chanter comme la Aya Machin, on s’en rendrait pas compte … et le requin de studio tambour majeur  Kenny Aronoff vient donner le rythme sur quelques titres. Il a pas dû pécho une tendinite, tout est down tempo, pour pas dire comateux … Dans cet exercice casse-gueule de chansons dépouillées, faut pas être le premier blaireau venu si on veut se faire remarquer. Et comme le Lyle a une voix uniforme, pour pas dire monocorde, et que dès qu’il essaye de la pousser, par exemple sur « Old friend », ça frise le pathétique on a bien du mal à se raccrocher à quoi que ce soit dans cette rondelle …

Lyle Lovett et sa choriste préférée ...

Des fois on y croit, quand arrive un pied de batterie énervé et en avant (« Penguins »), las on déchante vite, ce n’est qu’un machin avec des cuivres que même Danny Brillant il en aurait pas voulu. Le tour des morceaux à sauver est vite fait. « Fat babies », le meilleur de la rondelle, assez étoffé au niveau sonore, puis on peut zapper une dizaine de plages pour arriver à « La to the left », vraie chanson avec belle mélodie, et ensuite la dernière l’éponyme « I love everybody », construite sur le même modèle que « Fat babies » avec un crescendo point trop mauvais …

Tout le reste, c’est bien gentillet, bien soporifique, des ersatz d’americana, de country-rock, de folk, de blues ( le mal nommé « I’ve got the blues », aucun feeling), ça ronronne doucement … S’il faut trouver quelque chose de positif, c’est au niveau de l’enrobage que ça se passe, jolie pochette classieuse à la Doisneau, résultat d’une séance « sur le vif » parisienne (comme les photos du livret), informations copieuses, nombreuses notes … très intéressant pour les yeux, sauf que le problème d’un disque, c’est d’abord fait pour les oreilles, et là, ça coince quand même …

Je sens poindre une question essentielle … si on a beaucoup parlé de celui-ci, pourquoi les disques suivants sont passés sous les radars ? La réponse, my friends, elle est chez les avocats, lorsque la Julia et le Lyle ont divorcé, l’année suivante. Et Lyle Lovett est devenu forcément beaucoup moins intéressant …


SHAWN MULLINS - LIVE AT THE VARIETY PLAYHOUSE (2008)

 

Soutenir l'artisanat local ...

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Shawn Mullins ne fait pas partie des people du rock. A peu près inconnu en France et en Europe, et un petit statut de gloire locale chez lui, en Géorgie. Statut qui a mis longtemps à se dessiner… Mullins a commencé dans la vie active par une pige dans l’US Army, ce qui n’est pas forcément le métier le plus rock’n’roll qui soit. Ensuite il a entamé une carrière folk à la Woody Guthrie (lui, sa guitare acoustique, et la route, dans le meilleur des cas au volant d’un van pourri). Il vire ensuite folk-rock avec une bande de potes qui l’accompagne, et se fait remarquer par Sony. Le sweet smell of success lui parvient aux narines, mais ça se concrétise pas, Sony laisse tomber ce péquenot dont le grand public ne veut pas, et Mullins échoue chez Vanguard, le mythique label de jazz, puis de folk, mais là, au début du XXIème siècle, un peu beaucoup à la ramasse commercialement et artistiquement.

Shawn Mullins

Entre-temps, le groupe de potes s’est étoffé, a enregistré une paire de disques, obtenu un petit hit local (« Lullaby ») et tourné (oh pas des stades, juste des petites salles qui veulent bien d’eux). Voulant profiter de sa petite gloire locale, Mullins et son band passent à l’exercice live. Quand on est d’Atlanta comme lui, y’a un nom qui fait rêver, le Variety Playhouse. Une « petite » salle de 1000 places à l’acoustique fabuleuse, l’endroit idéal pour enregistrer un disque live … Certes à Atlanta, il y a des salles plus célèbres comme le Fox Theatre où a été capté le « One more from the road » de Lynyrd Skynyrd, des habitants plus célèbres (ils n’y sont pas nés mais y ont formé le groupe) comme les Black Crowes, Atlanta est actuellement la capitale du rap US, et James Brown y a enregistré le mythique faux live « Sex Machine ». Et la Géorgie est le dernier Etat à traverser avant d’arriver en Floride, un des Etats grand pourvoyeur du rock sudiste (Lynyrd, Blackfoot, 38 Special, Molly Hatchet, …) sans oublier Tom Petty … Tout ça pour situer le contexte, qui prend toute son importance avec Shawn Mullins.

Le contexte, y’a aussi la photo de pochette qui peut donner des indices parfois utiles. Et qu’y voit-on sur celle de ce « Live … » ? Le Shawn Mullins occupé à besogner une gratte acoustique. Il ne s’en déparera pas tout du long du concert. On le voit aussi en chemise à carreaux de bûcheron. Un look breveté par quatre porteurs iconiques. Kurt Cobain (rien à voir avec Mullins), John Fogerty (pas grand-chose, Mullins donne dans le rock, mais pas n’roll), mais par contre, pour ce qui concerne Springsteen et Neil Young, là on y est en plein dedans… Du Loner, Mullins reprend l’agencement du concert, où alternent titres acoustiques et électriques, et du New Jersey man, Mullins a le goût des histoires de l’Amérique d’en-bas …


Et celle rondelle, ducon, elle donne quoi ? Ben c’est pas mal, voire mieux. D’abord parce que c’est pas une bouillasse sonore. L’acoustique du lieu est réputée, ça sonne quasi comme en studio. Et je pense pas que ça ait été beaucoup retraficoté ensuite. Parce que Mullins, c’est un petit vendeur et donc pas un type pour lequel une maison de disques dépense sans compter en overdubs. Si l’on en croit la setlist manuscrite du concert dans le livret, tout a été gardé, soit une prestation d’un peu plus d’une heure.

Trois parties dans ce concert. Au début électrique, du rock, du folk-rock. Un cœur de concert en solo acoustique, et un final plus bruyant. C’est au milieu qu’on finit par trouver le temps long. Mullins n’est ni Dylan, ni Neil Young, ni Bruce Springsteen. Il s’en inspire, mais n’est pas à leur niveau. Pas de compos renversantes, pas de grands textes, et une voix plutôt limitée. Et là, quand t’es tout seul avec ta Gibson acoustique, pas moyen de tricher. Soit t’es dans la cour des grands, soit tu n’y es pas … C’est pas insupportable, mais bon, manquent et la flamme et l’étincelle …

Il n’en demeure pas moins que ce « Live … » s’il ne rentrera pas dans les livres d’Histoire est un disque agréable. Mullins et ses potes sont six sur scène, et comme certains sont multi-instrumentistes, on peut avoir deux guitares électriques, batterie et percussions, piano, Wurlitzer et Hammond, ou entendre quelques notes de mandoline. Pas de virtuoses là-dedans (inutile d’attendre le solo hendrixien, de batterie, ou des numéros à la Jimmy Smith au Hammond), une bande de potes qui assure plutôt bien et se contente de l’essentiel, dans le genre less is more, ce qui n’est pas forcément une tare …

Quelques titres surnagent. Les deux premiers lancent idéalement le concert, le petit rock nerveux à la Tom Petty & the Heartbreakers (influence qu’on retrouvera souvent) « Beautiful wreck », et le classic rock mid tempo avec des couplets qui se peuvent se fredonner comme dans un bon Dylan (« All in my head »). Mullins, c’est de l’americana, du classic rock, de l’AOR, appelez-ça comme vous voulez, mais y’a pas tromperie sur la marchandise, pas de disgression saugrenue, tout ça est cohérent de la première à la dernière note. On trouve aussi un morceau à la Dire Straits, « The ballad of Kathryn Johnston » qui fait penser au « Down to the waterline » de Knopfler et sa clique, et un sympathique « Santa Fe ».

Dans la partie acoustique, « Home » me paraît au-dessus du lot, et « Lonesome, I know you too well » est peut-être le titre de trop …

Mullins & Band at the Variety Playhouse

Acoustique et électrique se mélangent sur « Twin Rock, Oregon » et assurent la transition vers le final plus bruyant, mais sans excès (fans de Metallica, y’a rien pour vous dans cette galette). On retrouve la patte Petty (« Shimmer »), l’axe Springsteen et plus encore Mellencamp sur « Cabbagetown » (la nostalgie du petit bled du grand-père), l’assez curieux « Cold black heart » (du hillbilly joué à la mandoline, qui donne un côté gaélique tendance Chieftains au titre, seule petite originalité sonore de l’ensemble). Le concert s’achève sur le seul (petit) hit de Mullins, le « Lullaby » déjà évoqué quelque part plus haut (phrasé à la Lou Reed sur les couplets, refrain très FM, pour moi loin d’être le sommet du disque, mais si ça a fait gagner une poignée de dollars à Mullins, tant mieux pour lui …). Le rappel est la seule reprise du concert. Pas n’importe quel titre. « The house of the rising sun ». Classique de chez classique, traditionnel titre folk (Guthrie, Seeger, Van Ronk, Odetta, Dylan, …), parfois en version blues (Nina Simone parmi beaucoup d’autres). Les Animals en ont donné une version définitive et de loin la meilleure, elle aussi maintes fois déclinée (ah que Johnny …), avec son inoubliable ligne d’orgue Vox. C’est la version des Animals qui est ici reprise. Qu’il me soit permis d’émettre deux réserves : remplacer le Vox par le Wurlitzer est très « voyant » et gratte aux oreilles et surtout, Mullins n’a pas le gosier d’airain de Burdon …

« Live at the Variety Playhouse » ne figurera jamais dans la liste des live mythiques. Il n’en reste pas moins que si on veut écouter en public du classic rock américain, il fera amplement l’affaire …

Quand les types de l’ombre font sinon mieux du moins aussi bien que les stars …


J.J. CALE - GRASSHOPPER (1982)

 

Sautillant …

Pour s’y retrouver facilement dans la discographie de JJ Cale, c’est pas très compliqué : plus ses disques sont anciens, meilleurs ils sont. Sachant que les moins bons disques du JJ valent les meilleurs de ses nombreux disciples (au rang des plus célèbres on trouve Clapton et Knopfler). Ceci posé, on peut parler de ce « Grasshopper ».

Paru en 1982, alors que Cale a déjà construit mythe et légende, et après une décennie de frénésie créatrice … Frénésie créatrice à son rythme (une quinzaine de rondelles en quarante ans de carrière).  « Grasshopper » est le septième. Pas besoin de compter, le suivant, fidèle à la fainéantise légendaire (et donc comme toutes les légendes, plutôt fausse) sera imaginativement baptisé « #8 ».

Alors que ce qui caractérisait le Cale des débuts c’était ce côté traînard, acoustique et épuré, au service de mélodies de première bourre, au début des 80’s, tel un Robert Pirès laidback, JJ Cale a musclé son jeu. Peut-être influencé par ceux qui le reprenaient (les riffs électriques du Clapton de « Cocaïne »), Cale se branche sur secteur et pousse les potards vers la droite. Bon pas sur onze non plus, mais suffisamment fort pour réveiller les crotales qui somnolent à côté de sa caravane dans le désert à côté de Tulsa, Oklahoma. Même si là aussi, l’histoire du misanthrope solitaire dans son mobil-home est à nuancer. Cale a pris épouse (Christine Lakeland, qui s’impliquera de plus en plus dans l’œuvre de son mec, on y reviendra), ne dédaigne pas bouffer du bitume (ou du tarmac) pour aller enregistrer (Nashville et Los Angeles  pour ce « Grasshopper »), et sait s’entourer (outre le fidèle alter ego Audie Ashworth à la coproduction, des pointures généralement issues du milieu des requins de studio country viennent cachetonner, et des types reconnus comme le guitariste Reggie Young ou le pianiste David Briggs – le producteur de Neil Young – sont présents sur de nombreux titres).

Donc avec « Grasshopper » JJ Cale fait du rock des années 80 (aujourd’hui, on appellerait ça du dad rock), ce qui le concernant, sonne presque comme une insulte. Cale vaut (et a fait) mieux que ces petits boogies sautillants, ces blues en roue libre, ces rhythm’n’blues blanchis, ces reggae (putain du reggae …) très approximatifs, ces instrumentaux bâclés. Le plus souvent, Cale, perdant sans doute la raison et tout sens de la mesure et du bon goût, se laisse même aller à chanter, ou au moins à chantonner.

Il ne reste que deux choses du JJ Cale des débuts. La concision (quatorze en trente-cinq minutes, fans des solos de Bonamachin ou du Stevie Ray à chapeau, circulez) et l’écriture (même s’il s’applique parfois à bien les pourrir, tous ses titres sont écrits couplet, refrain, pont, chorus, solo, arrangements, il manque rien). Et Cale qui a toujours su éviter tout de même l’écueil de la surcharge, montre qu’il est capable de torcher un titre rien qu’avec sa voix et sa guitare acoustique (« Drifters wife » comme du Dylan rêche des débuts). Et cette concision et cet art de l’écriture sauvent – presque – ce disque.

C Lakeland & JJ Cale

Il y a quelques bons morceaux. Dont « City girls » d’entrée. Mélodie voisine du « Train du soir » de Manset (alors dans sa période sous influence Dire Straits) et sautillements boogie (honteusement pompés par … Dire Straits pour « Walk of life », le monde est parfois petit …). On trouve ce titre sur toutes les compiles de Cale. Où il voisine souvent avec « Devil in disguise », le meilleur titre de ce « Grasshopper », petit boogie sans prétention, alliant simplicité, composition et interprétation parfaites. A côté de cette honnête doublette introductive, les douze morceaux suivants sont un peu à la traîne. Ça sonne bien trop souvent roue libre complète, voire pire quand Cale livre des titres désinvoltes, limite foutage de gueule, genre « vous voulez du blues, du rhythm’n’blues, du reggae, du jazzy … eh bien tenez … ». Se pointent alors sans conviction des « Don’t step ahead of the blues », « Nobody but you » (avec section de cuivres ?!), « Does your mama like to reggae », l’instrumental final « Dr Jive ». Et quand la Lakeland, telle une Yoko Ono sudiste, devient envahissante (heureusement la plupart du temps elle se contente d’harmoniser et d’un peu de guitare rythmique), se mêlant d’écriture, d’arrangements et de chanter en duo, on touche le fond (le « Does your mama …» déjà évoqué), ou lorgne assez lourdement vers les charts (« Don’t wait » comme du Creedence anorexique).

Il faut souvent dans ce « Grasshopper » savoir se contenter de peu … comme de la jolie intro au piano de la balade à bout de souffle « You keep me hangin on » (rien à voir avec le hit des Supremes), le petit riff métallique de « Can’t live here », le rendu sonore qui renvoie aux débuts du JJ de « A think going on » (mais à la mélodie totalement inconsistante), le joli gimmick de « Mississippi River » …

De ces petits bouts de talent éparpillés, à cette époque-là, Clapton s’en serait volontiers contenté (il entamait une relation musicale honteuse avec rien de moins que Phil Collins, comme quoi trois quilles de cognac par jour, ça attaque pas que le foie, ça touche aussi les oreilles, putain Phil Collins …). Et pas très loin, Knopfler et son banquier prenaient des notes et allaient passer à la caisse …

Et JJ Cale dans tout ça ? Comme d’hab il vendait que dalle, et devait s’en foutre …


Du même sur ce blog :

BOBBY CHARLES - BOBBY CHARLES (1972)

 

Born on the bayou ...

Fin 1955. Leonard Chess, de la maison de disques du même nom, reçoit un appel d’un gamin de Louisiane, Robert Charles Guidry. Ce minot de 17 ans lui fredonne au téléphone une chanson qu’il a écrite, « Later, alligator ». Chess, pourtant pas un philanthrope, la lui fait enregistrer et lui laisse même les droits d’auteur. Bide total. Le titre n’est pas perdu pour autant. Quelques jours plus tard, il tombe dans l’oreille de Bill Haley, toute première star de ce genre qu’on n’appelait pas encore rock’n’roll, tout auréolé du succès international de « Rock around the clock ». Haley fait sa propre version du titre du minot, rebaptisé « See you later, alligator ». Ce sera son second (et à peu près dernier) gros hit.

Début des années 2010. Rhino, label spécialisé dans les rééditions, fait les poubelles, et tombe sur le premier disque de Robert Charles Guidry, devenu depuis Bobby Charles, et qui vient de se payer un superbe costard en sapin. « Bobby Charles », paru en 1972, est réédité. Et comme bien souvent depuis des lustres, on essaye de nous vendre des machins obscurs faits par des types aujourd’hui au mieux grabataires, comme étant des merveilles oubliées des fabuleuses années 60 ou 70. Les dithyrambes pleuvent comme mousson en Inde sur des Bill Fay, Fred Neil, Linda Perhacs, Duncan Browne, … autant de gens ayant sorti au mieux une poignée de disques dans l’indifférence générale au siècle dernier. La mayonnaise prend un peu avec Sixto Rodriguez, un film (« Sugar Man »), la réédition de ses deux disques médiatisée avec des arguments (fallacieux, of course) genre le « Bob Dylan de Detroit » (après écoute, quoique sympathiques, les disques de Rodriguez sont juste du niveau des mauvais disques de Dylan). Le Bobby Charles, lui, passe sous tous les radars, le bouche à oreille mettra longtemps à infuser, et son disque finira par ressortir avec des bonus, atteignant péniblement un succès d’estime…


Retour vers le futur. Au début des 70’s, Bobby Charles qui court en vain après le succès depuis 15 ans, déménage à Woodstock. Il y a belle lurette que les derniers flonflons du festival sont éteints, ne reste plus dans le coin que les bouseux de The Band (normal, ils étaient à Woodstock dans leur maison de Big Pink avant le grand raout hippie). Et Bobby Charles est plus ou moins pote avec leur bassiste Rick Danko. Rappelons à l’usage des jeunes générations que The Band était (sous le nom des Hawks) le groupe qui accompagnait sur scène Bob Dylan lors de sa « découverte » de l’électricité, qu’ils ont mitonné ensemble ce qui deviendra les « Basement Tapes ». Et que The Band avec sa seconde galette (sans nom, avec la pochette couleur terre de sienne brûlée) a sorti un des plus beaux disques de tous les temps (avec tous ces « Across the great divide », « The night they drove Old Dixie down », « Up on Cripple Creek », « Whispering pines », j’en passe et d’aussi bons …). Avant de sérieusement décliner, et de finir par s’auto-enterrer sous la caméra de Scorsese (The last waltz »), concert d’adieu et interminable défilé des potes venus en pousser une à l’occasion. Parmi eux, Bobby Charles. Bien évidemment, coupé au montage …

1972. Avec l’aide du poteau Danko, des autres membres du Band (sauf Robertson) et de quelques types qui s’arrêtaient toujours dès lors qu’ils voyaient de la lumière dans un studio (notamment Mc Rebennack, alias Dr. John, Louisianais comme Charles et forcené des séances d’enregistrement), Charles enregistre son premier disque. Il a alors trente-quatre ans et fait déjà partie des vieux de la vieille. Il est signé par le manager du Band, Albert Grossman sur son label Bearsville.


Le résultat ? Les sachants vous diront que « Bobby Charles » est un disque de swamp rock (figure de proue du genre, Tony Joe White). Comme souvent, les sachants se trompent. « Bobby Charles » c’est beaucoup plus que ça. C’est le disque d’un type qui a eu des années pour faire macérer ses titres, et qui là, avec un backing band de rêve, les sublime. On est presque au niveau du disque du Band dont au sujet duquel il était question plus haut. C’est facile, rien à jeter sur cette rondelle. Euh, si, la pochette, le mec avec son clébard au bord de l’eau côté recto et côté verso, le Charles en train de bouffer une portion de pastèque. Même Jean Ferrat ou Nino Ferrer dans leur période Ardèche et Limousin n’ont pas osé faire aussi moche …

Parce que niveau musique, c’est stratosphérique. Tout en restant d’une facilité et d’une décontraction totale. On imagine les types enregistrant tous ensemble après avoir éclusé force bouteilles, fumé moultes cigarettes qui rendent nigaud, et s’être envoyé dans le pif quelques remontants sous forme de poudre blanche. Sans que pour autant ça fasse jam informe (en gros on est pas chez George Harrison période « All things must pass »). Toutes les racines de Charles sont là.

Le swamp rock souvent cité, cet inimitable groove chaloupé propre à la Louisiane et à La Nouvelle Orleans. Le type vient de là, est imprégné de toutes les musiques moites et swingantes du coin. On relève des touches de cajun, de zydeco, de honky tonk, portées quand il faut par des cuivres ou un accordéon (à doses homéopathiques, y’a rien qui fasse fanfare ou Clifton Chenier), et soutenues par l’omniprésent et reconnaissable entre mille piano de Dr. John (à noter que Charles est fan de Fats Domino et de son style de piano, il lui a même composé un de ses derniers hits « Walking to New Orleans »). Et puis il y a la patte rustique du Band, capable de produire une musique qu’on jugerait immémoriale, tant elle s’ancre dans les tréfonds de la culture populaire américaine. Où l’on part de très vieilles choses (de la country, du hillbilly, du western swing, du jazz, du blues) et l’on recrache tout ça au début des seventies, une époque où le Band commence à devenir quelconque, et Dylan encore pire (les minables « New morning » et « Self Portrait »). Des années plus tard, on appellera ça de l’americana ou du classic rock…

The Last Waltz, Charles caché par le micro 

Les deux premiers titres (« Street people » et « Long face »), c’est aussi fort que le Band en 69, « Small town talks » décrit mieux l’Amérique profonde (les ragots, les voisins qui s’épient) que tous les Mellencamp de la création. « It must be the good place now » est le seul morceau qui permette de citer Tony Joe White par son côté ballade feignasse, « Let yourself go » fait remonter les effluves du bayou louisianais, « Grow to old » renoue avec le meilleur des « Basement tapes » (enregistrées depuis longtemps, mais pas parues officiellement), « Tennessee blues » envisage le blues comme Hank Williams (beaucoup plus proche de la country donc, et ici avec un sublime accordéon discret).

La merveille des merveilles de ce disque se nomme « Save me Jesus », et ça pourrait presque me réconcilier avec la religion, tant c’est du même niveau que, au hasard, « Presence of the Lord » de Blindfaith ou « Amazing grace » par qui vous voulez qui en ait l’étoffe (Aretha Franklin, Ray Charles). Le titre commence à l’arrache, on sent qu’il n’y a pas eu deux cents prises, c’est du country-rock pépère (davantage de country que de rock au début, l’inverse à la fin).

Ce « Bobby Charles » aurait dû se vendre par camions. Il n’en fut rien. Et la réponse se trouve (au moins en partie) dans « All the money », inspirée par son manager Albert Grossman, véreux à souhait. Charles vient de s’en rendre compte à ses dépens (« il a tout le pognon, tout le whisky, toutes les femmes, et moi que dalle » disent en substance les paroles de la chanson). Allumer ainsi le type qui vient de te signer avant la sortie du disque n’est pas la meilleure stratégie marketing à adopter, même si Charles et ses potes devaient bien s’en foutre et de la stratégie et du marketing. Un titre en tout cas à mettre en parallèle avec le « Zanz Kant Dance » de John Fogerty dont on peut se demander s’il ne s’est pas fortement inspiré pour ce coup-là de Bobby Charles …

En tout cas, le résultat des courses sera sans appel. « Bobby Charles » sera un bide considérable. Et bien évidemment il n’aura pas une seconde chance, même si une poignée de disques sous son nom paraîtra dans les décennies suivantes, sans que cela n’émeuve qui que ce soit …

Contrairement à Yseult (??) ou Pomme (???), (en attendant l’an prochain Tristan et Poire Williams ?), Bobby Charles n’a jamais gagné de Victoire de la Musique… raison de plus pour vous intéresser à son cas …


R.E.M. - MURMUR (1983)

 

Kudzu songs ...

Le kudzu (ou kuzu) est une plante vivace et invasive d’origine asiatique, qui s’est répandue dans d’autres continents, et notamment la partie orientale tempérée des Etats-Unis. Aujourd’hui, quelques bobos végans trouvent intéressant, voire intelligent ou carrément nourrissant d’en bouffer les tiges ou les graines …

Et non, je n’ai pas passé le second (ou le deuxième, allez savoir, on nous cache tout on nous dit rien) confinement à prendre des cours du soir de botanique. Si je cause du kudzu, c’est parce qu’il recouvre tout sur la photo de la pochette de « Murmur ». Il y en a partout dans les environs d’Athens, Géorgie. Et les R.E.M. viennent justement d’Athens. Ville universitaire qui en ce début des années 80, venait de livrer au monde les exubérants B-52’s.


R.E.M. ça veut dire « rapid eye movement », une des phases du sommeil paradoxal. Arrivés à ce stade, les fans de Status Quo ont déjà abandonné la lecture. Ça tombe bien, R.E.M. c’est pas pour eux … D’ailleurs, a priori, R.E.M. c’était pas destiné à grand-monde. Quatre types qui jouent de la musique dans leur garage en espérant au mieux, si tout s’emmanche bien, donner un concert d’une demi-heure lors d’une soirée étudiante. A l’origine du groupe, le classique magasin de disques. Peter Buck (pas vraiment filiforme, plutôt trapu et une coupe de cheveux à la Roger McGuinn ou Beatles 65) y travaille comme vendeur et passe ses journées et ses nuits (sa vie entière, en fait, et il continuera, ce type a une des cultures musicales les plus phénoménales du monde du rock) à écouter les disques en rayon. Il repère un type qui n’achète que des disques qu’il a trouvés excellents. Ce type, c’est Michael Stipe (silhouette frêle et souffreteuse, des binocles et le cheveu long qui a déjà tendance à se dégarnir), un type dont le seul plaisir en dehors de la musique est de traîner et de méditer dans la campagne, de se mettre en symbiose avec la nature, ne rechignant pas à bouffer quelques poignées de terre pour être plus près de la Mère nourricière (c’est ce qu’il avouait timidement lors de ses premières interviews). Entre ces deux bizarros, une amitié musicale naît, et comme Buck gratouille un peu et que Stipe chante (ou murmure, on y reviendra) à peu près juste, pourquoi pas monter un petit groupe … Une section rythmique qui joue depuis quelque temps ensemble au gré d’éphémères formations de collège est repérée, et c’est parti. Le bassiste, c’est Mike Mills, tronche de musaraigne comme un brouillon du Bellamy de Mumuse, et son pote batteur aux sourcils gigantesques qui répond au commun patronyme de Bill Berry.


Au départ donc quatre boys next door plutôt pas mignons, dont on ne peut être sûr que d’une chose, c’est qu’ils vont pas rendre trop de gamines hystériques. D’autant plus que leurs points communs musicaux sont pas vraiment dans l’air de ce début des 80’s : ils révèrent le Velvet Underground (groupe culte, c’est-à-dire inconnu du consommateur lambda de musique), les premiers disques des Byrds (passés de mode depuis belle lurette), ou les Modern Lovers (et leur folk-rock en totale roue libre, la référence en matière de je m’enfoutisme musical). Le son originel de R.E.M. repose sur une rythmique mouvante, souple, élastique. Parce qu’après, ça se complique. Peter Buck est le Buster Keaton de la guitare, le second faisait des films hilarants sans jamais sourire, le premier est un guitar hero qui ne fait jamais de solos et déteste tous les effets de manche et les gros riffs faciles, se contentant le plus souvent de suites d’arpèges. Quant à Stipe, qui écrit les textes, il s’évertue à les marmonner (parce qu’il en a honte, parce qu’ils n’ont aucun sens, parce qu’il a pas du tout l’âme d’un frontman) les yeux fermés loin des poursuites des projecteurs.

Moins de dix ans après leur formation, R.E.M. sera la plus grosse machine d’indie rock (le terme a été inventé pour eux) de la planète, vendant des disques par millions, classant des singles en haut des charts d’une façon métronomique. Et tout cela sans cours de chant ou de guitare, sans chirurgie esthétique, sans tenues fluo ni plumes d’oiseaux des îles dans le cul … Le disque qui va les assoir sur le toit du monde pop-rock (« Out of time » en 1991), il est pas foncièrement différent de leur premier, ce « Murmur » dont il serait quand même temps de causer un peu …

R.E.M. et « Murmur », ça tient quand même de l’accident industriel. Leur premier single (autoproduit), avec « Radio free Europe » en face A et une reprise en direct live dans le studio de « There she goes again » du Velvet en face B est tiré à cent exemplaires. Pendant qu’un contrat est signé avec I.R.S. (label indépendant où l’on trouve à la tête le frangin de Stewart Copeland, le batteur de Police), voilà-t-il pas que des journaux sérieux, pas forcément très rock’n’roll, mais d’audience parfois nationale font de « Radio free Europe » qui son single de la semaine, du mois, voire de l’année (quand il sera publié, « Murmur » récoltera les mêmes louanges).

Une version réenregistrée de « Radio … » ouvre « Murmur » (et « There she goes again » figure dans les bonus de la réédition Cd de 93), et force est de reconnaître qu’on n’a pas souvent entendu quelque chose d’aussi original et d’aussi évident bien souvent. Tout ce que développera et affinera R.E.M. pendant des années est dans « Radio free Europe ». Une base de country rock sautillante, une atmosphère brumeuse et cotonneuse (forcément cotonneuse, on est en Géorgie), cette voix qui tient plus du murmure que du chant, ces arpèges de guitare, ces chœurs le plus souvent à contre-temps. On retrouve à des degrés divers ces éléments dans tous les titres du disque. Mais attention si on parle bien d’uniformité, on ne parle de répétition. Parce que ce qui distinguera R.E.M. de tous ses semblables et bientôt suiveurs, c’est la capacité à écrire des chansons, ce truc léger et en même temps rigoureux avec une mélodie, des couplets, un refrain, le tout en trois-quatre minutes chrono. La concision sera aussi un des signes distinctifs de R.E.M.

Une fois la recette établie, les variations interviennent sur le tempo (il faudra attendre l’arrivée du producteur Scott Litt et la signature sur la major Warner à la fin des eighties pour que morceaux s’enjolivent et deviennent beaucoup plus radio-compatibles, sans que jamais on ne puisse accuser lors de leur première décennie d’activité les Athéniens de virer commercial). Qu’il s’accélère, et on se retrouve face à de petites bombinettes pop-rock (« Pilgrimage », « Moral kiosk », « 9.9 », l’extraordinaire « Catapult »). Qu’il se ralentisse, et on se retrouve face à de superbes ballades country-rock (« Laughing », « Perfect circle », cette dernière comme en apesanteur).


Quelquefois, ces infimes variations peuvent déboucher sur des titres moins réussis (le superflu « West of the fields », les plus quelconques « Sitting still » ou « Talk about the passion »). Et pour finir quelques ponts jetés vers l’avenir telle « Shaking through » qui préfigure le disque suivant et selon moi encore meilleur (« Reckoning »), la chanson triste et entraînante à la fois comme une projection de tous les « Losing my religion » futurs (« We walk », encore « Laughing »).

On ne peut cependant pas citer R.E.M. comme la réponse américaine à la cold wave britannique (Cure et ses disciples). Il y a chez les Américains une chaleur, une positivité et une légèreté qui ne sont pas de mise chez tous les British vêtus de noir. R.E.M. est définitivement un groupe de rock (cf. les trois titres live en bonus joués en surtempo, et tant pis pour les pains où l’approximation, on est beaucoup dans le festif et pas dans la rumination mélancolique).

« Murmur » est un des meilleurs premiers albums jamais publiés et inaugure le début d’une décennie cohérente pour le groupe qui tracera patiemment, disque après disque, améliorant sans jamais renier sa formule initiale, une route qui le mènera sur le toit du monde …



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WILCO - ODE TO JOY (2019)


Last American band …
Parce que le combat cessera faute de combattants … A l’attention de ceux qui avaient pris l’option « musiques du monde » ou « musiques électroniques » ou toute autre forme de soupe sonore, rappel des faits …
Wilco
Il existe des gens, dans un autre continent, qui depuis des décennies, enregistrent des disques en puisant leurs sources dans des genres aussi désuets mais vivaces que la country, le blues, le rock’n’roll, leurs croisements et dérivés. Un jour, dans les 80’s, un type a eu l’idée d’appeler ça « americana ». Particularité du machin : depuis les inventeurs du genre, en gros Dylan et le Band, les noms en haut de l’affiche ont été ceux de types accompagnés par un groupe. On citera donc en se signant et en levant les yeux au ciel (euh, non, pas à ce point ...) Neil Young & Crazy Horse, Bob Seger & The Silver Bullet Band, Bruce Springsteen & The E. Street Band, Tom Petty & The Heartbreakers, Christine & The Queens ...
Ils en sont où aujourd’hui, tous ces gens ? Les leaders sont morts ou peu s’en manque, et dans leurs orchestres, ça a aussi rempli les cimetières. Et les grabataires survivants, ils s’appuient sur leur légende et un certain savoir-faire (comme auraient dit les Mink DeVille qui ont leur place dans la liste du dessus) pour remplir quelques arenas et sortir tous les trois ans des rondelles plus ou moins écoutables (le Boss version symphonique, qui a envie d’écouter ça quand t’as passé des heures et des heures à essayer de comprendre de quoi parlaient les chansons de « Nebraska », non mais franchement, …). Ne reste donc que Wilco. Ouais, je sais, c’est pas compliqué, la plupart des types de Wilco étaient tout juste nés quand les autres sortaient leurs premiers disques.
Jeff Tweedy
Même s’ils ont depuis longtemps une approche parfois étrange du genre, liée à la personnalité de celui sans qui Wilco ne serait pas, le sieur Jeff Tweedy. D’une nature oscillant entre neurasthénie et dépression, grand amateur de bouteilles et de poudres blanches, son comportement parfois erratique (c’est lui qui compose, « suggère » la production, les autres dans le groupe étant libres (?) d’apporter leur touche personnelle aux titres) a même fait fleurir un temps par quelques déficients auditifs un parallèle avec Radiohead (bâillements …). Tweedy a pourtant des cadors (certains vont et viennent, parfois ne reviennent pas, leur nombre varie) derrière lui, et a (trop ?) souvent tendance à les sous-utiliser. Et c’est pas cette rondelle qui va faire changer d’avis les tenants de cette théorie …
Au bout de quelques secondes de « Ode to Joy » (hymne à la joie, tu parles, le titre est à prendre au moins au millième degré) y’a un truc qui saute aux oreilles : le son de batterie. Très (mais vraiment très) en avant, mais très mat, comme si on l’avait enregistrée en plaçant le micro dans une baignoire. L’exact contraire-négatif d’un autre fameux son de batterie, celui du « Born in the USA » de … (que ceux qui savent pas retournent écouter Magic System).

J’aime bien Wilco, et j’avoue que j’ai été très décontenancé à la première écoute. Il émane des premiers titres un minimalisme plombant au niveau sonore (cette batterie étrange et métronomique, quasi robotique, qui écrase tout, juste quelques sons d’autres instruments derrière) que vient renforcer le chant monocorde de Tweedy très loureedien. « Ode to Joy » est construit suivant un crescendo ou une progression. Petit à petit les titres bénéficient de mélodies plus chaloupées, Tweedy chantonne voire chante carrément, les arrangements de claviers et synthés accrochent l’oreille, les guitares commencent à rugir. Un disque qui commence dépressif total et qui finit par être sinon jovial, du moins juste (mo)rose. Avant de se terminer très dépouillé et down tempo, contrepoint-miroir du début, à l’image d’une boucle infinie.
Après quelques écoutes, il apparaît que « Ode to Joy » est un tout (on touche surtout pas au bouton « random » pendant la lecture), et est à prendre ou à rejeter en bloc. Je suis preneur. Parce que Tweedy est un type qui sait composer (y’a de la mélodie, certes pas aguicheuse, mais bien présente), sait écrire des textes (ça semble plus sophistiqué que, au hasard, Bob Seger). Et puis derrière, les Wilco sont tous capables avec trois bouts de ficelle et un espace d’intervention souvent réduit au minimum, de faire des merveilles instrumentales …
Pièces choisies : les inauguraux « Bright leaves » et « Before us », mélodies à faire pleurer feu Tom Petty, ambiance pluvieuse et mortifère, « Everyone hides » première éclaircie avec guitare rageuse, « We were lucky » (rien à voir avec Pharell Williams, mais beaucoup avec le Neil Young moissonneur, et des arrangements comme plus personne n’en ose depuis quarante ans), « Love is everywhere » (comme du Dylan des 70’s en état de grâce, ce qui lui est arrivé quelquefois), ou « Hold me anyway » que l’on peut qualifier d’exubérant dans le contexte …
Néanmoins, il me surprendrait fort que Tweedy batte les records de « Thriller » avec cette rondelle … Pour public averti …


Des mêmes sur ce blog :
The Whole Love 



JJ CALE - SPECIAL EDITION (1984)

Le Roi Fainéant ...

Celui-là, il a failli finir sous le dégradant intitulé « Poubelle direct » … si j’avais pas peur de me faire lyncher par mes millions de lecteurs.
Whaaaat ???  Une compilation de JJ Cale à la poubelle ?
Ben oui, mais pour les bonnes raisons. Je m’explique. « Special Edition » est paru simultanément en vinyle, K7 et Cd en 1984. Le support Cd étant apparu en 1982. Remarque, le premier Cd plus ou moins rock paru était d’ABBA, et la première vente conséquente le « Love Over Gold » de Dire Straits, dont tous les vendeurs de matos avaient un exemplaire et te faisaient écouter la pureté du son de « Private Investigations », titre fortement inspiré, c’est le moins que l’on puisse dire, par JJ Cale.
Même jeune, JJ Cale était vieux ...
Un cadre de chez Phonogram a dû avoir la lumineuse idée de s’engouffrer dans la même brèche avec une compilation du grincheux troubadour américain. Vite faite, mal faite, mais fallait battre le fer pendant qu’il était brûlant … très mauvaise idée et très mauvaise rondelle au final. Parce que Cale tient beaucoup plus du bouseux rustique (quoi que, on en reparlera) que du type obnubilé par le high tech. Ce qui ne l’a pas empêché d’avoir un son et une approche reconnaissables entre mille, et surtout d’avoir une production qui a évolué (pas toujours en bien, on y reviendra aussi) au fil du temps.
Cette compilation est faite sans aucun respect de la chronologie. On part de « Cocaïne » (1976) pour finir par « Crazy Mama » (1972), en poussant jusqu’au début des 80’s. N’importe quoi … Pire, comme il était de coutume d’affirmer péremptoirement que le support Cd était d’un meilleur rendu sonore que le vinyle (ce qui est très discutable, surtout à cette époque-là), Mr et Mme Phonogram ont aligné les titres sans les égaliser, alors évidemment on fait cohabiter des trucs enregistrés sur du matériel de fortune (avec une dynamique faible) avec les bandes master des studios multipistes californiens (avec une dynamique beaucoup plus puissante). La juxtaposition est forcément calamiteuse, et le rendu sonore se fait au détriment des titres les plus rustiques … évidemment les meilleurs. Encore heureux que dans la précipitation et l’appât du gain, ils aient pas repiqué directement les vinyles, comme ça s’est fait parfois … On regrettera également qu’en tout et pour tout, on n’ait que quarante minutes de musique, alors qu’il y avait matière à meubler qualitativement …
Jusqu'au serre-tête qu'il s'est fait piquer par Knopfler ...
Ceci posé, il n’y a pas d’oubli tragique. Les titres qui ont assis la légende de JJ Cale sont là. Ils sont issus essentiellement des deux premiers albums, « Naturally » et « Really », quand tout à coup le monde ébahi (enfin quelques zozos plutôt rares, Cale vendait que dalle) découvraient dans un business dominé par des Gibson raccordées à un ampli Marshall tous potards sur onze, un péquenaud déclamant d’une voix endormie sur un rythme incitant à la sieste des machins peinant à dépasser les deux minutes… Ecouter ces « Magnolia » (peut-être sa plus belle), « After midnight », « Call me the breeze », « Crazy Mama » en a traumatisé quelques-uns au-delà du raisonnable. Knopfler bien sûr, dont toute la carrière repose sur un plagiat honteux de Chet Atkins et JJ Cale. Les rudes soudards de Lynyrd Skynyrd dont « Call me the breeze » deviendra un cheval de bataille live. Et God lui-même, qui relancera une carrière qui avait tendance à se noyer dans le cognac en reprenant « Cocaïne » après « After midnight » (avait-il seulement saisi qu’il s’agissait d’une chanson anti-drogue, lui l’héroïnomane forcené) et en profitera pour rajouter quelques zéros à son compte en banque.
Le compte en banque, Cale devait même pas en avoir. Il vivait dans un mobil home cabossé au milieu du désert dans l’Oklahoma, passait ses journées à gratouiller en laissant tourner les magnétos, refusait les interviews, les shows télé et les tournées, envoyait bouler les représentants de sa maison de disques et sortait une rondelle tous les trois ans. On a longtemps cru que tout était jeté sur bande en une seule prise, en compagnie de son éternel complice, le producteur Audie Ashworth. Jusqu’à ce que des décennies plus tard, Cale ayant entrepris de faire quelque chose qui ressemble à une carrière « normale » révèle que ces fameux titres laidback (le nom inventé pour son style) étaient en fait des collages de dizaines de prises issues de maquettes enregistrées dans sa caravane en bute à un groupe électrogène préhistorique et récalcitrant. En gros, Cale utilisait la même façon de faire de la musique quarante ans plus tôt que, au hasard Daft Punk …
Christine Lakeland et un fan de son mari qui se prend pour Dieu ...
Cale aurait pu faire un parcours sans faute tant l’hypothèse de départ était parfaite et qu’il s’y est tenu scrupuleusement pendant quelques albums (les trois premiers, le troisième étant un peu en panne de bonnes chansons tout de même). Et puis, genre Ancien Testament, il céda à la Tentation. Lui, l’ermite dont la seule compagne était une vieille moto de cross, rencontra sa muse, Christine Lakeland. Et n’en déplaise à Marlène-aux-grosses-fesses Schiappa, elle a joué le rôle qu’on peut attendre d’une femme quand elle s’occupe de la musique de son mec, elle l’a rendue toute moche, confirmant un vieil axiome rédigé par toutes ces Yoko Ono, Linda Eastman, Kathleen Brennan, … au détriment de leurs époux … fin de la parenthèse myso.
Certes, Lakeland a dû faire ouvrir un compte en banque à son mari, mais elle s’est mêlée de sa musique, co-signant des titres, apparaissant partout sur les crédits, chantant même en duo avec lui (« Don’t cry sister »). Alors on pourra toujours dire que Cale était cuit, n’avait plus rien à dire, aurait bégayé son truc, il n’empêche que c’est pas avec sa dulcinée présente voire omniprésente qu’il a livré son meilleur. Il s’est même laissé aller à quelques sottises comme le rhythm’n’blues funky de pacotille « Lies » qui ferai passer Earth Wind & Fire pour des génies. Ou l’imitation de Dire Straits avec « City girls » que Knopfler pompera pour en faire « Walk of life », hit intergalactique, Cale testant à l’occasion et à ses dépens l’histoire de l’arroseur arrosé …
En résumé, fuyez cette rondelle, et dégottez-vous – au moins – une bonne compile du feignant en chef du binaire. Laquelle ? Eh oh, démerdez-vous … je vais faire la sieste …

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