SMALL FACES - OGDENS' NUT GONE FLAKE (1968)

Enfumage ?
Bon, c’est une affaire compliquée … Parce qu’on cause là d’un skeud dont l’édition originale d’occase en état mint ou pas loin vaut entre 300 et 400 euros. Cherchez pas à connaître mon adresse pour venir braquer ma turne et me le piquer, j’ai que la réédition Cd de chez Castle Music en 2005, valeur d’occase 3 euros (moins les frais de port, mais je suis pas vendeur, je revends jamais des disques que j’ai un jour achetés).
Faut dire que quand ce disque était paru (début 68) il s’était fait remarquer. Par un packaging hors norme, à une époque où le music business ne regardait pas (trop) à la dépense. Le vinyle était logé dans une boîte métallique représentant (ou parodiant, les avis diffèrent), une antique boîte de tabac anglaise. Très vite, quelque comptable chez Immediate a dû aligner des chiffres et « Ogdens’ … » est ensuite sorti sous une pochette cartonnée classique (et ne parlons pas des rééditions Cd, même si une a repris le boîtier en ferraille, genre « Metal Box » de P.I.L.).
Lane, Marriott, McLagan & Jones, Small Faces 1968
Là où l’affaire se complique encore plus, c’est que « Ogdens’ … » n’est pas une parution anecdotique qui ne vaudrait que pour son packaging d’origine. Le disque, sans rivaliser en unités écoulées avec ceux des Beatles s’est pas mal vendu. Faut dire que les Small Faces, c’est pas rien niveau casting. Steve Marriott, Ronnie Lane, Kenney Jones, Ian McLagan. Si vous avez jamais vu ces noms sur des notes de pochette, c’est soit que vous savez pas lire, soit que vous achetez des disques de Bénabar (ce qui est bien pire que de ne pas savoir lire).
Les Small Faces, c’est plus encore que les Who ou les Kinks des débuts, le groupe mod de référence, celui qui lorgne autant du côté de la soul et du rhythm’n’blues américains que du côté rock’n’roll. Lancé comme un groupe à singles (aux succès commerciaux moyens), les Small Faces sont vite lâchés par leur maison de disques Decca. Un certain Andrew Loog Oldham, qui dispose de quelques moyens (avec l’argent gagné par – ou sur le dos – des Rolling Stones dont il fut manager à leurs débuts) les recrute pour être le fleuron du label qu’il vient de monter, Immediate.
Pour favoriser leur inspiration, il leur offre une croisière, de fait une party ininterrompue sur un bateau. C’est couché sur le pont et passablement aviné que Ronnie Lane (c’est ce que disent les autres, lui a réfuté), contemplant le ciel étoilé et n’apercevant qu’un quartier de lune, a ameuté ses potes pour leur demander ou diable était passé l’autre partie de la Lune. Déclic immédiat de la bande : ah que voilà un puissant fil conducteur d’un album concept … Et non, les Pink Floyd n’étaient pas du voyage, mais certaines mauvaises langues prétendent que cette histoire les aurait aidé à baptiser un de leurs disques à succès des seventies …

Les Small Faces vont pousser jusqu’au bout cette illumination alcoolisée et vont se lancer dans l’écriture de « Ogdens’ … ». Il leur apparaîtra assez vite que la chose va être assez compliquée à mettre en musique, surtout qu’ils rêvent d’acteurs récitant des dialogues, d’orchestrations grandioses et tout le toutim … Prudemment, ils s’en tiendront à une face du vinyle, la seconde. Qui est pas meilleure que « Tommy », mais dure quatre fois moins longtemps, c’est déjà ça … Cette enfilade de six titres est entrecoupée de textes dits par un certain Stanley Unwin, paraît-il très connu en son temps, et qui narre la quête par Happiness Stan (le nom du personnage) de la partie manquante de la Lune …
Un texte paraît-il drôle, à condition d’avoir un plus que bon niveau en anglais. En tout cas la mise en scène (et en sons) d’une galerie de portraits de décalés (ou de dérangés, c’est selon). Parmi lesquels le lunaire Happiness Stan et Mad John (un homme de main de Don Arden, premier manager des Small Faces, avec lequel le groupe semble avoir quelques comptes à régler). Les vignettes musicales issues de cette suite vont du pas très bon au franchement pénible, dans un enrobage sonore plutôt surchargé (piano classique à la Moody Blues pour « Happiness Stan », soul bancale pour « The journey », fanfare-comptine pour « Happy days toy town »). Et quand les titres sont plutôt sobres, ils ressemblent étrangement à des choses plus connues. « Rollin’ over » d’assez loin le meilleur titre de la face, débute par le riff de « Foxy Lady » de Hendrix (d’après le groupe, le Voodoo Chile était fan des Small Faces et ne voyait pas d’inconvénients à ce qu’ils le plagient, une vision peut-être exagérée de la réalité, toujours est-il qu’il n’y a pas eu procédure, Hendrix étant de toute façon assez éloigné des considérations bassement matérielles). A l’inverse, « The hungry intruder » et son folk acoustique énergique ont dû tomber dans l’oreille de Townsend, tant des pans entiers de leur futur « Tommy » en sont voisins.
Pour moi, vous l’aurez compris, cette face lunaire de « Ogdens’ … » constitue un gâchis. Parce que voir un Marriott vocalement appliqué est un non-sens, lui qui a une des plus belles voix soul des sixties anglaises. Sans compter que c’est un excellent guitariste, vif, tranchant, sachant aller à l’essentiel sans être démonstratif. Ronnie Lane, son alter ego dans les compos (même si pour ce disque, McLagan et Jones participent un peu à l’écriture), est un grand auteur et un grand bassiste. Ian McLagan sait se démultiplier sur ses claviers et participera en tant que sessionman aux disques du gotha du rock (Stones, Dylan, Joe Cocker, Rod Stewart, Springsteen, …). Kenney Jones est un quasi clone de Keith Moon (les dérives éthyliques et opiacées en (un peu) moins), à tel point qu’à la mort de Moon, il prendra son tabouret au sein des Who. Et quand ces quatre-là font du rock sans se griller les neurones dans des concepts fumeux, ça dépote. Les Small Faces ont sorti quelques singles mémorables, dont le colossal « All or nothing », une des meilleures chansons des quinze derniers siècles.

Les bonnes chansons de « Ogdens’ … », ils faut donc aller les chercher dans la première partie du disque. « Long agos … » (soul rock) et « Rene » (psyché, jazz et jam finale) sont correctes sans plus. Les quatre restantes sont d’un autre calibre. « Ogdens’ … » le morceau-titre est un instrumental entre soul et space rock et montre qu’on a affaire à de sérieux clients qui jouent compact et savent éviter le solo egomaniaque. « Song of a baker », dans un blind test, tout le monde hurlerait que c’est un grand morceau des Who (l’intro, les riffs, les roulements de toms de Jones). « Afterglow of you love », c’est la perle du skeud. Il faut dépasser l’intro cafouilleuse, se prendre cette mélodie first class dans la poire et s’extasier sur la performance vocale de Marriott. Il reste un titre dans cette face. L’objet de la discorde. Qui s’intitule « Lazy Sunday ». Un pastiche navrant des Kinks, une récréation neuneue à prendre au second degré. Marriott n’en voulait même pas sur le disque. Immediate a choisi de le sortir en single. Marriott est devenu furieux, d’autant plus que la chanson, sans atteindre les sommets des charts, a bien marché, écornant quelque peu la crédibilité du groupe. Résultat des courses : Marriott va quitter le groupe dont il est le leader, les Small Faces vont être remerciés par Immediate. Les trois autres vont continuer, raccourcissant leur nom en Faces.

Pour remplacer l’irremplaçable Marriott, il en faudra deux, un guitariste et un chanteur. Leurs noms : Ron Wood et Rod Stewart … Mais c’est une autre histoire …



QUEENS OF THE STONE AGE - VILLAINS (2017)

Mort d'Homme ?
Autant préciser les choses. QOTSA, pour moi, c’était les Smashing Pumpkins des années 2000. Et aujourd’hui, dans les années 2010, ils en sont là où en étaient les Pumpkins dans les années 2000. Vous suivez ? Non ? Bon, je m’explique …
Les QOTSA furent le temps de deux-trois disques la référence en matière de grosses guitares (leur évident et assez incontournable « Songs for the deaf » restant leur apex). Servies dans une ambiance sérieuse (voir le sort réservé à l’allumé bassiste Nick Oliveri, vite éjecté du groupe). S’il y a bien un mot qu’on ne risque pas de mettre en avant pour parler d’eux, c’est celui de fun. La musique des QOTSA est pour moi froide, clinique et mathématique. Peuvent multiplier les tempos frénétiques et monter le son, ça n’y changera rien. Et QOTSA comme Pumpkins n’existent qu’à travers un leader omnipotent, Homme ou Corgan, un de ces types pontifiants et lapidaires qui s’imaginent détenir une vérité et avoir une sorte de mission à accomplir. Par charité, on ne reviendra pas sur les déclarations orgueilleuses (en fait totalement cons) qu’ils ont pu éructer l’un comme l’autre.
QOTSA 2017
Si Corgan semble rangé des vélos et avoir compris que le monde continuera de tourner sans lui, Homme se multiplie, enchaînant disques et collaborations. Des surmédiatisés (c’était juste un groupe fun, donc pas sérieux) Eagles of Death Metal, bataclanisés par une exposition bien involontaire que Jesse Hugues est incapable de gérer, en passant par le dernier Iggy Pop (gros battage médiatique pour un résultat tout juste passable, comme la plupart des disques solo de l’Iguane, comme quoi n’est pas Bowie qui veut …). On n’extrapolera pas sur les déclarations risibles de Homme pour la sortie de ce « Villains » (« c’est un disque qui va marquer ce siècle », ce genre …), on s’en tiendra à l’écoute des neuf titres de cette rondelle.
Suffit de voir les réactions embarrassées des fans dans les forums et sites divers où on cause zizique pour comprendre que la montagne a accouché d’une souris. Homme et ses QOTSA auront essayé… Sentant qu’il commençait à pédaler à côté du dérailleur, le grand rouquin a voulu marquer les esprits en allant chercher un metteur en sons « moderne », Mark Ronson. Se ménageant ainsi une porte de sortie. Si le disque est pas bon, c’est la faute à ce tocard, qui bosse avec Adele, Maroon 5, Bruno Mars, ou autre cataplasme de ce genre pour lycéens … Les fans hardcore ont évidemment saisi la grosse ficelle et font feu de tout bois sur l’Anglais. Dont on oublie de dire qu’il a aussi bossé avec Amy Winehouse ou les Black Lips (groupe punky et rigolo, référence en la matière, et antithèse des pesants QOTSA) pour un résultat excellent. Non, les gars, si t’as de bons titres, même un gâte-sauce aux manettes te pourrira pas un disque. Par contre, si t’arrives avec des compos minables, même George Martin, Spector et Lee Perry réunis pourront rien pour toi …
QOTSA & Mark Ronson
« Villains » est un disque … vilain. Pas nul de chez nul, juste sans intérêt … de toute façon, à l’époque où le vinyle revient à la mode avec ses pochettes XXL (par rapport aux timbre-poste qui empaquettent les Cds), les QOTSA réussissent à enrober leur rondelle d’une visuel hideux digne du bon goût d’un Venom en son temps (Dick Rivers avait fait à peu près la même horreur, mais avait au moins l’excuse d’avoir mis un bon disque, « Rock and roll Star », à l’intérieur …).
Autre sujet à circonlocutions sémantiques du fan de base, il y a sur « Villains » des synthés, un quatuor à cordes et des cuivres. Même si ça sonne pas comme Kraftwerk, une sonate de Litz, ou un morceau de chez Stax, on s’éloigne sensiblement du Motörhead sound. La faute à Ronson, maugréent quelques uns … hum, plutôt un cache-misère, un paravent à la médiocrité des compos, dont une bonne moitié est à jeter sans autre forme de procès. « Domesticated animals » est une ballade plombée et plombante, la quasi gothique « Fortress » est introduite par des cordes, ce qui est son seul intérêt, la pompière « Un-reborn again » réveille les fantômes de Simple Minds et Boston, ce qui est loin d’être une bonne idée. Mention particulière à un « Hideaway » sans queue ni tête avec ses synthés über alles. A l’attention du sieur Homme qui il y a quelques lustres, claironnait qu’il fallait « déclaptoniser » le rock, « Hideaway » est un titre utilisé par Clapton (sur "Blues Breakers with John Myall", rondelle d’un autre niveau que « Villains »). Signe qui ne trompe pas, le titre placé en ouverture (« Feet don’t fail me ») qui se doit de ferrer l’attention de l’auditeur est un machin linéaire bruyant à grosses guitares après une longue litanie de synthés hululants, un titre dont la structure initiale (où sont les couplets et le refrain là-dedans ?) était bien inconsistante. Enfin, la ballade geignarde qui clôture la rondelle aurait mieux sonné si Adele l’avait chantée, sans compter que les avocats de feu Lou Reed peuvent trouver matière à procédure à l’écoute de la ligne de basse, qui rappelle étrangement celle de « Walk on the wild side » …
Homme commence à entrer dans l'ombre ...
Il reste quand même quelques pistes bien foutues, sans que l’on puisse pour autant s’extasier à leur sujet. Le rockab punky de « Head like a haunted house », la remuante « The way you used to do », comme du ZZ Top funky, le bon vieux méchant rock « The evil has landed » et son final cuivré à la « Suffragette City » de Bowie. Ce qui fait quand même pas beaucoup, et me fait penser, à l’opposé des aficionados de QOTSA, que ce sont les petits chichis et gimmicks de Ronson, qui empêchent « Villains » de sombrer corps et biens.

Va falloir se reprendre Mr Homme. Ça commence à faire désordre … On est à la limite du poubelle direct …


Des mêmes sur ce blog :

MICHEL GONDRY - ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND (2004)

La mémoire dans la peau ...
« Eternal … » réunit à peu près tous les ingrédients pour faire un bide all around the world. Un film américain tourné par un frenchie branché, des acteurs à contre-emploi, un scénario totalement barré, et un montage dans lequel se mélangent tellement passé, présent et futur qu’on comprend quasiment rien au premier visionnage … Normalement, ça aurait dû faire direct to Dvd (ou sortie chez Netflix aujourd’hui).
Carey, Gondry & Winslet
Sauf qu’un comptable a dû se lever et souligner que ce machin avait coûté du pognon et qu’il faudrait peut-être essayer de l’amortir. Quelques critiques positives, quelques noms très bankables en haut du générique, et au final un bon petit succès pour un film très atypique. Un peu la même histoire que « Dans la peau de John Malkovitch », avec lequel « Eternal sunshine … » possède bien des similitudes.
Le même scénariste pour commencer, Philip Kaufman, spécialiste de l’écriture pour réalisateur « différents ». Ici, derrière la caméra, Michel Gondry, bobo arty qui avait commencé en jouant de la batterie dans le groupe retro-infantile Oui-Oui (si-si), puis (bien) gagné sa vie en réalisant des pubs ou des clips, avant de virer cinéaste branché (et de se vautrer avec son premier film, « Human nature », tourné aux States et avec déjà Kaufman au scénario).
Clementine et Joel dans les bois ...
« Eternal … » (le titre est un extrait d’un poème anglais du XVIIIème signé Alexander Pope) est un bon film. Barré, confus, hermétique, qui part dans tous les sens à première vue, mais un bon film. Peut-être parce que Gondry la joue profil bas (réalisation simple, préférant nettement les trucages parfois too much aux effets numériques clinquants, profitant par exemple d’une parade d’un troupeau d’éléphants dans Broadway pour s’y précipiter avec équipe et acteurs tourner une scène quasi improvisée), laissant le champ libre à ses acteurs. Faut dire qu’il y a du monde au casting : Jim Carey, Kate Winslet, Elijah Wood, Kirsten Dunst. Pas exactement des débutants ou des gens à l’orée de leur carrière. Carey, sorte de Jerry Lewis pour prématurés, cartonne à chacun de ses films au box office, Winslet est une star (merci Cameron et « Titanic »), Elijah Wood avait le rôle principal de la série triomphale du « Seigneur des Anneaux », Kirsten Dunst est la fiancée de Spider-Man.
Le coup de génie de « Eternal … » est d’utiliser les têtes d’affiche principales (Carey et Winslet) à contre-emploi. Carey laisse tomber ses grimaces pour jouer un jeune mec coincé et fragile, amoureux largué. Son jeu est économe des gesticulations en tout genre qui ont fait sa fortune. C’est Kate Winslet qui en fait des brouettes à sa place, dans le rôle d’une nana libérée et extravertie, dont la principale tocade est de souvent changer de couleur de cheveux et de donner dans le voyant capillaire (orange, bleu, vert, rouge …). Elijah Wood a un second rôle, juste quelques scènes de neuneu qui fait tout foirer. Kirsten Dunst joue comme d’hab la nunuche sexy et creuse, mais dont la « rébellion » finale entraînera le dénouement du film. Casting auquel il faut rajouter un Mark Ruffalo en devenir et l’expérimenté Tom Wilkinson, sur lequel Gondry ne tarit pas d’éloges dans son commentaire du film en section bonus.
Clementine et Joel sur la glace ...
Au début du film, on voit Joel (Carey) visiblement la tête dans le derrière, se lever péniblement pour sa séquence habituelle métro-boulot. Sur le quai de la gare et sur un coup de tête, il prend un autre train qui l’amène sur une plage du New Jersey (en plein hiver et sous la neige, c’est pour le moins une idée étrange). La seule personne qui traîne là est Clementine (Winslet) qui le branche et le vampe littéralement. Début de la love story entre ces deux êtres si différents. Les scènes (que l’on croit banales, mais dont chaque détail compte, on s’en rendra compte plus tard) entre les deux tourtereaux se succèdent jusqu’à ce que le générique du film apparaisse (au bout de 17 minutes quand même). Et à partir de là, des choses étranges, bizarre se produisent, vues par l’œil de Joel. Jusqu’à ce que Clementine à qui il va offrir un cadeau à son boulot dans une librairie ne le reconnaisse même pas, occupée qu’elle est à bécoter un inconnu …
A partir de là, on bascule dans une autre dimension. Joel apprend que Clementine sur un coup de tête a fait « effacer » de son cerveau tous les souvenirs concernant Joel par une entreprise spécialisée, Lacuna. Totalement perdu, Joel s’en va chez Lacuna pour faire lui aussi effacer Clementine de sa mémoire. Evidemment, quand on voit les bureaux de Lacuna (plus lookés étude de notaire que société high-tech) et ses employés (Wilkinson, Dunst, Wood, Ruffalo) plutôt à l’Ouest, on se doute que tout ne va pas se passer exactement comme prévu. D’autant plus que le cerveau de Joel se rebelle, il est très attaché à Clémentine et veut la conserver, au moins dans ses souvenirs.
Dunst, Ruffalo & Wilkinson : la société Lacuna
C’est là qu’on s’aperçoit que le début du film se situe en fait aux deux tiers de l’histoire, et que toutes les scènes « anodines » d’avant le générique livraient des informations cruciales pour la suite. Trop tard (et c’est le gros reproche que je fais à ce film), tu te retrouves largué, d’autant plus que Gondry joue en permanence sur l’espace-temps (les flashbacks, les dédoublements, les retours en enfance, les projections dans le présent ou le futur s’enchaînent). Il faut plusieurs visionnages pour comprendre toute la mécanique poétique et légèrement surréaliste qui font la matière de « Eternal … ». Et ne pas compter sur la version commentée du film par Gondry et Kaufman, sans aucun intérêt. Les deux gars sont apparemment des taiseux (bonjour les blancs interminables) et ne font en gros que s’extasier sur le jeu de leurs acteurs. Quoique c’est peut-être fait exprès, il appartient à chacun d’interpréter, d’imaginer, de se prendre à ce jeu entre rêve et réalité.
Sorte de « Love Story » sous LSD, « Eternal … » est baigné par la musique onirique de Jon Brion et permet d’entendre une reprise par Beck (le scientologue, pas le Jeff) de la scie 80’s des neuneus Korgis « Everybody’s got to learn sometimes ». Un Oscar (mérité) pour le scénario sanctionnera la bonne carrière dans les salles du film.

« Eternal sunshine … » est un joli film à voir … plusieurs fois avant de le juger …



DREAM MACHINE - THE ILLUSION (2017)

Juste une illusion ?
Sur la pochette dans un exercice de lévitation, un moustachu et sa greluche. Lee Hazlewood et Nancy Sinatra ? Euh, non … John & Michelle Phillips ? Non plus, mais à la réflexion, il pourrait y avoir un peu de ça … Et la couleur de pochette est d’un profond … pourpre (on y reviendra). Les Dream Machine (y’en a deux autres, chevelus genre roadies de Hawkwind dans les 70’s, tellement moches qu’ils sont pas sur le recto de la pochette, d’ailleurs c’est pas sûr qu’ils fassent de vieux os dans cette histoire), comme des milliards d’autres, regardent en arrière, seconde moitié des années 60. Bâillements … Sauf qu’ils ont deux trucs pour se faire remarquer.
Mr & Mrs Melton
Premièrement, ils suscitent la controverse et la polémique. En s’affichant ouvertement réacs, tenant des propos aussi cons que ceux de Ted Nugent et Donald Ier réunis. A tel point qu’ils se sont fait lourder par leur label, ce qui est peu commun. Un brin pervers aussi parce que Castle Face, label en question, continue de vendre le disque. Qui se vent pas trop mal aux States. Business is still business. D’où un déchaînement assez peu  commun sur les pages pourtant consensuelles d’Amazon US, entre défenseurs et contempteurs de Dream Machine, appels au boycott de Castle Face et au soutien via Bandcamp du groupe. (Mini) évènement dans le Landernau du rock indé, une polémique verrait-elle le jour ?
Faut dire que maintenant tout est bien huilé. L’immense majorité des gugusses qui ont des chances de vendre plus de quatre rondelles se voient illico briefés par des conseillers en communication, leurs propos et leurs moindres faits et gestes sont surveillés par des multitudes d’attachés de presse qui n’hésitent pas à faire connaître aux journalistes les listes de questions qu’il ne faut surtout pas poser à leurs poulains. Alors quand arrivent deux crétins qui livrent leurs réflexions simplistes cash, une agitation s’empare du « milieu ». A l’attention de tous les anciens étudiants d’école de commerce qui « gèrent » le rock aujourd’hui, il convient de signaler que depuis les déhanchements censurés d’Elvis à la télé, le rock n’a prospéré que sur des polémiques et des querelles d’Hernani sur fond de trois accords. Et niveau déclarations plus ou moins imbéciles, les rockers ou prétendus tels ont depuis six décennies placé la barre très haut (à quand une anthologie des citations des frères Gallagher, Ozzy Osbourne ou du chanteur des Eagles of Death Metal ?)
Dream Machine
Et donc, quel crédit ou quel intérêt accorder au (on y revient) couple leader de Dream Machine, Matthew et Doris Melton, quand ils se lancent dans des tirades anti-immigration ? Surtout quand on sait que Doris Melton est d’origine bosniaque, émigrée durant la guerre en ex-Yougoslavie, passée par les pays scandinaves avant d’immigrer aux USA. Les Dream Machine se revendiquent anti Facebook, ce qui au jour des réseaux sociaux rois est un crime sans conteste abominable. Quel crédit (ou quel sérieux) leur accorder quand ils se prétendent (sur la page d’accueil de leur site internet officiel !!) opposés aux médias sociaux qui font ressortir le pire de la nature humaine ? Et à la limite, même si les Melton pensent vraiment ce qu’ils disent, combien de stars qu’on s’efforce de nous présenter bien sous tous rapports sont capables (parfois sans l’aide d’alcool ou de poudres blanches) de déclarations bien pires ? Maintenant, et dans l’autre sens, faut pas aller crier à la conspiration, à la censure, où à je ne sais quel complot destiné à empêcher l’humanité de profiter de leur musique … Parce qu’on pourrait en causer des heures et regarder ce qu’on nous sert par ici au nom d’une « droite décomplexée » ou d’une « extrême-droite dédiabolisée ». A côté de ça, les raisonnements à la con d’un couple de rednecks pas très fufutes dans un groupe de rock indé, hein …
Et la musique de ces guignols, tu vas en causer un jour ? Voilà, voilà, ça vient…
Leur musique, figurez-vous, elle me plaît bien. Mais avis, y’a au moins un pré-requis. Figurez-vous que j’ai mis leur Cd dans le lecteur, et que je l’ai arrêté au second titre pour aller écouter les morceaux sur le Net, tant ce que j’entendais au niveau son me paraissait provenir d’un Cd foireux, d’une erreur de pressage. Non, pas du tout, ce qui était sur mon Cd était bien ce qu’ils avaient voulu faire. Le son des Dream Machin(e) est plutôt déstabilisant. Une rythmique de bourrin (les deux chevelus), des claviers et de l’orgue qui dégueulent de partout, des voix tellement chargées d’échos et saturées qu’elles deviennent incompréhensibles et qu’on a parfois du mal à distinguer si c’est le mec ou la nana qui chante (ils se partagent à peu près les titres). Un son qui ferait passer les Sonics pour Pink Floyd (ou Rihanna). Est-ce que ça vient du fait que la fréquence d’enregistrement (c’est écrit en gros sur la pochette du skeud) est de 432 hz au lieu des 440 habituels ? J’y entrave que dalle à cette histoire, mais pour les curieux que ça intéresse, le couple s’en explique dans une (longue) vidéo. En tout cas, à l’heure du sonore agréable à l’oreille triomphant, les Dream Machine dépotent. Et on finit par s’y faire à leur son caverneux …
Surtout parce que ces couillons ont écrit de grands morceaux. Notez bien que j’ai dit grands et pas longs (y’en a la moitié des douze qui dure moins de deux minutes et aucun qui arrive à quatre), ce qui est assez paradoxal parce qu’on les sent très inspirés par le prog et les longs titres psyché des sixties seventies. A la fin du disque, y’a deux noms qui clignotent très fort : les Doors et Deep Purple. A cause de la Doris, de son Vox et de son B3, qui sont utilisés de la même façon que lorsque Manzarek et Lord les martyrisaient. Ajoutez-y quelques riffs sinueux à la King Crimson, une rythmique échevelée et vous obtenez une sorte de garage – power pop – prog relativement inédite, curieuse et le plus souvent très intéressante et réussie.
La Belle et les Bêtes ...
L’aspect garage, c’est ce son brut de décoffrage, ces méchants riffs fuzzy sixties (« Eye for an eye » et « Back to you » se distinguent dans cette catégorie). Le côté power pop, c’est cette urgence mélodique derrière la carapace hardos (on pense à un esprit Cheap Trick, comme sur « Torn from the hands … »). Mais ce qui domine, ce sont ces emprunts au prog (les mini breaks tarabiscotés un peu partout, les riffs crimsoniens du morceau-titre) et surtout ces claviers Doors-Purple (y’en a qui citent aussi Electric Prunes, dont j’ai un skeud qui traîne sur une étagère mais que j’ai pas écouté depuis des siècles, donc je m’avancerais pas sur ce terrain-là). C’est joué par la nénette Melton (mignonne bien que facho, comme quoi moi aussi je suis capable d’écrire des trucs réacs) qui s’avère assez douée et bluffante pour ces exercices « à la manière de … » (flagrant sur « Lose my place on time », « Nothing left » ou l’instrumental « Diamond on the rough »). Les deux tourtereaux qui se partagent aussi l’écriture étant capables de grands titres qui ne doivent leur réussite qu’à leur talent (« Buried alive »), même s’ils sonnent comme une chanson yé-yé « All for a chance », ou citent des bribes du « Sud » de Nino Ferrer (le refrain de « Caught in a trap »).

Conclusion : on peut dire plein de conneries et faire un bon disque …



PETER JACKSON - LE SEIGNEUR DES ANNEAUX LE RETOUR DU ROI (2003)

Epique ...
Et pic et colegram … Parce que « Le retour du Roi » est autant une prouesse (technique, technologique, une prouesse de tout ce qu’on voudra) qu’un machin infantile. Qui à part Robert Plant et quelques demeurés chanteurs dans des groupes de prog s’intéresse aux balivernes de Tolkien ? Je vais vous faire un aveu, j’ai du temps de mon adolescence délurée, lu dix pages du bouquin. Pas plus. Plus con que çà, y’a que la lecture d’un discours de Dupont-Aignan ou celle de la notice d’un presse-agrumes traduite du coréen. Y’a quelque part dans les bonus un éminent ( ? ) universitaire qui nous explique que si Tolkien a eu du succès en Angleterre en particulier et chez les Anglo-Saxons en général, ben c’est à cause des Normands. Parce que ces cons ont envahi et colonisé les British, faisant passer aux oubliettes les contes autochtones. Et donc quand Tolkien s’est mis à écrire ses balivernes, ça a remplacé toutes les épopées et légendes moyenâgeuses que les Anglais avaient pas. Soit …
Un caméo de Peter Jackson
Tolkien, comme quelques autres auteurs de sci-fi ou d’heroic fantasy était réputé inadaptable à l’écran. Qu’à cela ne tienne, il s’est levé aux Antipodes un petit gros barbu frisé répondant au patronyme passe-partout de Peter Jackson qui a dit : « Moi je peux ». Avec le succès que l’on sait, merci pour lui. La trilogie du Seigneur des Anneaux a battu tous les records imaginables par l’industrie du cinéma, et Dieu sait que l’industrie du cinéma a de l’imagination, surtout quand il s’agit de vendre comme un chef-d’œuvre une grosse daube. Il faut voir le jour de la première mondiale du « Retour du Roi » (à Wellington, Nouvelle-Zélande), l’hystérie (et je pèse mes mots) qui s’est emparée de la ville et du pays (les centaines de milliers de All Blacks entassés sur le trajet hôtel-cinéma pour voir passer sur un tapis rouge de plusieurs kilomètres l’équipe du film en limousine). Plus fou encore, lors de la dernière date de la tournée de promotion au Danemark (pays du bellâtre transparent Aragorn-Mortensen), des centaines d’acteurs du dimanche ont « joué » dans le cinéma et recréé avant la projection des scènes des deux épisodes précédents (avec quelques vrais blessés lors de la reconstitution des batailles). A tel point que quelqu’un du film avoue avoir mis le doigt sur ce que doit être un quotidien de rock-star.
Dès le départ, « Le Retour du Roi » dure plus de trois heures. J’ai l’édition « ultime » (avant la prochaine, certaines répliques dans les bonus laissent entendre qu’il y a des bobines 3D du film) qui dure une heure de plus. Deux BluRay en 4K rien que pour le film. Plus trois Dvd de bonus, plus les commentaires de Jackson et des scénaristes sur les BluRay. A la louche, seize heures de « Retour du Roi » (et pareil pour les deux autres de la trilogie). Un package démesuré, qui a commencé à être mis en vente alors que le matériel dédié (lecteurs et télés supportant la UHD 4K) coûtait une vraie fortune. Aujourd’hui que le matos a vu ses prix divisé par dix en dix ans, on peut regarder le bestiau dans son salon. Visuellement (et même si une téloche haut de gamme ne vaudra jamais une séance au cinoche), c’est forcément impressionnant, d’une netteté absolue. Et avec une heure de plus, c’est quasiment un autre film. Même si l’ossature scénaristique et la conclusion restent les mêmes. De toutes façons, c’était couru d’avance. Sans parler de ceux qui avaient lu le bouquin, qui aurait pu imaginer que Frodon se loupe et n’arrive pas à détruire l’anneau après dix heures de film ? Qui aurait pu penser que les zozos de la communauté de l’Anneau allaient se retrouver décimés (même si Frodon part à la toute fin en bateau vers une mort prochaine programmée), que les méchants allaient gagner ? En d’autres termes, c’est pas le final qui compte, c’est la façon dont on y arrive et comment Jackson nous le montre… Parce qu’il y a au moins quatre temps forts à mettre en images, les deux batailles géantes (le siège de Minas Tirith, celle devant la Porte Noire), l’attaque de l’araignée géante, la destruction de l’anneau et du monde de Sauron. Ben là, on en a pour ses euros… des scènes de fou, possibles grâce à un déchainement hors normes d’effets numériques.
Une armée numérique
Parce que les acteurs, on peut pas dire qu’ils crèvent l’écran. Ils font le job, c’est tout, la plupart du temps devant un rideau bleu, et certains bardés de capteurs (notamment Andy Sirkis, celui qui joue Sméagol/Gollum). Le seul à ressortir du lot est à mon sens John Noble (Dénethor, régent du Gondor, le seul humain méchant du film) qui donne vraiment une « épaisseur » certaine à son personnage. Tout le reste est né de l’imagination plutôt féconde de Jackson et de ses scénaristes (sa femme Fran Walsh et Philippa Boyens) qui doivent respecter autant que faire se peut le bouquin. A leur service, la WETA (société créée par Peter Jackson scindée en deux départements, Whorkshop et Digital) est chargée de rajouter maquettes, costumes, prothèses, maquillages divers et une quantité astronomique d’effets spéciaux en tous genres  (près de 1500, soit le double de l’épisode précédent « Les Deux Tours », qui battait déjà des records). A noter que Jackson, Walsh, Boyens et tous ceux qui bossent chez WETA sont néo-zélandais, joli pied de nez à la toute puissance des studios et entreprises américaines. On a droit ainsi à la visite guidée par son directeur de WETA Digital, avec le gars très fier de ses batteries de microprocesseurs nous expliquant qu’il a dans ses murs deux fois plus de puissance de calcul que la NASA (un peu d’intox, peut-être ?) et bien plus que ses rivaux américains de LMI.
Ils sont grands les éléphants
Et il leur en fallait du matos… et une certaine forme d’abnégation aussi. Faut voir tous ces responsables, chefs de projets, … promettre à Jackson que ce qu’il imaginait, ils pouvaient le faire sans problème, alors que ces gars et ces nanas passaient des nuits blanches à se demander comment ils pourraient y arriver. Un exemple : lors de la plupart des plans de la bataille des Champs du Pelennor (une heure,  un quart du film), seul le sol est réel. Les montagnes environnantes sont « vraies », mais situées ailleurs et rajoutées numériquement. Minas Tirith est une maquette (de dix sept mètres tout de même). Il y a 350 000 soldats et 6000 chevaux numériques animés quasiment individuellement. Sans compter les éléphants géants, les Trolls de dix mètres, le Roi Sorcier et son T.Rex volant, les catapultes et béliers gigantesques, et une armée de morts vivants arrivant en renfort… Les 250 vrais cavaliers et leurs montures (et c’était déjà un exploit de réunir autant de chevaux au pays des moutons rois) en action (record en la matière) font vraiment détail minime. Au rayon des détails (mais suffisant pour que des types chez WETA s’arrachent les cheveux), le sommet des montagnes néo-zélandaises est sacré pour les peuplades maories. Il fallait donc toutes les « raboter » et leur rajouter un sommet numérique. Un perfectionnisme démesuré souvent invisible. Ainsi, tous les costumes (certains sont tissés avec de vrais fils d’or), armures et armes diverses ont été conçus uniquement pour le film, contiennent gravés dans la masse des symboles et écritures runiques respectant les langues créées par Tolkien pour ses bouquins, et qu’on ne distingue absolument pas à l’écran.
Résultat : une perpétuelle course contre la montre pour achever de filmer, rajouter les effets numériques, faire la post-synchro, rajouter la bande-son et la musique (Howard Shore, avec grand orchestre à Londres, qui fait jouer et rejouer ses musicos au gré des changements et nouveautés du pré-montage, merci internet …). Plus la date fatidique de la première à Wellington approche, plus les gens sensés de l’équipe pensent que les délais ne seront pas tenus. Les dernières semaines, huit ( ! ) équipes tournent des scènes additionnelles ou de raccord (certains acteurs donnent la réplique à d’autres qui ont tourné la scène sans eux quatre ans auparavant…). Le puzzle à reconstituer est gigantesque, et à voir Jackson tout cool, sempiternellement en sweet-shirt informe et pantacourt (même sous la neige), on imagine mal la pression qu’il doit supporter, alors qu’autour de lui, tout le monde craque. Pour la petite histoire, il terminera le montage (qui ne respecte pas la chronologie du film, il monte les scènes à mesure que les effets numériques sont finalisés), juste à temps pour qu’on puisse fabriquer les bobines de la première projection. Et c’est seulement lors de cette représentation qu’il verra, lui le réalisateur, son film terminé pour la première fois … D’ailleurs cette version, celles présentées lors de la tournée de promotion dans quelques capitales, ou celle montrée à l’Académie des Oscars (onze statuettes, record absolu égalé), seront légèrement différentes de celle que pourra voir le public lors de la sortie en salles.
Bien mal acquis ne profite jamais ...
Une dernière anecdote pour la route (y’en a des centaines dans les bonus, parfois redondants, il faut aussi le signaler). Dans la version longue, on a droit à la mort du sorcier Saroumane, interprété par Christopher Lee, qui finit poignardé dans le dos avant de tomber dans le vide et de s’empaler sur une énorme roue pointue (il a souvent fini comme ça, quand il jouait Dracula, plaisante t-il). On voit dans la préparation de la scène Jackson lui expliquer comment il doit « jouer » quand il a reçu son coup de canif. Réponse ferme de Lee, qui lui dit qu’il sait parfaitement comment on meurt quand on a reçu un coup de couteau dans le dos. Petite précision, que certains sur le plateau connaissaient : Christopher Lee avait servi durant la Seconde Guerre Mondiale dans les Forces Spéciales anglaises. Silence gêné et glacial sur le plateau, où les protagonistes se rendent compte que cette scène va avoir vraiment quelque chose de vécu …

« Le Retour du Roi » est une machine tellement démesurée, un truc tellement fou, que les points de repère du cinéphile volent en éclats. D’ailleurs, tiens, je crois que c’est çà : « Le Retour du Roi », c’est pas un film, c’est un spectacle … Un spectacle assez exceptionnel, faut bien admettre …