HOLLYWOOD VAMPIRES - HOLLYWOOD VAMPIRES (2015)

Le coin des grabataires ?
Si l’on en croit la légende ( ? ), ils se sont retrouvés au bar d’un endroit branchouille chicos de L.A. où ni vous ni moi n’avons aucune chance d’être un jour acceptés à l’entrée. Tous les trois avec une saleté macrobio, colorée, édulcorée, et sans alcool dans le verre. Et ils se sont remémorés les good old times, quand ils étaient moins vieux et qu’ils picolaient plus sévère qu’un Biélorusse déprimé. Et comme ils s’emmerdaient ferme malgré les montagnes de billets verts amassés depuis des décennies, ils se sont dit tiens, pourquoi est-ce qu’on ferait pas un disque ensemble, juste pour le fun. Et comme aucun n’avait été foutu d’écrire un titre audible depuis au moins le siècle dernier, pourquoi est-ce que ce serait-il pas génial de reprendre des titres qui nous éclataient quand on était jeunes, il y a de cela très longtemps. Et puis, comme on est pas vraiment dans le besoin, on filera la thune du disque à une asso qui s’occupe de soigner des musiciens alcoolos dans la dèche (solidarité de piliers de bars repentis oblige), et comme ça on reparlera vachement de nous et ce sera l’occasion de gagner par la suite encore plus de pognon (bon, ça ils l’ont peut-être pas dit, mais ça se voit gros comme un tatouage sur le cul d’une stripteaseuse que c’est aussi le but de la manœuvre, relancer une carrière qui part un peu en sucette, et c’est pas les hexagonaux Enfoirés qui diront le contraire …).
Perry, Depp, et Cooper. Fatigués, les vieux ?
Bon et alors, t’accouches Ducon, c’est qui ces trois types ? Vincent Furnier, plus connu sous le nom d’Alice Cooper, Joe Perry d’Aerosmith, et Johnny Depp, du Pirate des Caraïbes Lonely Hearts Club Band. Un type pour produire ? Facile, ce sera Bob Ezrin, vieux compagnon de route du Coop. Et manière de pousser la vanne jusqu’au bout, on fera venir quelques potes. Ah ça, des potes, vu qu’ils ont sur leur portable une liste de contacts autrement plus glamour que les nôtres, il en est venu de partout. Résultat des courses, le sticker qui les liste couvre la moitié de la pochette du disque. Des convenus qui cachetonnent en studio derrière l’Alice, jusqu’à Sir Paul Macca et Sir Christopher Lee (et que ceux qui ont pas compris pourquoi Cristopher Lee sur « Hollywood Vampires » se fassent connaître, y’a une morsure dans le cou à gagner …). D’ailleurs le Lee, c’est un des derniers trucs qu’il a fait, cette intro de disque avec sa grosse voix sépulcrale, avant d’aller s’allonger cette fois pour de bon dans son cercueil.
Les mêmes, plus Laboriel et McCartney
Des reprises de vieux machins, plutôt connus, pour pas dire célébrissimes. Traités façon hard, c'est-à-dire quand même un peu beaucoup bourrin la plupart du temps. C’est bien là le problème, d’ailleurs. Ces titres, on les a pour la plupart tellement entendus dans leur version d’origine, que là ça fait souvent tout bizarre, de les retrouver dans des versions avec un son kolossal qui fissure l’émail des molaires, avec des chœurs façon hooligan, et des solos de guitare qui à force te font regretter de pas être fan de Mouloudji. En gros, y’a des fois ou trop c’est trop. Par exemple « Instant Karma » de Lennon ou « My generation » des Who, ça m’enchante pas, leur version. Ça marche bien mieux à mon sens sur le « Itchycoo Park » des Small Faces, voire « Come and get it » de Badfinger (sur lequel on retrouve un McCartney qui se multiplie au piano, à la basse, aux vocaux, bon faut dire que c’est lui qui l’a écrit le titre il y a plus de quarante ans).
Autre truc qui me chagrine les oreilles, la voix de Cooper, omniprésent au micro. Oh, certes, il est reconnaissable entre mille, avec ses intonations de maniaque vicieux et pervers, et il s’en sert bien pour ses morceaux, mais ceux des autres, hum … Il est à mon sens totalement à côté de la plaque sur « Whole lotta love », où il manque toute la sexualité développée sur l’originale par Plant (il ont d’ailleurs zappé les râles de la partie centrale) et c’est pas les chœurs du pauvre Brian Johnson qui vont relever le niveau … De même, on s’attaque à un medley Doors, et on passe à côté de l’ambiance chaman en rut de Morrison, malgré le renfort d’un orgue manzarekien plus vrai que nature et de Robbie Krieger à la gratte.
Bob Ezrin au centre (de l'affaire)
Puis, y’a carrément des choses qu’il faudrait pas oser. Reprendre du Hendrix quand on est guitareux et qu’on veut coller à l’original (une version problématique de « Manic depression ») ou à T.Rex quand on swingue comme un régiment d’enclumes (le mauvais choix du lascif « Jeepster » sans le chaloupement érotique de Bolan, ça le fait vraiment pas).
Et comme quand on aime on ne compte pas, on a droit à une paire de titres quelconques écrits pour l’occasion par le Coop et le Depp dont l’hommage final aux hordes de rockers tombés au champ d’honneur verre de vodka orange à la main (« My dead drunk friends »). Ah, et j’allais oublier, ce qui est par beaucoup perçu comme le coup de génie du disque, le medley « School’s out / Another brick on the wall » montre juste qu’un bon morceau d’Alice Cooper n’en vaut pas un bon du Floyd. Si encore ils avaient eu l’idée d’y rajouter « L’école est finie » de Sheila, ça aurait été mieux, et surtout plus drôle. Parce qu’au final, c’est un peu ça qui manque, le fun. Tout le disque empeste la bonne copie appliquée, tout le monde bien concentré sur son sujet avec une mine de carême …
« Hollywood Vampires » n’est pas mauvais, il est juste un peu trop scolaire à mon goût.

Si ça peut permettre aux « jeunes générations » (c’est pas gagné, les djeunes ils doivent s’en taper de ces vioques qui jouent des trucs de vioques pour les vioques), de se cultiver au son de titres mémorables des 60’s -70’s, pourquoi pas …

6 commentaires:

  1. Je l'ai ! Ecouté pour me moment d'une oreille discrète, je m'y pencherai sérieusement plus tard, et rendrai ma copie. Mais juste une remarque. Tu reproches à Cooper de ne pas chanter "Whole lotta love" comme Plant, et d'avoir même coupé les râles orgasmiques du beau blond. Et trois lignes plus tard, regretter que ces reprises ne soient que de pâles copies. Si on fait pareil, c'est pas bien, mais si on change un truc, c'est pas bien non plus ?

    J'ai l'impression que le choix des titres s'est fait en fonction du taux d'alcoolémie entretenu par les créateurs originaux... Keith Moon pour "My géneration", John Bonham pour "Whole lotta love", Morrison, Lennon... (sauf Pink Flyod, y picolaient, eux...)

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    1. Si on fait pareil ou pas pareil ... je vois ce que tu veux dire. Faut juste faire gaffe à mon avis quand tu veux coller à l'original. Faut avoir les moyens. Et dans le cas de Led Zep, les versions originales étaient tellement en avance sur leur temps au niveau de la prod (d'ailleurs les remastérisations par Page lui-même que ce soit au début des 90's ou ces derniers temps n'ont pas apporté grand-chose au niveau sonore), ça se voit vite si tu y arrives pas. et là, surtout au niveau vocal, ils y arrivent pas ... C'est un peu le même problème avec les reprises de T Rex ou Hendrix, ça y ressemble, mais il manque quelque chose ...
      Par contre, un exemple qui me vient à l'esprit, la version heavy de "Knockin' on heaven's door" par les Guns n' Roses, je la trouve géniale. Ou alors certaines reprises décalées, différentes. Des standards du rock repris avec une approche "bizarre", comme les versions bossa nova des trucs 80's par Nouvelle Vague, ou les standards du hard façon bluegrass par Hayseed Dixie ...

      J'attends ton avis en tout cas ...

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  2. Rétromania + gérontophilie + casting de hasbeens (ouais, même Depp, allez), tu feras pas mieux.;)

    (et bien le bonjour au passage !!!)

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    1. Bien le bonjour aussi ... bon, je m'inquiétais pas sur ton sort, t'étais pas parti en Syrie, j'ai lu quelques trucs sous ta plume sur Guts of Machin ...

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    2. Compte tenu de la situation, c'était vraiment une blague de merde.:)
      J'étais pas au Bataclan ce soir. Ni rue de Charonne, mais j'aurais pu, la fusillade a eu lieu à 500 m de chez moi. J'étais en sécurité, dans une autre salle de concert. Rentré de nuit après avoir campé un bon moment sur place, avec une envie de gerber. Enfin c'était pour dire que j'étais vivant quoi.

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