COURTNEY BARNETT - SOMETIMES I SIT AND THINK, AND SOMETIMES I JUST SIT (2015)

Courtney ? Love !!!
On pourrait se poser plein de questions, du genre pourquoi tout ce barouf dans tous les médias spécialisés (ou pas) au sujet cette miniature australienne (comme si ça suffisait pas avec KyKylie Minogue, les chanteuses d’un mètre cinquante, talonnettes compensés comprises), en plus même pas canon avec son visage poupin et donc ses faux airs de McCartney with boobs. Surtout qu’elle est aussi charismatique, causante et souriante que le mime Marceau un soir de déprime … Moi je vois qu’une explication, c’est qu’elle a fait un putain de bon disque. Qui plus est dans un des genres les plus ringards et moqués aujourd’hui, le folk-rock.

Bon, remarquez je dis folk-rock pour dire quelque chose, parce que si quelqu’un voit la moindre similitude entre ce « Sometimes … » et les skeuds des Flying Burrito Brothers, je passe le reste de mes vieux jours à écouter en boucle l’intégrale de David Crosby. Courtney Barnett, c’est folk parce que ça raconte des histoires, souvent tristes (et personnelles, on sait plus à quel niveau on doit prendre le clown qui fait pas rire du clip de « Pedestrian at best »), c’est rock parce qu’il y a plein de guitares aux sons bizarres, trafiqués, plus proches de Sonic Youth que d’Yves Duteil (et celui qui pense Television a bien raison). La damoiselle cite dans ces interviews des gens éminemment respectables (Lou Reed et le Velvet, Billy Bragg, Neko Case, les Lemonheads, Wilco …). De plus elle a quelque peu gravité dans la galaxie des Dandy Warhols, a repris sur scène un album entier d’INXS (?!), et chante souvent (en fait scande plutôt) comme la Sheryl Crow des débuts, avant que l’Américaine tombe amoureuse de cyclistes dopés (pléonasme) et se la joue à plus de quarante balais bimbo flower-power, mini-jupes et tétons en avant … Autrement dit, Courtney Barnett, c’est pas monolithique, pas un gimmick qui tourne en boucle sur la durée du skeud. Ça part un peu dans tous les sens, tout en restant cohérent d’un bout à l’autre … pas exactement le genre de démarche facile à entreprendre, et encore moins à réussir …
On a quelquefois des machins qui rappellent le Beck (non, pas Jeff, l’autre, le scientologue) des débuts, quand il concassait et malaxait le folk avec des rythmiques proches du hip-hop (« Elevator operator », « An illustration … »), on trouve même à la fin un blues dénudé (la Courney et seulement sa gratte), ça s’appelle « Boxing day blues », et ça sonne surtout pas comme la Tracy Chapman soporifique de l’autre siècle.

La petite australienne s’aventure même dans des titres de sept minutes. Le premier (« Small poppies ») est une ballade qui commence sobrement avant qu’un crescendo de guitares (Barnett ? parce qu’il y a un autre type à la gratte dans son band) y mette un peu d’électricité tordue. Le second titre étiré (« Kim’s Caravan ») m’a tout l’air d’un jeu de pistes musical, où l’on passe de murmures d’instruments dans une ambiance glaciale et dépouillée, voix à la Nico, avant qu’arrivent des guitares lancinantes à la Lou Reed ou Sonic Youth (« Kim » pour Kim Gordon ?) et un final en lourd et lent déluge électrique façon doom metal (« Caravan » pour « Planet Caravan » de Black Sabbath ?).
Mais on trouve aussi plein d’autres choses dans ce skeud au titre en forme d’hymne à la fainéantise. Et du rock, tendance ‘n’roll qui dépote. « Aqua profunda ! », on dirait même du pub-rock tel que le servaient chaud Feelgood ou les Inmates. « Dead fox », on jurerait un tribute aux guitares toute particulières dont FatBob Smith tartinait les disques de Cure, « Debbie Downer », avec son gimmick fabuleux d’orgue vintage (Vox ?), ça fait ressurgir les oubliés amerlos du Paisley Underground, plus précisément les Bangles des débuts (« Going down to Liverpool », ce genre). Avec « Nobody really cares … », on se demande si la petite Barnett ne connaît pas Antoine (c’est les accords des « Elucubrations » avec un refrain façon la version de « Gloria » de Patti Smith), alors qu’avec le hit (ou qui mériterait de le devenir) de rock’n’roll lo-fi « Pedestrian at best », on a droit à une variante du riff de « All day and all of the night » des Kinks. Cultivée, la dame …

Putain que ça fait du bien des disques comme ça …


3 commentaires:

  1. Déjà, j'aime beaucoup le titre du disque.
    Les extraits écoutés penchant davantage vers le rock que le folk... Alors, il y a de belles harmonies vocales sur "Debbie Downer", mais avec le son 60's (oui, le Vox) ça sonne bien garage...

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  2. Euh... pourquoi "vaches sacrées", elle est si jeune encore...

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    1. Vaches sacrées pour moi, ça correspond à la note max... pas grand-chose à voir avec l'âge.

      Remarque à son âge, Otis Redding était déjà mort ...

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