RON SHELTON - DUO A TROIS (1988)

Tout ça pour ça ?
Y’a pourtant du lourd au casting … Deux stars confirmées (Kevin Costner et Susan Sarandon), et une star en devenir (Tim Robbins). Le réalisateur, par contre, faut chercher, son nom est écrit en tout petit au verso du Dvd. Un certain Ron Shelton, dont c’est le premier film. Et dont la spécialité se révèlera être le film « sportif », et le sport de prédilection le base-ball.
Ron Shelton
Oh putain le base-ball … faut vraiment être américain profond pour s’intéresser et comprendre quelque chose à ce machin, aux règles aussi simples qu’une notice de montage d’un meuble en kit (pléonasme) Ikea. Autant dire que « Bull Durham » (le titre original, du nom des Bulls, l’équipe locale de Durham, Caroline du Nord) ne cherche pas à être apprécié ailleurs qu’aux States.
L’intrigue sportive est cousue de fil blanc. L’équipe de Durham prend branlée sur branlée, mais possède dans ses rangs un jeune surdoué simplet et chien fou (Calvin LaLoosh / Robbins). L’équipe recrute un ancien joueur de haut niveau (Crash Davis / Costner) pour l’associer à sa présumée future star, l’encadrer et la former. Les deux ne s’apprécient guère, vont finir par devenir potes, et la litanie de défaites se transformera en série de victoires. Parallèlement, les deux seront en concurrence pour se taper une enseignante groupie de l’équipe (Annie Savoy / Sarandon). En principe, le résultat se doit d’être une comédie romantique peu consommatrice de neurones pour public familial …
Dans les faits, c’est un peu moins pire que prévu. Derrière les grosses ficelles et grimaces de seconds rôles aussi prévisibles que des vacances pluvieuses en Bretagne, les trois têtes d’affiche se livrent à quelques numéros d’acteurs en roue libre (le dénommé Shelton n’est pas du genre à imprimer son style, si tant est qu’il en ait un). On voit donc Costner faire sa mine sérieuse de cocker triste, Sarandon écarquiller ses yeux de biche - daurade (rayer la mention inutile) dans quelques scènes (volontairement) assez drôles. Tim Robbins, dans son rôle de baraqué idiot s’en donne à cœur-joie, et c’est marrant de le voir avec son brushing (on est dans les années 80, ça se voit), ses tee-shirts Iron Maiden ou Motley Crue, massacrer à la guitare acoustique « Try a little tenderness », ou qualifier Edith Piaf de « putain de chanteuse mexicaine à la con ». Sans compter une apparition en slip et porte-jaretelles et son air ébahi quand Sarandon lui cite du William Blake (moi j’ai vu « Dead man » de Jarmusch et je sais qui est William Blake).
Sarandon, Robbins & Costner
Curieusement, alors que Shelton est un débutant et que même la MGM qui produit ne devait pas trop se faire d’illusions sur le rendu final, le scénario et les dialogues ont été travaillés (le film a reçu de nombreuses récompenses de seconde zone pour ces deux aspects), et on a droit notamment à des cours de communication pour les interviews de sportifs, avec réponses lénifiantes en triple langue de bois que ne renieraient pas nos sportifs de « haut niveau » … un ange passe, balafré et lunaire tel Frank Ribéry …
Signalons aussi que côté bruits de plumard, si dans le film Sarandon hésite entre Costner et Robbins, dans la vraie vie, Robbins et Sarandon se sont rencontrés sur ce film, se sont mariés et ont eu beaucoup d’enfants (enfin, deux, semble t-il)
Enfin, la B.O. est pas mal, normal on y entend (en plus de la crécelle Piaf) Creedence et Ike & Tina Turner …

P.S. Ce film n’a rien à voir avec « Duo à trois », autre comédie romantique sortie en 2011.


9 commentaires:

  1. T'as des vieilles VHS qui traînent ?

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  2. Pourquoi. Pourquoi ce film-là, pour cette chronique-là, ce jour-là... Mais tu n'es pas obligé de te justifier, chaque à droit à un p'tit coup de cafard de temps en temps).

    A propos de VHS, ça y est, c'est fait, je me suis débarrassé de mes cassettes, films, concerts, documentaires (je ne pensais pas en avoir autant), hop, à la rue, des cartons et des sacs entiers, fini, rideau, basta... Je suis définitivement les deux pieds dans l'ère numérique. (ah non, il me reste toutes les K7 audio...)

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    1. Je l'ai pas en VHS, mais en Dvd ... comment, c'est pire ?

      Tout ce qui est plus ou moins culturel, je jette jamais (j'ai une grande maison)... j'ai des piles de vinyles et de K7 audio, mais plus de platine disques ni de platine K7 ... ouais, je sais, je finirai en HP ...

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    2. J'ai encore quelques K7 audios pour la bagnole, mais en général je branche mon bidule pour y foutre l'Ipod, c'est super pratique. Heureusement que j'ai une bagnole qui date d'avant les lecteurs CD, je serai bien emmerdé sinon...

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  3. "Tout ce qui est plus ou moins culturel, je jette jamais"...

    En principe moi aussi, mais voilà, y'a un hic : une dame qui vit dans la même maison que moi (et prétend être la mère de mes enfants) qui a préparé le terrain en vidant des étagères, et en préparant les cartons... J'ai pigé que je n'avais plus trop le choix de résister... D'un autre côté, ça a libéré de la place, donc je vais pouvoir continuer à acheter des disques !!!

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    1. ça se plaide ça, Luc ... avec un bon avocat, tu peux même avoir la garde des enfants et des disques ...

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  4. Moi je suis un ascète anti-consumériste : moins y'a de choses, mieux c'est ! Acheter peu mais bien, à prix raisonnable (sauf exception, si disque indispensable - de mon point de vue - mais rare - donc cher -). Et c'est vrai qu'avoir toute la musique dispo en un seul clic, ça pousse moins à l'achat.

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  5. Ben oui François, mais comment tu fais pour aller regarder tes vieilles pochettes de disque, qui sentent le carton moisi, mais où y'a encore écrit au Bic ton nom et la date d’achat, le tout en versant une petite larme... Tu t’épanches sur ta souris d'ordi ? C'est moins glamour !!

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