THE VINES - HIGHLY EVOLVED (2002)


Dans le rouge ...

Ceux-là, les Vines, ils demandaient rien à personne et se sont retrouvés dans la fumeuse liste des groupes en « The » apparus au tournant du siècle. Pourtant, ils n’étaient pas Anglais (Libertines), Américains (White Stripes, Strokes), ou Scandinaves (Hives). Ils venaient d’Australie, pays-continent au passif lourdement encombré de groupes violents, ils n’avaient certainement pas vent de l’existence du NME, du Melody Maker ou des Inrocks. Et se sont retrouvés à leur corps défendant dans la même charrette que les autres. Condamnés à n’être qu’un groupe de revivalistes garage-rock de plus.
Ce qui n’est pas totalement infondé mais sacrément réducteur, remarque également valable pour leurs congénères cités au-dessus, tant ces groupes ont peu de choses en commun et se distinguent entre eux dès les premières mesures. Mais bon, y’a plus rien à faire, cette étiquette un peu méprisante et condescendante ne les quittera plus.
Les Vines, c’est le traditionnel groupe de potes agencé autour de Craig Nicholls, guitariste, chanteur et auteur ou co-auteur de tous les titres de ce « Highly evolved » leur premier disque. Cette rondelle est bordélique, à l’image de Nicholls. Dont à la suite de quelques pétages de plombs hystériques, on se rendra compte qu’il souffre d’une forme d’autisme aiguë et rare. Dès lors, on comprend mieux tout ces entrelacs de sons, de climats, d’ambiances, ces passages du coq à l’âne ininterrompus. Bien dans la tradition des surdoués de l’écriture un brin rétamés qui ont marqué l’histoire de la musique des djeunes. Il y a chez ce garçon un peu de la folie et de la démesure des Brian Wilson, Arthur Lee et autres Syd Barrett.
Sauf que le terrain de jeu n’est pas le même. Déjà le disque est produit par Andy Wallace, le genre de très gros calibre aux consoles qu’on ne séduit pas avec une ritournelle de guingois ou du folk acoustique. En 2002, Wallace avait déjà vu son nom associé à du rock qui déménage (de Nirvana à Slipknot, en passant par Sepultura, System of a Down, et en gros tout ce la Terre a porté de bruyants et d’enragés dans les 90’s) et d’entrée chez les Vines, le premier titre « Highly evolved » entre décharge punk et garage épileptique, déménage salement.
Seulement voilà, le sieur Nicholls ne se cantonne pas à fournir de la mitraille pour buveurs de bière en Perfecto. Il est fan maladif des Beatles et comme eux, entend bien partir dans tous les sens. Le second titre est une ballade très propre, très classique, contrastant avec le brûlot précédent. Et dès lors, dans ce curieux disque, vont s’entrecroiser mortiers soniques de deux minutes et des choses beaucoup plus complexes, travaillées, sur des tempos nettement moins frénétiques. Avec dans ce rayon-là une nette prédisposition pour des titres qui renvoient à la pop psychédélique des sixties.
Certes, parce que ce devait être plus facile « à vendre », les morceaux mis en avant ont été les plus rapides (« Outthathaway » a même fait un petit hit). Moi, ce sont les titres un peu plus élaborés qui m’interpellent davantage, avec mention particulière à la délicatesse pop avec son piano à un doigt de « Homesick », ou encore le final « 1969 » (rien à voir avec les Stooges), un morceau mélodique très Pink Floyd (« Us and them », ce genre) entrelardé de giclées d’électricité boueuse avant un final louchant vers le prog metal, le tout rendant une atmosphère sourde, lente et noire. Tout n’est pas parfait, il y a quelques titres anecdotiques, la ballade folk qui vire bubblegum  (« Mary Jane »), voire même une grosse bêtise, un truc niaisement sautillant avec refrain à la Offspring (« Factory », le « Ob la di Ob la da » du disque).
Un disque en tout cas étrange et intéressant, fruit d’un cerveau en perpétuel chantier. La Nicholls-dépendance du groupe fera que l’aggravation de l’état du santé du leader l’empêchera de donner une suite correcte à ce premier jet plein de promesses. Ils sont semble t-il revenus après une longue période de passage à vide et un Nicholls chargé de médocs, rendant très improbable le renouvellement déjanté et insouciant de ce bon « Highly evolved ».

6 commentaires:

  1. Voila qui est original, dites-moi...

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  2. Non, du tout. Et sérieusement, tu crois qu'en Australie ils ne connaissent pas le NME et le Melody Maker ? Tu prends les Aussie pour des bouseux ou quoi ?:)

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  3. Original ? Ben, au moins autant que "Y'a t-il un pilote pour sauver la reine 24" ou qu'un skeud de giant sand (même avec vicki peterson dans les choeurs, et pourtant quand j'étais petit elle me faisait beaucoup d'effet)...

    Le NME ou le MM en Australie ? j'en sais rien, mais ils doivent bien en avoir chez eux des mags musicaux, sans être obligés de suivre les potins hebdomadaires londoniens ...

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    1. Je l'attendais la pique sur Giant Sand. Mais elle est pas valide. Howe Gelb est un auteur/compositeur extrèmement singulier. Y a que la mauvaise foi qui peut prétendre le contraire.;)
      (tiens d'ailleurs j'ai jamais dit que Springsteen ressemblait à des tonnes de trucs déjà fait, j'ai dit qu'il ne m'était jamais venu à l'idée de l'écouter. Et aussi que peut-être je passais à côté de quelque chose... Peut-être il y aura un moment où j'aurai une envie de gros rock ricain couillu et ouvrier à la Springsteen, et sans doute j'aurai une épiphanie. Moi je suis ouvert d'esprit. La preuve, j'écoute aussi Boards of Canada, ah ah!)

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    2. (En tout cas tu ne pourras pas lui nier un bon goût en matière féminine : Juliane Hatfield, Vicky Peterson, Neko Case. Et l'année dernière je l'ai vu en concert (souvenir formidable) et il a fait monter Maria de Meideros avec lui sur scène (elle était juste à côté de moi dans le public))

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    3. Tant qu'il chante pas avec bjork ou beth ditto ...

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