JEAN-MICHEL JARRE - LES CONCERTS EN CHINE (1982)


Nuits de Chine, nuits câlines ?

Jarre, c’est un peu le Guetta du siècle dernier… le type qui fait de la musique électronique et que tout le monde connaît. Même s’il y a une nuance, et pas petite. L’un des deux est un musicien.
Même si perso, ce que je préfère de l’œuvre de Jarre, c’est les textes qu’il écrivait pour Christophe à l’époque des « Paradis perdus » et des « Mots bleus ». Et qu’il ait eu du succès avec sa musique électronique de supermarché n’est pas honteux, il était impliqué depuis des années tant dans l’avant-garde musicale que dans celle des technologies électroniques. Il sera en plus assez malin pour se différencier des autres sur le circuit pop-rock , s’orientant dès ses premiers succès vers des concerts événementiels devant des foules considérables plutôt que de banales tournées de promotion dans les salles de spectacle traditionnelles.
Et puis, fin 1981, il franchira encore un pas dans la célébrité en donnant cinq concerts dans la très rigide et fermée République Populaire de Chine. Générant une campagne de com assez irréelle, genre « le premier artiste à donner un concert de rock en Chine ». Bon, Jarre a autant à voir avec le rock qu’un Burger King avec la gastronomie, et les Chinois, déjà à l’époque pas plus cons que d’autres lorsqu’il s’agit de donner dans la dialectique de propagande faisaient preuve « d’ouverture » à bon marché.
En embauchant Jarre, ils risquaient pas une « yellow riot » à la Clash, ni le risque pour la population d’être subvertie par des paroles engagées, puisque Jarre, c’est uniquement instrumental. Ces concerts avaient été une grosse affaire, tractations diplomatiques interminables commencées sous Giscard et conclues sous Mitterand, et avaient tout de l’aventure totale. Les très rares journalistes français autorisés à couvrir l’événement faisant état de conditions techniques locales très précaires, d’encadrement militaire de l’équipe de la tournée et de la presse, d’un public trié sur le volet autour des incontournables dignitaires locaux du PC, lequel public n’était pas autorisé à se lever pendant le spectacle, et devant par des applaudissements polis et dosés au décibel près (des rumeurs faisaient état avant les concerts du public répétant ses applaudissements), destinés à marquer sa déférence pour l’artiste étranger invité, mais aussi sa distance pour cette forme de divertissement toute capitaliste et donc quelque part diabolique.
L’intérêt musical de ces deux Cds, compilation des cinq concerts donnés à Pékin et Shangaï est assez anecdotique, pour plusieurs raisons. Les concerts de Ian Missé Iarre (comme l’annonce la speakrine locale) sont des spectacles son et lumière dont la musique n’est qu’un des aspects, et donc le format DVD est à privilégier au support Cd (ce concert n’existe pas en DVD, ne pas le confondre avec ceux donnés en 2004). Les conditions techniques locales, avec leurs coupures de courant, leurs orages (non, les Chinois n’ont pas entonné « No rain, no rain » comme à Woodstock alors que des trombes d’eau tombaient sur Shangaï) ont fait que les pistes son ont été très largement remaniées en studio, certains titres étant paraît-il même entièrement refaits.
Reste le témoignage d’un événement pseudo-historique, très loin des choses pharaoniques que Jarre donnera par la suite (ils ne sont que quatre sur scène en Chine), passant en revue les titres les plus faciles et accessibles de son répertoire tirés essentiellement de « Equinoxe » et des « Chants magnétiques », intégrant des sonorités locales (« Jonques de pêcheurs au crépuscule »), taquinant des décollages floydiens (« Ouverture », « Souvenir de Chine »), la jouant un peu facilement « rétro » (« La dernière rumba »), singeant le rock à grand renfort de guitare-synthé et batteries Simmons (« Orient Express », finalement pas plus mauvais que ce que faisait Genesis à la même époque).
Les Chinois ont particulièrement apprécié, à tel point que Jarre s’est vu offrir par les autorités de Pékin ... un side-car.

8 commentaires:

  1. Ah ben mince, yé mé soui trompé, c'est pas "poubelle direct"... C'est pas mal mais peut-être un peu... grandiloquent ? C'est du prog ?

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    1. Pfff, le difficile ... même un truc fait qu'avec des synthés, il trouve à redire ...

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    2. Mais il faut que les synthés tiennent (je laisse un instant de réflexion) la route...

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  2. Et moi, ce que je préfère dans la musique de Jarre, c'est celle de son papa...

    (chez les Jarre la musique fait-elle loi ?)

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  3. Hum...

    Et il est arrivé à pied ?

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    1. C'est malin... Et rappelons au passage que la Chine se soulève à la vue de nippons.

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    2. Ils embauchent à l’Almanach Vermot ?
      Y'a plein de candidats je vois ...

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