A TRIBE CALLED QUEST - THE LOW END THEORY (1991)


Birth of the cool ?

A Tribe Called Quest avaient frappé fort avec leur premier disque, récoltant un gros hit avec « Can I kick it ? », dans lequel était samplée la célébrissime ligne de basse du « Walk on the wild side » de Lou Reed. Leur positionnement dans le rap était novateur. Avec d’autres (Jungle Brothers, De La Soul, …), ils se retrouvaient dans le collectif Native Tongues, s’écartant du bling-bling des années 80, du radicalisme politique de Public Enemy, ou du gangsta-rap naissant. Préférant, plutôt qu’une rupture sonore et culturelle, revenir aux sources de la musique noire américaine, soutenir l’afro centrisme, rejoignant ainsi nombre des préoccupations d’un de leurs modèles, Afrika Bambaataa.
Alors ce « Low end theory », intéressera certainement plus les fans de Miles Davis que ceux d’Eminem. Parce qu’ici, c’est le jazz qui sert de base à l’essentiel des titres, certaines séquences étant même carrément jouées par rien de moins que Ron Carter, légende de la contrebasse. « Low end theory » est un disque qui cherche à convaincre plus par la séduction que par la démesure. Tout est ici cool, tranquille, pas de haine ou de violence jetée à la face de l’auditeur.
« The low end theory » n’est pas un disque de jazz déguisé, c’est juste un des premiers (le premier ?) d’un genre qui fera la fortune de quelques malins suiveurs (Gangstarr et son leader Guru ensuite, pour la série des « Jazzmatazz »). Les deux MC d’ATCQ, Q-Tip et Phife Dawg, s’éloignent de la scansion syncopée propre au genre pour se rapprocher du chant traditionnel. Leur discours est lucide et sans démagogie, leur analyse du Barnum financier et médiatique qui est en train de jeter son dévolu sur le rap sans concession (les titres « Butter », « Show business » et « Rap promoter »). Encore plus décalée par rapport à l’immense majorité du milieu rap est leur dénonciation du machisme et du sexisme habituellement de mise (« The infamous date rape »).
« The low end theory » est un disque efficace, très homogène, on sent le travail pour mettre en place un « son », une ambiance, originaux et novateurs. Mention particulière à « Verses from the abstract », avec « vraie » contrebasse de Ron Carter et magnifique voix féminine de Vinia Mojica. Curiosité, le dernier titre « Scenario » dans lequel les ATCQ semblent se lâcher, un morceau tout en rythmes martiaux, plus crié et hurlé que rappé, abusant de scratches et de chœurs virils …
Un disque qui devrait séduire les réfractaires au jazz (j’en suis), et les dubitatifs devant l’essentiel des productions rap (j’en suis aussi) …




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